Ce journal de guerre est à lire pour toute personne s'intéressant à cette période de l'Histoire (Ou l'Histoire en général). Après je n'irais pas jusqu'à dire que son auteur est « à n'en pas douter un personnage très marquant » comme le quatrième de couverture. C'est effectivement un témoignage précieux mais comme tout point de vue il a ses limites.
Ce journal, écrit à destination de sa femme et son fils, va du 28 mars 1944 au 7 juin 1945, aussi il n'est question que de la phase « recul allemand ».
Les thèmes abordés sont multiples : La crédulité et l'état d'esprit des Allemands (Ou « moutons allemands » croyant de plus en plus au miracle.), la propagande omniprésente du gouvernement nazi, ce qui pourrait se passer après-guerre... L'auteur écrit régulièrement ce qu'il a lu et entendu dans les médias pour commenter ensuite. Il a d'ailleurs tout au long du livre des mots très durs à l'encontre du Parti et de ses principales figures. Très durs mais tellement clairvoyants. C'est d'ailleurs ce qui m'a frappé : La lucidité et l'honnêteté de cet homme. Lucidité vis-à-vis des événements : Il se désole d'autant plus qu'on sent chez lui une réelle fierté d'être Allemand. Selon lui ses dirigeants n'auraient pu avoir meilleur peuple : Bons soldats et bons moutons. Et honnêteté car il retranscrit les choses comme elles sont, ou du moins comme il les ressent. Pas de fausses excuses dans ce journal. Il est d'ailleurs tellement dégoûté de la propagande nazie qu'il met un point d'honneur à ne pas changer lui-même les événements.Il arrive même deux, trois fois qu'il se soit relu et commente ce qu'il a écrit avant.
On retrouve tous ces thèmes à intervalle régulière, le tout entrecoupé par de l'événementiel : Débarquement, attentat contre Hitler, prise de tel pays… Rien toutefois sur le suicide d'Hitler (Ce qui me laisse penser qu'il n'en savait rien.)
Au final, un livre très instructif et un auteur qui a très bien fait d'écrire cet ouvrage. (C'est la première fois que je lisais un témoignage du côté Allemand, je suis content d'être tombé sur celui-ci !), et qui fait aussi que je me suis posé de nouvelles questions : Combien d'Allemands pensaient comme lui ?
Un bémol toutefois : A la fin de ce journal est ajouté une partie intitulée « Souvenances » sur des moments de son enfance, des rêves qu'il a pu faire,… Bref des épisodes personnels. J'ai eu franchement du mal à en voir l'intérêt. Car après la force et l'intérêt historique de son journal, cette seconde partie m'a laissé dubitatif. Si il s'agissait d'en apprendre plus sur l'homme, c'était déjà le cas grâce à son journal. Suivent des annexes dont un discours d'Hitler du 24 février 1945 qui illustre bien l'état de délabrement mental du bonhomme…
Et je termine par un remerciement à Babelio pour son programme Masse Critique (grâce auquel j'ai reçu ce livre) et à l'éditeur Michalon pour son partenariat à cette opération !
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C’est ainsi : les puissances occidentales, et particulièrement la France, ont beaucoup contribué à faire monter en puissance le nazisme. Si elles avaient, à l’époque critique de 1931-1932, fait preuve de bienveillance en matière de politique extérieure à l’égard du gouvernement Brüning, Hitler et son mouvement auraient perdu beaucoup d’élan. A présent, elles se lamentent sur la « porcherie allemande » à l’émergence de laquelle elles ont toutes deux contribué.
un des plus graves dangers pour l’Allemand est le complexe d’infériorité dont il est réellement obsédé. Chez les juges militaires, ce phénomène se manifeste fréquemment de la façon suivante : plus un juge affecté par ledit complexe apparaît comme « non-militariste » de façon purement extérieure, plus il est impitoyable en tant que membre du Conseil de guerre, pour ne pas laisser naître de soupçon qu’il pourrait être un mauvais et laxiste officier.
Telle est l’infamie de nos actions : elles font du peuple tout entier un « débiteur solidaire » et nous ne pouvons nous plaindre quand les autres nous expliquent : « Vous avez, selon votre conception du monde, liquidé les juifs par les balles et les gaz pour sauvegarder la paix mondiale, nous nous permettons à présent, selon notre conception du monde, de vous liquider pour sauvegarder cette même paix.
Il serait vraiment intéressant de savoir combien d’Allemands reconnaissent la pure absurdité de ces discours, et combien en sont encore dupes.