Premier livre de
Modiano que je lis, on me l'a prêté.
Rapidement, facilement, on voit où l'auteur veut nous emmener, sans beaucoup de subtilité, à force de baliser son texte avec des mots-marqueurs renvoyant tous à l'oubli, à l'incertitude, au flou, au fantomatique, etc. La ficelle est grosse et cette sorte de visée asymptotique flagrante du contenu et de la forme vers le néant, le non-être, l'impalpable, etc. aboutit à un livre, pour moi, sans substance. En effet, un auteur qui doit écrire le mot "oubli" (etc.) dans son livre pour y faire exister l'oubli (etc.) - et ça ne marche pas - pratique la simple description: il n'écrit pas un livre mais un catalogue. Et le lecteur ne vit rien.
Mon sentiment, donc, est que ce texte n'est pas habité par un souffle, par une âme qui parlerait elle-même au lecteur, en-deçà des mots et des phrases; au contraire, seul l'auteur parle et sans cesse répète: "Eh, il s'agit de ça, hein!"
Je retrouve ici le même travers que chez des auteurs comme Roth ou Toussaint, qui me tombent des mains: un auteur qui colle à son texte, qui n'est pas capable ou ne veut pas que le texte lui échappe, se libère de lui. Un auteur qui maîtrise son texte et non un auteur qui est traversé par son texte.
Pour ce bouquin, en tout cas, je dirais: un écrivain professionnel, pas un artiste.