Littérature du XXe siècle et christianisme, vol. 1 : silence de Dieu, Camus, Gide, Simone Weil, Graham Greene, Julien Green, Bernanos

Il serait inexact de parler d'une éducation puritaine à propos du Julien Green : sa mère avait horreur de tout ce que le mot représente, et lui-même, en plusieurs passages de son Journal, condamne le puritanisme (IV, p. 181 et aussi IV, p. 32; V, p. 91, 171). Il y eut en lui cependant une hérédité presbytérienne (autant dire calviniste) et fanatique qui se traduira par une tendance janséniste. De l'aveu de Green lui-même (V, p. 73, 189, 212, 234, 259-262, et dans une lettre qu'il a bien voulu m'envoyer au sujet de ce chapitre), il y aurait beaucoup à dire sur l'influence que Port Royal n'a cessé d'exercer sur sa personne, même à une époque où il se croyait beaucoup plus loin de l'église qu'il ne l'était en réalité.

Troisième partie
Les enfants de la terre et du ciel
Chapitre 2. Julien Green, témoin de l'invisible
I. De la fascination de l'invisible à la découverte de Dieu (1900-1939)
1. Enfance (1900-1914)

C'est presque exclusivement le Journal (1928-1950) qui nous servira de trame. Green laisse entendre à plusieurs reprises le caractère incomplet du texte livré au public, sur les réalités secrètes de sa vie, (V, p.67, 110, 192, 217) et surtout au sujet des expériences spirituelles (V, p. 47, 191, 241). J'espère malgré tout, et l'auteur du Journal a bien voulu m'y encourager, ne pas trahir l'essentiel de l'itinéraire spirituel d'un des plus remarquables témoins chrétiens de notre siècle. Oserais-je dire que Green fait la relève de Gide ? Qu'il reprend le flambeau que ce dernier avait laissé tomber ? Le lecteur jugera.

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Les enfants de la terre et du ciel
Chapitre 2. Julien Green, témoin de l'invisible

(...), la véritable pureté n'est pas ignorance, mais choix conscient, lutte, au sein d'une réalité charnelle dont on a senti en soi les douloureuses tentations; Green dira lui-même qu'une certaine expérience du péché de la chair est utile pour saisir en profondeur la faiblesse humaine, pour savoir aussi la violence et l'éblouissement qui habitent le monde des sens. Il n'empêche qu'une adolescence préservée sauvegarde l'élan de l'âme vers une sainteté dont nous savons tous qu'elle est notre véritable vocation.

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Chapitre 2. Julien Green, témoin de l'invisible
I. De la fascination de l'invisible à la découverte de Dieu (1900-1939)
1. Enfance (1900-1914)

Mrs Fletcher, dans Mont-Cinère, la mère de Thérèse dans le Visionnaire, incarnent l'attrait et la peur de l'auteur devant un certain fanatisme religieux; Moira, dont la psychologie est "autobiographique" (V, p. 265, 317), permet d'entrevoir son idéal, assez fanatique de la pureté, durant ses premières années; (...).

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Chapitre 2. Julien Green, témoin de l'invisible
I. De la fascination de l'invisible à la découverte de Dieu (1900-1939)
1. Enfance (1900-1914)

L'oeuvre de Green nous intéresse aussi parce que l'itinéraire qu'elle décrit recoupe en partie celui de Huxley et de Simone Weil. Parti de la fascination de l'invisible, l'auteur de Moira rejoint le Dieu chrétien; sa vie chrétienne témoigne aussi du combat spirituel que Gide connut; au coeur de cette lutte, le témoignage en faveur du spirituel retentit de plus en plus nettement.

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Chapitre 2. Julien Green, témoin de l'invisible