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3,23

sur 179 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ayant reçu cet ouvrage en don pour la médiathèque dans laquelle je travaille, j'étais curieuse de le découvrir avant de le cataloguer et de le mettre en rayon et éventuellement, si la lecture m'eusse plu, ce qui est le cas, de pouvoir le recommander à mes potentiels lecteurs avec moult arguments à l'appui.

Jusqu'à présent, je ne connaissais absolument pas les ouvrages de Yann Moix (j'ignorais même jusqu'à son nom) mais j'avoue que j'ai commencé par un ouvrage de lui assez singulier (à ne pas prendre au terme péjoratif du terme) : une déclaration d'amour faite par un jeune homme à une femme après leur séparation. Cependant, c'est avant tout une réflexion sur soi, sur ce que le mot amour veut dire, des pensées philosophiques et sur ce que la société attend de nous et nous procure en tant qu'êtres humains, et ce de notre naissance à notre mort, qui sont développés ici plus que de véritables déclarations d'amour. le narrateur revient sur sa rencontre avec cette "femme" (mais d'ailleurs existe-t-il pour lui, ce don Juan jalonné de succès, une seule femme ou une perspective de femme à conquérir avant de passer à la suivante ?) et comprend que dès leur rencontre, leur "couple" était voué à l'échec car seul le sexe pouvait encore faire vibrer leur relation. Mais là n'est pas seulement le cas avec celle-ci : que se dire dans un couple, à part des banalités, aussitôt levés du lit où deux corps se sont étreints longuement et aimés ? Encore vaudrait-il mieux ne rien se dire mais alors l'amour véridique peut-il exister ?

Un ouvrage qui se lit très rapidement, extrêmement bien écrit mais avec des phrases parfois un peu trop longues et complexes (je citerais volontiers Proust pour une vulgaire comparaison) et dans lesquelles le lecteur à parfois tendance à perde le fil et cela est bien dommage ! Un ouvrage que je vous recommande néanmoins tant il porte à réfléchir sur soi mais aussi sur le sens que nous voulons donner à notre vie !
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« L'amour, c'est de l'infini qui se rétracte. »

Que dire si ce n'est que j'ai adoré cette lettre. Une lettre d'amour, une lettre de deuil. Une lettre adressée par un homme à une femme après leur séparation, une lettre pour un ‘au revoir' qui n'a pas été dit en temps et en heure. J'ai aimé tout autant la forme que le fond.

C'est magnifique, flamboyant d'une détresse « J'étais seul au monde au milieu de toi » qui se cache sous un cynisme « pour le sexe, je préférais la présence des femmes ; pour le sentiment, je préférais leur absence », et qui s'efface parfois pour laisser le coeur parler.

« Tu redondes, mon amour. ». Oui il l'écrit ! Cette femme est son ‘amour', il l'écrit parce qu'il fait nuit depuis longtemps et « l'extrême fatigue est la meilleure longueur d'onde pour faire jaillir les vérités tues, les aveux empêchés. »

« Je m'aperçus qu'Ovide, Stendhal, Pétrarque, Racine, Byron, Shakespeare, Baudelaire, Zweig, Aragon, Proust ne me parlait que de toi. » Ça me fait rire un homme qui parle par personne interposée, qui dit sans dire et préfère laisser l'autre prendre la mesure de ce que lui ressentait au travers de cette si jolie déclaration. C'est un littéraire amoureux qui repense à cette première rencontre, si inoubliable dans son intensité pour lui :
« C'était comme si tout entre nous avait déjà fait l'amour, nos corps exceptés. Pénétrations, fellations, sodomies, et autres festivités avaient lieu entre nous, en temps réel, par d'autres moyens, par des chemins étrangers au contact des chairs, par des clins d'oeil, des tintements de verre, des éclats de rire : une pornographie se déroulait bel et bien, mais selon d'autres modalités, installée sur une fréquence connue de nous seuls. Personne ne s'en doutait, mais face à face, debout, nous baisions comme des détraqués. Nous n'avions pas attendu le coït pour commencer à jouir. »

Ils ont formé un couple qui, de son point de vue, s'entendait manifestement très bien physiquement -« Au lit, je dois avouer que tes faveurs étaient farouches ; tes prouesses, meurtrières »- mais qui avait des difficultés à communiquer, « les mots ne nous venaient à la bouche que pour modifier la couleur du silence. ». Un couple inachevé, imparfait. « Emmêlés la nuit, étrangers le jour. Ennemis bientôt. » Elle n'était pas son bachert mais il l'aimait, j'en suis persuadée sans quoi il n'aurait pas eu ces beaux mots « Je voudrais te connaître jusqu'au sang. » et n'aurait pas été jaloux (quand bien même cela renvoie à un égo bien installé à l'évidence) : « Posséder une femme magnifique, c'est vouloir posséder ce qu'elle possède et que nous ne possédons pas. Quand je dîne avec toi, je dîne avec tout le monde sauf avec toi : je dîne avec ceux qui te veulent. »

Mais l'imparfait, ce temps simple, exprimant une action dans un passé réel ou imaginaire, renvoie justement à la perte de cette autre femme, Anaïs. « Une femme aimée, une jeune femme, une jeune fille encore est morte, avant que je te connaisse. »

Parce qu'on a peur -« La peur, pour celui qui ne détruit pas l'autre, d'être détruit par l'autre. »- on tire le premier. Ici dans tous les sens du terme, il le fait et le revendique. Il casse et se cache sous des traits d'un don Juan où « la réalité n'est que sexuelle. » Toutefois, c'est dans cette lettre qu'il avouera cette blessure initiale, cet imparfait qui l'a conduit dans ce mur, comme une voiture une nuit.

« Moi, ma gueule veuve et solitaire qui marche sous les gouttes froides. »

Dès lors, cet homme a une peur viscérale -« Peur, surtout, de n'être plus, de ne pouvoir plus, jamais, être un ‘enfant'. Peur de ce que signifie ‘être adulte', avec la cohorte d'obligations »- et cette angoisse de la vie le pousse à fuir son présent. Plutôt que d'avoir mal à en crever, il devient sarcastique, cynique, sadique et sans illusion. « Je massacre avec subjectivité ce qui s'étiolera avec objectivité. » Il nie ses rêves, se vautre dans des corps pour oublier celui qu'il n'a jamais eu.

C'est un homme en souffrance. « Celui, celle qui quitte est malheureux aussi – et le deuil d'autant plus douloureux qu'il en porte la responsabilité. C'est un assassin assistant aux obsèques de sa victime. ».

Il se crée une carapace d'homme froid, insensible, persuadé que tout est fin « Ce qui est exténuant, ce n'est pas que le pire soit toujours sûr, mais que le meilleur soit toujours incertain », et s'absout en expliquant que « le mal que je te fais ne s'oppose pas au bien que je prodigue : il est couplé, livré avec, compris avec. Il n'en est pas l'inverse, ni même le complément : simplement, c'est la même chose. Comme j'aime, je dois détruire. »

Il a pourtant été percuté par cette rencontre, cette femme a bousculé ses certitudes sans quoi il n'aurait pu écrire : « Ce serait toi, c'était toi, l'élue. Je ne voulais pas me marier parce que le mariage c'est pour toute la vie, et que toute la vie, pour t'aimer, me semblait un peu court. »

« En attendant, je suis ce mort qui respire. »
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J'ai hésité entre 4 et 5 étoiles pour ce livre.
4 étoiles car je ne partage pas toutes les réflexions de cet homme sur l'amour. Sans doute une vision très masculine : l'auteur livre t-il ici les pensées secrètes de tout homme n'osant pas les avouer ?...
5 étoiles en revanche sans hésitation pour la qualité d'écriture ; un pur bonheur littéraire !
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Cette lettre, loin d'être simple, s'adresse à une femme que l'auteur a beaucoup aimée, qui l'a quitté parce qu'il était insupportable, invivable. Il écrit cette lettre au nom de celui qu'il était vingt ans plus tôt. Présentée comme un roman, elle s'apparente plutôt au coming out de Yann Moix sur l'effroyable consommation des femmes qu'il a pu faire et que certains hommes peuvent faire à un moment donné de leur vie. Cette lettre s'adresse à une femme et à travers elle, à toutes les femmes, les potentielles proies du prédateur au regard pénétrant qui dès qu'il les repère les voient tel un "réceptacle à jouissance, des orifices à contentement, des cargaisons que l'on pelote."
Yann Moix aborde la question de la perception amoureuse du point de vue masculin et décrypte ainsi leur psychologie. le bandeau "Les hommes ne savent pas aimer" révèle déjà la teneur de son analyse. Peut-on vraiment à partir de sa propre expérience en tirer de telles généralités ? Certainement pas. Mais l'essentiel n'est pas là...

Fidèle à son image, l'auteur manie aussi bien la provocation que les mots. Il a le sens de la formule, ça claque, ça cingle. Il est tellement cynique parfois, qu'il en devient risible. L'animal aurait-il peur, aurait-il été blessé ?
Mais Yann Moix est avant tout un homme de lettres et un romantique qui s'ignore (ou pas...). La description de sa rencontre avec celle qu'il aura cru tant aimer est sublimement écrite. Il en est touchant, attendrissant.

Parfois véritable salaud, parfois romantique idéal, impossible de rester indifférent et de résister à Yann Moix. Est-ce finalement cela un prédateur ?
Alors, lettre d'amour ou de désamour, toujours est-il qu'Une simple lettre d'amour est absolument jubilatoire.

Lien : http://the-fab-blog.blogspot..
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Une simple lettre d'amour/Yann Moix
Cette simple lettre d'amour met en lumière une certaine conception de l'amour qui risque de faire grincer des dents un certain nombre de lecteurs.
Pour belle et poétique, bien sculptée et ciselée que soit l'écriture de Yann Moix, il reste que globalement le fond peut être discuté et ne pas satisfaire nombre de lecteurs autant que la forme. Encore que nombre de phrases sonnent juste et je vais en citer quelques unes plus loin.
Le choix des mots et le style très mallarméen ou baudelairien sont un régal. Yann Moix joue avec les mots, les sublime, les exhausse.
« le nain se soulageait sur ton indifférence polie de sentences à peu près définitives, toujours triviales, collectionnées au zinc de ces bistrots de pâle aube où les buveurs hydrocéphales, giflés par les paquets de vinasse remuent –dans un silence d'épave leurs gueules de madrépores. » Un style saisissant !
Mais il en fait trop : il est franchement provocateur et ce dès l'entame quand il dit en parlant de la femme: « La définitive est incessamment la suivante. » C'est peut–être vrai en y regardant bien ! Mais on ne le dit jamais !
Le narrateur (Yann Moix ?) se fait un plaisir d'abîmer la beauté de la femme qu'il dit aimer: c'est pour lui une nécessité, une joie, un besoin. Il veut la connaître jusqu'au sang et visiter son « intime charogne. » Et il ajoute : « Tu ne resteras qu'une drôle de grimace, ta chair un appétit, tes journées un lieu pour mes vacances….Je greffe sur tes jeunes traits la figure avariée de ta mère…Celle que tu seras insulte celle avec qui je suis. »
Édifiant !
Il me paraît vrai que « La haine qu'on éprouve pour quelqu'un qu'on hait n'est rien à côté de la haine qu'on ressent pour quelqu'un qu'on aime ».
Une des plus belles phrases : « J'aimerais tellement que ma solitude trouve le courage de ne plus s'encombrer de la tienne. »
Telles des succubes apparaissent les femmes dans ces lignes puisque pour le sexe le narrateur préfère la présence des femmes ; pour le sentiment, il préfère leur absence.
Aucun vulnéraire ni électuaire ne semble apte à guérir notre prévaricateur de ce rejet de tout commerce autre que sexuel avec les femmes. Rien ne semble capable de contredire ses jugements. Irréfragable sentence !
L'ouverture, ce serait la négation du sexe : « Je formule l'hypothèse qu'une vie délivrée du sexe saurait procurer aussi, pour peu, non qu'on s'y résigne mais qu'on y aspire, une vie extraordinaire, superbe, rugissante, soulagée… » Et avec un trait d'humour : « La sexualité fut instituée, fut échafaudée, fut élaborée pour nous empêcher de lire tout Balzac. »
Sans illusions : « Emmêlés la nuit, étrangers le jour. Ennemis bientôt. »
Il n'est pas douteux que Yann Moix se livre ici à un exercice de style et ô quel style !
Quelques réticences que l'on ressente à la lecture du contenu de cette lettre de désamour un peu curieuse, on doit reconnaître la sincérité toute masculine de l'auteur, à moins que tout cela ne soit effectivement qu'exercice de style. Allez savoir !
D'un point de vue strictement littéraire et avec quelques phrases qui tombent juste sans discussion, je mets quatre étoiles.

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C est un ouvrage que j'ai lu trop tôt, à mes 14 ans. Trop tôt à cause du caractère ingrat, pessimiste, cynique de l'auteur, qui m'avaient pas mal perturbées a l'époque, moi qui était plutôt du style romantique, lyrique…
L'ouvrage est rempli de phrases fortes, marquantes, bien trouvées, entre l'humour et une intelligence non négligeable, qui sont carrément des répliques.
Mélancolique, avec cette façon d'écrire presque nauséeuse, comme si le lecteur n'écrivait pas ses pensées mais les crachaient rageusement. le livre est marquant et frappant.

Seulement voilà, cinq an plus tard, je finis par avoir un peu de mal avec ce style d'écriture là, qui poussent les « «répliques », « les phrases bien trouvées », qui semblent presque être forcées, peu naturelles. La lettre est perdue entre un style pompeux qui respire l'intelligence et une bonne imprégnation du monde littéraire, et la méchanceté stérile. L'auteur se perd en phrases si méchantes et les émotions et pensées que l'auteur décrit rétrospectivement sont si complexifiées que cela en devient théâtral, inauthentique, et presque puéril.
Je préfère à ce style d'écriture "forcé" des récits plus simples, et dont l'émotion, le message ne sont pas mangés par cette recherche (c'est mon impression) absolue de performance.
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Yann Moix est un provocateur rempli de défauts, un iconoclaste des pensées communes. Il secoue. La précision des mots, l'originalité des idées sont un vrai plaisir intellectuel. Pour le reste...
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Constat implacable des relations hommes/femmes.
Certains vont trouver ça lucide, d'autres caricatural.
La vérité doit être entre les deux.

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Un livre d'amour d'un homme amoureux qui fuit l'amour. Voilà comment on pourrait résumer ce livre.
Lien : http://leblogdeladyy.blogspo..
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je ressens des sentiments tout à fait contradictoires et mêlés au sujet de ma lecture. Tout d'abord, je trouve le titre tout à fait trompeur, mais cela se découvre dès les premières lignes : il ne s'agit non pas d'une lettre d'amour, mais d'une lettre de rupture. Et cela change tout.

De ma lecture, je retiendrai essentiellement deux choses. Il y a tout d'abord ce narrateur, un anti-héros détestable au possible. Si j'avais été la destinataire de cette lettre, j'aurais profondément haï et méprisé cet homme horrible, en le lui faisant bien comprendre. Avec ces révélations sur le souhait de la mort de son ex-compagne, ses multiples expériences sexuelles, son discours si pessimiste sur l'amour et l'avenir… Un homme cliché, empreint de préjugés.
Le choix de Yann Moix semble clair : faire de son personnage le pire cauchemar de ces dames. Celui qui vous met dans son lit pour ne plus jamais vous rappeler. Celui qui séduit pour son propre plaisir. Celui qui rompt avec celle qu'il a cru avoir aimée, d'une manière impitoyable, se fichant pas mal de lui faire du mal, de la détruire. Qui n'écrit que pour se lire. Que pour lui-même.

Et puis… il y a l'écriture. Les mots sont choisis avec précision, et la langue est parfaitement maîtrisée. C'est d'une beauté touchante, même dans l'innommable monstruosité dont le narrateur fait preuve. Il est incroyable de parvenir à admirer un personnage si haïssable parce qu'il s'exprime si bien. Chaque page que j'ai tournée m'a ravie, et j'ai eu l'impression de passer mon temps à noter telle ou telle phrase qui parlait à mon coeur.

En conclusion

Voilà un titre bien spécial qui résonnera longtemps à ma mémoire. Impossible de me détacher de l'horrible discours de cet homme qui incarne tout ce que l'on déteste, ce qu'on refuse de croire vrai. le tout, à travers une plume des plus élégantes qui m'aura fait chavirer à chaque page. Un livre qui rend curieux, et qui, une fois refermé, nous laisse vraiment songeur.
Lien : https://carnetparisien.wordp..
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