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sur 2495 notes
C'est ma première rencontre avec ce Misanthrope. Jamais lu, jamais vu. Je suis presque étonné de découvrir dans la notice qui accompagne la pièce (écrite par Georges Mongrédien, dans Molière, oeuvres complètes T3) qu'« il est, au gré des connaisseurs, du plus beau chef-d'oeuvre de Molière et marque le sommet de son oeuvre ». Mongrédien dit aussi que « le public fut manifestement désemparé par ce comique sérieux, âpre, qui ne déchaînait par les rires et les applaudissements, comme ses précédentes comédies, se contentant de faire continuellement rire dans l'âme ». Un chef-d'oeuvre, donc, en décalage avec reste de la production de l'auteur.

Je ne me qualifie certes pas de connaisseur, mais je coche volontiers la case du plaisir à la lecture de la pièce. Je confirme aussi qu'on n'y retrouve pas la farce qui anime nombre des pièces de Molière. Et j'ai l'impression que cela apporte une petite note d'amertume dans mon appréciation car, comme ce fameux public, je m'attendais à un peu plus de premier degré d'humour.
Oh, j'imagine que, sur scène, on peut jouer le personnage d'Alceste de plusieurs façons : ridicule, pathétique, voire anachroniquement romantique. A la lecture, c'est plutôt le romantique qui m'a frappé. L'homme a des principes chevillés au corps et opposés aux standards de la société. Il n'accepte pas les mensonges, la courtisanerie et les faux-semblants. Il faut être vrai dans l'âme comme dans la parole. Évidemment, cela ne peut manquer de lui causer des problèmes, par exemple lorsqu'il dit tout net à Oronte – un homme bien en cours – que ses vers sont lamentables.
Le romantique ne manque pas non plus dans l'amour qu'Alceste ressent pour Célimène qui est son opposé absolu. Pour elle les apparences sont primordiales. Elle agit et parle toujours pour se faire bien voir des personnes en face d'elles, et adore ridiculiser les absents (donnant lieu à des portraits de toute comique beauté). Elle mène par le bout du nez un nombre impressionnant de prétendants, qu'elle casse dans leur dos. Alceste n'est pas dupe, n'a de cesse de l'implorer de changer, mais ne parvient pas à faire plier ses sentiments devant sa morale.

Il est surprenant que Célimène ait cru si longtemps que son attitude n'allait pas finir par être dévoilée, que tout un chacun connaitrait finalement sa fourberie et qu'elle se retrouverait seule, aussi éloignée de la société qui la rejette qu'Alceste lui-même qui rejette la société.
En quelque sorte, les deux se retrouvent tout en étant aux antipodes.
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Mes notes au fil de l'eau.
D'Alceste, j'avais le souvenir (du lycée) d'un personnage exalté qui ne sacrifie rien à son amour de la vérité et de l'honnêteté et qui aime une femme en tous points son contraire. Je le retrouve tel quel mais je remarque qu'il n'est pas un modèle de force morale (ce qu'il reconnaît lui-même) et qu'il s'est donné un rôle : pourfendre l'hypocrisie de la société qui l'entoure. Mais du coup, il a besoin de cette société pour être et ne se résout à la quitter qu'à la toute fin quand il a perdu tout espoir en Célimène. Il s'est donné un rôle et peut-être se dissimule-t-il derrière ce rôle ?
Et que dire de Célimène, elle qui critique tous les absents? N'est-elle pas finalement elle aussi une misanthrope, à sa façon ?
Toute la pièce est ambiguë et laisse affleurer la tragédie sous les aspects comiques des dialogues. La conception de l'homme et de la société qui émerge des échanges est loin d'être positive et renvoie plus aux Cyniques, à Hobbes voire Rousseau par anticipation qu'aux versions plus iréniques des rapports sociaux.
Cela s'accorde avec le dénouement de la "comédie" qui finit certes par un mariage mais pas celui qu'on attendait. Il n'y a pas de "closure" comme disent les Anglais. le personnage "vertueux" est puni de tous côtés (dans ses relations amoureuses comme dans ses affaires judiciaires). Nous restons dans le déséquilibre avec le départ d'Alceste : va-t-il cette fois vraiment abandonner la société ou, comme le souhaite Philinte, restera-t-il dans son rôle de critique aigri de gens qui le rejettent ?
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Étudié lycéenne. C'est la pièce de théâtre de Molière qui m'a le moins passionnée de son répertoire.
Les joutes verbales ne m'ont pas plu plus que cela, le cynisme d'Alceste et la satire sociale m'ayant peu convaincue. Deux opposés se rencontrent et deux personnalités s'affrontent...
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Ce livre était seems dessus dessous avec les personnages qui sont c0n ( sorry not sorry ) chacun a un défaut qui montre les aspects de notre monde pas si parfait que ça. L'histoire était pas mal même si j'ai pas compris certains moments mais on fait avec.
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Molière - 1666

Encore une fois, ici, je ne fais part que de mon plaisir de la lecture et non de la qualité de l'oeuvre.

Pour cette pièce, j'ai plus trouvé de l'ennui que de la plénitude. le thème abordé de l'hypocrisie des hommes, notamment ceux de la Cour, ne m'a pas plus émue que cela.

Il est vrai aussi que le texte est difficile à lire car c'est tout de même une écriture d'un ancien temps. J'avais une édition des années 60 donc la pagination et les commentaires pour mieux comprendre l'oeuvre n'ont pas non plus joué en sa faveur.

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Il est frappant en 2023 de constater, s'il en était besoin, la finesse d'observation de Molière sur les méandres des relations humaines. C'est même effrayant de constater, dans la foulée, que l'homme au fil des siècles, n'aurait guère évolué dans ses comportements et façons de gérer ses interactions personnelles.
L'hypocrisie, la lâcheté et la compromission des hommes y sont dénoncées par le misanthrope, qui lui même, se fourvoie dans son jugement de ceux qui l'entourent.
L'ouvrage fourmille de citations qui demeurent d'actualité. Il est heureux que la pièce demeure au programme de quelques lycées.
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Je n'aime pas toujours lire Molière : les ficelle de ses comédies, efficaces au théâtre, sont parfois un peu trop grosses à la lecture. Qu'allait donc m'apporter une deuxième lecture, 23 ans après une première lecture au lycée dont je me souvenais assez bien et qui m'avait plu sans pour autant me passionner ?

Ce fut un éblouissement. Molière déploie une langue magnifique, ciselée, en même temps qu'il dénonce les dangers d'un tel raffinement. La scène des portraits n'est pas seulement l'illustration de la médisance dans la bonne société : c'est la démonstration de la façon dont y conduit le goût du trait spirituel et du beau langage.
J'ai aimé aussi la complexité des personnages, qui pour la plupart ne se laissent pas résumer à de simples types. Même Arsinoé, qui cache mal son dépit amoureux, est assez touchante. Quant aux personnages principaux, derrière l'inflexible partisan de l'entière sincérité qu'est Alceste se cache un amant tyrannique, à l'amour-propre démesuré (« Je veux qu'on me distingue ») ; Célimène est plus qu'une coquette, sa liberté est assez admirable, et elle ne manque pas de dignité dans l'isolement cruel qui est le sien. L'on sent d'ailleurs que sa punition n'a rien à voir avec la justice – parallèlement, Alceste perd d'ailleurs son procès – mais c'est plutôt la façon dont la société se donne une bonne conscience en faisant d'elle un bouc-émissaire car sa conduite a révélé l'hypocrisie du jeu social.

Au final, un Misanthrope sans illusion sur la comédie humaine mais plein d'humanité.

[J'ai lu la pièce dans l'édition de Jacques Chupeau dans la collection Folio théâtre. J'ai beaucoup aimé sa préface, éclairante et bien écrite.]
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J'ai écouté ce livre plus d'une fois pour essayer de tout bien comprendre.
Je crois que je n'étais pas du tout réceptive à cette pièce. Les voix se ressemblent beaucoup trop pour moi alors je ne savais pas trop qui parlait a quel moment.
Je pense que j'aurai plus compris et apprécier en faire la lecture ou encore si je l'avais étudier à l'école pour bien comprendre les subtilités de la pièce.
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Peut-être qu'à travers cette critique, vous me prendrez à mon tour pour un Alceste, mais soit, la franchise devient rare.

Pour commencer, le Misanthrope est décrit comme une comédie, en la considérant toujours comme telle, on pourrait avancer qu'elle a très mal vieilli et n'a plus le même effet qu'au XVIIe siècle. En effet, alors que d'autres pièces de Molière n'avaient aucune difficulté à me faire rire aux larmes, celle-ci a eu du mal à m'arracher un simple sourire. En réalité, je n'ai ri que très peu de fois. Dans le reste de l'oeuvre, le comique est compliqué à déceler et à comprendre... Ou peut-être que je ne suis qu'un agelaste.

Quant à l'histoire, je ne l'ai pas aimé non plus. Non pas qu'elle est ridicule, au contraire, mais parce qu'elle tend presque vers une sorte de pièce à la Marivaux, avec plusieurs personnages et trames majeurs. C'est donc une déception. Car en lisant du Molière, je ne veux pas forcément m'agiter les neurones, je veux déconnecter mon cerveau et prendre du plaisir. Or, là, ce n'était pas le cas. D'autant plus que l'écriture en vers complexifie la pièce. S'ajoute à ça de longues prises de parole, la plupart du temps inutile, qui ne viennent que brouiller ma compréhension de l'histoire.

Finalement, même si cette pièce est considérée comme majeure dans la carrière de Molière, je la trouve moyenne et dépassée. Cette pièce ravira certains, et décevra d'autres, comme moi. Cependant, le Misanthrope ne changera pas la vision positive que j'ai déjà de son auteur, tout bon dramaturge a des échecs.
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Peut-être est-ce par ce que je lis cette pièce plus agée, mais j'ai beaucoup appréciée cette lecture. Dans un premier temps je trouve la pièce réellement drôle, elle incarne réellement le castigat ridendo mores. Elle permet réellement de mettre en exergue l'hypocrisie de la cours de Louis XIV, mais peut égalemment être interpretée avec une vision plus moderne. En effet, les problèmes d'hypocrisie, du fait de parler amèrment dans le dos des autres restent des problèmes encore très encrés. Les raisons d'être misanthrope sont encore bien d'actualité.
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