Un livre : deux histoires parallèles, habillement enchevêtrées.
L'anorexie, d'un côté, la Shoah de l'autre.
Le lecteur n'est pas épargné, la souffrance partout est perceptible, puissamment décrite, devenant le temps de cette histoire un peu la notre aussi.
Dans ces deux histoires, le "je" du narrateur nous fait partager tantôt l'hyperphagie et les vomissements d'un côté, de l'autre l'ambition antisémite, destructrice, aveuglante ...
Ce livre nous propulse dans des univers de violence, ancrés dans une réalité palpable et terrifiante. Il dévoile des mécanismes insoupçonnés de fatalisme, de lâcheté, de mensonges. Nous sommes au coeur de la logique froide, redoutable, déshumanisée des nazis dans leur volonté d'extermination du peuple juif. La même logique d'anticipation ayant permis la fuite et la protection des nazis bourreaux et tortionnaires, évaporés dans la nature, jamais retrouvés, jamais jugés ... La présence d'Emma nous accompagne dans la découverte du journal et des atrocités passées à
Sobibor. Sa force et sa volonté nous soutiennent et nous portent.
Jean Molla écrit là son deuxième roman. Trois ans de travail et de recherche lui ont été nécessaire . Il réussi à nous sortir de notre zone de confort, nous forçant à interroger l'ambiguïté des êtres et des apparences. *-*