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4,09

sur 928 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je vais me permettre une lecture psy. de ce livre avec la théorie de Serge Tisseron sur les secrets de famille :

La première génération est dans l'indicible , Jacques Desroches et Anna , Jean Lachaval et Mamouchka, auteur de crimes et complice. Ils ne disent rien de leur passé. En tout cas verbalement, mais ils expriment des choses, par la musique, par leurs expressions corporelles (en particulier Mamouchka qui montre de la douleur et se ferme aux questions), par le choix des prénoms, par les lapsus, les rêves...etc... le secret filtre, il suinte et se transmet.

La seconde génération est dans l'innommable, ils ne sont d'ailleurs pas nommés à aucun moment. le père d'Emma, médecin, a un don exceptionnel pour ne jamais poser de question, aucune interrogation sur ce qui arrive à sa fille, sur un symptôme qu'il devrait pourtant au moins pouvoir définir, mais il y a là comme une zone vide, d'impossibilité à nommer. Et Emma pointe bien que le silence de sa mère est lié à l'attitude son père.

La troisième génération est dans l'impensable. Puisqu'elle ne peut pas penser, le symptôme s'installe et donne un sens à tous les éléments que malgré eux les grands parents et parents ont transmis de leur histoire.

Emma dit bien, et c'est important, que chaque histoire est singulière et qu'il ne s'agit de poser le postulat que tous les enfants anorexiques ont eu des grands parents bourreaux
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Au centre de cette histoire brûle un secret de famille. Un secret caché dans le journal d'un nazi ayant participé à l'oeuvre d'extermination du peuple juif au camp de Sobibor.

Emma souffre d'anorexie mentale. On suit le déclenchement de ses crises et en parallèle le parcours qui la mène vers la découverte de l'horreur. « Est-ce qu'on peut savoir ce qu'on ignore ? » le corps d'Emma prouve que oui. Les mots tus creusent un vide et ce vide dénonce.

« Ce n'est pas ma fonction qui me dicte ce que je dois faire. » Ce sont les mots du directeur du supermarché où Emma vole des paquets de gâteaux. Alors que d'autres, pendant la Shoah, exerçaient leur fonction de SS, perdant toute humanité, étouffant leur conscience, en se laissant dicter leur conduite.

« Zakhor ! » : « Souviens-toi » en hébreu. Mot qu'un vieil homme juif prononce regardant le SS froid et implacable dans les yeux. Des mots qui se plantent dans le regard de l'homme à l'uniforme impeccable. Et des mots qui traversent les générations pour ne pas oublier.
Ne pas oublier comment on fabrique des monstres. Des monstres qui sont aussi capables d'aimer, de se fondre dans l'oubli, la négation. Si on oublie, les monstres reviennent.

Comme le dit Emma : « Mais la plupart du temps, mon esprit devient de glace et reste à la surface des mots. Je peux réciter mais je ne comprends rien. » Il faut continuer à en parler, même si les mots sont incapables de traduire dans toute leur noirceur les faits, pour que Sobibor, et tous les autres camps, existent encore dans les mémoires.

« Voici le jour en trop : le temps déborde »
Le passé déborde sur le présent, il nous fait mal, mais il raconte ce que nous sommes capables de faire, ce que nous devons éviter à l'avenir.

Un très bon roman sur la mémoire, le mensonge, le silence.
Le dossier à la fin du livre est intéressant.
J'aime particulièrement la planche de Tardi parue dans le quotidien Libération (27 janvier 2000), illustrant l'ouverture à Stockholm du forum international sur l'holocauste et la mémoire.
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Un livre de plus sur les camps et l'horreur nazie ? Non, un livre nécessaire, une fois de plus. Un livre lu en parallèle de mon fiston qui, à son jeune âge (en classe de 3ème), en est encore à découvrir un passé qui lui semble invraisemblable.

Emma ne mange plus. Plongée dans l'enfer de l'anorexie, elle cherche des réponses à des questions qu'on refuse d'entendre. Fille unique d'un couple bourgeois avec qui elle entretient des relations distantes, elle trouve complicité et réconfort auprès de sa grand-mère, Mamouchka. Pourtant, elle sent de manière viscérale que cette dernière lui cache quelque chose, surtout depuis qu'elle l'a entendu prononcer dans son sommeil des noms de personnes inconnues et un autre, Sobibor. le silence de sa grand-mère la ronge, encore plus lorsque cette dernière décède. Sobibor… Emma sait très bien ce que ce nom recouvre : un camp d'extermination en Pologne, aujourd'hui disparu. La découverte d'un journal intime caché dans les affaires de sa grand-mère va enfin lui apporter des réponses qui dépassent ce qu'elle aurait pu imaginer.

« Sobibor » : livre sur l'horreur nazie, sur les camps d'extermination, sur la Shoah. Mais aussi livre sur la mémoire, le mensonge, la lâcheté. Sur les secrets de famille qui vous bouffent la vie alors même que tapis et tus, on sent leur poids, omniprésent. Un silence trop épais et trop lourd à supporter, des questions qui restent sans réponse. C'est cela qui, au début, rend Emma malade. C'est la découverte de la vérité, ensuite, qui l'achève avant de la libérer.

Jean Molla, dans ce roman au succès critique et populaire, nous offre un récit très fort, abordant les pans obscurs de l'ère nazie. Dans ce livre destiné aux adolescents, tout est dit et bien dit. L'auteur réussit à mêler habilement l'histoire familiale d'Emma à la grande, passant en revue les principales étapes de l'extermination des Juifs à travers l'histoire de Jacques Desroches et du camp de Sobibor. Seul le personnage du directeur du supermarché m'a semblé être de trop, son rôle m'apparaissant totalement invraisemblable. Mais il y a cette phrase qu'il prononce : « Ce n'est pas ma fonction qui me dicte ce que je dois faire »… Et là, tout est clair. L'auteur permet au lecteur – et à Emma - de réfléchir à cette notion de responsabilité et renvoie les bourreaux face à leurs actes : tout le monde a le choix d'agir en son âme et conscience, quelle que soit sa fonction.

Un très beau roman, recommandé par le Ministère de l'Education nationale pour les classes de Troisième, à juste titre.
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Sobibor a longtemps vécu une petite vie tranquille, posé sur une étagère de ma bibliothèque, et j'avais même fini par l'oublier. Comme je souhaitais rassembler tous les livres que je possède sur le thème de la Seconde Guerre Mondiale et, par la même occasion, compléter mes ressources, je suis retombée dessus et je me suis empressée de le lire. Sobibor mêle de manière assez surprenante, ou du moins inédite par l'entrée qu'il propose, la petite histoire – celle d'Emma qui souffre de troubles alimentaires – et la grande Histoire – celle de millions de Juifs assassinés. Alors qu'elle vient de perdre sa grand-mère, Emma déniche chez cette dernière un vieux carnet dissimulé sous une pile de linge. Ce carnet est en fait le journal intime d'un dénommé Jacques Desroches. Au fur et à mesure de sa lecture, Emma va découvrir l'horreur des camps et mettre au jour un secret familial qui va l'anéantir. Les allers-retours entre le présent et le passé sont très intéressants : on a, d'un côté, la parole émue et réfléchie d'une adolescente sur l'horreur que nous connaissons tous, et, de l'autre, la froideur stupéfiante et abjecte du récit de Jacques Desroches. J'ai personnellement été davantage happée par la lecture du journal – j'ai d'ailleurs réalisé que j'avais lu assez peu de choses sur le camp de Sobibor –, mais je trouve que l'ensemble est une réussite, à quelques détails près, notamment la fin qui m'a laissée perplexe mais qui invite incontestablement à la réflexion.

Lien : http://aperto-libro.over-blo..
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Sobibor est le nom terrifiant d'un secret de famille, ce qu'on appelle la transmission par la psychogénéanalogie, ou comment dans le silence se transmet l'histoire cachée sur les descendants. Alors ils souffrent sans savoir pourquoi. Mais savent, au fond, que quelque chose est là, leur échappe.

C'est ce que vit cette adolescente au travers de l'anorexie. le symbole est évident : le corps souffrant et décharné de l'anorexique rappelle celui des déportés des camps de concentration et d'extermination...
C'est le corps qui parle avant que des mots puissent se dire.

J'ai aimé cette histoire même si son côté un peu scolaire et pédagogique me fait dire qu'elle se destine peut être davantage à des ados et trouverait certainement un intérêt à être analysée à l'école.

Ce livre m'a vraiment fait penser à "L'origine de la violence" qui en reprend les composants. Une bonne lecture.
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Emma est anorexique. Pour avoir une totale maîtrise sur son corps, pense-t-elle, mais surtout à cause des lourds secrets de famille et les nombreux non-dits qui empoisonnent l'air et rendent tous ses proches suspects. le récit nous emmènera dans le camp d'extermination de Sobibór, en Pologne, en compagnie d'un collaborateur français fier d'accomplir la grande mission qui lui a été confiée.

Sobibór est un roman pour adolescent, et aborde de nombreuses thématiques : anorexie, relations parents-enfants, histoires d'amour et un volet historique sur la seconde guerre mondiale. J'ai trouvé que ces questions étaient discutées avec assez de finesse et de nuances. Plus surprenant, les camps de concentration sont traités presque exclusivement sous l'angle du bourreau : qu'est-ce qui peut motiver un individu à adhérer à un tel projet, comment peut-on devenir insensible à ce point, et enfin, peut-on leur pardonner ?

Excellent livre pour provoquer des prises de conscience et entraîner des discussions.
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Un super livre qui met en scène les ravages de la seconde guerre mondiale des décennies plus tard. Un secret de famille très bien gardé durant 50 ans, oublié mais pas perdu.
Je ne peux que conseiller de le lire, mélangeant l'histoire de notre pays et les déboires des adolescents!
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Bizarrement, j'aurais du mal à dire que j'ai aimé ce roman : par moment, j'ai été mal à l'aise en le lisant. Mais j'ai vraiment apprécié son histoire touchante et intelligente sans compter toute la réflexion qu'il nous impose. Je trouve vraiment intéressant que ce ne soit pas un livre sur la Shoah, mais un livre sur la mémoire de toutes ces choses affreuses et de ce qu'elles signifient encore aujourd'hui. Jean Molla a vraiment touché le mile : pour le coup, on se met vraiment à la place d'Emma, même si on n'est pas anorexique et même si notre grand-mère n'est pas polonaise...
Par contre, j'ai mis beaucoup de temps à comprendre le lien entre l'anorexie qui dure depuis plusieurs année d'Emma et ce secret de famille qu'elle ne découvre qu'aujourd'hui : mais bon, la vie à ses mystères et il y a toujours certaines choses qu'on "sent" bien qu'on ne les connaissent pas...

Emma est une jeune fille agréable même si elle est parfois difficile à comprendre. Mais bon, d'un certain côté, avec sa maladie, c'est assez normal : elle demande beaucoup à son entourage, leur tend des perches qui leurs restent invisibles pour tenter de s'en sortir.. Elle va loin, peut être trop loin justement pour tenter de leur faire comprendre sa douleur et ça m'a parfois mise mal à l'aise.
Comme sa réaction vis-à-vis de son grand-père : je comprends qu'elle soit déçue, en colère, dégoûtée, mais il reste son grand-père ! Je ne sais pas du tout comment je réagirais à sa place mais je ne pense pas que je fermerais les yeux comme elle le fait sur la personne qui m'a élevée et que je connais depuis tant d'années bien que j'aimerais également que la vérité soit officielle. Bref, le robot qu'elle semble devenir dans les dernières pages m'a assez choquée (SPOILER surtout sa réaction à la révélation de la mort de ce dernier suite à sa visite).

J'ai trouvé l'écriture de Jean Molla très agréable à lire : il expose les choses clairement mais simplement. J'ai également beaucoup apprécié que le texte soit finalement assez court : je crois vraiment que c'est ce qui lui donne toute sa force et sa puissance.
Sobibor est vraiment un livre à découvrir.
Lien : http://lunazione.over-blog.c..
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Emma est très proche de sa grand-mère et aucune n'a de secrets pour l'autre. Jusqu'a soir où Emma surprend se grand-mère à parler dans son sommeil, prononçant le nom d'une femme. le matin, la grand-mère nie tout. Elle mourra quelques semaines plus tard, emportant son secret. Elle interroge alors son grand-père, qui lui non plus de dit rien.
Emma découvrira le journal intime de sa grand-mère, et découvre la vérité sur ce couple qu'elle a toujours pris pour intègre et droit. D'autant plus que le grand-père fut un grand résistant.
Le secret est si lourd, la culpabilité pour Emma si grande qu'elle entre dans la spirale de l'anorexie.
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Sobibor est présenté en quatrième de couverture comme un roman sur l'anorexie. Une jeune fille se fait volontairement prendre à voler de la nourriture dans un magasin dans l'espoir d'attirer l'attention de ses parents. Elle est malade : elle ne mange plus et se trouve confrontée à leur indifférence face à sa situation.

Néanmoins, ce roman raconte moins l'histoire de cette jeune fille que celle de ses grands-parents. En effet, son propre mal-être est une excuse pour développer une intrigue autour du camp d'extermination de Sobibor, dans lequel ses deux grands-parents ont fait un séjour pour des raisons différentes. Ils portent un lourd secret, qui va faire exploser leur famille. Une question se pose : est-ce que rendre la justice et dévoiler la vérité vaut de sacrifier la sérénité familiale ? L'héroïne du roman décide que oui. Un choix qui peut paraître cruel et qui ne prend pas forcément sens. Reste à savoir de quel côté on se place.

Jean Molla signe un roman poignant et surprenant. Il aborde de façon original (c'est encore possible!) un sujet déjà énormément traité en littérature : l'extermination des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Je ma suis tournée vers ce livre pour lire une histoire d'anorexie. J'en ressort finalement profondément touchée pour une toute autre raison ! C'est donc très bien fait !
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