Deuxième rencontre avec Victor Caranne, étonnant et tourmenté psychologue en milieu carcéral. Dans une modeste banlieue de la Rochelle une femme a été sauvagement assassinée. le tueur a laissé sur la scène de crime une étrange mise en scène. La victime a été égorgée et face à elle, ligoté, son fils bâillonné, un bandeau sur les yeux, des écouteurs sur les oreilles. C'est le deuxième meurtre commis de la sorte avec l'horrible spectacle de la victime heureusement caché à l'enfant. Pourquoi un tel cérémonial ? Aucun indice, aucune empreinte ni trace ADN. L'assassin est excessivement prudent. La police est dans une impasse face à ce qui ressemble à un tueur en série. Victor Caranne est appelé à l'aide, il n'est pas profileur mais il a l'habitude de côtoyer les criminels détenus à la Centrale de Saint-Martin-de-Ré et dont les peines sont parmi les plus longues.
Dans le premier roman de cette série,
Max Monnehay avait centré son récit sur Victor Caranne. C'était le narrateur et je me rappelle l'avoir vu affecté au plus profond de lui-même par l'affaire
Somb ( voir ICI ). Dès le récit suivant,
Max Monnehay se renouvèle. Caranne n'est plus narrateur, cela laisse plus de place pour développer le portrait des personnages secondaires. le commissaire Baccaro dirige l'enquête de main de maître, l'inspecteur Brice Babiak n'en finit pas de surprendre avec son inénarrable personnalité. Anaïs, une nouvelle recrue a pris ses fonctions dans le groupe d'enquêteurs de la police, énigmatique et efficace « Elle avait quelque chose de la
Natalie Portman du film Léon, version adulte ».
La Centrale de l'Ile de Ré est davantage mise en avant, avec ses détenus et les thérapies des psy. Il y a Caranne mais aussi Samia. Elle fait le même job mais avec une implication personnelle que son collègue juge excessive. J'ai aimé retrouver Marcus un ex-détenu.
Avec une telle palette de personnages complexes,
Max Monnehay n'en finit pas de surprendre avec un récit foisonnant mais cohérent dont l'enquête pour démasquer l'Etrangleur de la Rochelle constitue un fil conducteur solide. Toutes les procédures sont là pour renforcer sa véracité, interrogatoires, analyses scientifiques, des vérifications interminables dans les dossiers de l'Aide Sociale à L'Enfance pour retrouver la trace d'un enfant tellement traumatisé qu'il pourrait être devenu celui qui tue des mères devant leur fils. Suspense et rebondissements sont au détour de chaque page. Bien sûr les médias en quête de sensationnel s'en mêlent et cela ne manque pas de compliquer la tâche des enquêteurs. Parmi ceux-ci, Victor Caranne n'a pas le beau rôle avec son côté obscure qu'a fait ressurgir l'affaire
Somb. Il aurait pu se reconstruire en famille, avec sa soeur et son père. Mais il est emporté dans une spirale de violence, des démons dans la tête qu'il tente de chasser avec l'alcool. Il n'a cependant rien perdu de sa perspicacité pour démêler les fausses pistes. Dans ce registre l'auteure n'épargne pas son héros et le lecteur n'a pas fini d'être surpris, les dernières pages sont époustouflantes, inattendues et déroutantes, une marque de fabrique que
Max Monnehay maîtrise à la perfection.
Il va falloir s'habituer au monde de Victor Caranne, l'auteure a tellement semé d'intrigues en deux romans que le lecteur ne peut être qu'impatient d'en savoir plus. En deux romans
Max Monnehay a réussi à changer sa manière de raconter des histoires noires, et elle n'a sans doute pas fini de surprendre ses lecteurs.
Max MONNEHAY –
Je suis le feu. Parution mars 2022. Éditions du Seuil, collection Cadre noir. ISBN 978-2-02-148814-2 .
Lien :
http://romans-policiers-des-..