Je crois que toute vie vaut la peine d'être racontée, chaque vie est un témoignage de toutes les autres.
Les romans sont des abris où retrouver les disparus. Ecrire, c'est construire leur refuge, assembler des branchages, bâtir des murs, préparer les lits, penser à la liste des courses et aux chansons que l'on chantera après le repas. C'est les attendre au bout du chemin, la nuit est tombée déjà, ils sont en retard.
Sa tendresse est la mer que j'attendais pour savoir nager.
A la mort qui vient, elle offre mains ouvertes sa solitude grise et ses odeurs froides. Elle offre aussi ses bocaux à la cave, les haricots verts que personne ne prend plus, elle donne les pommes alignées sur le papier journal, son couteau noir et ses bouteilles de bouillon, elle cède sans un regard les tricots commencés pas terminés et ses photos mélangées, n'emportera que celles qui trempent dans le lait. Elle lui offre tout, ses importants et ses regrets, le même jour hagard toujours recommencé.
... je n'ai pas d'ami. Je ne sais toujours pas si c'est parce que je n'aime personne ou si c'est parce que personne ne m'aime.
On ne retient pas la vie, on peut juste s'en souvenir.
En maths, on a appris les nombres négatifs, ils sont devenus immédiatement mes amis. Je suis un nombre négatif, je retranche tout et je ne retiens rien. Ou l'inverse, retiens tout ne retranche rien.
J'écris des points de suspension à défaut de savoir dessiner l'émotion, fossile liquide de chagrins anciens, qui noie la fin de sa phrase.
Jamais je ne lui dis que je l'aime. Dire je t'aime, c'est se souvenir d'un temps où je ne t'aimais pas, c'est envisager celui où je ne t'aimerai plus. Dire je t'aime serait donner une fin à l'amour.
Je lui donne l'infini silence de mon amour.
Où vont les secrets quand il n'y a plus personne à qui les cacher ?