C'est peut-être simplement cela, être romancière : avoir des livres qui poussent dans les interstices de tout.
Où vont les mots quand le papier brûle ?
Le silence, c'est pour être certaine d'entendre, une arme de sioux. Je regarde le ciel, j'écoute les nuages et la terre.
Les gens sont des histoires, tu les inventes, ils vivent plus que vrais. Les gens sont une silhouette sur une photo et toute la vie ils sont un pull rayé, un tableau au-dessus de la cheminée, un clocher bande claire, des lunettes fumées, un poulet rôti et des coupes fières. Les gens sont des dates, tu les notes scrupuleusement, des maisons, tu les visites, un bord de rivière, un plat préféré, des cicatrices que rien ne soigne, tu souffles doucement dessus. Les gens sont maintenant des chansons, tu les écoutes et si tu pleures un peu, tu as raison.
Il n'a plus personne pour qui être, il est un homme dépeuplé.
Chaque livre a son règlement intérieur. L'auteur n'a qu'un choix : se soumettre ou pas à la loi du texte, l'écrire ou renoncer.
Ecrire est une superstition.
Si je ne marche pas sur les lignes, personne ne meurt.
Si j'écris mes disparus, ils réapparaîtront.
Pourtant.
Les livres s'écrivent et sortent, les livres se lisent, jamais ne reviennent les disparus.
Ça ne marche pas.
Les choses s'évanouissent en se vivant. Que reste-t-il? Que retient-on? Quand il n'y a plus rien, (…) il reste les habitudes et les événements, le toujours-là et l'exceptionnel, le ronronnement du quotidien et ce qui le brise.
Lorsqu'elle éclate de rire, des cailloux d'enfance entrent en éruption et une lave heureuse dévale leur coteau.
Il y a un endroit infinitésimal où l'on est exactement à sa place. Le faire, c'est essayer de le retrouver encore.