Ce second volet des aventures de Zéphyrine commence là où s'achevait le premier, avec la fuite de la jeune fille aux côtés de son ex-fiancé (le frère de sa meilleure amie). Sans spoiler (la couverture annonçait la couleur), la cavale ne dure pas et pendant presque la moitié du livre, Zéphyrine et Fulvio sont à couteaux tirés. Ceci dit, après avoir dû épouser le ravisseur de son père, qui ne se présente pas exactement sous son meilleur jour, allant jusqu'à faire semblant de vouloir la violer pour l'obliger à réagir, on aurait pas non plus envie d'être sympa. Et quand Zéphyrine s'efforce d'être désagréable, elle ne le fait pas à moitié, quitte à nous paraître à nous aussi insupportable, notamment en faisant du pied (littéralement) à un personnage secondaire sans aucune intention derrière, juste... comme ça. Quant à Fulvio, pourquoi ne clarifie-t-il pas la situation ? L'explication maladroite donnée bien plus tard dans le récit a le mérite d'exister, mais peine à convaincre... Bilan, ces deux-là s'affrontent sur des pages et des pages, on s'ennuie ferme... jusqu'à ce que
L Histoire s'en mêle.
A partir de là, ça bouge et pas qu'un peu, puisqu'on se retrouve pris, aux côtés des personnages, en plein sac de Rome par les troupes de Charles Quint. Et
Jacqueline Monsigny ne nous épargne absolument rien : c'est violent, glauque même, tant elle va loin dans les détails. Mais ça marche : on a la trouille pour les persos croisés... qui ne s'en tirent d'ailleurs pas tous. Bref, côté action, on est servis, l'immersion est maximale, on retrouve la Zéphyrine intrépide qu'on aimait tant... Difficile de lâcher le livre, et ça, c'est avant les révélations finales dont l'on ne se doutait qu'à moitié, et un cliffhanger qui, à l'époque, a laissé languir le lectorat pendant trois longues années !
Une nouvelle fois, l'autrice a pris quelques libertés avec la chronologie des faits, mais on lui pardonnera sans sourciller. Si la première partie donne l'impression d'un gros retour en arrière, rappelant le pire des romances toxiques de l'époque, l'autrice corrige habilement le tir dans la seconde. de toute façons, la plume de
Jacqueline Monsigny reste très moderne pour son époque : outre un accouchement qui ne vend vraiment pas du rêve, la première scène olé-olé, entre deux persos secondaires, tape carrément dans le SM mutuellement consenti, et l'inclusion d'un personnage intersexe de façon étonnamment habile (surtout pour l'époque), assortie de formulations que l'on appellerait de nos jours écriture inclusive (« soeur-frère », alternance entre masculin et féminin...) surprend en bien. Comme quoi, si
Jacqueline Monsigny, au début des années 80, a su en parler et de façon respectueuse, c'est que ce n'est pas si compliqué !
Bref, passé une première moitié quand même lourde et perfectible, la suite relève tellement le niveau qu'on referme l'ouvrage sur une impression positive. Et nous, heureusement, on a pas besoin d'attendre pour lire la suite...