Entre cinq doux dingues (encore que l'un d'entre eux revendiquerait plutôt sa dure dinguerie), la mémoire se balade, se déversant dans une tête, en vidant une autre, pour un panorama foutraque des anormalités mnésiques. Alliée des scientifiques fuyant la sérendipité et des amoureux de la culture, elle impose aussi de redoutables souvenirs à celui qui voudrait les fuir et provoque la déchéance des plus beaux et des plus doués dès lors qu'elle déserte leur cerveau. Quand Alzheimer lui fiche la paix et que les hallucinations synesthésiques se font discrètes, le quintette est encore harcelé par de mystérieux incendiaires dont l'intérêt scénaristique m'a complètement échappé (mais dans le délire général, on n'est pas à une digression près). Et cette histoire sans guère de queue (car étonnamment chaste) et guère de tête (chacun perdant la sienne plus ou moins longuement) s'amuse encore à emberlificoter ses lecteurs dans une narration à tiroirs, entre journal intime, récit de rêve, coupures de journaux et roman qui serait presque classique sans les notes de bas de page écrites par un spécialiste de la mémoire hésitant entre jouer le rôle de deus ex machina et celui de dindon de la farce.
Bref, le tout est un roman assez vain, vraiment délicieux, un mille-feuille qui s'effrite pour ne laisser en bouche qu'un goût de sucre glace dont on se pourlèche brièvement sans être rassasié, en se demandant si on n'aurait pas mieux fait de choisir une madeleine.
Commenter  J’apprécie         100