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Citations sur Le Conformiste (62)

"_ Alors, nous ne pouvons rien ? demanda Julie d'une voix rêveuse en regardant les papiers épars sur le bureau.
Marcel hésita et répondit avec une amertume profonde :
_ Si, nous pouvons savoir que nous ne pouvons rien...
_ Et à quoi cela sert-il ?
_ Cela nous sert... pour la prochaine fois... ou cela sert aux autres, après nous.
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Il éprouva un singulier soulagement et peut-être de la stupeur plus encore que du soulagement en s'apercevant que la nouvelle imprimée sur ce papier vieux de dix-sept ans, n'éveillait en son âme aucun écho appréciable. C'était comme si, après avoir gardé très longtemps un pansement sur une blessure profonde, il s'était enfin décidé à ôter son bandage et avait découvert, à son grand étonnement, la peau lisse et unie, sans trace d'aucun genre, là où il croyait trouver au moins une cicatrice. Sa recherche du fait-divers dans le journal avait été pour lui comme l'enlèvement du bandage; et se découvrir insensible, c'était se découvrir guéri.
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Le malheur, qu'était-ce, sinon le point noir perdu dans l'azur du ciel serein et qui tout à coup grandit, devient oiseau de proie et fond sur le malheureux, comme un vautour sur la charogne ?
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Cet élan était au fond le même qui lui avait fait rechercher la complicité de Robert après le massacre des lézards et la sévérité de ses parents après le meurtre du chat. Une aspiration à être normal; une volonté d'adaptation à une règle reconnue et générale; un désir de ressembler à tous les autres puisque, être différent signifiait être coupable.
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[ ... ] Vivre, pour les humains,
ne signifiait pas se laisser aller à la trouble quiétude
offerte par la nature indulgente, mais être continuelle-
ment en lutte et dans l'inquiétude, résoudre à chaque
instant un petit problème, à l'intérieur de problèmes plus
vastes, contenus à leur tour dans le grand et complexe
problème de la vie. [ ... ]

p. 335.

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Aussitôt sa pensée lui suggéra des images qui, loin d'être décourageantes, lui furent au contraire agréables : édifice gris, sévère et froid, aux fenêtres barricadées de grillages...dortoirs glacés et nus avec leurs rangées de lits alignés contre de hauts murs blancs....salles de classe mornes, garnies de bancs, avec la chaire au fond...corridors blêmes, escaliers obscurs, portes massives, grilles infranchissables...en somme tout comme dans une prison...mais bien préférable cependant à la liberté inconsistante, insoutenable de la maison paternelle. Jusqu'à l'idée de porter un uniforme de coutil et d'avoir la tête rasée comme les collégiens qu'il lui arrivait de rencontrer, en rangs, dans les rues: jusqu'à cette image humiliante et presque odieuse lui paraissait agréable dans sa présente aspiration désespérée vers l'ordre et le conformisme quels qu'ils fussent.
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Pendant quelques heures, cet après-midi, il avait cru à l'amour ; maintenant, il se voyait au contraire errer dans un monde profondément bouleversé et aride où le véritable amour n'existe pas, mais seulement les rapports sexuels, du plus naturel au plus anormal et insolite. Certes, le sentiment de Lino pour lui n'avait pas été de l'amour non plus. ; ce n'était pas l'amour, que le désir de Lina pour Julie ; dans le ménage de Marcel, l'amour n'avait pas de place ; et Julie elle-même, si indulgente pour Lina et peut-être tentée par ses avances, n'aimait sans doute pas son mari d'un véritable amour.
En ce monde obscur et et traversé d'éclairs, comparable à un crépuscule orageux, ces figures ambiguës d'hommes-femmes et de femmes-hommes qui s'entrecroisaient, doublant et mêlant leur ambiguïté, semblaient signifier pour lui quelque chose d'également ambigu, lié - lui semblait-il - à son propre destin et à l'impossibilité absolue d'en changer.
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Ce qui le frappait le plus chez ce bétail féminin, c'était le caractère irréparable de la déchéance, le même qui l'avait fait frémir d'horreur devant la nudité de sa mère et la folie paternelle qui était à l'origine de son amour presque maniaque pour l'ordre, la netteté, la correction.
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Qu'est la vérité, en effet, sinon ce qui est évident pour tout le monde et considéré comme inattaquable ?
Ainsi, de la sympathie spontanée à la conscience que cette sympathie était partagée de la même façon par des millions de personnes ; de cette conscience à la conviction d'être dans le vrai ; de la conviction d'être dans le vrai à l'action, la chaîne était ininterrompue, les anneaux bien soudés. Car, il pensait que la possession de la vérité non seulement permet l'action, mais l'impose.
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Comme s'il découvrait en lui-même un caractère absolument anormal, dont il devait être honteux, qu'il lui fallait garder secret pour ne pas avoir honte également devant les autres et qui, en conséquence, le mettait à part de ses semblables.
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