4 - PÂQUE
Savons-nous quel jour est mort Jésus ? Quelle année ? En 30 ? En 33 ? Plus tard... Selon
l'évangile de Jean, Jésus est mort le jour de la Pâque juive. Pour les évangiles synoptiques
(Matthieu, Marc et Luc), la crucifixion aurait eu lieu au contraire la veille. Les récits de la
Passion sont, par ailleurs, réputés être les textes les plus primitifs des évangiles. Sont-ils
donc les plus historiques ? Mais alors comment expliquer leurs différences criantes ?
Pourquoi ces récits sont-ils si solidement tissés d'allusions à la Bible hébraïque si ce n'est de
citations littérales ? Quelle était leur fonction ? Ecrire l'histoire ou instaurer une liturgie
concurrente de la liturgie juive traditionnelle ? Le découvrir n'est-ce pas mettre en lumière
la place du courant "chrétien" à l'intérieur de la synagogue ? La date de la mort de Jésus
aurait-elle pu être choisie pour des raisons d'abord théologiques ? Pour investir la pâque
juive et faire de Jésus le nouveau Moïse ? Est-ce pour cela que Jésus porte le même nom
que Josué, successeur de Moïse, qui fit entrer son peuple dans la Terre promise ?
1 - CRUCIFIXION
L'image du Christ en croix est universellement connue mais sommes-nous au moins certains
de connaître le déroulement du supplice lui-même : clouait-on les condamnés ou les liait-
on à la croix ; quelle était la forme de la croix ; où était situé le lieu d'exécution...? Le
témoignage des historiens de l'Antiquité confirme-t-il celui des évangélistes ? Que nous
apprennent les ossements du seul et unique crucifié jamais découverts (à Jérusalem) et qui
datent eux aussi du Ier siècle de notre ère ? Les découvertes de Qûmran et les manuscrits de
la Mer morte nous permettent-ils de faire d'autres hypothèses sur le contexte et la dimension
historique de la crucifixion ? Et qui a crucifié Jésus : les romains ou les juifs comme le laisse
entendre l'évangile selon Jean ? Les textes disent-ils l'histoire du temps de Jésus ou celle des
évangélistes qui écrivent cinquante ans plus tard, sans doute hors de Palestine ?
3 - ROI DES JUIFS
Le "titulus", c'est-à-dire l'acte d'accusation placé sur la croix portait ces
mots : "Jésus le Nazoréen, roi des Juifs" cette inscription serait-elle l'archive la plus ancienne
se rapportant à l'histoire de Jésus ? Nazoréen veut-il dire originaire de Nazareth ? Comment
expliquer alors qu'il n'y ait aucune trace archéologique de Nazareth avant le IIème siècle ?
Que ni l'immense littérature biblique, ni les historiens juifs ne mentionnent jamais ce lieu ?
Malgré les différences entre les quatre évangiles, tous s'accordent à dire que l'écriteau placé
sur la croix portait la mention "roi des Juifs" pour qualifier Jésus. Aurait-il été exécuté avant
tout pour des motifs politiques ? Cette prétention royale qui ne pouvait qu'être un défi pour
le pouvoir impérial romain était-elle revendiquée par Jésus ? Le royaume auquel aspirait
Jésus était-il de ce monde ou ne l'était-il pas ? Le royaume de Dieu était-il le royaume
d'Israël, et donc nécessairement, un royaume ennemi de Rome ?
2 - PROCÈS
Comment, par qui, Jésus a-t-il été jugé ? Y-a-t-il eu un ou deux procès de Jésus ? Un procès
juif, un procès romain ? Y-aurait-il deux histoires de
Jésus : l'une racontée du point de vue juif, l'autre du point de vue romain ? Le récit du procès
de Jésus permet-il de reconstituer l'équilibre des pouvoirs entre les romains, les grands
prêtres et la dynastie des Hérode qui caractérise la Palestine du 1er siècle ?
Dans l'évangile selon Jean, Ponce Pilate, le préfet romain semble vouloir sauver Jésus du
supplice. Cette attitude est-elle conciliable avec le portrait féroce de Pilate que tracent les
historiens juifs de l'époque ? Pourquoi les évangélistes cherchent-ils à disculper Pilate et à
c h a rger les juifs ? Cela nous permet-il de dater clairement la rédaction des textes ? De
déterminer leurs enjeux théologiques, idéologiques...
5 - CHRISTOS
Pour le christianisme, Jésus c'est Jésus-Christ.
Dans le texte des évangiles, Jésus est appelé "Christ" comme traduction grecque de l'hébreu
"messie", "oint de Dieu".
La conception biblique du messie est-elle politique ou religieuse ? Peut-on être prophète
sans être roi ? De son vivant Jésus a-t-il pu se revendiquer comme messie d'Israël ? La
dimension royale de cette prétention pouvait-elle entraîner sa condamnation ? Mais par qui
et pourquoi ? Par les juifs qui la jugeait blasphématoire et dangereuse pour le peuple ? Par
les romains qui craignaient la venue d'un roi libérateur d'Israël ? Jésus n'est-il pas devenu
"Christos" "Jésus-Christ" qu'après sa mort ? Combien d'années, de siècles, séparent Jésus le
nazoréen de Jésus-Christ ?
Avec Jacques Bonnaffé, François Chattot, Pablo Cueco, Louis Duneton, Louis-Do de Lencquesaing, Catherine Merle, Gérard Mordillat, Lou Wenzel…
Voici déjà onze ans que Claude Duneton a tiré sa révérence. Figure originale et attachante, il a marqué tous ceux qui l'ont fréquenté. Duneton a enseigné l'anglais et le français, fait du théâtre, de la radio et de la télé, et même joué dans quelques films. Un pied dans l'édition parisienne et l'autre dans le terroir occitan, il est l'auteur d'une trentaine de livres, mais sa chronique du langage au Figaro, “Au plaisir des mots”, aurait suffi à le rendre populaire.
L'auteur du Bouquet méritait bien qu'on lui offrît une soirée d'hommage. Amis, collègues, partenaires, compagnons de route ou de rencontre, tous ont souhaité parler de lui, de lui avec eux. Chacun apporte ici sa pièce pour composer le portrait d'un personnage sans doute plus complexe que ce qu'il a pu paraître. Un puzzle, en somme, dans tous les sens du terme.
“Le langage est un fameux véhicule et, contrairement aux autres, il ne coûte rien.”
Claude Duneton
À lire – Claude Duneton façon puzzle, préface de Gérard Mordillat, éd. Unicité, 2023.
Son : Jean-François Domingues
Lumière : Marta Bellini, assistée de Hannah Droulin
Direction technique : Guillaume Parra
Captation : Claire Jarlan
+ Lire la suite