Devant la philosophie, il y a deux sortes d'attitudes. La première, de loin la plus fréquente, consiste à refuser définitivement toute "prise de tête" sur ces sujets, surtout si c'est ardu. Mais on peut aussi tenter de comprendre vaille que vaille les subtilités des penseurs, pour s'approprier au moins une partie de leurs conceptions. J'essaie de le faire, occasionnellement, par quelques lectures.
L'oeuvre de B.
Spinoza (notamment son "
Ethique") est un monument de la philosophie, complexe et même obscur. Les mots particuliers qu'il écrit, et la "méthode géométrique" qu'il utilise, rendent sa pensée difficile d'accès. Pour moi, il n'a jamais été question de la découvrir dans son texte original: donc je n'ai lu que des ouvrages de vulgarisation, relativement brefs. La monographie publiée par
J. Moreau dans la collection "Que sais-je ?" le mérite d'être assez courte et synthétique, et sans la volonté d'escamoter les grandes difficultés de la pensée de Spinoza. L'analyse en est faite dans le chapitre central (qui est placé entre sa biographie et un chapitre décrivant son héritage philosophique).
Je ne vais pas reprendre ici les idées-clé de Spinoza. Celui-ci a réussi le tour de force de déchaîner contre lui une violente hostilité de la part de toutes les communautés religieuses de son époque: catholique, calviniste et juive. Quelqu'un a même proposé une épitaphe: « Ci-gît Spinoza. Crachez sur sa tombe » ! Pour ses contemporains, le point d'achoppement essentiel était évidemment sa conception de Dieu: une entité infinie par essence, non personnalisée, s'identifiant avec la Nature, et qui n'a absolument rien à voir avec le mystère de l'Incarnation (par exemple). Pour nous, hommes du XXIème siècle, il n'y a pas nécessairement de quoi fouetter un chat... Mais, bien sûr, le système de Spinoza dépasse largement le seul sujet de Dieu. Une grande partie m'a échappé – mais quand même pas tout...