Nursery rhyme

Nursery Rhyme est le premier roman d'une série de quatre consacrée à Jean-Loup Fresnel dit Loup, un ancien séminariste devenu policier. Défiguré au cours d'une enquête et contraint de porter une cagoule, il sort la nuit tel Belphégor pour mener à bien sa vengeance, retrouver l'homme qui a détruit son visage, et sa vie. Son ancien collègue et disciple Valentin Welsh, dit Val, lui aussi court après cet homme et la bande à laquelle il appartient. Car des cadavres aux doigts coupés pleuvent dans Paris et il est impératif d'arrêter ce jeu de massacre.

Nursery Rhyme est un polar social sanglant et nerveux, dans lequel la gouaille de Joseph Bialot fait merveille et contrebalance un peu la noirceur de l'intrigue. Dans ses romans jaillit souvent une violence crue, que l'humour et la causticité de l'auteur viennent adoucir pour nous offrir un peu de répit. Et puis il y a la ville. Le lecteur se balade dans Paris, Belleville, le 13ème, que l'auteur connaît comme sa poche. Bialot, comme Jean-François Vilar, est un piéton qui vous divulgue les petits secrets de la capitale au détour d'un chapitre. Il y a parfois l'autre Bialot qui apparait furtivement ça et là et qui vous bouleverse, celui qui écrit que l'on comprend la déportation intellectuellement et non affectivement, Bialot arrêté en juillet 44 par la milice et déporté à Birkenau d'abord, Auschwitz ensuite, avant d'être libéré par l'armée rouge en janvier 45. "Je n'aime pas un terme popularisé par la presse, celui de serial killer. Pour ça, les nazis ont été, et restent imbattables. » Les aventures de la « Brigades des petites affaires » se poursuivent avec Ô mort, vieux capitaine, et j'ai hâte de retrouver la prose de ce bel auteur, de ce grand lecteur érudit qui fait mouche avec ses romans historiques, ses polars comme avec ses recits les plus intimes et les plus personnels.