Masse anonyme de petites gens, accrochés à la terre ou vivant au plat pays, hommes des montagnes, des plaines et des plateaux, des champs ouverts (openfields) et des pays "coupés" (bouchures), les "laboureurs et gens de village"- pour reprendre la vieille expression sortie du Moyen Age- ont assuré l'essentiel du patrimoine de notre humanité. De leur présence les traces se retrouvent sans cesse dans nos paysages, nos généalogies et nos cultures. Ces "païsants" pris au sens large -"villageois du païs" (comme à Rocroi en 1643) ou plutôt des "petits païs" -ont été les mulets de l'histoire, en France comme ailleurs. Producteurs des richesses sur lesquelles les classes privilégiées ont édifié leur puissance et les pouvoirs publics leurs finances, les habitants des campagnes ont façonné, de génération en génération, la matrice environnementale dans laquelle les citadins se sont répandus depuis moins de deux siècles.
Le nom des "gens de la terre" n'est point inscrit au fronton des célébrités nationales. Loin des figures de proue de l'histoire politique ou militaire, les personnages que nous recherchons forment la majorité des anonymes . Ils sont censés ne pas avoir "fait" l'histoire mais l'avoir subie
Le mythe du "gentil loup".