AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,42

sur 1406 notes
5
86 avis
4
38 avis
3
6 avis
2
1 avis
1
0 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Oedipe au Liban. Oedipe sur les routes de Sabra et Chatila.

La quête impitoyable d'une filiation maudite.

Jeanne et Simon, les deux enfants de Nawal Marwan, morte mutique et close sur son secret, pour donner au corps de leur mère une sépulture digne et un repos qu'elle n'a jamais trouvé, remontent le fil du temps, reviennent mettre leurs pas dans ses pas.

Remonter la chaîne de la colère et de la haine pour la briser, enfin. Découvrir la vérité et l'horreur pour les dire et les conjurer, enfin.

De Montréal, dans le cabinet rassurant d'un notaire vaguement ridicule avec son langage imagé et approximatif , à un "pays natal " , qui ne dit pas son nom mais où on reconnaît le Liban si longtemps dechiré par des luttes fratricides-et pays natal de Wajdi Mouawad- Jeanne et Simon remontent à leur naissance, en quête d'un père et d'un frère que leur mère leur a toujours cachés.

De tableaux en tableaux où présent et passé se mêlent ou se côtoient , ces modernes enfants de Jocaste reconstituent le puzzle d'une famille tragique. Simon, le boxeur et Jeanne, la mathématicienne auront besoin l'un, de sa pugnacité, et l'autre, des mystères poétiques de la mathématique moderne, pour affronter et pour déchiffrer les vérités dérangeantes - 1+1 font -ils vraiment 2?- ou pour réussir l'impossible reconstitution de leur polygone familial à l'aide d'une " vision périphérique" incomplète ou inopérante.( j'ai découvert, grâce à Jeanne, la théorie des graphes et de la vision périphérique , mais ne suis pas sûre de pouvoir vous l'expliquer!)

Texte génial, à la fois subtil et violent, poétique et politique, éternel, mythique mais évidemment incarné, allusivement historique!

Je ne l'ai pas vu porté à la scène, mais j'ai vu au moins trois fois le formidable film de Denis Villeneuve qui en est l'adaptation.

Et pendant toute ma lecture de la pièce , la "femme qui chante" avait les traits de la superbe Lubna Azabal.

Il faut lire ce grand texte théâtral contemporain... et voir ce film qui l'adapte à l'écran sans le trahir.
Commenter  J’apprécie          816
Complexe, compliqué, difficile, délicat, malaisé... Ce sont les adjectifs qui me poursuivent (après un détour par un dictionnaire des synonymes, il est vrai) depuis que je me suis dit que j'allais devoir m'attaquer à la critique d'Incendies de Wajdi Mouawad. En l'occurrence, la difficulté pour moi vient de la nécessité de rendre compte de ce que la pièce m'a fait ressentir, mais aussi de dépasser ça pour atteindre une relative objectivité me permettant d'esquisser mon analyse de la pièce. J'essaie souvent de me détacher un minimum de mes sensations de lecture pour écrire mes critiques - ça doit être mon côté psychorigide. Et puis quand j'ai adoré un livre, une pièce, j'ai toujours peur que mon enthousiasme ait pour conséquence une grosse déception chez ceux qui les découvriront après que les y ai poussés. Bon, je ne fais que tergiverser et retarder l'inéluctable. Incendies, c'est une pièce qui prend aux tripes, dont on ne sort pas facilement indemne. le seul autre exemple que j'ai en tête pour cette année, c'est Un Sang fort de Wole Soyinka, et c'est déjà pas mal. Trop d'émotion de ce genre serait préjudiciable (préjudiciable à quoi, je sais pas trop, mais préjudiciable, c'est certain).


Incendies peut se lire indépendamment de Littoral, qui était la première pièce du cycle le Sang des promesses de Wajdi Mouawad. Mais les thèmes se recoupent : mort d'un des deux parents, découverte du pays d'origine, découverte de l'histoire familiale, quête d'identité. Et la guerre, bien entendu, qui a ravagé le Liban. Ainsi que la référence au théâtre antique, que Mouawad s'approprie de façon à la fois étonnante et percutante ; je ne peux en dévoiler plus sur ce point, ce serait gâcher complètement la pièce à ceux qui vont la découvrir.


Jeanne et Simon sont des adultes d'environ trente ans, jumeaux, qui viennent de perdre leur mère, après qu'elle se soit murée durant cinq ans dans le silence le plus complet. le testament qu'elle laisse est des plus étranges : un document pour chacun des deux jumeaux ; rien que le terme "jumeaux" utilisé dans le testament , qui semble dénué d'émotivité, est curieux, déstabilisant, et provoque la colère bien compréhensible de Simon. Mais il y a plus. Leur mère leur demande de retrouver deux personnes : leur père, censé être mort, et leur frère, dont ils ne connaissaient pas l'existence. À chacun de mener sa mission, à chacun de porter sa croix séparément. Pour Jeanne, ce sera le père. Pour Simon, le frère. Si Jeanne, qui enseigne les mathématiques, et plus particulièrement la théorie des graphes - ce qui se révélera essentiel -, se montre curieuse et décidée à suivre les directives de sa mère, Simon s'y refuse nettement, jusqu'à ce que le notaire se propose de l'accompagner, arguant du fait que rechercher son frère l'aidera peut-être bien à avancer dans la vie. Et les voilà embarqués chacun de leur côté dans un voyage au Liban, pays natal de leur mère. Une mère qu'ils ne connaissaient finalement pas, ne sachant rien de son passé avant son arrivée au Québec. Or, ce passé implique la guerre civile des années 70-80. Il n'est quasiment habité que par la mort et la violence. Mais aussi par l'amour.


Ce que découvriront Jeanne et Simon, c'est l'histoire d'un pays en guerre, c'est l'histoire d'une société qui refoule les réfugiés et les assassine, de réfugiés qui deviennent à leur tour des assassins, c'est l'histoire de ceux qui veulent résister à la violence et qui basculent à leur tour dans la violence ou cherchent une autre voie ; c'est l'histoire des crimes perpétrés par l'humanité tout entière. C'est aussi l'histoire de Nawal, la mère, et l'histoire de Jeanne et Simon, qui vont être confrontés à leurs origines - ceci impliquant des révélations traumatisantes, au point qu'on se demande si cette quête aura été salutaire ou destructrice pour eux. le choix leur est en quelque sorte laissé, un choix dont on ne sait s'ils pourront l'assumer, ni s'ils pourront porter le poids qui sera désormais le leur.


La composition de la pièce n'est en rien linéaire. Elle est parsemée d'allers-retours dans la vie de Nawal en parallèle au voyage initiatique des jumeaux, ainsi que de retours sur l'histoire d'autres personnages. Certains personnages morts côtoient par moments les vivants, sans que les uns et les autres puissent communiquer. Et bien que cette construction n'ait rien de linéaire, Mouawad nous mène, presque malgré nous, tout droit vers la fin de cette tragédie aussi bien antique que contemporaine. Intemporelle, universelle, pourrait-on dire. Chaque personnage a sa raison d'être, et la plupart sont plus complexes qu'ils n'en ont l'air - même le notaire, par exemple, qu'on pense avoir un rôle d'abord très secondaire, mais qui part au Liban avec Simon alors qu'a priori, ça n'est en rien son affaire. C'est une force de la pièce d'avoir donné une double identité à la plupart de ses personnages - à commencer par la présence de jumeaux (jumeaux qui sont une des références au théâtre antique, je peux au moins dire ça). Et c'est une force de Mouawad que d'avoir utilisé d'une manière aussi personnelle sa passion pour le théâtre antique.


Une pièce sur la quête d'identité, sur le mal en germe chez l'être humain et sur sa capacité à le dépasser ou non, sur la possibilité ou au contraire l'impossibilité d'échapper à l'histoire familiale, sur la question du destin et de la fatalité. Tout ça impeccablement maîtrisé, au point que vous en aurez, peut-être, un noeud dans la gorge.


Ah, j'oubliais : lisez la petite préface de Wajdi Mouawad ; le coup du clown triste (que malheureusement Denis Villeneuve a évacué de son film, pour des raisons que je ne m'explique pas) vous reviendra en tête plus tard, et vous comprendrez comment Wajdi Mouawad travaille pour créer ses pièces, et comment la participation des comédiens a pu nourrir celle-ci et lui apporter un élément éminemment saisissant.


Enfin, une fois n'est pas coutume, merci à Meps pour m'avoir poussée à lire Mouawad (oui, même Littoral), à Bruidelo, pour m'avoir poussée à écrire cette critique-ci, et à bookycooky, qui me soutient tout le temps... ainsi qu'à tous les autres, car pourquoi être mesquin et se limiter à trois remerciements seulement ??? Bon, là, j'ai comme le sentiment d'être une femme politique cherchant à se faire (ré)élire, ou encore Molière léchant les bottes de Louis XIV, le talent en moins (et non, soyons clairs, je ne dis pas ça pour que vous me répondiez "Mais si, tu es aussi douée que Molière, et même davantage" ; cependant vous êtes autorisés à le faire et je vous croirai alors sur parole).

Lien : https://musardises-en-depit-..
Commenter  J’apprécie          618
C'est grâce à ma fille que j'ai découvert cette pièce de théâtre. Elle l'a étudiée en classe, l'a beaucoup aimée et m'a conseillé de la lire.

C'est en effet une très belle pièce. Il s'en dégage une atmosphère forte en intensité dramatique.


L'auteur Wajdi Mouawad, comme il l'explique dans la préface, a écrit cette pièce en s'inspirant du jeu et des envies des comédiens. Au fur et à mesure des répétitions, il écrivait le texte, influencé par la personnalité de chacun. Cela peut paraître surprenant mais pas tant que cela finalement. Certains auteurs de cinéma écrivent bien des scénarii en s'inspirant de la personnalité des acteurs déjà choisis.
Si le texte s'en trouve enrichi, il ne faut cependant pas négliger l'influence de l'expérience propre de Wadji Mouawad, homme de théâtre québécois, qui a dû quitté son pays natal, le Liban, à l'âge de dix ans. La guerre civile y faisait alors rage.


En faisant quelques recherches sur Internet, je me suis aperçue que cette pièce avait également été adaptée au cinéma et que le film avait reçu de nombreuses récompenses.
Ce qui n'est guère étonnant au vu du caractère poignant de l'histoire que nous raconte Wajdi Mouwad.


Cette histoire repose bien évidemment sur la terrible répression subie par les habitants lors de la guerre civile au Liban mais prend toute son essence dans la tragédie grecque. Je ne vous dirai pas de quels personnages de mythologie elle s'inspire car cela dévoilerait l'intrigue finale.


Deux fils de narration composent cette pièce. On suit tout d'abord Jeanne et Simon. Leur mère, Nawal, vient de mourir et leur lègue un testament des plus surprenants. Par les dernières volontés de Nawal, ils apprennent que leur père qu'il croyait mort est bien vivant et qu'ils ont un frère dont ils ignoraient l'existence. S'ensuit une quête à la recherche de leur père et de leur frère qu'il les mènera jusqu'au Liban.
Le deuxième fil de narration nous transpose bien des années auparavant alors que Nawal n'est qu'une jeune fille que l'on suivra ainsi jusqu'à ses soixante ans, ce qui permet de dévoiler au lecteur/spectateur les différents éléments de réponse aux interrogations de Jeanne et Simon.


Cette composition renforce bien sûr le côté tragique et intense de l'histoire, chaque époque se renvoyant l'une à l'autre. Les personnages des deux époques se croisent, s'interpellent dans une sorte d'intemporalité qui crée de l'angoisse. Les dialogues se percutent, se fracassent, se révèlent les uns aux autres pour finalement se rejoindre, ne faire plus qu'un lorsque vient l'heure de la révélation des secrets...
Toutes les vérités sont dites. le rideau peut alors se fermer.
Et le spectateur, encore abasourdi, d'applaudir.
Commenter  J’apprécie          538
A la mort de leur mère, Simon et Jeanne, des jumeaux âgés de 22 ans, découvrent que cette dernière leur a caché l'existence de leur père, qu'ils croyaient mort depuis longtemps ainsi que celle d'un frère aîné. Afin de répondre aux dernières volontés de Nawal, Simon est chargé par le notaire de remettre une lettre à leur frère tandis que Jeanne se voit confier une lettre pour leur père. Si le jeune homme laisse éclater sa colère face à cette demande incongrue, sa soeur en revanche voit dans cette requête l'occasion de lever le voile sur le passé obscur de cette mère secrète et tourmentée et ainsi de remonter aux sources de leurs origines. du Québec au Liban, le voyage s'avèrera riche en surprises et en révélations. Une quête d'identité menée tambour battant, qui pourrait bien changer l'avenir des jumeaux à jamais…


J'avais été marquée il y a quelques années par l'adaptation cinématographique de la pièce de Wajdi Mouawad par Denis Villeneuve. L'histoire, terriblement sombre et glauque, m'avait vraiment perturbée à l'époque et je dois dire qu'en lisant cette fois la pièce d'origine je me suis de nouveau retrouvée imbibée par ce malaise et cette tension ambiants. N'ayant pas l'habitude de lire des pièces de théâtre, contemporaines du moins, je ne m'attendais pas à subir un choc aussi violent à la lecture de celle-ci…

Dès les premières phrases, je me suis trouvée emportée par la beauté et la puissance de l'écriture. Sa justesse et son souffle dramatique m'ont donné des frissons, rendant les personnages terriblement vivants et l'histoire encore plus terrible. Wajdi Mouawad, à travers le récit de cette tragédie familiale, nous fait naviguer entre passé et présent et c'est pour lui l'occasion d'explorer et de mettre à jour les souffrances d'un pays déchiré, défiguré par les guerres et par la haine et d'où l'espoir a déserté. Les secrets sont déterrés au fur et à mesure, révélant leur horreur dans un final époustouflant et extrêmement intense. « Incendie », qui est le deuxième volet d'une tétralogie, est un texte brillant et percutant et restera l'une des lectures fortes de cette année 2015. A découvrir absolument !


Challenge Variétés : Une pièce de théâtre
Commenter  J’apprécie          492
J'aime les textes riches avec des mélanges étonnants, remuants, et avec Incendies, je suis servie! Tout s'y mêle, l'Histoire, le mythologique, l'intime, le présent et le passé, la haine et l'amour... Wajdi Mouawad réussit à évoquer les horreurs bien réelles de la guerre du Liban en s'affranchissant de la pesanteur de l'anecdotique, dans une tragédie moderne où l'histoire d'amour fait penser à Roméo et Juliette, où le recours à la mythologie grecque nous fait ressentir à quel point la guerre est folie.
Embringués dans le vertige des engrenages, sangs, beauté, horreur mêlés, dans le grand jeu du balancier d'amour et haine, on apprend qu'1 + 1 ne font pas toujours 2, on suit Jeanne et Simon dans leur quête, on découvre la femme qui chante, qui malgré l'effroyable continue à se demander comment, dans l'escalade monstrueuse et démente de la violence, tenir la belle promesse, sortir de la haine, comment « Ne haïr personne, jamais, la tête dans les étoiles, toujours ».
Wajdi Mouawad, tout en faisant preuve d'une « volonté têtue d'interroger sur scène les brutalités du monde contemporain, tel qu'il a été façonné par la violence démesurément meurtrière des guerres qui ont émaillé le long XXème siècle », veut tenter de trouver, derrière la dune la plus sombre, la source de beauté, et c'est fort, émouvant, poignant.
Commenter  J’apprécie          442
J'ai découvert Wajdi Mouawad en lisant son roman Anima, puis en découvrant qu'il était aussi auteur de théâtre, j'ai eu envie de lire Littoral (premier tome de la tétralogie le temps des promesses), puis envie de le voir adapté sur scène (Assoiffés d'abord, puis Littoral, au festival d'Avignon 2017) puis de lire Assoiffés après en avoir vu l'adaptation.

Ce parcours de découverte m'amène tout naturellement à Incendies, le tome 2 du temps des promesses. Comme le dit si bien Mouawad en introduction de la pièce, il ne s'agit pas d'une suite narrative mais d'une reprise de la reflexion autour de la question des origines.
A lire les premières pages pourtant, on sent la filiation narrative avec Littoral. Les débuts se ressemblent comme vus à travers des miroirs déformants, un sentiment de déjà lu qui fait presque peur, peur qu'on soit dans une redite et que le si talentueux Mouawad soit dans une forme de ressassement, ressassement d'une douleur qu'il a lui même vécu dans l'exil.

Et puis l'histoire se déroule et on voit comment il arrive à rendre les choses tout à la fois différentes et semblables. Les circonstances sont presque les mêmes, les protagonistes non. Leurs réactions divergent, la recherche de l'identité passe comme dans Littoral par un retour au pays des origines, par une confrontation à l'autre pour se connaitre mieux soi-même et apprendre qui l'on est réellement.

Ce que l'on y apprend est tragique, lourd, terrible. Lire Mouawad n'est pas un moment de détente et de rire garanti (même si l'humour est malgré tout présent au milieu du désastre). Lire Mouawad c'est se confronter à l'humain dans ce qu'il a de plus noir, et en ressortir malgré tout plus vivant.
C'est être bouleversé dans ses certitudes même quand on croyait avoir tout compris. C'est se retrouver face à l'invraisemblable et se rendre compte qu'il peut tout à fait être le réel. C'est voir une fiction tenter de se rapprocher d'une réalité par le biais de l'inenvisageable.

Bref,c'est une expérience de lecteur (et je l'espère un jour de spectateur... voire d'interprète...) assez indéfinissable que j'ai tenté de vous faire ici partager sans rien dévoiler.
Commenter  J’apprécie          323
Une amie amoureuse de théâtre m'avait dit que c'était la pièce la plus poignante qu'elle ait jamais vue, et ce n'est pas peu dire. J'ai donc voulu la lire, car je connaissais l'auteur Wajdi Mouawad, pour avoir lu « Anima », que je considère comme un chef d'oeuvre.

Et à nouveau je dis « chef d'oeuvre » !

Le fait qu'il s'agisse d'une pièce de théâtre ne dérange en rien la compréhension de l'ensemble. le présent et le passé se mélangent, les dialogues des défunts succèdent aux dialogues des vivants, dans une fluidité naturelle et évidente.

Deux jumeaux, Jeanne et Simon sont convoqués chez le notaire au décès de leur mère. A cette occasion, ils apprennent l'existence d'un père qu'ils croyaient décédé, et d'un frère dont ils n'ont jamais entendu parler. Les dernières volontés de la défunte consistent entre autres pour Simon à retrouver leur frère et à lui donner une enveloppe, et pour Jeanne à retrouver leur père et à lui donner une enveloppe. Les jumeaux sont abasourdis, d'autant que leur mère a obstinément gardé le silence ces cinq dernières années. (Car, dira-t-elle plus tard, « il y a des vérités qui ne peuvent être révélées qu'à la condition d'être découvertes »).
Après beaucoup de réticences, les deux jeunes gens s'engageront chacun dans leur quête, qui finalement les amènera au même endroit. Là, tous seront confrontés à leur histoire, et leur sera alors révélée l'atroce vérité.

Cette oeuvre dénonce les horreurs de la guerre, et les situations abominables qu'elle peut engendrer, surtout quand il s'agit de guerre civile, et que les pères et les frères en viennent à se battre les uns contre les autres.
Beaucoup d'espoir aussi, à la fin du livre, un espoir de rédemption et de réconciliation, si l'on choisit l'Amour plutôt que la Haine.
Commenter  J’apprécie          230
Enormissime. A l'ouverture du testament de leur mère, les jumeaux, fils et fille, reçoivent une dernière volonté : retrouver leur autre frère, et leur père. Difficile à réaliser lorsque cette mère décédée ne leur a pas adressé la parole depuis des années. C'est parti pour un voyage, retrouver un pays, et le passé fait de fuites, de chants et de violences. Pour sortir de sa misère, des traditions qui enferment les femmes, et de son village, cette mère commencera par apprendre à lire et à écrire. Capacités qui seront causes d'une vie difficile qu'on est invité à découvrir. Cette pièce de théâtre est puissante, très puissante. Un coup de massue inoubliable : il est encore possible d'écrire un mythe, la preuve ! Tout comme une Odyssée, ou un... Oedipe. Et ça commence par le choix du titre, excellent évidemment. La vérité n'est pas toujours bonne à dire, certaines doivent être le fruit d'une découverte coûteuse, comme un trésor. Puis, le silence quand les mots manquent. le silence.
Commenter  J’apprécie          195
Quelle pièce de théâtre ! La dramaturgie est telle que nous retenons notre souffle de la première à la dernière scène.
Le notaire Lebel ouvre le testament de Nawal devant Simon et Jeanne ses jumeaux. Ils apprennent qu'ils ont un frère et que leur père n'est pas mort. Ils doivent les retrouver, leur remettre à chacun une lettre pour pouvoir, à leur tour, recevoir la lettre que leur mère leur a laissé.
Heureusement qu'il y a les scènes avec ce notaire un peu décalé pour pouvoir sourire, souffler un peu tant l'atmosphère est pesante et le propos captivant.
Tout cela avec des répliques formidables et avec des scènes, des mouvements, des paroles, des cris que nous vivons à la lecture de cette pièce résolument moderne dans son écriture.
La chute est saisissante.
Commenter  J’apprécie          195
Tragédie moderne et mythe antique entre le Canada et le Liban : Wajdi Mouawad transpose au 20e siècle et au Proche-Orient (le pays n'est pas précisé) une tragédie presque classique dans une langue poétique qui ne fait qu'accentuer la violence du propos.
A la lecture du testament de leur mère, Jeanne et Simon Marwal se voient confier une lettre chacun, à charge pour eux de la remettre, l'une à leur père dont leur mère leur a toujours dit qu'il était mort pendant la guerre, et l'autre à un frère dont ils n'ont jamais entendu parler.
Malgré leurs doutes et leur ressentiment vis-à-vis de cette mère défaillante à la raison ébranlée, Jeanne d'abord, ébranlée par ces révélations énigmatiques, se lance sur la piste de ce père qu'elle croyait mort, bientôt rejointe dans sa quête par Simon. Plus qu'un passé douloureux, c'est l'horreur de la guerre qu'ils vont découvrir et ses terribles conséquences.
Ma lecture de cette pièce a été fortement influencée par le film tiré de la pièce que j'ai vu l'année dernière : un véritable choc ! Une chose est sûre, ce texte poétique à la construction singulière ne peut que s'éclairer et prendre une force et une réalité charnelle lorsqu'il est dit, au théâtre comme au cinéma… une réalité complètement bouleversante.
Commenter  J’apprécie          190




Lecteurs (2795) Voir plus



Quiz Voir plus

Titres d'oeuvres célèbres à compléter

Ce conte philosophique de Voltaire, paru à Genève en 1759, s'intitule : "Candide ou --------"

L'Ardeur
L'Optimisme

10 questions
1298 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature française , roman , culture générale , théâtre , littérature , livresCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..