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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une grande tragédie grecque transposée au Liban au XXème siècle, voilà comment j'ai vécu ma lecture du sang des promesses : Incendies. Et quelle lecture !
A la mort de leur mère Nawal, Jeanne et Simon Marwan découvrent avec stupeur que leur père, présumé mort, est vivant et qu'ils ont un demi-frère quelque part au Liban. le notaire familial leur confie à chacun la mission de remettre une lettre, écrite par Nawal, à ces parents inconnus. Et la tâche ne sera pas facile pour remonter le fil de l'histoire de leur mère, une quête qui les mènera jusqu'au tréfonds de l'horreur.
Si le thème principal rappelle les grands classiques du théâtre antique, la pièce, quant à elle, est d'une grande modernité, les personnages et différentes époques se mélangent sans jamais perdre le lecteur. C'est sous la forme d'une enquête que @Wajdi Mouawad déroule son histoire, dévoilant petit à petit les pièces du puzzle.
Violent et poétique, génial et inspiré, j'ai été profondément marqué par cette lecture, hypnotisé par la puissance de l'amour et celle de la haine, indissociables.
Un très grand livre que j'ai adoré, j'espère avoir un jour la chance d'assister à une représentation sur scène. Je ne saurai que vous conseiller de voir le formidable film de @Denis Villeneuve qui est une adaptation très réussie.
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Challenge riquiqui
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Là, ATTENTION, CHEF D'OeUVRE !
Cette pièce de Wagdi Mouawad est à la fois d'une grande beauté et d'une cruauté rarement égalée ; peut-être même jamais. (Peut-être dans le choix de Sophie) de William Styron.
On dit que le silence qui suit Mozart est encore du Mozart. Eh bien, le silence qui suit 'incendies' reste longtemps tant on se retrouve mal à l'aise. Vous pensez peut-être que j'exagère ?
J'ai eu la chance de la voir interprétée au théâtre. Une vraie chance, tant la mise en scène est soignée, juste.
Et il y a eu la version cinéma confiée à Gilles Villeneuve qui a reçu carte blanche de Wajdi. Il a fait de cette pièce une véritable adaptation très très réussie.
Sur mon île déserte je me ferai mal plusieurs fois tant je la relirai.
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Comment rendre compte des horreurs de la guerre au théâtre? Un récit ou plutôt des échanges poignants. Des personnages entiers, prisonniers de leur histoire. Une quête évitée, engagée, conduite pour des vies bouleversées ou personne n'est vraiment ce qu'il imaginait être, ce qu'il aimerait être. Secrets d'histoires, faut-il vraiment savoir? L'homme se révèle dans tout ce qu'il a de plus sauvage. Mais "sauvage" est-il le bon mot finalement? Il me semble parfois que la civilisation pousse l'inhumain à un haut niveau de raffinement...
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Quelle magnifique découverte ! J'avais adoré Littoral et j'ai tout bonnement dévoré ce second tome, Incendies. Ce court texte vous transporte, vous chamboule, vous retourne... un vrai trésor !

Le style de Mouawad est comme toujours très poétique, de nombreuses envolées littéraires qui nous pénètrent directement. Cette quête familiale menée par un frère et une sœur sous la thématique de la promesse nous offre des moments d'intense émotion qui interdisent de lâcher l'ouvrage tant l'histoire nous envahit. Le personnage de la mère est exceptionnel et c'est son histoire qui résonne en nous au fil des pages.

J'ai peur de trop en dire, je vais donc terminer ainsi : JE VOUS LE CONSEILLE MILLE FOIS et même à ceux que le théâtre à lire peut parfois rebuter.
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J'ai découvert cet auteur lorsque le film éponyme était sorti au cinéma en 2010. Il s'agit d'une pièce de théâtre qui compte l'histoire d'un frère et d'une soeur jumeaux à la recherche de leur origine, après le décès de leur mère. Leur quête d'identité va les ramener dans leur pays natal, quelque part au Moyen Orient. Ce qui m'a bouleversé dans cette histoire, c'est surtout la chûte car on ne s'y attend absolument pas. Tout comme les deux protagonistes, on a envie de retrouver leur père et leur frère avec eux. Et lorsque l'effroyable vérité éclate, on se dit qu'au final, il aurait peut-être été préférable de ne rien savoir. Bref, une oeuvre théâtrale d'une grande intensité et qui mérite que l'on s'y arrête. Reste à voir le film maintenant.
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Quelle pièce de théâtre !!! J'ai adoré.
Les dialogues nous transportent au Liban où Nawal, dans son testament, demande à ses jumeaux d'apaiser son âme tourmentée en partant à la recherche de leur père, leur frère dont ils ignoraient l'existence. Cette quête révèlera une filiation et un passé bouleversants.
L'écriture fait des allers-retours entre le Liban d'hier et le Montréal d'aujourd'hui. Tout cela se mêle, s'emmêle et nous accompagne dans cette odyssée.
La dureté de la guerre au Liban, les violences, la honte, l'horreur nous sont révélées par Nawal. Ses jumeaux, 22 ans, endeuillés, vont le découvrir alors qu'ils n'en savaient rien. Leurs relations avec elle n'étaient pas celles espérées. Ils vont finir par comprendre qui était cette femme, cette mère silencieuse.
Tout est dévoilé. Tout est découvert. Tout est dit.
J'ai lu ce livre sur les conseils de ma fille qui le prépare pour le bac. Merci à elle.
En fouillant un peu sur le net, j'ai découvert qu'il existait un film réalisé par Denis Villeneuve. S'il est à la mesure de cette pièce : il est à voir !
Moi, lectrice, une fois la dernière page tournée, une fois ce livre fermé, je suis restée abasourdie, sonnée, remuée, marquée.
C'est une pièce juste incroyable. le jeu d'écriture est de qualité. le témoignage est précieux. Les messages transmis me semblent essentiels. C'est une pièce que je conseille vivement de lire.

Lien : http://metstoisurpause.canal..
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J'ai découvert cet ouvrage grâce à mon fils qui doit le lire pour le bac...
Dévoré en 2h, une claque !
J'ai beaucoup ri au tout début puis petit à petit on s'enfonce dans des ténèbres de plus en plus profonds ! Une claque ! Je ne suis pas experte du théâtre contemporain mais ca me donne envie d'en découvrir davantage !
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( " Incendies" est le deuxième volet de la tétralogie "Le sang des promesse" - il peut tout à fait être lu indépendamment de cette série. C'est ce que j'ai fait.)

Cette pièce s'ouvre sur une scène tragi-comique : au Canada, un notaire étrange, Hermile Lebel qui prend des mots pour d'autres et utilise des expressions farfelues, lit à Jeanne et Simon le testament de leur mère Nawal, libanaise, qui ne prononçait plus une parole depuis longtemps déjà.
Ces enfants, devenus adultes, apprennent ainsi les dernières volontés de leur mère et manifestement, un secret de famille est là. Il faut le percer à jour. Nawal le voulait.
Alors Jeanne prend la décision de partir dans cette quête. Au Liban. Son frère, abattu par la colère, refuse.

Ce texte nous donne à voir (c'est du théâtre) des questions profondes et intimes : la relation avec les parents, avec la mère en particulier, le rapport que l'on entretient avec son passé, le temps, cette "drôle de bête", qui fuit " comme un poule dont on a coupé la tête" (!), la communication (ou son absence) avec les siens. Tout ce qu'une mère tait à ses enfants. Tout ce que, enfant, on ne dit pas à sa mère, qu'on garde. Et qu'on regrette d'avoir gardé, après, une fois qu'il est trop tard.

Et la pièce soulève aussi, à travers les mots de cette mère qui, dans le passé, a suivi sa propre quête, des questions collectives : la guerre, la violence, la condition des femmes.

Ce théâtre est l'histoire personnelle des individus qui rencontre L Histoire. C'est l'Histoire qui façonne et tord l'histoire de tous et de chacun. En un écheveau terrible.

Wajdi Mouawad est un dramaturge qui maîtrise le pouvoir des mots et des images ( mais quel pouvoir? Cela aussi, il l'interroge). C'est un auteur qui a le courage de pousser des portes derrière lesquelles on n'a pas envie d'aller voir.
C'est violent, amer et limpide.
Le théâtre comme spectacle de la brutalité des hommes et de la vie, de "l'addition monstrueuse de la douleur". La pièce a 20 ans. Mais elle est d'aujourd'hui tout autant que d'hier. Hélas.

Je n'attends qu'une chose : voir "Incendies" sur scène et plus seulement entre les pages d'un livre. Ce sera, c'est sûr, une seconde déflagration.
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Tout d'abord, je voudrais attirer votre attention sur la narration, dans le livre de Mouawad. Nous savons qu'il s'agit d'une pièce de théâtre, or, il y à sans cesse alternance entre les personnages du passés, qui vivent dans le passé, et ceux du présent. Ainsi, lorsque Nawal Marwan est à la recherche de son fils à travers son pays, et qu'elle s'adresse à son amie, il semble qu'elle s'annonce en réalité à sa fille Jeanne. C'est très perturbant car en tant que lecteurs, nous sommes immiscés dans une histoire poignante de famille et d'héritage. Nous suivons ainsi, à travers des échanges, de simples dialogues, l'histoire passée d'une femme et de son amour perdu, de son enfant enlevé, et l'histoire présente de ses deux enfants : Jeanne, et Simon, qui recherchent leur père qu'ils croyaient inexistant, et leur frère dont ils n'avaient jamais entendu parler.


Autre chose à propos de la narration : cette drôle de manie de rajouter des « fuck » dans chaque phrase, chez Simon, ou bien les phrases idiomatiques mal maitrisées du soi-disant notaire Lebel. Sachez que ce livre est un livre qui vous prend les tripes, les fourre dans un seau, et le remue dans tous les sens, jusqu'à ce que votre bouillie intestinale n'existe même plus.




Cette femme qui meurt a elle-même suivi les conseils qu'on lui a donné. Plus jeune, lorsqu'on lui enlève son enfant à seize ans, elle apprend à lire, à écrire, et revient graver sur la tombe d'une amie proche son nom. Belle apologie de la connaissance, du savoir, de ce qui permet de lutter, de montrer la « colère des femmes », selon Mouawad. J'ai beaucoup apprécié cette idée, l'idée que mêmes seule, cette femme s'est servie de la seule chose qu'elle avait : les livres, pour chercher son fils, pour voyager dans le pays.

Le coté ethnique qui émane du livre est très plaisant et imprègne immédiatement le lecteur. Les enfants sont canadiens, soit, et on l'endend comme il se doit. Mais lorsque nous suivons les analepses pour rejoindre Nawal, et que nous les entendons parler, c'est comme si leur accent venait jusqu'à nos oreilles, comme s'il se créait dans notre esprit, alors qu'on ne l'entend pas tous les jours. Les mots de ce livre sont comme des coups de couteaux, et beaucoup de phrases me restent à l'esprit longtemps après sa lecture, par leur force, et leur véracité.




Le thème principal abordé dans le livre serait, selon moi, l'amour et la haine. Dans la recherche de leur père, Jeanne met de côté sa haine envers sa mère, qui s'est tue si longtemps, pour comprendre cette absence de parole, pour comprendre ce qui finalement était de la douleur. de même, Simon, n'y tenant plus, se révèle lui aussi curieux, et oublie sa colère quand il comprend que son frère existe bel et bien. le livre aborde par la suite des sujets quasi-tabous, des choses dont on ne parle pas. le viol, la guerre, les massacres, sont évoqués avec tant de facilités qu'ils en deviennent choquants. Et pourtant les yeux glissent sur la page. Nous apprenons avec horreur comment Nawal sortit de justesse d'un bus aspergé d'essence à laquelle une milice mit le feu. Nous apprenons avec dégout comment cette pauvre femme, prise pour une réfugiée, finit en prison alors qu'elle recherche son fils.

La superposition des intrigues est saisissante, et on oscille entre la véritable histoire de Nawal, incarcerée et violée par un gardien, l'histoire de Jeanne, qui parcourt son pays et écoute le silence de sa mère, enregistré sur des cassettes par un professeur de théâtre, et celle de Simon, le colérique finalement curieux, qui arrête temporairement la boxe car le passé ne peut être refoulé.



L'enfance est un couteau planté dans la gorge qu'il est difficile de retirer.
Et seule la solution à cette énigme délivrera la Nawal décédée, et les deux enfants. Mais c'est l'amour qui, par-dessus tout, prône dans ce « livre de la colère ». Lorsque le lecteur apprend avec la plus grande surprise, que Nawal eut deux enfants du gardien de prison, lesquels furent épargnés de la noyade, il comprend qu'il s'agit de Simon et Jeanne. On ne peut que rester ébahis face à cela. Ce qui rend la chose encore plus étrange, c'est que l'homme qui devait les noyer raconte lui-même qu'il n'a pas pu. Y a-t-il alors une part d'humanité dans les hommes les plus bestiaux ? Peut-être est-ce un signe d'espoir.

Je ne sais pas si c'est une chose que l'on attribue aux femmes des tribus, ou aux femmes en général, si c'est là le message que Mouawad voulut transmettre, mais il résulte que, ces deux enfants nés dans la colère, Nawal les aime. Et lorsqu'elle apprend que son fils qu'elle chercha si longtemps, ne sachant que faire de sa vie, fut éduqué par l'armé, puis envoyé en prison en tant que gardien…. Elle lui pardonne. Elle pardonne ce fils pour être son violeur, le frère de Simon et de Jeanne, mais aussi leur père. Pourquoi ? Parce-que ce fils-là est né dans l'amour, et un amour trop rapidement rompu.

Dans les deux lettres rédigées à sa mort, sa colère est évidemment présente, mais à travers la mort, cette femme est heureuse lorsque l'on découvre son secret, lorsque l'on recolle les morceaux de sa vie brisée, ses morceaux séparés : c'est-à-dire lorsque l'on réunit sa famille. Cette famille a peut-être subi la colère et les choses sont arrivées parce qu'elles le devaient. Il y eut des choix non voulus : peut-être son fils ne l'aurait-il pas violée, s'il la connaissait ?

Dans la plus terrible des histoires, l'amour subsiste donc. Peut-être est-ce une morale à retenir. de tous les sentiments, même si la colère et la haine sont effroyables, le plus fort reste l'amour, et celui d'une mère est irremplaçable, et inimitable. Il se peut que Mouawad ne dresse pas l'apologie de l'amour maternel, mais simplement des images de vies brisées, et les images de la force des tribus indigènes.

Reste que son livre, bouleversant et mystérieux, n'est à mon avis totalement compréhensible qu'après de multiples lectures.
Lien : http://lettresevanescentes.b..
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Une force incroyable dans cette pièce de theatre que je voulais absolument lire avant de voir le film dont on me dit tant de bien. Si la pièce était de nouveau jouée, j'y courrais.
J'ai eu un immense bonheur à rencontrer une telle écriture théâtrale. Un moment de lecture qui fait oublier l'espce et le temps, un roman qui plonge dans l'inéluctable de la naissance, dans la force du destin et en même temps dans l'espoir de devenir soi-même avec lucidité. Savoir d'où on vient même si c'est lourd à porter permet de se construire. Tout plutôt que le silence. Et en même temps dire au bon moment, donc accepter la force du silence, le sens du silence.
Je ne raconte pas l'histoire de ces deux jumeaux que leur mère, après sa mort, envoie découvrir seuls ce qu'elle n'a pû leur dire. Comprendre l'indicible et vivre avec, n'est-ce-pas un immense message d'espoir pour tous ceux qui ont vécu une guerre ou qui ont croisé un épisode dramatique ?
Bravo M. Wadji Mouawad !

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