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EAN : 9782070725564
196 pages
Gallimard (21/02/1992)
3.83/5   3 notes
Résumé :
Si la poésie est une création d'ordre irrationnel, elle n'en reste pas moins analysable de manière rationnelle ; contrairement à ce que s'imagine une opinion toujours trop prude quant aux joies de l'esprit, comprendre un poème n'en diminue pas le charme, mais augmente le plaisir qu'on prend à le relire. Sans doute l'analyse n'épuise-t-elle jamais tout à fait l'œuvre et c'est heureux - mais l'œuvre n'est pas non plus entièrement évanescente : Mounin le montre en anal... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
On considère souvent que la poésie est de l'ordre de l'irrationnel, que la tentative d'analyser une oeuvre, de comprendre les ressorts d'un poème en diminue l'intérêt et que seule l'émotion que nous éprouvons à sa lecture, est le gage de son charme, de son originalité.

Pourtant, l'analyse n'épuise jamais tout à fait un poème. Au contraire, elle le magnifie, donne au lecteur la possibilité d'une plus grande proximité avec lui, sur les circonstances de son écriture, sur l'intention de son auteur.

C'est l'approche que défend Georges Mounin - linguiste et sémiologue - dans son essai « Sept poètes et le langage ».
Stéphane Mallarmé, Paul Valéry, André Breton, Paul Éluard, Francis Ponge, René Char et Victor Hugo sont les sept poètes étudiés dans le livre dans leur rapport personnel au langage, à l'écriture mais aussi à la lecture.


Les sept poètes et le langage, est un livre très intéressant dans lequel l'auteur fait une approche singulière de l'oeuvre de chacun des écrivains, en évoquant l'apport de la linguistique, de la stylistique, de la sémiologie et de la psychanalyse comme moyens d'analyse du texte mais aussi du travail de l'auteur.

Si certains passages sont ardus, l'essentiel du livre met dans une belle lumière les procédés techniques utilisés par les poètes, les récurrences sur les sons et les rythmes, les connotations entre le monde et les mots, le travail sur l'étymologie (Ponge) puis sur le lien entre poésie et science, l'influence des langues étrangères (Mallarmé et Hugo), le rapport à l'inconscient (Breton et les surréalistes), à la musique (Valéry), etc.
Dans ce livre, les points d'approche sur les auteurs et leur oeuvre poétique abondent et se succèdent, mais jamais ne se dispersent ni ne se confondent.


J'ai été heureux de lire le chapitre dédié à René Char, un poète pour qui j'ai une affection particulière et dont Georges Mounin a été un ami proche.
La poésie de Char se définit selon Mounin par une reconnaissance infinie envers les mots et leur réserve de sens. C'est tout notre rapport au langage qui se définit ici : « les mots qui vont surgir savent de nous ce que nous ignorons d'eux ».

Autre caractéristique essentielle de la poésie de René Char avancée par l'auteur : « d'un côté, il y a les existants (les humains englués dans le quotidien), qui n'ont « aucun des privilèges de l'Être » ; de l'autre, il y a l'Être, l'évidence de l'être, la permanence de l'être, c'est-à-dire l'essence presque jamais perçue de la réalité et de l'unité de l'Univers ».
Cette essence presque jamais perçue, c'est toute la poésie de René Char.


La lecture des Sept poètes et le langage m'a confirmé que si l'émotion était ce qui faisait naître le poème, ce qui créait un lien affectif entre le lecteur et le texte, il était possible d'y associer une lecture plus rationnelle, une connaissance qui porte aussi bien sur le langage que sur les circonstances, qui l'ont fait paraître.

Le poème en soi est comme une ligne d'horizon que l'on observe. Sait-on ce qui se trouve derrière lui, derrière la ligne d'horizon ? Tenter de le découvrir, de s'en approcher ne fera pas disparaître la beauté du poème. Bien au contraire.

Je ne peux terminer mon commentaire sans une nouvelle référence à René Char, avec un court extrait de son recueil Fenêtres dormantes et porte sur le toit. Bien sûr, il y a l'émotion que suscite cette phrase mais tellement de choses aussi dans ce qu'elle ne révèle pas à la lecture :

« donner joie à des mots qui n'ont pas eu de rentes tant leur pauvreté était quotidienne. Bienvenu soit cet arbitraire » .


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