Citations sur Le combat d'hiver (106)
La plupart des consoleuses avaient un embonpoint considérable, et l'entretenaient. Comment serrer quelqu'un contre soi, comment consoler si on a les os qui pointent ?
Après plus de trois ans d'internat, elle avait appris à répondre aux surveillantes et aux professeurs: rester neutre, ne rien affirmer, toujours donner raison. Il y allait de sa tranquillité.
Cette voix...L'espace d'une seconde, Catharina eut l'impression qu'elle allait pouvoir nommer cette femme, que cela allait jaillir de ses lèvres. Elle l'avait au bout de la langue, au bout du cœur. Mais dès que la porte se fut refermée, elle sut que le nom s'était enfui et qu'elle ne le retrouverait pas. Elle fit des rêves confus.
Un livre intelligent, prenant, une aventure digne de ce nom !
-Alors? Qu'est ce que tu apprends de beau?
-Le masculin et le féminin...
-D'accord. Allons-y...
-L'exemple de la maîtresse, c'est : un boulanger une boulangère. Il faut en trouver trois.
-Et tu en as trouvé?
-Trois, mais je suis pas sûr pour le troisième.
-Je t'écoute
-Un chat-une chatte.
-Très bien
-Un magicien-une magicienne.
-Parfait. Et ton troisième?
-Je suis pas sûr
-Dis quand même...
-Un pied une main
La chambre minuscule ne comportait qu’un lit étroit, une table, une chaise, un lavabo et deux étagères. Un simple cordon tendu à l’angle du mur tenait lieu de penderie. Mais Helen serrait dans sa main la clef de chez elle, pour la première fois de sa vie, et elle en éprouva un bonheur violent. Un radiateur de fonte diffusait une douce chaleur. Elle monta sur une chaise pour atteindre la lucarne qui donnait sur le ciel. Elle vit le fleuve, large et silencieux, la ville endormie où des lumières scintillaient. Un commencent, se dit-elle, c’est un commencement. Tout ira bien.
- [...] Il est doué pour le bonheur aussi. Plus que moi.
- Le bonheur... plaisanta Dora. Ça existe, ce truc-là ? Comme ça doit être ennuyeux !
- Tu crois en Dieu, Dora ?
- J'avais des doutes, avant. Depuis qu'ils m'ont écrasé la main, et qu'ils ont lâché les chiens sur Eva, je n'en ai plus. Mais je ne veux pas en dégoûter les autres... Tu me demandes, je te le dis.
- Mais alors, qu'est-ce qui te donne la force d'être... comme tu es ?
- Comme je suis ?
- Oui. Tu souris toujours, tu sais consoler, tu es drôle...
- On n'a pas besoin de force pour ça. En tout cas pas plus que pour être triste ou cruel, non ? Je ne sais pas. Ça doit être ma façon de résister.
Ils se turent quelques instants, puis Helen reprit :
- Tous ces gens-là, je veux dire nos parents, sont morts? Il ne reste plus rien d'eux, alors?
- Non, rien, dit tristement Milos, il ne reste rien d'eux... Puis il ajouta très bas : Sauf nous.
Il chercha désespérément le geai, jusqu'au dernier moment. Reviens s'il te plaît ! Montre-toi ! Juste une seconde, que je te voie une dernière fois et que j'emporte avec moi ton image colorée, l'image de la vie ! Il fallut le pousser pour qu'il monte.