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3,99

sur 1937 notes
Terrienne je suis, Terrienne je resterai ! Surtout après avoir lu le beau roman de Jean-Claude Mourlevat !

Celui-ci nous fait « goûter » à un univers complètement aseptisé, sans odeur, sans relief, sans musique, sans sentiments. Enfin, « goûter » serait plutôt un mot inadéquat, puisque dans ce monde, le plaisir n'existe pas. Les habitants y meurent, littéralement, d'ennui aux alentours de cinquante ans : ils s'asseyent, se laissent glisser, se laissent mourir. Ils ne respirent pas, non plus, et de leur cage thoracique creuse ne peut s'échapper qu'une voix métallique.

C'est dans cet univers cauchemardesque, accessible par une certaine route cachée au détour d'un carrefour, qu'Anne va s'aventurer : sa soeur a été capturée par un de ses habitants en mission sur la Terre pour servir de « compagne » à un Grand. Elle découvrira heureusement que tous ces gens ne sont pas pareils...

Je recommande ce roman à tous ceux qui se plaignent de la vie que nous menons, du bruit, de la saleté, des chiens qui aboient, des voisins qui se disputent, de la pluie, du froid, de.., de..., de....
Je recommande particulièrement ce roman aux ados qui trainent leur ennui sur les bancs de l'école, qui s'enferment dans leur chambre, qui râlent sur tout, et je suis absolument certaine que cette lecture leur fera aimer la vie, leur fera goûter à tout ce qu'elle offre.
Ils se rendront compte, comme moi, que vivre est une chose merveilleuse, que voir, sentir, entendre, goûter, aimer, détester, se disputer, se réconcilier, s'émouvoir, trembler, rire et pleurer, naître et vieillir nous rend profondément humains et nous relie les uns aux autres.

« Vous ne respirerez plus jamais de la même manière », est-il dit sur la quatrième de couverture. Je peux vous garantir que c'est tout à fait vrai !
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Un lieu-dit. Un carrefour. A droite, une petite route de campagne qui se perd dans la brume, et au-delà, si l'on continue son chemin, l'hôtel « Légende » : la porte de « l'ailleurs » qui s'entrouvre, et le paysage soudainement avalé, remplacé par un autre…

Le monde qu'on y découvre est oppressant. Un monde propre, immaculé. Un ciel figé. Un silence qui va au-delà du mortel. Un monde sans couleurs, sans odeurs, et sans rondeurs : tout y est droit, net, carré, et d'un gris terne… Un monde tellement étouffant que l'on peine à y respirer ! D'ailleurs, ses habitants, propres, parfaits, pétrifiés, désincarnés, interchangeables, commutables, permutables, et jetables, ne respirent plus...
Le rêve pour l'apprenti dictateur et son homme nouveau. Remarquez ! Ce n'est pas dans ce monde qu'on se choperait le covid19… Pour eux, la Terre n'est d'ailleurs qu'un monde de légende absolument repoussant, bruyant, infernal, infecté et grouillant de virus…

Pour essayer de retrouver sa soeur Gabrielle, disparue corps et âme, Anne Collodi va entrer dans ce monde avec son iPod, ses baskets, son nez qui coule et ses idées toutes faîtes. Dans cette enquête périlleuse, elle sera aidée et soutenue par des hommes et des femmes des deux mondes, des marginaux, des fureteurs, des amputés du coeur.
Anne va y mettre un brin de tous les diables, et c'est très bien ainsi.

Quel beau roman. Vif, alerte, captivant… On découvre en même temps que les personnages cet environnement tellement angoissant… On aurait fait les mêmes erreurs qu'eux, on aurait eu les mêmes appréhensions…

Décidément ! la pureté et la perfection sont bien d'une tristesse sans nom…






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En ce début d'automne, Étienne Virgil, bien qu'il ne le faisait jamais, avait pris en auto-stop cette jeune fille, tout de noir vêtue. Peut-être parce qu'elle lui faisait penser à sa petite-fille. Elle s'appelait Anne Collodi et voulait aller sur Montbrison. Mais avant d'atteindre le village, elle lui avait demandé de s'arrêter avant, au niveau du panneau qui indiquait: "Campagne 3,5". Anne était à la recherche de sa soeur, Gabrielle, qui a disparu le jour de son mariage. C'était il y a un an. Anne était sans nouvelle d'elle... jusqu'à la semaine dernière où elle l'a entendu à travers la radio. Pour pouvoir la retrouver et la ramener chez elle, la jeune fille devra passer de l'autre côté, dans un monde aseptisé, contrôlé, dépourvu de toute trace humaine et où tout est programmé...

Jean-Claude Mourlevat nous emmène vers un ailleurs, de l'autre côté, en compagnie d'Anne partie à la recherche de sa soeur. Voyage ô combien bouleversant, parfois terrifiant. Une aventure passionnante de bout en bout tant le rythme est rondement mené, l'ambiance stressante, "l'autre côté" à la fois fascinant et angoissant et les personnages attachants et profonds. Ce roman, remarquablement maîtrisé et qui nous prend à bras le corps dès les premières pages, s'adresse aussi bien aux adolescents qu'aux adultes de par ses thèmes abordés et son écriture déliée et vivante.
Véritable déclaration d'amour à notre Terre, aussi belle et imparfaite soit-elle. Ode au vent sifflant, à la pluie, à l'odeur des prés ou des pains au chocolat, à nos rires et nos larmes, à nos émotions et nos emportements. Hymne à la vie...
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S'asseoir peu importe où et quand : et attendre qu'on vienne vous chercher pour vous débarrasser du fardeau de vivre. Cela se passe ainsi dans la société que nous présente Jean-Claude Mourlevat dans Terrienne. l'ennui, le désespoir, le désoeuvrement d'une vie aseptisée, morne et programmée, sans illusions, imprévus, uniforme tel la ligne d'un encéphalogramme plat. Ça, c'est la vie des gens de là-bas ! Enfin, des petites gens ordinaires...

Car pour l'élite de ce monde-là, il n'en va pas de même. La distraction suprême est de franchir l'interdit, briser le tabou ultime :

La main posée sur une poitrine aux abois : un souffle par procuration.
La capsule verte croquée pour tout oublier : un salut par nécessité.
Le sel des larmes bues au bord des yeux : une saveur inconnue sur la langue.
Le ventre arrondi par le viol et la contrainte : une condamnation à mort sur le champ.

Parce que dans ce monde-là, univers parallèle en marge de notre bonne vieille terre, on ne pleure ni ne rit, ne respire ni ne soupire, n'enfante ni ne jouit. Les sensations corporelles sont une aberration, écoeurantes à vomir. Seuls quelques hybrides mâles, sont autorisés à avoir accès à cette sensorialité. Leur fonction est toute trouvée dans cette société :

Et au milieu de tout cela : soeur Anne, qui se débat et s'accroche aux traces laissées par Gabrielle, son aînée perdue dans ce monde de fous. Elle sera aidée dans cette quête par un vieil écrivain en désespérance, une réceptionniste, sympathisante terrienne et... je vous laisse découvrir la suite.

J'ai ressentie cette angoisse, cette crainte distillées par l'auteur et j'avoue avoir eu le coeur serré d'émotions à la fin :

Si c'est l'action effrénée qui vous pousse, vous motive dans le choix de vos lectures, Terrienne ne sera pas une évidence pour vous, ni un premier choix. Et pourtant, je ne peux que vous encourager à le lire. Tout au long de ce livre, court une tension qui ne nous fait le lâcher qu'à la lecture du dernier mot … Pour mieux repartir de nouveau !
Lien : http://page39.eklablog.com/t..
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J'avais beaucoup aimé les précédents livres de Jean-Claude Mourlevat mais celui-là m'a paru meilleur que les précédents, plus abouti. Difficile d'oublier les protagonistes de cette histoire. Et le monde parallèle dans lequel pénètre Anne pour rechercher sa soeur, s'il est effrayant, n'est malheureusement pas, par certains aspects et l'évolution que l'on peut craindre, éloigné du nôtre. En cela, ce livre apporte beaucoup. Terrienne nous montre la face noire que notre monde pourrait prendre et nous crie de préserver notre monde d'en aimer le moindre brin d'herbe, le moindre souffle, de préserver la vie et sa magnifique variété !.
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Gabrielle a disparu.
Le lendemain de son mariage.
Partie en voyage de noces, allez savoir.
En voyage, certainement, de là à dire qu'elle sera à la fête.
Un message sibyllin de sa part, un an plus tard, convainc sa soeur Anne qui ne voit toujours rien venir, de partir à sa recherche.
Une quête éperdue en un monde parallèle déshumanisé et glaçant.

Je n'en attendais absolument rien et j'ai tout eu.
JC Mourlevat aura su faire évoluer sa courageuse héroïne au sein d'un univers futuriste à même de faire concourir le pire des bleds hexagonaux dans la catégorie "villes et villages fleuris".

Bouquin d'ambiance s'il en est, il est surtout un formidable plaidoyer amoureux.
L'amour de la famille, de la patrie -laissez tomber la main sur le coeur, aucun nationalisme exacerbé à l'horizon-, de la vie. Sans oublier l'amour avec un grand H, il va sans dire...

Anxiogène à souhait, ce récit diffuse un malaise croissant, alimenté par un monde régi par des codes aseptisés à l'extrême. Imaginez-vous exister sans ouïr le moindre brame de Dion ni la moindre perle philosophique des ch'tis à Miami. Flippant.

Un univers de cauchemar dans lequel il faudra donner le change pour ne pas disparaître et conserver un espoir ténu de retrouvailles fraternelles.

Terriennes m'a bouleversifié au plus haut point.
L'avantage, c'est qu'ici, je peux donner libre cours à mes émotions.
Promettez-moi de ne jamais envisager un p'tit we détente et découverte à Estrellas ! Jamais!
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Aussitôt entre les mains, aussitôt commencé. Et surtout, aussitôt lu. C'est simple, impossible de m'arrêter avant la fin. le premier mot qui me vient à l'esprit pour qualifier ce roman est "fascinant".

Pas tant pour l'histoire, ni "l'autre côté" crée par Jean-Claude Mourlevat,mais bien pour ses personnages et surtout son style. Il ne se passe rien, et pourtant on est captivés, et on ne peut s'empêcher de tourner les pages encore et encore. Car oui, il faut le dire : il n'y pas d'action - pas de courses poursuites à travers la ville à 3h du matin, de combats entre gentils et méchants... rien de tout ça. Juste Anne, qui se retrouve dans un "autre côté" inconnu où elle espère retrouver sa soeur.

D'abord seule, Anne a fini, par y trouver des alliés (je dirais même des amis) prêts à risquer leur vie pour elle et sa soeur. Elle est une étrangère pour eux - terrienne diraient certains, contagieuse et dangereuse diraient d'autres. le résumé parle d'un "ailleurs dépourvu d'humanité" mais je ne vois pas les choses comme ça. Pour moi, c'est juste une forme différente d'humanité - ils ont des émotions et ressentent les choses comme nous, ils se refusent juste à mettre un nom dessus.

Terrienne c'est l'histoire de Anne, 17 ans, arrivée bien malgré elle de "l'autre côté". Elle n'a pas de pouvoirs, de dons ou peu importe le nom que vous donnez à ça, et pourtant, elle n'en est pas moins une fille exceptionnelle. Sa plus grande force : sa capacité à garder la tête sur les épaules. Même dans les pires moments, elle arrive à garder son calme et à réfléchir. S'il y a bien une chose qu'on ne peut pas lui reprocher, c'est de prendre les mauvaises décisions. Mais bizarrement, elle ne prend pas pour autant toujours les bonnes décisions. Disons juste qu'elle prend les décisions qu'il faut, au moment qu'il faut.

Terrienne est à l'opposé de tous les romans fantastiques YA qu'on trouve en ce moment dans les rayons, et c'est ce qui le rend si particulier. J'aurais voulu vous parler de "l'autre côté" plus en détail, des alliés de Anne, de Estrellas et d'un tas d'autres choses encore, mais cela serait beaucoup trop spoiler et vous gâcherait tout le merveilleux de l'histoire. Jean-Claude Mourlevat nous distille les informations au compte-goutte, et ne cesse de nous surprendre.

Son style, si poétique et épuré, quant à lui, nous transporte de bout en bout et nous fait passer par une jolie palettes d'émotions : d'abord curieux, on est ensuite intrigués par l'histoire et cet autre "côté" pour finir par angoisser, pleurer, rire avec ces personnages si attachants qu'on en viendrait presque à regretter qu'ils n'existent pas réellement.

Terrienne fait partie de ces livres qu'il faut avoir lu au moins une fois, et de préférence jusqu'à la fin. Je ne suis habituellement pas du genre à dire "Vous devez absolument lire ce livre" mais cette fois je le ferais car Terrienne mérite vraiment ces avis dithyrambiques qu'on trouve partout. Vous pourrez accrocher ou pas, mais en tout cas vous serez "marqués" par lui : Terrienne faisant partie de ces romans qui ne laissent personne indifférent et auquel on repense encore des semaines plus tard...
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Moi qui au toujours été traumatisée par la mort depuis toute petite, je ressors de cette lecture un peu apaisée à ce sujet mais ce n'est pas l'essentiel de ce roman...quoique ! Qu'est-ce que vivre si il n'y a pas la mort par la suite ? Mais bref, commençons pas le commencement :

Anne Collodi ne voyait pas d'un très bon oeil le mariage de sa soeur Gabrielle, non pas parce qu'elle n'était pas heureuse pour elle mais parce qu'elle trouvait bizarre celui qui allait devenir son époux, et encore bizarre est un mot trop faible pour qualifier ce dernier. Comme Anne aurait voulue se tromper mais suite à la disparition des nouveaux époux et de tous les amis du marié le lendemain du mariage peut laisser penser que quelque chose de dramatique s'est produit et c'est bel et bien le cas. Aussi, lorsque notre héroïne entend à la radio un appel à l'aide hachée de sa soeur aînée, elle sait qu'elle ne s'était pas trompée et qu'il lui revient, à elle et à elle seule, de la retrouver. C'est en faisant de l'auto-stop qu'Anne rencontrera Etienne Virgil, un auteur d'un certain âge à qui elle demandera toujours de la laisser non pas là où elle voudra se rendre mais à 3,5 kms exactement de l'endroit indiqué. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce dernier n'aurait pas pu s'y rendre...car pour cela, il faut être conscient du danger et accepter de passer "de l'autre côté" ? L'autre côté de quoi ? Mystère mais toujours est-il qu'à cet endroit-là, les choses n'existent pas ou du moins existent-elles en partie mais n'ont pas du tout la même signification qu'ici. Il y est interdit par exemple pour une personne comme Anne de chanter, de crier, de courir, de pleurer, d'être triste ou joyeuse...et même de respirer !

Un ouvrage captivant qui me faisait de l'oeil depuis un certain temps à la bibliothèque et que je vais restituer à regret...mais me restera ce souvenir angoissant mais absolument bouleversant et attirant de cette prodigieuse lecture . Bref, vous l'aurez compris : un ouvrage que je ne peux que vous recommander !
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Celles et ceux qui s'attendent à de l'action spectaculaire dans ce livre de SF pour ados (à partir de 13 ans !) peuvent passer leur chemin...
C'est une pérégrination dans un monde parallèle au notre, un univers glacé, aseptisé et d'une froide violence, dans lequel on accompagne Anne, 17 ans, à la recherche de sa soeur. Cette dernière a été enlevée, comme d'autres terriennes, pour satisfaire les appétits de "saveur" des dirigeants (pourris) de là-bas...
"Là-bas", que ce soit dans une ville morne ou une autre encore plus sinistre, la notion des cinq sens, sensorielle ou liée aux sentiments, y est inconnue...et, surtout, on n'y respire pas ! Il n'y a donc ni larmes, ni chants, ni soupirs, ni rires... Les gens qui y vivent ressemblent à des humanoïdes et tels des robots n'ont pas besoin de ce qui dans notre monde représente une apologie à la vie : les hommes et les femmes de toutes les couleurs, la végétation, les animaux, les saisons, les odeurs, le goût, et... les émotions !

Ce livre, à l'écriture d'une grande fluidité, n'est pas pour autant trop pessimiste ou trop sombre. Anne, après s'être acharnée, avec l'aide de Brian (un hybride, né là-bas), pour arracher sa soeur à la mort, ramène de cet ailleurs ce qui, justement, est si précieux à toute vie... (*)


note : 3,75/5 ;-)

(*) au vue du "résumé éditeur" d'une précision "exemplaire" (!), je n'ai pas l'impression de spoiler.

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Cette Terrienne (de Jean-Claude Mourlevat) a un petit air de Candide (de Voltaire) à mes yeux... En effet, les deux sont, sous des dehors simples et naïfs, de véritables contes philosophiques.

Terrienne nous fait découvrir un monde bien plus parfait que le nôtre, parfaitement aseptisé, parfaitement organisé, parfaitement programmé... et de fait parfaitement ennuyeux et mortel, voire mortellement parfait et ennuyeux ! Et pas uniquement au sens figuré...

Assez classique, l'intrigue sert "juste" à nous le montrer sous toutes les coutures, par toutes les fenêtres, dans toutes les assiettes, debout, couché et surtout assis. Histoire de nous rappeler que notre monde, aussi imprévisible et brouillon soit-il, est plein de vie, d'odeurs, de bruits et d'émotions... de malheurs bien sûr, mais aussi de grands bonheurs !

Terrienne m'a donné envie de manger du munster qui pue et de serrer ceux que j'aime contre moi au point de les faire transpirer. Je ne sais pas s'il aura ce même effet euphorisant sur les adolescents auxquels il s'adresse particulièrement, mais il ne peut que les faire prendre conscience de la beauté de notre vie telle qu'elle est...

Challenge Multi-Défis 2017 : 7/52
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