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3,66

sur 620 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Quand un livre évoque un sujet aussi puissant et dramatique que les prémisses d'un génocide et qu'on ne l'a pas trop aimé, on marche sur des oeufs pour en faire une chronique. C'est mon cas avec 'Notre Dame du Nil', roman unanimement salué par la critique mais qui m'a prodigieusement ennuyée, à l'exception notable des 30 dernières pages, fortes et bouleversantes.

J'ai acheté le livre au moment du club de lecture Babelio (en février, je crois) mais j'avais plusieurs autres lectures en cours, et l'ai donc prêté à ma mère qui n'est, je le précise, ni une réactionnaire raciste, ni une idéaliste naïve, mais une grande amatrice de documentaires pas effrayée de retrouver dans les livres la noirceur du monde. Verdict : 'ce livre est nul; il n'y a pas d'histoire, juste un horrible fait divers; les personnages sont soit demeurés, soit lâches, soit illuminés, soit pervers, soit les quatre à la fois; ça donne vraiment une mauvaise image des Rwandais et de l'homme en général; en plus, c'est mal écrit, je ne comprends pas ce que tout le monde trouve de si formidable'. Dont acte. Je me dis qu'elle a toujours eu la dent dure et que peu de livres trouvent grâce à ses yeux. Pas découragée, j'entame donc ma lecture.

Mais, au bout de 10 pages, je m'ennuie et ça ne fait qu'empirer au fil de ma découverte de ce pensionnat de jeunes filles rwandaises qui sont, au choix, arrogantes et stupides, ou soumises et stupides. En plus, je suis agacée par les innombrables clichés : le religieux libidineux, le vieil ermite original et sympathique, l'ambassadeur amateur de chair fraîche qui se croit tout permis, la directrice qui ne se préoccupe pas des élèves mais des convenances, les gorilles qui apparaissent en guest-stars, la fille qui panique lors de ses premières règles... Bref, ça ne me plaît pas du tout. Au point que j'ai sérieusement envisagé d'abandonner autour de la page 180. J'ai pourtant continué, essentiellement parce que ça se lit vite.

Bien m'en a pris, parce que la fin m'a nettement plus touchée et intéressée. On a enfin des vraies personnalités qui se dessinent, notamment la 'résistante' qui garde son indépendance face à la pression du groupe et fait ce qu'elle croit juste, et surtout la 'dangereuse' avec son idéologie du 'peuple majoritaire', sa haine et sa soif du pouvoir... Et autour d'elles beaucoup de soumis, d'indifférents ou de lâches qui regardent ailleurs pendant que le pensionnat bascule dans l'horreur. Comme c'est arrivé de nombreuses fois dans l'histoire, au Rwanda et ailleurs. Rien que pour ce terrible rappel, ce livre mérite probablement d'être lu.
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Année 1970, Rwanda, dans des collines reculées se trouve un lycée pour jeunes filles de la haute société, principalement Tutsis, ethnie dominante à ce moment, mais avec quelques jeunes filles hutus accueillies et tolérées.
Les tensions entre elles sont palpables.
Je me suis malheureusement ennuyée pendant toute la lecture, car j'ai trouvé la narration peu accrocheuse, manquant de liens et sans véritable intrigue. L'écriture ne m'a pas plu davantage. J'ai régulièrement envie d'abandonner, mais étonnamment les pages s'enchaînaient assez facilement J'ai donc poursuivi, mais sans enthousiasme et sans véritable intérêt malheureusement. Je ne comprends pas l'enthousiasme pour ce roman.
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"Il n'y a pas de meilleur lycée que le lycée Notre-Dame-du-Nil. Il n'y en a pas de plus haut non plus. 2500 mètres, annoncent fièrement les professeurs blancs. 2493, corrige Soeur Lydwine, la professeur de géographie. "On est si près du ciel", murmure la mère supérieure en joignant les mains."

Dans un pensionnat rwandais, des jeunes filles de la haute société sont élevées à l'écart du monde, sur un plateau situé à la source du Nil. le lycée Notre-Dame du Nil, géré par des religieuses, est pourtant à la pointe de la modernité dans son action pour l'éducation des femmes : « Elle était assurée que sa fille recevrait au lycée Notre-Dame du Nil l'éducation démocratique et chrétienne qui convenait à l'élite féminine d'un pays qui avait fait la révolution sociale qui l'avait débarrassé des injustices féodales. »

Et pourtant, le lycée est le creuset des tensions qui agitent le Rwanda dans les années 1970, alors que les hutus ont pris le pouvoir, soutenu par les colonisateurs belges. Tensions entre les filles de différents partis, mais surtout tensions entre les "vraies rwandaises du peuple majoritaire" et les quelques filles tsutsies, admises pour des questions de quota (étant l'espoir de leur famille, car quand on est étudiant, on n'est plus ni hutu ni tsutsi, "comme si on appartenait à une autre ethnie, celle que les Belges appelaient naguère les 'évolués'", alors qu'elles savent qu'elles n'auront pas plus de travail après). Plus pauvres, méprisées, considérées comme des "Inyenzi, des cafards, des serpents, des animaux nuisibles" elles sont l'objet de réflexions considérées comme normales, de vexations. Jusqu'à l'apothéose final qui préfigure le génocide de 1994.

"La Mort a établi son règne sur notre pauvre Rwanda. Elle a son projet, elle est décidée à l'accomplir jusqu'au bout. Je reviendrais quand le soleil de la vie brillera à nouveau sur notre Rwanda".

C'est un roman extrêmement puissant, écrit par une rescapée du génocide tsutsi. Si certaines parties sont très dures, elles sont le reflet de la réalité et l'auteur parvient très bien à rendre l'ambiance de cette époque à travers les scènes de frustrations, de tensions. Mais elle nous plonge également au coeur de la culture rwandaise, évoquant les modes de vie, entre tradition et modernité, les fractures de la société, les croyances et superstitions, avec une plume aisée et agréable.

Elle peint également de beaux portraits de femmes : la grosse Gloriosa, avide de pouvoir; Victoria, la rêveuse qui perdra rapidement toutes ses illusions ; Modesta, mi-tutsi, mi-hutu, partagée entre ces deux "races" et désireuse d'être admise dans la dominante.

Et l'auteur retrace la montée des tensions, la moindre excuse étant utilisée pour attaquer les tutsis, le moindre prétexte à la violence, au relâchement de la haine, qui en fait un "roman" effrayant.

Enfin, le rapport aux Blancs est esquissé. Compliqué. Les Rwandais veulent acquérir une certaine indépendance, mais leur dévotion lors de la visite de la reine belge montre que les habitudes sont difficiles à perdre. On relève aussi une forme d'accusation des Blancs, impuissants et lâches (?) qui ne font rien pour arrêter les violences, ne s'impliquant pas dans ces querelles, alors qu'ils en sont à l'origine.

Ou l'éternelle histoire de domination, de racisme et de lutte de pouvoir ; l'éternel discours universel qui anime la haine entre deux "races", deux populations.

Un bémol cependant, qui est naturel : c'est une sorte de témoignage, du côté tsutsi, qui ont été persécutés, mais n'ont pas toujours eu le beau rôle ... Dans ce roman, utiliser des jeunes filles purs et frêles aident à propager l'idée que les Tsutsis sont uniquement des victimes. Mais lorsqu'on regarde l'histoire de plus près, ce n'est pas si simple ...

Un roman magnifique, à prendre pourtant avec précaution car les tensions sont toujours très importantes au Rwanda autour de cette question, non réglée depuis des décennies.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Années 70 au Rwanda : les Hutus ont pris le pouvoir et organisent l'épuration ethnique, prélude aux massacres de 1994.
A Notre-Dame du Nil, pensionnat religieux de jeunes filles destiné à former l'élite féminine du pays, seules 10% de jeunes filles Tutsi sont admises. A l'instar de Gloriosa, pasionaria militante et fille de ministre, les filles de politiciens, diplomates, hommes d'affaire et notables Hutus s'organisent elles aussi avec l'ambition d'évincer les quelques élèves Tutsis admises dans leurs rangs. le prétexte sera le nez de la vierge noire, Notre-Dame du Nil, beaucoup trop fin pour être un nez Hutu… et que Gloriosa veut détruire.
Alors qu'un vieil huluberlu français s'évertue à retracer les liens entre le peuple tutsi et les pharaons noirs en peignant inlassablement les jeunes Tutsis sous les traits de la déesse Isis, le drame prend lentement forme sous les yeux impassibles d'un personnel enseignant complaisant envers les autorités.
Au-delà de la tension croissante environnante, Scholastique Mukasonga ne se prive pas d'évoquer également quelques épisodes cocasses mettant en scène la fascination des africains pour les têtes couronnées, la tendresse des mères transformant les valises de leurs filles en garde-manger ou l'arrivée fracassante d'un hippie blond dans le bureau de la mère supérieure et les classes de jeunes filles abasourdies. Sans oublier bien sûr la magnificence d'une région montagneuse qui abrite une flore et une faune exubérante
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Notre-Dame du Nil est une statue noire de Marie se trouvant au Rwanda et plus précisément, à la source du Nil. Pas loin de cette idole, a été construit un lycée pour jeunes filles où se déroule l'histoire de ce roman. Dans cette école, se retrouve l'élite de la société rwandaise hutu, des jeunes femmes dont on veut préserver la vertu en vue d'un bon mariage. Pour respecter les quotas, quelques Tutsi sont accueillies en son sein. Peu d'indications nous sont fournies sur l'époque, on peut deviner que cela se passe début des années 70.
Nous sommes happés dès les premières pages au coeur du sujet : la malveillance des Hutu envers les Tutsi. Dans les relations entre les filles, règnent le racisme, le pouvoir et la volonté de s'en sortir pour certaines. L'auteur n'idéalise rien. Naïveté, frivolité et cruauté de la jeunesse ne nous sont pas épargnés. le tout est servi par une belle écriture criante de vérité où le narrateur semble appartenir à l'histoire.
C'est une plongée dans un monde que l'on connaît par l'actualité, le Rwanda et ses luttes intérieures. L'auteur réussi à nous le décrire de manière détournée. Elle raconte comment les germes de la haine se propagent déjà durant l'adolescence et comment cela peut très vite dépasser les limites du supportable.
Je conseille ce livre pour toutes ces raisons. Aussi parce qu'il nous invite à découvrir un pays dont personnellement je ne connaissais pas grand-chose. Les traditions, les mythes et le regard des rwandais sur les blancs valent aussi le coup d'oeil. Et petite précision : cet ouvrage est écrit par une rwandaise, ce qui lui donne, à mon avis, encore plus de sens.
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Situé au sommet d'une colline, près de la source du Nil, Notre-Dame du Nil est un pensionnat catholique pour les jeunes filles de la haute-société rwandaise. Un lycée difficile d'accès qui doit former l'élite féminine de demain. Il accueille donc principalement des jeunes filles issues de la majorité Hutu, mais un quota de 10% de Tutsi est admis.
Dans ce pensionnat qui vit en vase clôt, on voit se dessiner en miniature les mêmes problèmes que dans la société rwandaise. A savoir les relations complexes et parfois haineuses entre les deux "ethnies".

Ce roman a été une vraie source de découvertes. Découverte d'une culture, abordée de façon agréable dans ses multiples aspects. Découverte de l'histoire de ce pays à laquelle l'auteur fait maintes allusions. de la société rwandaise, ses codes et inégalités qui sont abordés de façon subtile. Et la place de la religion face aux croyance ancestrales.
J'ai été très émue par la façon dont l'auteur, qui a été victime de l'épuration ethnique, arrive à prendre un tel recul afin de sonder la source des relations conflictuelles entre Hutus et Tutsis, et entre les Rwandais et les Blancs. Et ça rend le roman d'autant plus puissant.
Des passages peuvent même être plein d'humour et, tout de même, on sent que l'irréparable peut se produire.
Les jeunes filles du pensionnat incarnent chacune les différences de la société rwandaise. Il y a Gloriosa, fille d'un politicien hutu qui prône l'épuration ethnique ; Modesta née d'un père hutu et d'une mère tutsi mise au ban de la famille, ; Immaculée qui, sous des aspects superficiels, ne se laisse pas dicter sa loi ; Véronica et Virginia deux jeunes filles tutsi pleines de rêves d'avenir mais qui sentent venir la catastrophe. Et les Soeurs blanches du pensionnat, les profs français et belges qui viennent en coopération et ne comprennent pas grand chose au pays qui les accueille.

Mais si j'ai aimé ce roman pour sa subtilité dans le traitement du sujet et pour ce qu'il a à enseigner je n'ai malheureusement pas été "emportée" par l"histoire, qui manque d'un certain ressort. J'ai eu un peu de mal à m'attacher aux personnages et à l'histoire avant le dernier tiers. En fait, je l'ai plus lu comme un témoignage que comme un roman. Rien cependant qui puisse me faire regretter ma lecture !

Lien : http://mumuzbooks.blogspot.f..
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L'auteur, rwandaise, rescapée du massacre des Tutsis, nous fait pénétrer dans le quotidien des lycéennes de Notre-Dame du Nil, lycée perché à 2500 mètres de haut, près des sources du Nil,
Modesta, Virginia, Veronica et les autres évoluent dans ce lycée tenu par des religieuses, soucieuses tout comme leurs parents de préserver leur moralité et leur virginité. Les relations entre Hutus et Tustsis mais aussi entre le peuple rwandais et les blancs colonisateurs sont dépeintes avec beaucoup de force et de subtilité. D'un côté, il y a ces jeunes filles pressées d'expérimenter la vie, comme toutes les jeunes filles. de l'autre le poids de la religion et des traditions. Et au milieu, des bouffées d'oxygène avec Fontenaille, par exemple, vieux peintre et anthropologue obsédé par le peuple Tutsi et son origine : un Blanc qui leur fait renouer avec leur racine, elles qui se sentent ostracisées dans leur école.
Et puis la violence sourde qui mène vers le massacre programmé incarné par Gloriosa, jeune fille haineuse qui organise le pire dans son lycée.
A travers le destin tragique de Veronica, c'est à toutes les victimes du massacre que Scholastique Mukasonga rend hommage.
Ce livre nous permet la découverte d'une culture, d'une société, d'une cosmogonie dont la plupart d'entre nous ignorons tout, ainsi que l'approfondissement de l'histoire du Rwanda.
Un très beau roman, de ceux qui élargissent les horizons des lecteurs curieux des autres et du monde.

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Difficile d'écrire un avis sur un livre dont l'histoire se situe dans les prémisses du génocide rwandais, d'autant plus si le livre ne nous a pas captivé tant que ça. J'ai trouvé certains chapitres très longs et sans grand intérêt, faisant seulement nous narrer le quotidien d'un groupe de jeunes filles qui étudient à Notre-Dame du Nil, institution scolaire formant l'élite de demain. Tenue par des soeurs, cette école se dote comme mission de garder les étudiantes pures, droites, instruites, en vue d'accomplir leurs destins, soit, se marier et fonder une famille avec la crème sociétale. Pour moi, l'intérêt de ce roman, et je dirai même sa puissance, se situe dans le dernier chapitre, qui est éprouvant et bouleversant. Il faut avoir le coeur bien accroché, parce que ça fait mal à lire... Je suis tout de même ravie d'avoir lu ce livre, où le Rwanda est personnage à part entière. À lire, si les lectures au long cours tranquille vous intéressent et que vous aimez les romans d'atmosphère. Mais gros avertissement sur le dernier chapitre.
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Une histoire écrite toute en délicatesse sur un thème d'une violence extrême, la haine entre les hutu et les tutsi.
Début des années 70, au Lycée Notre-Dame du Nil, on suit l'histoire de ces jeunes filles hutu et tutsi qui sont éduquées à devenir de bonnes mères et épouses. en quelque sorte une élite christianisée qui pour certaines ne font que suivre la voie tracée par leurs parents, et d'autres qui pourront sortir de leur misérable condition.
La haine raciale se déploie au fur et à mesure du roman avec peu à peu toute la brutalité qui peut éclore à cause d'un évènement mineur.

L'auteur nous livre à travers sa propre expérience une vision de l'horreur qui peut toucher n'importe quel âge.

Malgré une histoire touchante, ce livre ne m'a pas exalté, ou du moins je n'ai pas ressenti la force haineuse que L Histoire malheureuse du génocide rwandais a laissé comme empreinte.
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Notre-Dame du Nil, c'est d'abord la vierge au visage noir qui bénit la source du Nil, mais aussi une école de filles dans les hauteurs rwandaises. le lycée est dirigé par les soeurs et l'enseignement y est assuré par les blancs (belges et français), sa mission est de former l'élite féminine de demain, et ce à travers une formation chrétienne et démocratique.

On suivra alors tout au long des chapitres, la vie des filles Hutus (entre autres)
- Gloriosa : fille d'un ministre et assoiffée de pouvoir et qui à travers son appartenance au parti majoritaire se permet toutes les dérives.....
- Immaculée : fille d'un homme d'affaire, qui ne semble s'intéresser qu'à sa beauté....

Les filles Tutsi :
- Veronica : qui rêve de partir en Europe...
- Virginia : qui a les pieds sur terre...

et enfin
+ Modesta : la métisse, d'une mère Tutsi et d'un père Hutu et qui enfin de compte n'appartient à aucun camp....

Grâce à ces personnages , on a une représentation des composants de la société et une description de la réalité de la vie au Rwanda poste coloniale, et ce à travers le mode de vie, les croyances et les traditions mais aussi les tensions ethniques et la montée de la haine raciale.

Pour moi c'était une belle lecture, surtout à partir du 4éme chapitre .
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