Depuis que j'avais échoué à retrouver son odeur et la fluidité reptilienne de son corps, j'avais arrêté de chercher une autre peau dans les vêtements volés. Je ne voulais pas être un garçon, être quelqu'un d'autre. J'étais ce que j'étais et moi, Amande, j'étais amoureuse d'une autre fille.
Je n'ai jamais demandé à Marc quand il a su qu'il aimait les garçons. Je ne me suis jamais formulé les choses ainsi.
C'est la gifle qui m'a tout appris, d'un seul coup. Comme si elle avait percé un opercule qui m'empêchait de voir que Marx et Jérôme étaient un couple, que j'étais amoureuse d'une fille, que le bracelet était lourd du poids de cet amour.
Ma grand-mère se jeta sur lui pour essayer de retenir sa main. Mais elle s'abattit sur moi comme une déflagration et m'envoya sur le carrelage de la cuisine.
Ma vie, en quelque sorte, s'est arrêtée là.
Je saignais du nez et ma mère ne me tendit pas le petit mouchoir blanc qu'elle gardait tout le temps dans la poche ventrale de son tablier.
Je ne sais pas si j'ai été heureuse, pendant ces quelques mois. Mais ce que je sais, c'est que plus jamais je n'ai retrouvé dans ma vie cette sensation unique d'être quelque part chez moi.
En me déshabillant, je veux que mon corps se sépare, qu’en ôtant la chemise j’ôte aussi mon torse, les jambes avec la jupe, le cou avec le foulard.
Tom me regarda droit dans les yeux. D'une certaine manière, il paraissait enfin vivant. Il contourna la chaise de son grand-mère pour rejoindre le couloir. Au même moment, mon père jeta sa serviette au milieur de la table, se leva pour faire face à son petit-fils et le gifla en serrant la machoire sous une pression démente.
Machinalement, je portai la main à ma joue.
C'était ça les machines. Ça annulait toutes les odeurs, ces traces qu'on porte sur soi de ce qu'on a mangé , de ce qu'on a fumé, de ce qu'on a rêvé. De ceux qui nous ont touchés.
A partir de ce jour, le pull beige, torsadé sur la poitrine, devient une obsession.
Aucun vêtement récupéré dans les tambours ne peut combler le vide de ce pull-là.
Beige. Neige. Chaud. Camouflage. Douceur. Marie-Line. Ces mots s'enchaînent devant la glace en pied. Je me regarde de bas en haut, de haut en bas, dans ce puzzle d'habits trouvés, un puzzle qui me met en morceaux. En me déshabillant, je veux que mon corps se sépare, qu'en ôtant la chemise j'ôte aussi mon torse, les jambes avec la jupe, le cou avec le foulard.
Je veux posséder ce pull ou bien me démanteler, poursuivre une existence de pièces détachées. Mais en réalité, ce n'est pas le pull que je veux mettre. Je veux mettre le corps de Marie-Line. L'enfiler comme une autre peau que la mienne.
J'ai trente ans et quand je pense a mon âge j'y pense comme un accident. J'ai l'impression d'avoir quinze ans depuis toujours et pour toujours. Aujourd'hui, je comprends: ma vie a continué d'avancer sans moi.
Je ne me suis jamais habituée à mon prénom. De façon générale, je ne me suis jamais habituée a ce qui vient de ma famille. Sauf Tom
En rentrant tout à l'heure , j'ai cru que c'était pour lui que je devais écrire. Mais en réalité, ne m'en veux pas, Tom c'est pour moi.
Si j'arrive à me trouver sous les décombres,nous pourrons peut-çetre nous rejoindre quelque part.
Amandana a des parents qui rêve d'avoir une fille qui ressemble à une pile de linge propre. Petit à petit la jeune fille devient adulte , et elle commence à prendre l'habitude d'arriver en retard au repas de famille , ce dimanche la une vérité éclate .
J'ai pas aimé ce livre parce que je n'ai pas trouvé de suspense .
« Et elle a tendu son cou vers moi. Ses lèvres. Sa langue. J’ai ouvert ma bouche sans penser à rien d’autre.»