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Dans la famille d'Amandana, on est propre, des chaussettes à l'âme. Entre les deux, il y a le coeur et le sexe qui palpitent, les mains qui (se) caressent, mais ça, c'est tabou. Bouche cousue.
D'ailleurs, la maman tient un Lavomatique : « C'était ça, les machines. Ça annulait toutes les odeurs, ces traces qu'on porte sur soi de ce qu'on a mangé, de ce qu'on a fumé, de ce qu'on a rêvé. De ceux qui nous ont touchés. Le linge se refaisait une virginité dans le tambour des machines à laver, il ressortait comme neuf et ma mère, dans la salle d'à côté, l'engourdissait de vapeur, l'aplatissait, le pliait, et c'est comme si personne ne l'avait jamais touché. Ma mère faisait taire tous les corps qui s'étaient trouvés sous le linge qu'elle repassait. »

Mains propres et tête haute, le corps n'existe pas : on ne parle pas des règles, encore moins de sexualité, on n'embrasse pas des personnes de son sexe. Les ébats sont tolérés dans certains cadres bien définis (la procréation dans les liens sacrés du mariage), et quand quelqu'un est sorti du rang, on lave son linge sale en famille, on attend que tout le monde soit là, la gifle part en public, honte au pécheur.

Le début du roman est très fort, triste à pleurer. La sanction arrive, brutale, on a à peine eu le temps de se demander pourquoi.
Lorsque la narratrice évoque sa propre adolescence, c'est un peu moins abrupt, on voit ses difficultés arriver progressivement, mais le récit est tout aussi bouleversant.
Bien sûr, à la lecture, on s'interroge sur les réactions des parents dans cette histoire (l'éducation stricte qu'ils ont eux-mêmes reçue ?), et, d'une manière générale, sur les moyens d'accélérer « l'évolution des mentalités », comme on dit.
Montrer les dégâts de l'homophobie est un premier pas.

A faire lire aux adolescents de notre entourage, pour l'évocation réaliste du collège/lycée et de la famille - univers parfois sans pitié.
Et aussi parce que parmi eux, il y en a forcément qui s'interrogent sur leurs préférences sexuelles, et d'autres (qui peuvent être les mêmes) qui se gaussent de leurs camarades et des adultes supposés « en être ».
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Quand nous rencontrons Amandana, elle a trente ans, mais quand elle pense à son âge, elle y pense comme à un accident.
« J'ai l'impression d'avoir quinze ans depuis toujours et pour toujours. Aujourd'hui, je comprends : ma vie a continué d'avancer sans moi. »
Ce jour- là, comme tous les dimanches, elle arrive chez sa soeur et son beau-frère pour le sacro-saint repas familial. En retard et les mains vides comme à son habitude pour laisser à son aînée, Mado, la plus haute place sur le podium. Et pourtant, ce jour-là, elle sent immédiatement qu'il se passe quelque chose : l'appartement est englué dans une sorte de poisse qui semble figer les gestes de chacun. Et le malaise de son neveu, Tom, quinze ans, lui glace le sang. C'est au moment du plateau de fromage que le couperet tombe, sans appel : Tom a été surpris alors qu'il embrassait un garçon… il plonge alors le regard dans celui de sa tante et d'une certaine manière, il lui paraît enfin vivant… et pourtant, elle va choisir la fuite… et de chez elle, lui écrire… et de chez elle, se coucher sur le papier :
« Si j'arrive à me retrouver sous les décombres, nous pourrons peut-être nous rejoindre quelque part. »
Mon avis : S'il est un plaisir que je m'accorde volontiers dans le cadre de mes lectures obligatoires concernant mon comité jeunesse, c'est d'ignorer la quatrième de couverture et de laisser mon choix se porter sur un titre qui m'interpelle plus que les autres, sans rien vouloir savoir sur ce que l'éditeur voudra bien m'en dire dans sa description. Trois heures de route prévues pour une mise entre parenthèse de deux jours auprès de mon fils, je me laisse conduire et passe ma main sur l'objet livre, comme un premier contact sensuel sur deux mots qui se détachent en léger relief sur la douceur fraîche de la page : Bouche cousue. le goût du secret sur la mienne, ou peut-être celui du sentiment de culpabilité ou de la honte. Et me voilà happée par ce récit tout en délicatesse sur le thème de l'homosexualité féminine chez une adolescente qui vit ses premiers émois amoureux. Tout en pudeur mais sans faux fuyant Amandana nous attache à elle, à cette période qui a mis un voile sur les quinze ans qui l'en sépare. Une très belle écriture, sensible et délicate que je vous invite vraiment à découvrir. Il m'a fallu la magie de la forêt du col de la République sous son manteau neigeux pour que je parvienne à m'octroyer une pause… les yeux remplis d'étoiles… mais l'esprit restant en parfaite harmonie avec la souffrance de l'héroïne.
Public : à partir de quatorze - quinze ans mais sans autre limite d'âge.
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Quand Amandana entend que son neveu Thomas a embrassé un garçon, elle se rappelle ses quinze ans quand elle a ressenti les premiers émois pour une fille.
Une histoire qui oscille entre la douceur des habits propres et lavés de machines à laver et les moqueries dures de camarades face à la différence. La famille d'Amandana ne veut pas entendre parler de sexualité, on reste bouche cousue, dans le silence… Un roman très touchant sur l'homosexualité chez les jeunes adolescents. Dommage que Marion Muller-Colard ne parle que de cette première difficulté chez le jeune qui se découvre homosexuel, j'aurais aimé savoir si cette première confrontation avec les autres l'avait permis de continuer d'avancer. Malgré cela, l'auteur fait comprendre qu'il est toujours bon d'être accompagné dans ces moments difficiles…
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Pour Amandana, aller chez sa soeur chaque dimanche pour le traditionnel repas de famille est une véritable corvée. Ce dimanche-là pourtant, l'ambiance semble encore plus tendue que d'habitude. Tom, son neveu préféré, a embrassé un garçon et la famille est sous le choc et le rejette. Mais pour Amandana, ce sont ses propres souvenirs d'adolescence qui ressurgissent : elle décide de les lui raconter dans une longue lettre...
J'ai trouvé beaucoup de pudeur et de sensibilité dans ce court roman pour ados où le thème de l'homosexualité est abordé tout en finesse et sans faux-semblant : les sentiments contradictoires qui habitent Amande, le rejet de sa famille, le soutien d'amis.
Très émouvant !
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Un court roman ado percutant. Alors que son neveu Tom se fait gifler suite à la révélation de son homosexualité, sa tante Amandana raconte son adolescence faite de secrets et de non-dits. Un roman plein de sincérité et d'émotions.
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Voilà un petit roman qui a tout d'un grand car il aborde beaucoup de thèmes importants : la famille, l'intégration, le corps, l'homosexualité…
Avec délicatesse, l'auteure nous raconte un moment de bascule où son héroïne, adolescente, réalise qu'elle est attirée par les filles. le choix de ce moment charnière explique que le roman soit si court : nous ne saurons presque rien du futur de cette jeune fille, l'histoire est concentrée sur quelques mois, ce qui peut être un peu frustrant !

Mais cet événement est raconté avec délicatesse et sobriété, dans un style que j'ai beaucoup apprécié, une belle écriture qui reste accessible. J'ai particulièrement apprécié la manière dont est utilisée la laverie des parents d'Amandana, dans un parallèle avec le corps et l'esprit, et tout le passage concernant l'opéra.

J'ai été en revanche un peu moins convaincue par la mise en abyme avec le neveu d'Amande, un peu surfaite et peu utile selon moi.
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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Ce court roman aborde l'homosexualité féminine avec beaucoup de pudeur. On y suit Amande et l'innocence de ses quinze ans qui est bien incapable de nommer ce qu'elle ressent pour une de ses camarades de classe. C'est avec le rejet des siens quelle prendra conscience du sentiment qui l'habite.
Un beau texte tout en finesse qui m'a beaucoup émue.
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Un roman court sur un thème sensible et encore peu abordé, lorsqu'une jeune adolescente découvre son homosexualité.
La narratrice raconte sa propre histoire, réveillée par la gifle que son neveu Tom vient de recevoir de son grand-père pour avoir embrassé un garçon. Amandana se lance alors dans une longue lettre à Tom, pour partager avec lui son histoire de jeune homosexuelle.
La narratrice décrit un univers feutré, presque étouffant, trop propre, et surtout taiseux.
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Un roman court mais intense.
Cette histoire (tout au moins celle d'Amandana à 15 ans) est celle d'une jeune fille perdue cherchant son identité. Chez elle, aucune communication, des parents et une soeur distants (au sens propre comme au figuré), trop pris par leurs propres préoccupations : "Dans ma famille, on ne pleurait pas davantage qu'on ne riait". Alors Amandana trouve refuge chez Marc et Jérôme, couple homosexuel qui va progressivement lui donner le sentiment "d'être quelque part chez moi". Un peu d'écoute, de réconfort : les deux hommes lui apportent ce qu'elle n'a pas chez elle. Et elle a bien besoin d'attention, "Amande" (comme ils l'appellent) !
Fragile, sensible, elle ne se sent pas à l'aise dans son corps de fille. C'est tout du moins ce qu'elle pense dans un premier temps, s'amusant en cachette à enfiler les vêtements (d'homme, entre autres) oubliés dans le Lavomatique de sa mère. Et puis au fil des répétitions avec Marie-Line, elle réalise son attirance pour sa camarade. Mais comment accepter ce que l'on est, ce que l'on ressent, quand on sent peser sur soi "les regards, les rires étouffés", voire une "coalition" des élèves de sa classe?
Dès lors Amandana n'a d'autre choix (pense-t-elle) que de vivre avec sa souffrance, exprimant à travers le chant et donc les paroles des autres, ce qu'elle ne peut livrer avec ses propres mots : "Je suis oppressée par un tourment que je n'ose confesser. (...) On pouvait changer de vie, mais on ne pouvait pas sortir de soi"...
Le récit est touchant, écrit avec pudeur. Cependant, à force de non-dits, de sentiments qui ne sont pas clairement exprimés, le risque est que les jeunes lecteurs ne comprennent pas toute la subtilité d'un texte qui demande une certaine maturité pour être pleinement apprécié. D'autre part, il est dommage que ce sentiment dominant de tristesse perdure jusqu'à la fin... Fin désabusée, car en réalité, Amandana a cessé de vivre ce fameux jour où elle aussi s'est reçu une gifle (et tout ce qu'elle symbolisait). Reste l'espoir que sa confession à Tom encourage son neveu à ne pas reproduire la même erreur qu'elle (refuser de s'imposer)...
Lien : http://www.takalirsa.fr/bouc..
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Beaucoup de délicatesse et de pudeur pour Bouche cousue, un roman qui effleure avec justesse la question de l'homosexualité ( féminine ) dans l'univers d'une famille très catholique. Une écriture délicate qui veut coller au plus profond des pensées intimes et interrogations légitimes qui traversent une adolescente en pleine découverte de l'amour et incapable de nommer ce qu'elle ressent pour sa camarade de classe. Bouche cousue offre une parole intime et chargée d'émotion qui suscite immédiatement une profonde empathie de la part du lecteur.
L'histoire est courte et sincère, loin de chercher dans les stéréotypes ou dans les fins idylliques. Les sentiments contradictoires qui traversent Amandana, le rejet de sa famille, les non-dits, les moqueries à peine voilée mais aussi la bouée de sauvetage que l'adolescente trouve en fréquentant un couple d'homosexuels, constituent les grandes lignes de Bouche cousue.
Au delà de l'histoire, je retiendrais aussi la plume magnifique de Marion Muller-Colard car Bouche cousue ne se lit pas seulement pour ce qu'il raconte mais aussi pour comment il le raconte. La force de ce joli roman c'est donc aussi ses mille tournures poétiques pour dire l'homosexualité et l'amour.
Lien : http://www.lirado.fr/bouche-..
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