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J'ai refermé ce roman, impressionnée. D'abord par la langue de Müller, « d'une richesse poétique inouïe » (parfaitement bien résumée sur la quatrième de couverture d'un autre de ses livres). Cette écriture âpre, mais belle comme dans un conte, casse les codes de la composition lexicale pour raconter des vies dépossédées, sous l'emprise d'une dictature. La lecture est exigeante et je ne prétends pas avoir compris le sens de chaque phrase, mais j'ai saisi suffisamment d'éléments pour suivre le récit sans me perdre.

La première moitié du roman plante le décor dans une petite ville roumaine sans âme, par une série de tableaux souvent lugubres. Même la nature y apparait hostile. le soleil est froid et les peupliers pointus projettent des ombres coupantes. Dans la seconde moitié, quelques personnages croisés auparavant de manière furtive s'extraient de cet environnement fantomatique. Certains, menacés par le régime, résistent à la peur, d'autres, du côté du pouvoir totalitaire, en profitent. Une découverte littéraire rare !
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mémoire de dictature

Un livre écrit comme fonctionne la mémoire, par petites touches. Petite touche par petite touche l'histoire prend forme. Pas dans un mode de narration mais d'allusions, de détails qui finissent par reconstituer l'histoire. On est dans les dernières années de dictature en Roumanie, la pauvreté est partout, la suspicion, les humiliations, la corruption, la solitude. Et puis le régime tombe, on ne sait pas trop comment, un souffle porté par un match de foot, par une chanson, par la trahison ?

Bien que lauréate du prix Nobel, peu d'ouvrages d'Herta Muller ont encore été traduits en français, est-ce lié à la poésie de son écriture ou à l'indifférence des lecteurs français ?
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Tel un renard dans la clairière, je fus pris au piège
Prix et quatrième de couverture alléchant
Le corbeau a gagné le fromage grâce à ce tour de manège
Tout ceci m'a rendu aigre et méchant

Enttäuschung ! Déception !
Imbroglio de mots abscons
Anprangerung ! Dénonciation !
Que suis-je bête, ducon

"Chaque nuit, un village au bord d'une route est une chaussette semblable à leurs cous"
Une prix Nobel de littérature
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Herta Müller, un nom qui me disait quelque chose … une petite recherche, « la convocation » un titre découvert il y a quelque temps déjà mais qui aussitôt visualisé me revient en mémoire, une lecture âpre, demandant un effort certain de concentration, la vie sous un régime tyrannique où il n'y a rien à espérer, pas un livre pour égayer une triste journée.
Qu'il est difficile d'aller à la rencontre de ce renard, cette peau de renard qui nous surprend tout au long de ce récit !
Méfiez vous quand vous allez chez le coiffeur dans ce pays là, les coiffeurs gardent vos cheveux coupés et les rangent dans un sac et « quand le sac est aussi lourd que l'homme, celui ci meurt» alors changez de coiffeur ne retournez pas toujours chez le même sinon ….
Qu'il est difficile de suivre ces personnages multiples, dans leurs vies de tous les jours dans un monde où règne un despote qui finit par être nommé !
Un pays où les ombres n'appartiennent pas aux objets ou aux personnes qui les ont créées … elles ne sont à personne !
Un pays qui finit par se débarrasser de son tyran mais à quel prix !
Une lecture épuisante, à la limite de la compréhension mais où parfois le style prend tout son sens pour nous offrir de très belles phrases.
Une oeuvre à découvrir le jour où tous nos neurones sont en grande forme !
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Un groupe d'amis, des intellectuels progressistes, tente de survivre sous la surveillance de la police politique, dans la Roumanie totalitaire de Ceausescu.
Beaucoup ont écrit sur la dictature. Personne ne l'a fait comme Herta Müller.
Dans une interview elle parlait de "...la langue de bois du régime qui avait détourné le langage à son profit. D'où notre vigilance pour éviter les mots ou les concepts violés ou souillés par le politique. Ils renvoyaient à une réalité qui n'était pas la nôtre."
Elle a donc inventé elle-même un langage qui nous rende perceptible la vie dans un régime totalitaire : un langage de dénuement, de contrainte, de censure.
Des phrases courtes et descriptives, qui nous enferment aussi efficacement qu'une geôle.
Un langage dénué d'émotion, froid, qui fait naître la terreur aussi sûrement que de se voir suivi par un agent du régime.
Un texte ciselé, qui nous oblige à être attentif au moindre détail, à la moindre trace, comme dans un logement surveillé par la Securitate.
Ça n'est pas facile d'entrer dans ce roman. Tout y est hostile : "Les peupliers découpent l'air brûlant. Les peupliers sont des couteaux verts."
C'est puissant.
C'est très difficile à lire.
C'est magistral.
C'est ardu.
C'est exceptionnel.

Traduction de Claire de Oliveira.
Challenge Globe-Trotter (Roumanie)
Challenge Nobel
LC thématique de juin 2022 : "Titres à rallonge"
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Une langue déroutante jusqu'au malaise, construite de phrases comme : "La lampe du plafond regarde au lieu d'éclairer", ou "Son oeil agrandit les entrailles sous la peau jusqu'à ce qu'elles soient froides".
Un monde où tout est gris, sans lumière ni chaleur ni perspective, et où la vie semble venir des choses, pas des hommes.
Un climat d'oppression latente, de vide désespérant.
Pas de repères, peu de points d'appui narratifs, une succession d'images glauques, ternes et froides, que domine l'omniprésente photo de l'oeil noir et la mèche du dictateur.

J'ai failli arrêter cette lecture plusieurs fois, tant était épuisant ce sentiment de s'y mouvoir comme dans la vase. Mais c'est à la moitié du roman, quand un semblant "d'action" apparait, que toute cette première partie très déstabilisante a pris tout son sens pour poser le décor profond et contribuer à faire ressentir ce qu'a été le quotidien des Roumains sous le régime de Ceausescu, le dénuement organisé, les passe-droits, l'ombre permanente de la Securitate, la peur, la résignation, l'absence de perspectives.

Un travail d'écriture prodigieux au service d'un témoignage indispensable tel que seule la littérature peut en offrir, sous la plume d'une auteure que l'Académie des Nobel a bien fait de récompenser.
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« le renard était déjà le chasseur », dans sa réimpression 09 au Seuil, donc apparemment une nouvelle traduction (Claire de Oliveira) alors que l'édition 97 était de Nicole Bary (comme l'homme est un grand faisan). On est toujours dans la campagne Banat de la Roumanie du Conducator. Adina est une jeune enseignante proche de dissidents. (On retrouve l'histoire de Herta Müller dans les années 60-65, membre du Aktiongruppe Banat, un groupe d'écrivains qui défendait la liberté d'expression).
C'est un livre dans lequel il n'est pas facile d'entrer, au sens habituel d'un roman. le 4 de couverture (ainsi que d'autres critiques) résume ainsi le livre : Adina s'aperçoit que des inconnus découpent la fourrure de renard qui décore son appartement, et ce jour après jour en son absence. Elle est donc espionnée par la Securitate et elle découvre de plus qu'une de ses amies fréquente justement un officier de la Securitate.
L'histoire du renard commence p.135, soit à la moitié du livre, et on retrouve sa trace par bribes jusqu'à la fin du livre. En fait, même si « le renard est le chasseur », je ne crois pas que ce soit vraiment l'histoire (ou plutôt un fragment de l'histoire). En fait, il y a de mystérieux visiteurs (aux marques de graines de tournesol ou de mégots dans les toilettes). le renard voit ses pattes coupées, et on se doute qu'après la quatrième, ce sera au tour des visités d'avoir des ennuis. Que se passe t'il à la fin du livre ? Assiste t'on à la chute du dictateur et de sa femme (est ce ainsi passé à la télévision ?). Que changera cette chute ?
Le livre rappelle souvent « le faisan ». Il ne s'agit pas vraiment d'un roman (même au sens de « la Convocation »). C'est plutôt un suite de petits tableaux, chacun d'entre eux brossé avec beaucoup de minutie. le style adopté, par phrases très brèves, ou paragraphes courts se prête magnifiquement à ce genre de tableaux. Mais il y a d'autres histoires qui se coupent et se déroulent dans le livre, ou dont on retrouve les personnages. Ainsi les pécheurs ou l'histoire du ferblantier. « le huitième jour, Dieu n'a gardé d'Eve et d'Adam qu'une touffe de cheveux. Il en a fait la volaille. Et le neuvième jour, Dieu, face au vide du monde, a fit un rot. Il en a fait la bière »
Au final, c'est sans doute des trois, le livre le plus élaboré. C'est sans doute aussi un style bref, incisif, qui change des romans traditionnels. « En août, dans cette ville, il y a des jours où le soleil est un potiron épluché » Est ce que cela « révolutionne » le genre ? Sûrement pas au sens de Joyce ou même de Lobo Antunes (qui n'a pas eu le Nobel, donné cette année là à Saramago). Pas non plus de la classe de Orhan Pamuk pour ce qui est de dénoncer la torture (ou du moins cela est fait dans un registre très différent, et tout aussi intéressant). Il fut donc espérer que ce prix accélèrera la traduction des autres oeuvres de HM.

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Je ne sais pas si c'est le confinement qui me tape sur le système ou non mais là, franchement, je n'ai plus la patience avec ce roman. J'en suis presque à la moitié et je n'ai plus vraiment envie de lire. Il est pourtant court.
Et c'était pourtant bien parti, car j'aime les auteurs qui ont une écriture bien à eux et là, il est évident que c'est le cas. Au départ je me suis dit "c'est original, poétique", puis de moins en moins, puis plus du tout.
C'est un récit qui ressemble à un long poème en prose. J'ai déjà lu des romans poétiques que j'ai appréciés mais là, c'est un long poème en prose très hermétique. Bien sûr on finit par comprendre les phrases, mais quand il faut en relire une sur trois deux fois de suite, ça devient énervant. C'est très descriptif, avec des phrases courtes et tranchantes. Remplies de comparaisons et métaphores parfois naïves. Comme si les habitants ne pouvaient que décrire leur vie qu'ils subissent, sans pouvoir avoir un regard réflexif dessus, simplement la décrire, sans pouvoir vraiment réfléchir, englués qu'ils sont dans une vie de misère et de peur. La moindre chose prend donc une résonance poétique car ils n'ont justement pas grand chose pour vivre heureux. À ce titre, je comprends ce style, il transmet une ambiance difficile et pesante, celle de la vie sous Ceausescu.
Mais au bout d'un moment, c'est franchement éreintant pour le lecteur et ça frise l'exercice de style pur. Et l'intrigue n'a toujours pas commencé vers la moitié du roman, et l'on se perd dans les nombreux personnages. Alors non, je n'ai plus la patience. Peut-être une autre fois qui sait ?
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Le choc des mots, la roumanie de caucescu mais pas de politique, les gens, les lieux, l'Ambiance, noir austère, grise, la misère, tout ceci décrit par des tableaux visuels et émotionnels, ou du moins non il n'y a plus d'émotion. Ecriture magnifique, un tout petit livre d'une grande puissance. Lisez le
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Avouons-le: j'ai eu du mal à entrer dans cette oeuvre, du mal à l'apprécier et du mal à arriver au bout.
Le style si particulier m'avait déjà frappée chez cet auteur, mais là où je trouvais qu'il complimentait finalement assez bien les thèmes de la bascule du souffle, ici, ça n'a servi qu'à me bloquer.
Les thèmes pourtant, la vie dans le cadre de la dictature roumaine, je trouvais cela fort intéressant: ce sont des pans de l'histoire européenne moderne dont on parle finalement si peu! Je suis contente de l'avoir lu mais je ne continuerais peut-être pas tout de suite ma découverte de cet auteur.
C'est un peu un rendez-vous manqué, mais que cela n'empêche pas d'autres lecteurs de s'y plonger, car peut-être qu'eux réussiront là où j'ai échoué.
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