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EAN : 9782070129706
240 pages
Gallimard (08/03/2012)
3.92/5   38 notes
Résumé :
La Roumanie ploie encore sous la terreur de Ceaușescu et de ses services secrets quand la jeune Lola quitte sa province du sud pour s'installer à Timisoara, dans un foyer où elle partage un dortoir avec cinq autres jeunes filles.

Elle veut fuir cette misère que la narratrice, une de ses co-locatrices, croit encore lire sur son visage, faire des études, réussir malgré tout. Elle emprunte souvent des vêtements aux autres filles quand elle sort, à ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (21) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais découvert, au moment de l'attribution du Prix Nobel de Littérature en 2007, cette autrice, roumaine mais de la minorité germanophone, qui a fui la Roumanie du dictateur Ceaucescu pour vivre en Allemagne.

C'est le troisième roman que je lis d'elle, après L'homme est un grand faisan sur la terre et surtout La bascule du souffle, un roman extraordinaire qui transforme en un merveilleux récit poétique la vie cruelle et inhumaine d'un jeune roumain germanophone dans un camp de travail forcé en Union Soviétique, après la deuxième guerre mondiale.

Dans cet animal du coeur, dont je laisse au lecteur le soin de deviner ce qu'il est, j'ai retrouvé cette façon de raconter, cette composition et ce style incomparables, bref cette beauté extraordinaire qui transforme une réalité dure et cruelle en un récit poétique.

C'est un pan de la vie terrible des gens sous la dictature de Ceaucescu qui est la toile de fond du roman. La narratrice, de la communauté germanophone, dont on ne saura pas le prénom ni le nom, étudiante au début du récit, est confrontée au suicide de Lola, une camarade de chambrée, à son « procès » posthume en exclusion du Parti, et à sa propre lâcheté, ainsi que celle de ses camarades, qui en Assemblée Générale, n'auront pas le courage de contester cette décision.
Mais elle gardera le journal de Lola, et avec ses amis, Edgar, Georg et Kurt, le cachera, ainsi que des livres et des poèmes.
La suite que je ne développe pas en détails, est faite de la vie de ces jeunes, d'abord étudiants puis entrés dans la vie professionnelle, des interrogatoires policiers suite à la découverte du carnet, des vexations, du tabassage de l'un d'eux par des « mercenaires » du pouvoir, du licenciement de la narratrice, puis celui d'Edgar, de l'émigration de Georg en Allemagne où il se défenestrera (ou sera défenestré?), du suicide de Kurt (selon le même mode opératoire qu'avait employé Lola) et du départ de la narratrice et d'Edgar en Allemagne. Mais il y a aussi le bonheur de l'amitié, dont on sent qu'elle est au bord de l'amour, de la narratrice avec Teresa, la fille d'un sculpteur proche du pouvoir, de la relation affectueuse avec sa mère, et de tant d'autres choses qui font la vie des petites gens dans ce climat oppressant de dictature.

Mais mon commentaire ne serait pas du tout complet s'il n'évoquait pas façon unique dont le roman est fait.
D'abord la trame narrative.Elle fragmente souvent l'ordre des événements, des souvenirs d'enfance surgissent parfois. J'ai lu que cela déconcerte et irrite des lecteurs. Ce n'est pas mon cas. Je trouve que ce ce mode de narration « impressionniste », par « touches » , fait partie de sa beauté. Mais c'est là la limite de l'inévitable subjectivité que tout un chacun peut avoir dans la critique d'une oeuvre, que ce soit roman, poésie, musique, peinture.
Et puis, le style. Un style merveilleux, où le trivial est porté par des phrases si poétiques. Il faut le lire pour s'en rendre compte.

Vous l'avez compris, j'aime énormément Herta Müller, et au passage, je trouve que ces femmes Nobel de Littérature, ces Toni Morrison, Herta Müller, Svetlana Alexeivitch, Elfrid Jelinek, etc…partagent, en plus de leur engagement politique ou sociétal, une façon de raconter hors du commun.

Pour finir, une digression, peut-être hors sujet, tant pis. Alors que je lisais ce livre, j'ai vu aux informations TV défiler dans les rues de nos villes françaises des énergumènes, femmes et hommes de tous âges, et même des soignants, ce qui est un comble, portant des pancartes contre la «dictature sanitaire », et d'autres avec ce mot que je chéris tant, «Liberté». Franchement, je trouve que c'est une insulte à toutes celles et ceux qui ont vécu ou vivent de nos jours dans de vraies dictatures. En effet, qu'y a-t-il de comparable entre ces contraintes auxquelles nous devons nous soumettre: vaccination, respects des gestes barrières, etc…., en vue de préserver collectivement notre santé, surtout celle des plus fragiles, et d'avoir une vie sociale la moins mauvaise possible, et tous ces régimes politiques, tel celui de Ceaucescu, où l'être humain est soumis à des contraintes insensées, est contrôlé dans ses moindres faits et gestes et voit sa vie menacée en permanence?
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Ce livre magnifique et poignant, comment en parler sans utiliser des superlatifs idiots qui n'effleureront que la surface de cette écriture. Ces mots enrobés d'une poésie toute métaphorique vous arrache le coeur. Ce pays, la Roumanie, qu'Herta Müller décrit, son pays, est cauchemardesque. Il pourrait devenir grotesque si le miroir réaliste était déformant. Mais il ne l'est pas, on le sent bien, il est peut-être en dessous de la réalité. Chaque être vivant, humain ou animal, se débat pour survivre, dans une misère quotidienne, une atmosphère déliquescente et absurde. Tout est étouffé, englué, plombé ; c'est une nasse dont on semble ne pas devoir s'échapper. Sauf par la mort ? Pourtant ce livre parle de rires, de chansons, d'amour, d'amitié, d'un fil tenu d'espérance et de résistance, malgré la peur, l'angoisse et la désespérance. Alors comment faire ? Lorsque que l'on veut juste, même pour un instant, sentir le souffle de la liberté circuler sous ses pas ?
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Je retrouve Herta Müller, une fois encore, impatient, le coeur battant. Les premiers mots sont de cette veine que j'aime, à la poésie chirurgicale faite de métaphores limpides et étranges. C'est sa façon de décrire cet univers particulier que j'aime. Comme si elle parlait une langue inconnue dont la musique vous essouffle malgré tout. Les premières lignes ont suffi à faire renaître en moi cette impression familière et inédite pourtant, l'idée d'un moment retrouvé, mais rare pourtant. Je place pour ces raisons Herta Müller parmi les plus grands écrivains que la langue allemande a donné - et elle n'en manque pas. Lire Herta Müller, c'est accepter - avec réticence parfois, tant sa langue est âpre - de franchir le seuil de son univers, et donc de quitter le vôtre ; c'est accepter de passer du côté de ce monde peut-être disparu - la Roumanie de Ceaucesu - et y perdre tous ses repères ; c'est donc accepter de se laisser guider par elle, parmi les villes, les femmes, les hommes, les vivants et les morts, les objets et la nature. Franchissez ce seuil, il s'ouvre sur des mots d'une force incroyable !
Animal de coeur revient sur les grands thèmes d'Herta Müller : vivre en dictature, y poursuivre son identité, en vain souvent, y mourir face à l'impossibilité de vivre. Ici, c'est la quête de soi de jeunes gens de la communauté allemande, enfants de SS, ouvriers d'usine, et perdus dans ce pays. Les hommes de main du régime y mangent des prunes vertes, une façon d'avaler d'indigestes verités. Et la métaphore de l'animal du coeur que chacun porte en soi installe une autre vérité, celle que chacun enferme, retient, nourrit au plus profond de soi, en attendant la fuite, la liberté, ou la mort. Comme souvent chez Herta Müller, la nature est omniprésente, comme le pendant de la ville en dictature. Il y a cette sensation que les nuages, les arbres (mûriers, pruniers), terre ferme, sont à la fois l'aspiration à la liberté, et le cadre physique qui contraint l'individu. Sur le sol, les mouvements semblent toujours ramenés à la pesanteur - comme attachés à ce sol de malheur. Herta Müller creuse inlassablement son sillon, parfois déroutant, toujours envoûtant.
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La narratrice,toute jeune fille, rapporte les faits et les comportements des adultes tels quels et le lecteur comprendra plus tard de quoi il s'agit, ce qui rend l'entrée dans ce roman assez difficile . Elle est avec sa famille originaire du Banat roumain au sein de la minorité germanophone. Son père a été SS.
On s'intéresse d'abord avec elle à Lola, une camarade de chambre retrouvée pendue dans son placard : suicide ou assassinat ?
On suit ensuite ses amis Edgar, Kurt et Georg, étudiants puis jeunes adultes entrés dans la vie professionnelle, et toujours poursuivis par la police de Ceaucescu : surveillance de chaque déplacement, fouilles de leurs affaires, interrogatoires sous le regard cynique de Piel et de son chien, prêt à en découdre. Quand ils sont licenciés, ils fuient le pays, pas pour longtemps. Pour communiquer entre eux, ils utilisent des stratagèmes et des messages codés.
La jeune fille et sa mère n'échappent pas à ces représailles. Sa peur la renvoie souvent à ses souvenirs d'enfance et passé/présent se confondent dans le récit.
Et puis il y a Téréza son amie qui a une "noix" sous les aisselles et dont elle aurait dû se méfier !
Quant aux autres personnages, ils vivent aussi dans la misère et s'adaptent ou pas à la dictature.
L'auteure a un style très particulier, procède souvent par images, par métaphores et utilise des expressions en leitmotiv : animal du coeur, prunes vertes, collants d'une finesse aérienne, cimetière...
J'ai beaucoup aimé l'écriture et la composition de ce roman et apprécié la façon dont est décrit le fonctionnement d'une dictature. Utilisons ce terme à bon escient...
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Challenge Nobel 2013-2014
4/15

Drôle d'expérience que la lecture de Herta Müller. J'ai d'ailleurs dû m'y prendre à deux fois avant de vraiment commencer, et de me dire que j'ai bien fait de ne pas tenter la lecture en VO.
Une narration pas toujours simple à suivre, des images insolites, une chronologie heurtée, des conversation incluses dans le texte : la lecture n'en est pas simplifiée et ne se prête pas au manque de concentration ; le lecteur DOIT être attentif (mais nous ne manquons pas de courage et d'esprit : nous ne faillerons pas !) Mais du coup, j'ai eu l'impression que le message qu'elle veut faire passer, la dictature, tue les êtres, les avilit, et les déshumanise (en substance), s'en est trouvé affaibli. Je n'ai pas senti la force du verbe, à force de devoir renouer les fils. Rien n'est donné, tout est à trouver (elle a une haute estime de ses lecteurs, un bon point pour elle !)
Une lecture mitigée, donc.
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critiques presse (3)
Telerama
04 avril 2012
Le ton n'est pas à la confession ni à l'introspection, dans ce livre tourbillonnant. Ressassements d'un enfant, qui sent la vérité coincée sur sa langue comme un noyau de cerise.
Lire la critique sur le site : Telerama
LeMonde
12 mars 2012
Le résultat, c'est une oeuvre qui, inlassablement, dit la dictature au quotidien.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LeMonde
12 mars 2012
Animal du coeur est une lecture exigeante mais qui ne s'oublie pas.
Lire la critique sur le site : LeMonde
Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Le capitaine Piele dit : tu vis de cours particuliers, de tentatives de subversion du peuple et de coucheries. Tout ça est illégal. Le capitaine était assis à son grand bureau tout reluisant, et moi à une austère table de pécheresse. Sous son bureau, je voyais deux chevilles blanches et, sur sa tête, une calvitie aussi humide et bombée que le palais de ma bouche. Je voyais sa calvitie sur un oreiller funéraire rempli de sciure, et ses chevilles sous un linceul.
Et sinon, comment ça va, demanda le capitaine. Son visage n'était pas haineux. Je savais que je devais faire attention, car la dureté arrivait toujours par-derrière, quand son visage était tranquille. J'ai de la chance d'être tombée sur vous, dis-je. Moi, je vais bien, en fonction de ce que vous décidez. C'est bien pour ça que vous travaillez.
Ta mère veut quitter le pays, dit le capitaine, c'est écrit ici. Il agita une feuille manuscrite. C'était une écriture qui n'était pas celle de ma mère, me semblait-il. Je dis : elle, peut-être, mais moi, je suis loin de vouloir ça.
Le même jour, j'écrivis un petit mot à ma mère pour lui demander si c'était bien son écriture. La lettre ne lui est jamais parvenue.
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Ne pas oublier la date quand on écrit, dit Edgar, et toujours mettre un cheveu dans la lettre. S’il n’est plus là, on sait qu’elle a été ouverte.
Un seul cheveu à la fois, pensai-je, dans des trains parcourant le pays. Un cheveu noir d’Edgar, blond de moi. Un roux de Kurt et de Georg. Les étudiants les appelaient les gars en or. En cas d’interrogatoire, une phrase parlant de « ciseaux à ongles », dit Kurt ; pour une fouille, une phrase comportant le mot « chaussures », pour une filature, une phrase avec le mot « enrhumé ». Toujours un point d’exclamation après la formule d’appel, mais une simple virgule en cas de menaces de mort.
Les arbres du rivage pendaient dans l’eau. C’étaient des saules communs et des saules fragiles. Dans mon enfance, les noms des plantes savaient la raison de mes actes. Ces arbres ne savaient pas pourquoi nous marchions le long du fleuve, Edgar, Kurt, Georg et moi. Tout ce qui nous entourait sentait l’adieu. Aucun de nous ne dit ce mot.
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J'ai raconté à Tereza ce qu'est un interrogatoire. J'ai commencé sans raison, comme en parlant toute seule. Tereza s'agrippait à sa fine chaîne en or, de deux doigts. Elle ne bougeait pas pour ne pas troubler ces sombres précisions.
1 veste, 1 chemisier, 1 pantalon, 1 collant, 1 culotte, 1 paire de chaussure, 1 paire de boucle d'oreille, 1 montre bracelet. J'étais toute nue,ai-je dit.
1 carnet d'adresse, 1 fleur de tilleul séchée, 1 trèfle séché, 1 stylo bille, 1 mouchoir, 1 mascara, 1 rouge à lèvre, 1 poudre, 1 peigne, 4 clefs, 2 timbres, 5 tickets de tramway.
1 sac à main.
Tout était noté dans les rubriques d'une feuille. Moi le capitaine Piele ne m'a pas notée. Il va me mettre en prison. On ne pourra lire sur aucune liste qu'à mon arrivée j'avais 1 front, 2 yeux, 2 oreilles, 1 nez, 2 lèvres, 1 cou. Je le tiens d'Edgar, de Kurt et de Georg : au sous sol, il y a des geôles.
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Le souffle s’échappant de nos bouches grimpait dans l’air froid. Une bande d’animaux en fuite nous passait devant le visage. Je dis à Georg : regarde, l’animal de ton cœur s’en va. Georg me releva le menton avec son pouce : toi et ton animal du cœur souabe, fit-il en riant.

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Une fois par semaine, une mère prend le train pour aller en ville. Une enfant a le droit d'y aller deux fois par an. Une fois au début de l'été, et une fois au début de l'hiver. En ville, l'enfant se trouve laide, parce qu'elle est bien trop emmitouflée. La mère l'emmène à la gare à quatre heures du matin. Il fait froid, même au début de l'été, à cette heure là. La mère veut être sur place à huit heures, pour l'ouverture des magasins.
D'une boutique à l'autre, l'enfant enlève quelques vêtements, les porte à la main et en perd certains en ville. Voilà pourquoi sa mère n'aime pas l'y emmener. Mais il y a une chose plus grave : la petite voit les chevaux trotter sur le macadam. Elle s'arrête et voudrait que sa mère attende, elle aussi, que d'autre chevaux arrivent. Sa mère n'a pas le temps d'attendre, et ne peut pas repartir toute seule. Elle ne veut pas perdre l'enfant en ville. Elle est obligée de tirer l'enfant par la main. La petite se fait traîner en disant : t'as entendu, les sabots font un autre bruit que chez nous.
D'une boutique à l'autre, puis pendant le trajet de retour en train, et des jours plus tard, l'enfant demande : pourquoi les chevaux ont des talons hauts, en ville.
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Video de Herta Müller (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Herta Müller
http://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=livre&no=59753&motExact=0&motcle=&mode=AND
DU TRAUMA À L'ÉCRITURE
Un point de vue sur la création littéraire de Herta Müller
Radu Clit
Études Psychanalytiques
Décelé dans la création littéraire de Herta Müller, le rapport du trauma avec l'écriture se décline différemment en fonction des quatre types de prose qui sont isolés dans la création de la lauréate du prix Nobel de littérature 2009. Dans son volume de début, le trauma est ou physique ou subi par des animaux. Les romans qui décrivent la vie quotidienne sous le régime communiste présentent des traumas infligés par les autorités de l'état. Dans le camp de travail soviétique, le trauma est intégré dans le cadre existentiel. Les essais de l'écrivaine ouvrent la perspective autobiographique et montrent que tous les traumas présentés ont été subis ou par elle, ou par sa famille.
Radu Clit a déjà publié un livre et plusieurs études sur les effets psychiques des phénomènes totalitaires. Psychologue clinicien, psychanalyste, psychothérapeute de groupe, il ajoute cette fois à l'approche interdisciplinaire la grille d'analyse littéraire, ce qui lui permet d'affiner certains points de vue avancés précédemment.
Broché - format : 13,5 x 21,5 cm ISBN : 978-2-343-14532-7 ? 16 mai 2018 ? 230 pages
+ Lire la suite
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