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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'espère que le jury Nobel n'a pas choisi Herta Müller juste parce qu'elle représentait une minorité opprimée. Comme dans plusieurs de ses livres, elle décrit ici l'exil, et surtout l'attente de l'exil, dans une communauté germanophone en Roumanie.
Décrit ? Il s'agit d'une évocation, dans une prose poétique et surréaliste, entremêlée de moments d'une crudité difficile à supporter.
La situation de ces familles sous le régime de Ceaucescu, sous la corruption et les abus de pouvoir de l'administration et de l'église, l'exil comme seule solution, les souvenirs de guerre, les rancunes accumulées (justifiées ou non), les superstitions résiduelles, mais aussi des visions inexplicables, des images incompréhensibles... La prose d'Herta Müller est tout le contraire de ma phrase précédente. Tout est dit sèchement. En des phrases courtes. Sans sentiments. Avec des répétitions. Mais aussi des fulgurances.

Un livre extraordinaire par le style et par les images, qui coupe le souffle, à la limite de l'écoeurement par moments, et avec des moments qui me sont restés hermétiques mais que j'ai admirés. Vraiment une expérience (dure pour moi dans un moment difficile) choquante mais stupéfiante ; chacun décidera s'il tente l'aventure, je ne regrette pas du tout d'avoir embarqué.
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Un roman sans joie, dont aucun personnage n'est vraiment sympathique.

Cet ouvrage de la récipiendaire du Nobel 2009 n'est pas facile d'accès. Comme plusieurs autres lecteurs, j'avais d'abord refermé le petit bouquin après les premiers chapitres, rebutée par l'écriture sèche et la sexualité crue.

J'ai repris la lecture en 2014 et j'y ai rencontré la vie difficile, l'impuissance devant les autorités qui s'emparent de tes biens, l'attente de passeport avec toutes les compromissions nécessaires pour l'obtenir… sans pour autant y trouver quelque espoir ou bonheur lorsque les papiers arrivent finalement.

J'ai tenté de déchiffrer les métaphores et les descriptions d'un pays rude et désespéré, fait tantôt de sécheresses et tantôt de pluies abondantes.

J'ai découvert d'étranges légendes : un pommier qui mange ses pommes, une chouette qui annonce la mort, et un grand faisan qui n'a pas livré sa signification…

Un monde sans joie, c'est étrange, mais n'est-ce pas la qualité de la littérature que de nous amener en des lieux émotionnels différents?
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Je connaissais la réputation de l'écriture de Herta Müller, concise, froide, déprimante, et pour cette raison j'avais tardé à la lire.
J'ai été surprise par la part d'imaginaire et de poésie qu'il y a dans ce court récit, où éléments naturels et émotions se confondent. J'ai souvent repensé à Colline de Jean Giono, lu il y a quelques semaines, où la nature est également une part importante de l'imaginaire.
Le début est comme l'entrée dans un rêve où le paysage est changeant, interfère avec la réalité, le rêve est d'ailleurs récurrent dans le récit par l'entremise du veilleur - quelle ironie! - seul homme du village à avoir décidé de ne pas émigrer.
Nous sommes dans les années 80, dans une Roumanie dirigée par Ceaucescu, le "père du pays", au coeur d'une petite communauté allemande - celle dont Herta Müller faisait elle-même partie. Tous attendent leur visa pour quitter le pays et aller en Allemagne, comme Windisch, le meunier, sa femme et sa fille Amélie.
Mais Windisch a beau amener jour après jour les sacs de farine exigés par le milicien du village afin d'obtenir les papiers réglementaires, celui-ci repousse sans cesse l'échéance. le meunier sait bien que la solution se trouve en Amélie, que le milicien attend, lui ainsi que le prêtre qui doit lui délivrer son acte de naissance, en présence bien sûr de la jeune fille... Mais Windisch, dont la femme a survécu au Goulag en se vendant, ne peut pas se résoudre à livrer sa fille aux deux hommes corrompus.
Cette réalité du pays où Herta Müller a grandi est racontée à coups de phrases courtes. Les corps y sont extrêmement réalistes et omniprésents; les analogies au lait - le ciel, les nuages, les flaques - créent une atmosphère malaisante qui rôde tout au long des pages.
Bien que parfois opaque, j'ai trouvé cette lecture fascinante par ce qu'elle est capable à la fois de dire et d'éveiller sur cette partie de l'histoire roumaine.
Je suis curieuse de découvrir d'autres oeuvres plus récentes d'Herta Müller.
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" Chacun doit faire la putain pour survivre " et, c'est ce que raconte Herta Mûller dans son roman, dans sa fable et un peu dans cette biographie déguisée des années passées sous la dictature de Ceaucescu !
Un meunier ( Mûller est meunier en Allemand ! ) Windisch veut émigrer vers l'Ouest et, il a beau livrer des sacs de farine volés au maire, avancer de grosses sommes d'argent : le passeport promis n'arrive pas . En dernier recours, il décide de laisser sa fille chérie : Amélie se livrer à la prostitution avec un milicien et un pasteur !
Un roman étonnant avec des petits chapitres aux titres poétiques qui, sans suite logique vont faire apparaître la vie difficile des ruraux écrasés, persécutés, martyrisés par l'oppression, la maltraitance ! On sent dans ce récit froid, dépourvu de sentiment, dans ce monde sans joie : toute la douleur que Herta Müller et les roumains d'origine Souabe comme elle ont du supporter mais, en même temps à cette noirceur vient s'ajouter l'évocation de la nature, omniprésente avec les chouettes, la lune, les fleurs séchées par la chaleur, le pommier qui dévore ses pommes et, les intérieurs dépeints avec des objets qui ont une vie autonome : le coucou, le couteau, les tableaux, les draps, la vaisselle et la larme de verre à remplir avec de l'eau de pluie !
Bref, : un univers parfois surréaliste avec une musique blanche qui enveloppe les personnages, avec la crudité du langage et, en même temps la luminosité des accents de la poésie !
Herta Müller a obtenu le Prix Nobel de littérature en 2009 pour l'ensemble de son oeuvre " pour avoir dépeint l'univers des déshérités avec la densité de sa poésie, la franchise de sa prose ".
L.C thématique de février 2023 : un animal dans le titre.
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Des phrases courtes. Parfaitement ciselées.
Des phrases courtes qui font des chapitres courts.
Des chapitres courts qui peignent un tableau.
Un tableau sombre et mystérieux.
Dans un ouvrage court. Mais intense.

Entre prose et roman, une histoire se dessine.
Par petites touches, on suit Windisch.
Son présent. Son passé. Ses aspirations...
Le passé complique le présent.
Le futur est un horizon nuageux.

Et la chouette vole au dessus du village.
Elle entraîne avec elle la mort.
La mort et les inquiétudes.
La mort et l'incertitude.

Partir. C'est le rêve de cette famille germanophone.
Quitter la Roumanie. Tel est l'enjeu.
Mais la quête des passeports est ardue.
Corrompre et se compromettre.
Perdre sa dignité au présent.
Et revenir un jour. Après. Comme une revanche.

Un livre dur. Une écriture belle. Et âpre.
Un livre marqué par l'expérience.
L'expérience d'Herta Müller dans la Roumanie de Ceaucescu.
L'expérience de l'attente.
De la frustration. Des désillusions.
Et au bout du chemin.
L'émigration.
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Lecture pas toujours aisée. C'est pourtant incroyablement cynique et réaliste (les deux n'étant pas spécialement opposés). Un vrai must.
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La communauté allemande de Roumanie. Un village Souabe où chacun construit son existence sur l'espoir d'obtenir le passeport d'émigration vers l'Allemagne. le meunier Windisch déambule dans cet espace. Phrases sèches pour en expliciter les paysages. Phrases courtes qui semblent attester que dans cet univers clos, les mots sont dispensés au compte-goutte. le non-dit est pesant, et parfois les mots éclatent. Une ambiance qui évoque « le ruban blanc ». Pesant.
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Ce récit court est très poignant, très dur sur le fond de misère du village roumain, mais aussi du passé (les prisonniers en Russie après la Seconde Guerre mondiale, les superstitions à propos d'un arbre, des chouettes, etc.). Les phrases sont courtes? Je lirais bien d'autres livres de cette auteure (comme La convocation), aussi en allemand...
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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Ce récit court est très poignant, très dur sur le fond de misère du village roumain, mais aussi du passé (les prisonniers en Russie après la Seconde Guerre mondiale, les superstitions à propos d'un arbre, des chouettes, etc.). Les phrases sont courtes? Je lirais bien d'autres livres de cette auteure (en plus de la convocation), aussi en allemand...
Lien : http://vdujardin.over-blog.c..
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