Aucun musée n'a été formé avec autant d'amour, aucun n'a exercé une influence plus profonde sur l'art contemporain , aucun aussi n'a traversé plus d'épreuves que celui auquel les Médicis ont attaché leur nom. Dix générations d'amateurs enthousiastes se sont dévoués à son enrichissement ; les plus grands maîtres de la Renaissance, Donatello , Ghiberti, Verrocchio, les deux Lippi, Ghirlandajo, Botticelli, Léonard de Vinci, Michel-Ange, Raphaël, y ont cherché des inspirations, des modèles ; tandis que, par une étrange et invariable contradiction, toutes les révolutions qui ont troublé Florence ont menacé l'existence de ces séries inestimables.
Dans les Précurseurs de la Renaissance , j'ai essayé de réhabiliter Pierre de Médicis, le fils de Cosme, figure peu favorisée de la nature, physiquement du moins (on lui avait donné le surnom de Pierre le Goutteux) , et passablement malmenée par les historiens ; mais esprit juste et méthodique, quoique sans grande envergure, et dont l'activité a été singulièrement féconde. Les documents que j'ai réunis depuis la publication de mon précédent travail me confirment dans la conviction que Pierre a été l'organisateur véritable du musée médicéen : ce que son père Cosme avait entrepris avec l'initiative et les vues supérieures de l'homme de génie , lui l'a accompli avec la persévérance , la minutie, la sagacité d'un collectionneur de race.