Relecture d'un livre que j'avais déjà beaucoup apprécié à sa parution française en 2011.
Murakami Haruki se prête merveilleusement bien à des relectures, j'y retrouve ce que j'ai aimé et découvre toujours des choses nouvelles. Les connaissances sur le Japon allant croissant également, je comprends mieux certains aspects.
Le premier tome de 1Q84 met en place les pièces initiales d'un puzzle qui prend son temps. Chaque chapitre est placé sous l'angle d'un des deux personnages principaux. On commence avec Aomame, jeune femme de presque trente ans, athlétique et taciturne, aux activités pour le moins mystérieuses.
Vient ensuite Tengo, jeune homme de presque trente ans, athlétique et taciturne, enseignant les mathématiques dans une juku et écrivain par vocation.
Autour de ces deux protagonistes gravitent d'autres personnages plus ou moins importants. Comme souvent chez Murakami, ils sont tous marquants et sortent de l'ordinaire. La jeune Fukada Eriko - Fukaeri, auteur de la Chrysalide de l'air - en est un exemple parfait.
Des liens se tissent entre toutes ces personnes et on se doute bien qu'il doit exister un rapport entre Aomame et Tengo. Pourtant ce qui caractérise le plus ces personnages est la profonde solitude dans laquelle ils évoluent. Que ce soit pour des raisons professionnelles, comme l'éditeur Komatsu, ou personnelles, ils semblent évoluer dans une bulle préservée d'autrui dans de larges mesures. Tengo reconnaît d'ailleurs son incapacité à s'investir, que ce soit avec une compagne ou même en amitié. Phénomène assez récurrent dans les romans de Murakami; ses personnages marchent généralement à contre-courant d'une société où le groupe l'emporte sur l'individu.
Dans ce premier volume, les intrigues proprement dites progressent peu. Il y a très peu d'action. Pour autant, aucun ennui à l'horizon. C'est un bonheur de se laisser emporter par le chant envoûtant de l'auteur. Une légère tonalité fantastique caractérise le texte. La frontière entre réalité et surnaturel est fréquemment poreuse chez Murakami. Comme si l'intrusion de faits irréels ou le déraillement de la temporalité n'étaient au final qu'un trait parmi tant d'autres.
Cela donne à l'ensemble un aspect flouté, brumeux, qui ensorcelle et attire le lecteur vers cet univers si particulier.
Tome 2, vite!