Mon manuscrit venait d’être rejeté par une dizaine de maisons d’édition. Jusqu’à présent, j’étais toujours parvenu à me persuader que ces échecs étaient l’antichambre de la réussite. Pour y croire, je m’accrochais à des exemples illustres : avant d’être le roman de science-fiction le plus vendu au monde, Dune de Frank Herbert avait essuyé une vingtaine de rejets. Stephen King répétait souvent que trente maisons d’édition avaient refusé Carrie. Enfin la moitié des éditeurs londoniens avaient trouvé Harry Potter beaucoup trop long pour des enfants. Mais cette méthode Coué commençait à connaître ses limites : j’avais du mal à me remettre à écrire. Ce n’était pas le syndrome de la page blanche qui me paralysait, c’était l’impression pernicieuse de ne plus progresser dans mon écriture.
Pour survivre, il faut raconter des histoires.
Les éditeurs sont des gens qui déjeunent jusqu’à 15 heures dans les restos de Midtown ou de Saint-Germain-des-Prés pendant que tu te brûles les yeux devant ton écran. Ce sont des gestionnaires de la littérature qui lisent tes textes à travers le prisme d’un tableau Excel. Des gens qui, une fois que tu auras connu le succès, raconteront qu’ils t’ont fabriqué. Les mêmes qui disaient à Simenon que Maigret était d’une écœurante banalité ou qui ont refusé Carrie, Harry Potter et Loreleï Strange.
L’enfer est vide. Les démons sont ici. – William Shakespeare
Il n’y a pas de pire angoisse que de porter en soi une histoire que l’on n’a pas encore racontée. – Zora Neale Hurston
Parce que ce n’est pas un boulot pour les gens sans d’esprit. C’est un boulot pour les schizophrènes. Une activité qui requiert une dissociation mentale destructrice : pour écrire, tu dois être à la fois dans le monde et hors du monde.
L'histoire de l'art, c'est l'histoire de la transgression.
Parce qu'il vaut mieux ne pas savoir certaines choses. L'ignorance est parfois une sorte de bouclier.
Romancier, c’est comme président de la république. C’est un titre qu’on garde, même quand on n’est plus en fonction.
L’art est long, la vie est brève.