AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur La Cheffe, roman d'une cuisinière (30)

Elle avait réalise un mets rigoureusement juste,
harmonieux et équilibré dans son austérité, un mets qui, selon l'expression que la Cheffe aimerait plus tard emprunter au vêtement,
tombait à la perfection.
p98
Commenter  J’apprécie          130
Elle n'était pas de ceux qui, à force de jouer les idiots le deviennent car ils oublient que ce n'était d'abord qu'un rôle, [...]
Commenter  J’apprécie          80
J’ai souvent pensé que mes sentiments pour la Cheffe m’avaient empêché de devenir un grand cuisinier, néanmoins je n’en éprouve pas de regret.
Je profite chaque jour de ce que mon amour a fait de moi et, si je peux vivre en bonne intelligence avec moi-même, c’est grâce à la façon dont mon amour exclusif, absolu, impérissable a transmué le garçon que j’étais avant, banalement désireux de réussir, commun, pragmatique, en jeune homme capable d’éblouissement et de renoncement.
Comment pourrais-je déplorer d’être devenu bien supérieur moralement et spirituellement à celui que j’aurais été si cet amour ne m’avait pas surpris ?
Je ne peux pas le déplorer […]
Je ne peux pas déplorer l’élargissement de mon courage, l’épanouissement de mon cœur étriqué, personne ne déplorerait cela, homme ou femme, personne.

[…]

Oh je parle de mes collègues d’alors, quand je travaillais pour la Cheffe et que, tout juste embauché comme commis, j’ai rejoint une équipe composée de garçons qui la côtoyaient depuis longtemps, aux opinions et sentiments desquels je me suis conformé, dans mon ignorance, avant de réaliser que je pensais bien différemment d’eux au sujet de la Cheffe, j’étais amoureux d’elle et je tachais de la comprendre avec toute la subtilité dont j’étais capable, j’étais mal dégrossi, j’étais très jeune, ma volonté de perspicacité se dérobait parfois et je ne voyais plus rien mais j’ai tenu bon, je me suis surpassé grâce à l’amour, j’ai appris à connaître la Cheffe mieux que personne, je n’en doute pas un instant, qui l’a aimé autant que moi ?

[…]

Je crois pouvoir avancer que je suis, d’une certaine façon, parvenu à mes fins, la Cheffe accueillit mon amour, l’accepta et le rendit quand elle put le transformer en quelque chose qui était plus grand que nous, quand elle sentit, en somme, que l’esprit de l’amour l’avait envahie.
Commenter  J’apprécie          60
La cheffe me dit: Si on me récompense, c'est que j'ai démérité.
p231
Commenter  J’apprécie          60
C’est un matin d’automne, alors que nous travaillions au service du déjeuner, que le téléphone sonna dans la salle.
Contrairement à son habitude, la Cheffe alla décrocher.
Je compris, lorsqu’elle revint, qu’un grand malheur lui était arrivé.
Elle nous regarda avec son curieux sourire qui tordait délicatement ses lèvres mais ses yeux étaient distraits et un pli de contrariété creusait son front, elle voulait sourire cependant et nous voir heureux, elle porta une main légère à sa tempe, rougit un peu, elle détourna son regard et nous dit que le Guide venait d’attribuer une étoile à la Bonne Heure en cette matinée de 1992.
Puis elle fondit en larmes […] Personne n’a su qu’elle était ravagée de honte. 
Commenter  J’apprécie          42
Le produit tout nu n’étant pas acceptable, ni plaisant à l’œil ni séduisant au goût, l’art de la Cheffe consistait à la modifier juste assez pour qu’il semblât alors superbe autant que délicieux, cependant parfaitement reconnaissable, intègre, exhibant fièrement et posément son aspect parfois singulier. (p. 220)
Commenter  J’apprécie          40
En ce qui me concerne, je tâchais toujours, en sa présence, de réprimer le libre cours de mes divers sentiments, ma propension à appuyer par des grimaces ou des gestes amples des phrases parfaitement intelligibles et, surtout, je veillais, en vain souvent, à ce que ma peau, mon odeur, l’invisible émanation de mon être ne portent pas vers la Cheffe la chaleur moite d’émotions dont elle n’avait que faire, et je regrettais de n’être pas naturellement, sans effort, laconique, puritain et lumineux, oui, je le regrettais tout en me consolant de la pensée que ce qui suintait de moi n’était pas ce que j’avais de plus mauvais.
Commenter  J’apprécie          30
p. 17

Vous avez raison, je n’ai pas appris grand-chose à l’école. Il suffisait que j’entre dans la classe pour sentir une anxiété sans motif contracter ma vessie et aussi, plus ennuyeux, chasser de ma mémoire ce que j’y avais fait entrer la veille, à la maison, pendant des heures appliquées, pleines ‘inquiétude et de désir anxieux de bien faire, d’être irréprochable, et voilà qu’en quelques secondes disparaissait le produit précieux de mes efforts pour apprendre et retenir, voilà la seule odeur de la salle, sueur, cuir, poussière, craie, transformait mon cerveau en ballon d’hélium tout prêt à s’envoler hors de mon crâne dès qu’un mouvement de ma part l’y autoriserait, ce mouvement je le connaissais bien – c’était celui qui faisait se recroqueviller ma toute petite personne tremblante et privée de souffle quand le professeur cherchait du regard qui interroger, j’avais l’air d’un coupable, d’un fainéant pas même capable d’assumer crânement sa paresse et son ennui, alors que j’avais envie de crier: je sais tout parfaitement, je peux répondre à vos questions ! (…)
Commenter  J’apprécie          30
Il lui semblait qu'on pouvait se comportait très mal au nom de l'amour mais jamais au nom de l'honnêteté.
Commenter  J’apprécie          20
[...] puis elle haussa les épaules et me dit en substance, d'un ton léger, qu'il importait peu de connaitre les origines et les motivations exactes; intimes, d'une amitié, que l'amitié elle-même se justifiait chaque jour par les mots et les gestes et ce qui m'avait fait entrer à La Bonne Heure un certain après-midi de printemps n'avait plus aucune signification quinze ans plus tard,quand une fréquentation quotidienne et de longues conversations nocturnes dans la cuisine déserte et silencieuse démontraient, fortifiaient, attestaient de cette amitié.
Commenter  J’apprécie          20






    Lecteurs (456) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Les Amants de la Littérature

    Grâce à Shakespeare, ils sont certainement les plus célèbres, les plus appréciés et les plus ancrés dans les mémoires depuis des siècles...

    Hercule Poirot & Miss Marple
    Pyrame & Thisbé
    Roméo & Juliette
    Sherlock Holmes & John Watson

    10 questions
    5263 lecteurs ont répondu
    Thèmes : amants , amour , littératureCréer un quiz sur ce livre

    {* *}