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sur 211 notes
La cheffe, c'est ainsi qu'est nommé la cuisinière tout au long du roman, comme « une sorte de prénom », explique Marie Ndaye. Nous apprenons à la connaître par petites touches grâce au narrateur, un ancien commis secrètement amoureux d'elle et qui raconte la femme énigmatique qu'il a admirée et avec qui il a travaillé sans réussir à percer son mystère.

La « cheffe », essai de féminisation du mot chef. Cette forme n'existe pas, « alors que c'est une orthographe qui existe parfois au Québec » regrette Marie Ndaye, « c'est important de féminiser » revendique-t-elle. Et elle en profite pour insérer ce mot tout au long du roman, sur chaque page à diverses reprises.

L'auteur met en avant le métier de cuisinier et dresse le portrait d'une femme qui a consacré sa vie à la cuisine. Le roman est l'histoire d'une obsession, « Rien n'existe en dehors de la cuisine. Sa passion dessine ses limites affectives. Elle ne veut pas juger les autres, elle ne veut pas se livrer. » La « cheffe » est une femme complexe sans nom et sans visage, cachée derrière sa fonction de chef, « Elle détestait être approchée, sondée, risquer d'être dévoilée. » Elle est portée par une farouche volonté de perfection et de dépassement de soi et sacrifie tout à son métier, la cuisine qu'elle considère comme un art. Elle devient rapidement un chef réputé et est récompensé de son travail.

On connait le style de Ndiaye, sa manière de proposer de longs développements à ses lecteurs, mais ici la recette ne marche pas vraiment, la sauce littéraire est trop épaisse, contrairement à celle plus sobre, plus légère et plus élaborée de son personnage principal. Les phrases sont très souvent trop longues, ce qui devient vite lassant et déplaisant, Ndaye adore étirer ses phrases sur de nombreuses lignes comme une pâte qu'on étire indéfiniment au rouleau à pâtisserie. Elle alourdit ainsi trop souvent son texte par un excès d'adjectifs et d'adverbes dont elle pourrait se passer, le lecteur est trop vite saturé et ne peut apprécier les morceaux proposés, aussi la recette ne peut-elle pas tenir ses promesses.

Fait rarissime, j'ai eu bien des difficultés à poursuivre la lecture de ce livre trop indigeste dans la forme et le style répétitif, et je n'ai pu que difficilement résister à la tentation de parfois sauter des lignes ou des pages. Les personnages ne sont pas vraiment attachants et ne peuvent donc susciter l'empathie et il ne se passe pas grand-chose avant que la fin du roman ne nous surprenne enfin. Il est toutefois dommage de devoir attendre le dessert, certes succulent ici, pour sortir de son ennui. Le meilleur des desserts ne peut à lui seul transformer un repas quelconque en repas de chef. Dommage !
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Voilà un roman bien singulier que le dernier opus de Marie NDiaye.
Le narrateur nous raconte la cheffe, sa cheffe, dont il a été et est encore éperdument amoureux.
C'est une belle histoire d'amour et de cuisine, une histoire simple avec des sentiments forts.
C'est en tout cas un roman à la langue magnifique, aux longues phrases par lesquelles il faut se laisser porter.
Je reconnais toutefois que j'ai eu quelques difficultés à m'attacher au narrateur comme à la cheffe dans la première partie du roman qui donne une impression de froideur, d'où une note intermédiaire.
Mais la langue est si belle et la fin du roman si réussie que je le termine sur une impression très positive.
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Un hommage à l'art culinaire, un art que la Cheffe va féminiser et sublimer.

Un portrait de femme par Marie NDiaye est toujours un voyage dans le temps, et dans l'espace infini des coeurs, qu'un phrasé fluide et envoûtant, va porter, depuis l'enfance jusqu'au plus haut de sa quête, à son apogée, une retraite que l'on devine, après un si long périple.

Les personnages qui accompagnent la Cheffe sont ses complices, ses aides ou ses cobayes, ils sont tous liés à son aventure, Marie NDiaye ne se disperse pas, la vie de la Cheffe est scannérisée, ceux-ci vivront pas à pas son ascension, ses bonheurs, ses doutes, l'affirmation d'une ascèse, la cuisine, une discipline portée au plus haut d'un art total et universel.

Le roman s'ouvre sur son enfance sur la pauvreté subie, voulue par ses parents comme une grâce, le travail juste pour nourrir une famille où le luxe est inutile, suspect. Ses parents lui enseignent la probité, la rigueur,le dépouillement.
La cuisine de la Cheffe émergera de cette simplicité, de bannir le clinquant l'esbroufe ou le trop plein.
Ses parents l'a mettrons au service de la famille Clapeau. Auprès de la cuisinière elle va découvrir cet univers qui deviendra son Graal, observant analysant elle deviendra la petite cuisinière des Landes, celle que le couple Clapeau fins gourmets considéreront "comme leur enfant"p134.

Un scrupule, ou comme un grain de sable qui enraye la vie de la jeune femme ; elle est enceinte, n'y a t-il pas de père ? Elle donne la vie à une petite fille. Il lui faudra des mois avant qu'elle reprenne son chemin, sa quête, car comment y échapper, "dès lors que le souffle de la cuisine avait bien voulu la visiter de nouveau.p155 "

Sa fille bien aimée, restera comme un gros caillou dissimulé dans sa chaussure et qui viendra sans cesse la provoquer, l'interroger sur son amour, l'ayant confiée à ses grands parents, la Cheffe cherchera sans cesse, "avec ferveur de racheter sa défaillance,p149 ".

Le dernier personnage, le narrateur, rentré jeune apprenti, serviteur zélé de la cheffe, son assistant, voue à la cheffe un amour passionné, sans retour, c'est lui qui recueille les confidences de la Cheffe, raconte son histoire, rend palpable le niveau d'exigence de ce grand chef qui décroche une étoile.

Adulée, pour son art, critiquée pour son caractère entier, âpre,
elle repousse les honneurs, comme ces compliments scolaires, les bons points de ceux qui ont bien répondus, "non me dit la cheffe : Si on me récompense, c'est que j'ai démérité. P231"

Elle se situe ailleurs sur une autre exigence en recherche d'une pensée d'une morale ou d'une espérance P142.
La préparation de la tarte aux pêches est un moment de pur bonheur. Toute la pensée de la Cheffe s'exprime dans ce point final qui ne doit ni effacer le souvenir des autres plats, ni égratigner le palais du gourmet, ni en mettre plein la vue, juste ce qui tombe bien, la délicatesse comme le baiser d'un au revoir soulignant tous les meilleurs moments sans en oublier aucun, la Cheffe avait cette classe.

Des lettres accompagnent cette narration, celles que l'assistant adresse à la Cheffe, il est parti vivre à lloret del Mar, récit étrange en décalage dans le temps, en italique, comme pour nous signifier qu'un jalon est posé pour continuer l'oeuvre de la Cheffe.


De Marmande à Bordeaux Marie Ndiaye à sillonné ces routes, côtoyé ces restaurateurs, ces êtres habités par une religion qui touche l'âme et la sensualité du corps sans rien oublier ni des couleurs ni des arômes.

Une femme la touchée, une autre femme puissante, fragile, sensible et déterminée à exister et construire sans chercher à plaire, comme si tous ses convives ressemblaient aux Clapeau, admirateurs simplement émerveillés.

Un roman au goût de miel sauvage, tellement féminin.


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Lu en deux fois, coupé avec d'autres romans. Parce que c'est long, ça tourne en rond, pas de chapitre, des répétitions, la Cheffe non attachante. le narrateur, éperdu d'amour pour sa patronne cuisinière, va la sublimer, l'encenser. Des paragraphes de plats, mais j'aurai aimé des descriptions de cuisine à m'en faire saliver. Autant lire une biographie de quelqu'un de connu. Les dernières pages nous montrent une histoire bien ficelée, mais un gros effort à faire avant d'y arriver. Style prétentieux. Je n'ai pas trouvé la force de ‘Trois femmes puissantes' du même auteur. Je regrette de n'avoir pas compté le nombre de fois où j'ai eu à déglutir le mot La Cheffe, la Cheffe, la Cheffe, la Cheffe, etc.
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Livre présenté à la GL, l'auteur m'avait interpellée et étrangement son personnage la "cheffe" me fait penser à elle. Comme en retrait d'un monde, appréciant que la simplicité, sublimant le divin avec un rien.

Ce roman est un peu déstabilisant par sa construction. Point de chapitres, des longues phrases, on perd parfois haleine mais jamais on ne se lasse de découvrir le trajet extraordinaire d'une jeune fille ordinaire. le destin lui a ouvert ses portes, elle a su s'immiscer, tracer sa route pour aller là elle le souhaitait au sommet de son art dans toute sa simplicité.
J'ai beaucoup aimé ce personnage autodidacte, courageux, ascète, bien dommage qu'une ombre soit venue troubler ce joli tableau.

La narration est également intéressante par cet homme qui nous livre l'histoire de la cheffe, éperdument en admiration pour cette femme talentueuse.

Un bel hommage à l'art culinaire loin des ronds de jambes et courbettes, et autres chichis des grands restaurants étoilés et des chefs qui se prennent pour des Dieux. Diantre, un peu de modestie ne vous étoufferait point. Lisez donc ce joli roman tout en finesse de Marie Ndiaye. J'ai adhéré totalement à l'esprit de la cheffe et au style de Ndiaye.
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Impression mitigée après la lecture de ce roman.
Le sujet m'a semblé intéressant et original. Il s'agit du portrait d'une cheffe, son enfance dans une famille pauvre, sa découverte de la cuisine et son parcours pour ouvrir son restaurant et obtenir une étoile.
C'est avec l'écriture que j'ai eu du mal. En effet, la narration est faite par une tierce personne, il s'agit d'un des employés de la cheffe, il est éperdument amoureux d'elle. Mais les paragraphes sont compacts, il n'y a pas de respiration, les phrases sont longues, alambiquées avec des retours en arrière. de plus, ce personnage de cuisinière autodidacte ne m'a pas semblé sympathique du tout et cela joue dans mon appréciation.
Au final, je suis donc un peu déçue.
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J'ai eu un moment d'hésitation avec ce titre! Parler d'une cuisinière, peut-être d'une cuisinière africaine, je me suis dit, je m'attendais à retrouver un personnage, cloitré dans sa cuisine, ayant pour souci de satisfaire un mari capricieux ou des enfants grincheux. Mais, grande est ma surprise de constater que la cheffe est un personnage déterminé, sobre et très sagace dans son travail. La cheffe, une femme remarquable qui est parvenue à faire de sa passion, la cuisine, un art qu'elle respecte plus que tout autre chose. L'auteure nous renvoie à une espèce d'école de la vie en compagnie de la cheffe. Mais le récit ne m'a vraiment pas emballé, je me suis accrochée au début, puis je me suis déconnectée un peu. Au lieu de quelques heures de lectures vu le nombre de pages du livre, j'y ai passé quelques jours. Un peu de longueur, lourdeur par moment, aléatoire, on passe un moment de tergiversation avant de trouver son souffle. Je me suis plutôt attaché au personnage de la cheffe qu'à la narration, encore moins au narrateur, en vouloir trop exprimer sur la cheffe, le langage est devenu trop subjectif, pas vraiment accessible par moment!!!
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Quelque peu étrangère à l'engouement général actuel pour la cuisine, ne le considérant pas pour autant avec dédain mais ne parvenant que rarement à dépasser l'idée de l'obligation plutôt que d'envisager cette activité sous l'angle du plaisir, j'ai choisi ce livre de manière un peu circonspecte à moins que ce ne soit par provocation.
J'ai goûté ce féminin du mot chef et ce bandeau esthétique qui pour une fois, se contentait d'être muet. J'ai tout de suite aimé la prose soignée de Marie Ndiaye et ses longues phrases structurées (que j'ai maladroitement essayé d'imiter avec mon accroche).
Mais j'ai surtout été impressionnée par la manière à la fois rigoureuse et riche dont l'auteur dresse le portrait de ses personnages, des caractères façonnés, ciselés mais sans que l'effort paraisse. Quand vous pensez avoir suffisamment de matériau, quand vous pensez bien cerner votre personnage, vous constatez alors que d'autres mots, d'autres qualificatifs, tous pertinents et jamais affétés vont venir à la fois confirmer le portrait que vous avez esquissé mais aussi le préciser, l'enrichir jusque dans les moindres détails. On attend en général que cette attention particulière porte sur le personnage principal mais dans ce roman, le même soin est accordé aux personnages secondaires comme les parents de la cheffe (pauvres, joyeux, dignes, purs) ainsi que le narrateur, son assistant, avec un portrait qui se dessine en creux tout au long du roman par des passages en italiques amenant une histoire dans l'histoire, non sans intrigue d'ailleurs. Que fait-il presque caché dans ce village de vacances "pour retraités moyens" à siroter pendant des heures des apéritifs sucrés en compagnie d'amis qui ne le connaissent pas et dont la compagnie n'engage à rien ? Qu'est-il venu fuir dans ce décor de carte postale ?
Les Clapeau, un couple de bourgeois, nourrissant un amour inconditionnel pour la bonne chère et quelque peu honteux de cette obsession inavouable sont présentés également de manière très subtile. On les voit d'abord comme de simples gloutons mais l'auteure réussit progressivement à les colorer d'humanité et de sensibilité. C'est chez ce couple, d'abord employée comme simple bonne ce qui lui permet d' observer à loisir le peu d'inspiration de la cuisinière que la cheffe comprendra à quelle point elle se sent forte, précise et créative en cuisinant.
La cheffe (toujours appelée ainsi par l'auteure même quand elle est enfant) est une personne plutôt austère limite taiseuse, qui fuit les compliments et vit son art dans un souci de perfection, presque comme une ascèse, ne cherchant jamais à flatter la gourmandise et détestant que l'on perçoive ses plats comme des occasions de délectation sensuelle. Son assistant, le narrateur, lui voue un amour inconditionnel. Il adore à la fois la cuisinière exceptionnellement douée mais aussi la femme au caractère droit et sincère, exigeante mais jamais mesquine. Partie de rien, la cheffe devient bientôt la patronne d'un restaurant renommé et récompensé, distinction qui loin de la réjouir lui fait honte, car si elle a plu, c'est qu'elle a cherché à plaire et donc démérité (hé oui, la cheffe est une puriste).
Mais cette cuisinière dévouée et admirable qui a circonscrit sa vie privée au strict minimum ne peut cependant rien refuser à sa fille, présentée par le narrateur comme un personnage perfide et ingrat. Pourra-t-elle alors s'en tenir à la même honnêteté qui inspire sa cuisine et lui donne tout son sens ?
Ce roman, structuré par un beau portrait de femme, éblouit par sa finesse, sa maîtrise narrative et la palette des qualités humaines qu'il magnifie avec sincérité.

Lien : http://leschroniquesdepetite..
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Quelle personnalité hors du commun que cette femme, devenue cuisinière dès l'âge de 16 ans, et qui a développé tout au long de sa vie un sens inouï des saveurs, des couleurs, des mélanges légumes viandes poissons fruits!
Marie NDiaye parle dans ce roman de la "cheffe" dont on ne connaîtra le prénom qu'en fin d'ouvrage.
Elle cuisine, elle parle peu, mais ses regards et ses silences la décrivent.
Le narrateur est son assistant, il est totalement fasciné par sa cheffe, probablement amoureux aussi.
Elle mettra au monde une fille, avec laquelle les rapports seront compliqués, inégaux.
Le style de Marie Ndiaye est parfois difficile à suivre, phrases longues, retours en arrière mais si dans les premières pages j'ai bien failli reculer, très vite j'ai eu envie de me régaler de ce langage tellement soigné, et des nombreuses descriptions des plats, des préparations qui m'ont mis l'eau à la bouche.
Un roman pour les gourmets et pour les gourmands de littérature.
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La cheffe, roman d'une cuisinière est un roman qui me tentait depuis plusieurs mois et que j'ai finalement emprunté à la bibliothèque.
Je suis ravie de ne pas l'avoir acheté car mon avis sur cet ouvrage est très mitigé !
Ce roman est écrit à la troisième personne, le narrateur est un homme , collaborateur de cette femme et il est follement amoureux de la cheffe. Il nous présente cette femme qui a eu une enfance pauvre, qui a découvert la cuisine, une passion dans laquelle elle excelle.
Une femme présentée par un tierce et le problème, c'est que je ne me suis pas du tout attachée à cette personne ! Elle m'a laissée totalement indifférente.
Pareil pour le narrateur, il ne m'a pas vraiment plu.
Même si je l'ai lu en entier, j'ai réellement l'impression d'être passée un peu à coté de cette cheffe.
J'ai aimé l'écriture, il faut avouer que Marie NDiaye écrit bien, mais par moment c'est un peu lourd car c'est un peu compact. Des paragraphes plus aérés auraient été appréciables.
J'avoue hésiter sur la note car je n'ai pas détesté ce roman mais je ne l'ai pas non plus réellement aimé.
Je vais mettre trois étoiles, c'est la moyenne :)
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