AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,03

sur 296 notes
5
40 avis
4
24 avis
3
10 avis
2
2 avis
1
0 avis
Quel destin incroyable pour ce premier ambassadeur africain auprès du Vatican ! L'histoire de Dom Antonio Manuel m'est tombée dessus "par hasard", trônant soudain sur ma table de nuit, prêtée par une amie peu préoccupée de voir ma "pile à lire" s'allonger.

La lecture fut laborieuse, douloureuse, difficile et terrifiante. Pas de répit sur l'océan. Pas de souffle bienfaisant à bord. Pas de repos à la fin de la traversée. Mais j'ai tenu bon. Je suis allée jusqu'au bout des pages et j'ai bien fait !

Ce roman est d'abord éclairant. La part d'Histoire retracée ici m'était peu familière. Les événements, les belligérants, les alliances de la fin du Moyen-Age m'étaient étrangers et méconnus. J'ai été enseignée.

Ce roman est horrifiant. Wilfried N'Sondé, par son écriture percutante et terriblement réaliste, arrive à décrire le drame de l'esclavage, la violence de la déshumanisation et l'abomination des trafics en tout genre de l'époque. J'ai été ébranlée.

Ce roman est bouleversant. La profondeur de l'amour de Dom Antonio Manuel pour tout être humain, pour Thérèse en particulier, a su toucher mon âme au coeur de l'horreur absolue. L'Amour peut effectivement tout. J'ai été chamboulée.

Ce roman est décapant. Il m'a forcée et me force encore à me positionner face à tant d'horreurs commises au nom d'une certaine soit-disant humanité, d'une certaine foi, d'un certain roi, d'un certain peuple, d'une certaine époque. Une horreur qui existe encore sur notre planète, dans nos villages, dans nos maisons aujourd'hui. J'ai été remuée.

Ce roman est lumineux. Ca paraît étrange d'utiliser ce terme alors que la mort y est semée tout au long des pages. L'espérance y est pourtant présente. Totale. La force de vie prend le dessus sur le mal et sur les maux. Les brins d'humanité restants arrivent à chasser toutes les désolations. Le soleil revient toujours après l'orage. J'ai été profondément touchée.

Dom Antonio Manuel, à mes yeux, a quitté le monde des anonymes pour rejoindre le rang des héros. Il incarne avec humilité cette belle humanité qui rend chaque jour le monde un peu meilleur.

Sans peur, je peux l'affirmer : Ce roman est un chef d'oeuvre.
Un véritable coup de coeur !
Commenter  J’apprécie          262
L'empire du Kongo commence à sombrer quand le roi fait venir à lui le jeune prêtre Antonio Manuel pour le charger d'une lourde mission. Les coutumes et lois du royaume se sont diluées dans l'appât du gain que représente la vente d'esclaves aux Portugais et le roi se sent lui-même menacé. Il demande donc à ce jeune homme, élevé dans les traditions du Kongo puis converti au catholicisme de rejoindre le pape de Rome et de demander l'arrêt de l'esclavage.

Pour Manuel commence un long voyage qui va le mener en Amérique sur un bateau d'esclaves puis il rencontrera des pirates pour atterrir en Espagne et découvrir l'inquisition et finalement Rome. Tout au long de son voyage Manuel va découvrir la violence et la pauvreté qui gangrènent la vie de ceux qu'il rencontre, maux qu'il ignorait jusque là. Si les esclaves sont tout en bas de l'échelle, la vie des marins ne vaut pas beaucoup plus, la misère est grande sur terre comme sur mer. La violence est partout jusque dans la religion catholique qui renie la parole du Christ. le jeune homme va ouvrir ses yeux sur un monde violent, laid et pauvre tel qu'il ne l'imaginait pas et essayer de donner du sens à ce spectacle affligeant.

Ce roman dur, noir et sombre ,offrant peu de place pour la rédemption, est absolument magnifique. L'écriture fine et ciselée enrobe un récit d'une grande humanité que porte merveilleusement bien la candeur et la bonté de Manuel .

Un auteur vers qui je retournerai.
Lien : http://theetlivres.eklablog...
Commenter  J’apprécie          230
Le narrateur est né au royaume du Kongo en 1583, il souhaite raconter son histoire, les croyances et les légendes de son peuple, évoquer la folie des hommes, leur grandeur et leur bassesse. Il nous conte les origines de son peuple et les débuts de l’esclavage où les êtres humains sont considérés comme des marchandises. Vendre ses voisins, ses amis ou même des membres de sa propre famille pour gagner toujours plus d’argent. Devenu prêtre, il console et est à l’écoute du petit peuple. Nommé par son roi ambassadeur au Vatican, il va s’embarquer pour un long et périlleux voyage qui va l’emmener sur un océan, deux mers et trois continents, de l’Afrique au Brésil, de Lisbonne à Madrid puis à Rome. Sur un vaisseau du roi de France Henri IV, sur le navire d’un pirate sanguinaire, sur des chemins pendant plusieurs centaines de kilomètres poursuivis par les soldats de la Sainte Inquisition, des cachots de Tolède aux ors du Vatican, un formidable roman d’aventures.

L’auteur par son talent de conteur et la force de ses descriptions nous entraine dans la fureur de l’océan lorsque le vaisseau est malmené comme un vulgaire ballot de chiffon, dans le ventre du navire où l’on entasse le maximum d’êtres humains, hommes, femmes, enfants. Nous partageons les conditions épouvantables des esclaves, les odeurs de sueur, d’urine et d’excrément, les vivants mélangés aux morts, les jeunes filles à la merci des désirs sexuels des hommes d’équipage soumis à des règles de vie simples et sommaires, obéir et se taire, ne jamais réfléchir. Nous sentons monter la rancœur des esclaves, la révolte qui gronde, la mort plutôt que la servitude, nous assistons au bain de sang pour réprimer l’émeute. Nous parcourons le marché aux esclaves de Lisbonne où un cheval se vend vingt fois plus cher qu’un homme.

Dans cette fresque historique Wilfried N’Sondé nous raconte l’histoire vraie de Nsaku Ne Vuanda un homme profondément humaniste et son destin singulier, et à travers lui le XVIIe siècle avec son trafic d’êtres humains, organisé pour valoriser les terres colonisées par l’Espagne et le Portugal dans le Nouveau Monde et la richesse des palais pontificaux habités par des cardinaux uniquement préoccupés par des considérations bien éloignées de Dieu qui est devenu pour eux un instrument pour assouvir leurs ambitions personnelles

Le lecteur ne s’ennuie pas tout au long des pages de ce magnifique roman.

Commenter  J’apprécie          230
Une couverture sublime écrin du récit d'un périple initiatique funeste et une seule question qui hante les esprits, de la noirceur absolue peut-il encore émerger la beauté et la bonté?

En poète et en voyageur ancestral, Wilfried n'sondé nous livre telle une confession l'histoire authentique et poignante de Nsaku Ne Vunda, ordonné prêtre au kongo et désigné comme ambassadeur auprès du pape au début du XVII ème siècle. L'homme d'église , ingénu à l'âme pure, jusqu'ici protégé de la misère du monde, prendra brutalement conscience qu'il n'est qu'un pantin ballotté par des puissances avides qui craignent son aura auprès du peuple et son intervention pour contrer le commerce triangulaire. Réduit à sa couleur de peau, il sera à la fois témoin et victime des pires atrocités. Peut-on encore avoir foi en Dieu quand on a perdu la foi en l'homme? Lui qui dans son pays ne voyait que de la servitude découvrira l'enfer de l'esclavage. Il se posera mille questions face au comportement de l'inquisition et des autorités religieuses qui ne semblent pas se préoccuper de la dignité humaine. Malgré la déception, il gardera espoir jusqu'à la fin.

Un roman déchirant qui à travers la voix d'un homme soumis au doute nous ouvre les yeux sur l'horreur de l'esclavage et sur l'hypocrisie de l'époque. Époustouflant de vérités!
Commenter  J’apprécie          214
Ce roman est l'histoire (vraie) de Nsaku Ne Vunda, ambassadeur du Kongo au Vatican au début du XVIième siècle. Nous plongeons dans son histoire, de sa naissance à sa mort. Elle est arquée par son long voyage de son Kongo natal au Vatican. Voyage maritime tout d'abord: embarqué sur un bateau français qui emmène des esclaves vers le Nouveau Monde. Sur le chemin du retour il sera embarqué par des pirates avant de débarquer au Portugal puis en Espagne. Là il sera confronté à l'inquisition avant d'enfin terminer son voyage et sa vie au Vatican.
Plus que l'histoire hors du commun de cet homme, ce qui marque c'est la transformation de l'homme et du chrétien tout au long du voyage. Idéaliste et naïf à son départ, notre personnage va être bouleversé par la cruauté des hommes envers ses semblables: esclaves, juifs, femmes, il ressent leurs souffrances et voudrait leur apporter du soulagement. Il n'est pas sans évoquer un nouveau christ.
La force du roman réside aussi dans son écriture. le personnage est capable de prendre du recul car il nous parle aujourd'hui, vivant de nos jours à travers sa statue. le langage utilisé par l'auteur est poétique et imagé malgré la dureté des thèmes évoqués. Une lecture lente, difficile sur le fond mais que l'auteur parvient à rendre lyrique.
Commenter  J’apprécie          200
Dom Antonio Manuel, natif de la terre des Bakongos est envoyé par son souverain Alvaro II au Vatican pour y occuper le poste d'ambassadeur. Officiellement.
Officieusement, il s'agit de soumettre au Saint-Père, la requête du roi, qui assiste au déclin de son royaume décimé, par l'esclavage et le commerce qu'il génère.

Puisque les Hommes sont égaux selon le christianisme, Alvaro II espère ainsi que son "chef spirituel" mettra fin à cette pratique déshumanisante, une fois qu'il en sera instruit par son envoyé.

C'est parti donc pour une odyssée qui rendra compte de toute l'horreur de la traite, mais aussi des failles socio-historiques du Kongo et des interrogations de son désigné porte-parole en partance pour Rome.
En effet, Wilfried N'Sondé rappelle la réalité de l'esclavage avant l'arrivée des Portugais au Kongo et fait émerger la fascination progressive de sa noblesse pour les produits européens. Un appétit grandissant qui, mêlé à l'appât du gain des trafiquants locaux contribua à pervertir ce commerce transatlantique.

Aussi, Dom Antonio Manuel, en embarquant sur le "Vent Paraclet", chargé de cette "marchandise" ignorait l'ampleur de cette abomination. C'est en même temps que lui donc, qu'on constate avec effroi, les conditions d'existence déplorables de ces hommes dans les cales.
De quoi remettre en cause sa foi en Dieu et en l'Homme. Sa tête sera d'ailleurs mise à prix. Pas question de laisser cet obscur converti obtenir "l'absolution" des siens auprès du pape. Mauvais, très mauvais pour le commerce…

Remarquable roman qui réussit l'exploit de traiter de thèmes aussi forts sans verser dans le didactisme scolaire ni dans la rhétorique haineuse. La voix des continents accostés et des eaux naviguées se mêle aux cris des désespérés, entraînés dans le tourbillon de la géopolitique et du mercantilisme de l'époque.
Epoustouflant !
Commenter  J’apprécie          192
Je rassure toute de suite les chercheurs de noises, non la traite négrière et les conditions effroyables de sa mise en oeuvre ne m'étaient pas inconnues, tant s'en faut.

Ceci dit, après la claque qu'il vient de m'infliger si élégamment, je ne risque pas d'oublier Wilfried N'Sondé que je ne connaissais pas jusqu'ici.

D'une plume foisonnante et raffinée, tel un journaliste en immersion, il nous fait vivre le calvaire des esclaves, de leur capture en Afrique à leur vente sur un rivage brésilien et ce par le truchement d'Antoine Emmanuel Nsaku Ne Vunda, un ecclésiastique africain envoyé en ambassade auprès du Pape par son roi.
Le personnage et sa mission sont historiquement avérés, l'auteur s'est brillamment chargé de donner corps à son odyssée.

Outre un descriptif réaliste très documenté, l'auteur ne limite pas sa prose à la dénonciation de ce commerce inique, il se démarque de la carricature manichéenne en évoquant les complicités africaines, contraintes ou intéressées et le sort peu enviable des marins gardes-chiourmes et tortionnaires pendant et après la traversée.

Bon an mal an c'est une approche quasi marxiste de la traite qui nous est suggérée.
Le système, très lucratif, broie les petits peuples au profit des hommes de pouvoir et d'argent, sans distinctions d'origines ou de couleurs.

Les rivalités internationales et les principes religieux plus ou moins spécieux participent également à la curée et toujours au détriment des faibles et des pauvres.

Les actes de barbarie sont certes plus rares de nos jours, pour le reste rien n'a fondamentalement changé.

Excellent livre.
Commenter  J’apprécie          180
Wilfried N'Sondé imagine la voix de Nsaku Ne Vunda, alias Dom Antonio Manuel, premier ambassadeur africain envoyé à Rome au début du XVIIème siècle.

Un homme pieux, imprégné de la foi et des valeurs chrétiennes autant que de la spiritualité héritée de ses ancêtres, dédié à l'amour de tous et à l'entraide dans un Kongo terrorisé et saigné par les razzias menées par ceux séduits par les Portugais, avides de richesses et de pouvoir tous autant qu'ils sont.

Le hic, c'est que le sens de circulation des bateaux à l'époque est bien triangulaire... Pour se rendre à Rome, il va devoir s'embarquer sur un négrier à destination du Brésil, avant de faire route vers l'Europe.
Tout au long de son périple, on peut dire que sa foi va être grandement et de multiples façons éprouvée - tout comme les émotions du lecteur - face à un ordre du monde qu'il découvre pas à pas, incrédule, pour une trajectoire que je qualifierais de "sublime" au sens noble du terme.

Le ton est aussi humble que fort, sans concession mais sans rancoeur.
J'ai trouvé le récit bien équilibré dans ses différents épisodes (dans les grandes étapes mais aussi dans l'alternance récit, description, réflexion etc.) et l'évolution du personnage parfaitement maîtrisée.

Une oeuvre qui marque, autant par la violence de certaines réalités dépeintes que par la grandeur d'âme de cet homme.
Commenter  J’apprécie          180
Né au Kongo (et non Congo) Nsaku Ne Vunda devient prêtre sous le nom de Dom Antonio Manuel. Élevé dans le respect des traditions ancestrales tout en embrassant la religion catholique, il est envoyé par le Roi Alvaro II du Kongo pour une mission auprès du Saint-Siège à Rome : dénoncer le caractère antichrétien de l'esclavage.

Il n'a jamais quitté son pays mais c'est avec la conviction de pouvoir améliorer le sort de ses semblables qu'il devient le premier diplomate africain envoyé au Vatican. Il embarque à bord d'un galion français, et découvre qu'avant de naviguer vers Rome, il doit faire escale...dans le Nouveau Monde !

C'est ainsi que notre jeune héros plonge dans un monde d'une indicible cruauté.

Détresse, colère, abattement s'emparent de lui lorsqu'il voit monter sur le vaisseau des centaines de personnes enchaînées, capturées dans son pays natal pour être vendues comme de la vulgaire marchandise et asservies.

Il réalise qu'il a été manipulé par son Roi, qu'il est le jouet d'intrigues politiques qu'il ne pouvait concevoir dans sa noble candeur.

Pendant la traversée, alors qu'il est traité au même rang qu'un officier, il devient le témoin horrifié et impuissant des traitements ignobles, dégradants, avilissants réservés aux captifs jusqu'à les rendre fous, amorphes ou suicidaires.  Sa foi s'en trouve ébranlée : "Être dans l'incapacité d'atténuer leurs souffrances me consumait, cette impuissance torturante et coupable altérait fortement les fondements de ma foi."

Sur le vaisseau, il se lie d'amitié avec un mousse, Martin; ils deviennent "compagnons de souffrance, exilés dans le royaume de la brutalité, séquestrés tous les deux par la barbarie qui (les) entourait ". C'est cette consolante amitié qui lui permettra de tenir le coup durant cette pénible traversée de plusieurs mois.

Le vaisseau jette enfin l'ancre en été 1605 au Brésil, pour décharger sa marchandise humaine en piteux état.

Révolté, désespéré, ressassant les horreurs vécues par les esclaves pendant la traversée, et la misérable vie qui les attend, il se fait le serment d'interférer auprès du Pape afin d'arrêter ces innommables tragédies et l'exploitation d'humains par d'autres humains se sentant supérieurs.

C'est dans cet état d'esprit qu'il entreprend la deuxième partie de son voyage pour Rome...

Grâce à une plume d'une splendide virtuosité, l'auteur réussit l'exploit de rendre poétique cette histoire d'une indicible cruauté.

C'est bouleversant, d'une âpreté inouïe, ça vous prend aux tripes ; heureusement, l'indéfectible amitié entre notre héros et le mousse, l'espoir qu'il gardera chevillé au corps de réussir à plaider la cause de ses frères et soeurs malgré des moments de total découragement et de foi vacillante, nous aident à reprendre notre souffle.

Je vous laisse découvrir la suite de son périple en espérant que ce billet vous convaincra de lire ce chef-d'oeuvre.
Commenter  J’apprécie          176
Certains livres ont le don de vous happer dès les premières pages, de vous couper du monde et de vous plonger dans L Histoire, dans la honte et le sublime. "Un océan, deux mers, trois continents" fait partie de ces livres que j'ai eu de la peine à refermer, en fin de journée.
Nsaku Ne Vunda, gamin né au bord du fleuve Kongo à la fin du XVIème siècle fut élevé par des missionnaires catholiques, blancs et devint l'un des premiers prêtres noirs.
Le roi des Bakongos, le charge d'aller plaider la cause des Noirs devant le pape, de partir pour l'alerter du crime que connaissait alors le peuple de son pays, le Kongo, crime commis par des blancs, des portugais, des espagnols, qui trouvaient là une importante source de profits en vendant au delà des mers une main d'oeuvre bon marché, celle des esclaves...
Alors notre prêtre embarque sur "Le vent Paraclet", un navire qui ne vogue pas vers Rome, mais vers le Brésil, un navire chargé d'hommes et de femmes enlevés à leurs famille, lors de leurs travaux dans les champs, vendus par des voisins qui lorgnent sur leurs champs...Sur ce bateau, Nsaku Ne Vunda est "un intrus , une erreur", le seul qui a des états d'âme pour ses coreligionnaires, le seul Noir qui ne soit pas enchaîné, frappé. Les marins lui font cependant bien sentir que malgré ses habits religieux, il ne reste à leurs yeux que l'un de ces nègres, qui n'ont qu'une valeur marchande, celle qu'on pourra obtenir des propriétaires terriens blancs à l'arrivée.
Enchaînés, couchés dans leur merde, sortis de temps en temps pour être lavés, les plus chanceux se jettent à la mer, et rejoignent les cadavres de ceux qui n'ont pas survécu aux coups. Quant aux femmes...je ne vous fais pas un dessin. Tous sont nourris avec le minimum...il ne faut pas que la marchandise se déprécie, et le bénéfice doit être le plus important possible. Les mutineries sont difficiles à organiser, mais dans tous les cas, vivement réprimées et matées
Voyage littéraire difficile à supporter parfois dans ce navire négrier, éprouvant et dérangeant du fait du réalisme des descriptions, des situations, de la cruauté. Réalisme rarement lu en ce qui me concerne. Quel texte !
A l'arrivée, les familles seront séparées, tous seront vendus, après avoir été lavés, décrottés, afin d'être présentables, et de tenter de cacher la maigreur née de ces mois de mer et de faim. Il faut alors mettre en valeur ces terres lointaines qui viennent d'être découvertes, des terres sources de nouvelles richesses
Au retour, le bateau est chargé de pierres précieuses, d'alcool, d'or, de richesse afin de rejoindre l'Europe, le Portugal....là ou se trouvent toutes ces familles tous ces gens perruqués et poudrés qui profitent de cette ignominie....le commerce triangulaire était né. Grâce à l'argent gagné ces navires négriers repartaient vers ces armateurs européens, le ventre chargé de rhum, d'or, de pierres précieuses, de bois rares...Le rhum coule à flots, les bateaux lourdement chargés sont parfois attaqués par les pirates qui ne font pas de quartier, les hommes passent au fil de l'épée. Ces pertes difficiles mais acceptables font partie des risques de ce trafic lucratif.
Nsaku Ne Vunda poursuivra son voyage vers le troisième continent, vers l'Europe, vers le Portugal puis vers le Pape.
Là d'autres hommes sont brimés, frappés, tués ....ceux qui ont le malheur d'être nés Juifs.
Même si le terme du voyage approche, il n'est toutefois pas achevé, la vie n'est pas tranquille.....des bandes armées rodent....les "nègres" sont encore rares sous ces cieux, rares et différents même au Vatican...
Trois ans de voyage, quelques heures de lecture, pour atteindre Rome, pour découvrir le destin de cet homme, devenu Dom Antonio Manuel lors de son ordination.
Aujourd'hui encore on peut admirer dans le baptistaire de la basilique Sainte-Marie-Majeure, située à proximité de la Gare centrale Termini de Rome, le buste de cet ambassadeur kongo réalisé par l'artiste Francisco Caporale, dont il rappelle la mission et la mort.
Un roman documenté qui rappelle une part honteuse de l'Histoire....l'ignominie côtoyant la grâce. Malgré parfois quelques longueurs, le roman est agréable, le style est plaisant.
Belle découverte
Lien : https://mesbelleslectures.co..
Commenter  J’apprécie          172




Lecteurs (681) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3235 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..