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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Tout le monde le sait ou devrait le savoir, on ne se baigne pas dans la Loire, même pas un peu, de sa source à son embouchure.

La Loire est un fleuve sauvage et impétueux qui peut grossir très vite.
Les sables mous qui recouvrent ses berges se dérobent sous les pieds.

En juillet 1969, à Juigné-sur-Loire, près d'Angers, 19 enfants en sortie avec un centre aéré de Mûrs-Erigné, ont péri, noyés dans les bras du fleuve, piégés par le fort courant.
Depuis le drame, il est strictement interdit de faire trempette dans le fleuve.

C'est en hommage à ces enfants que l'auteur a écrit ce roman.

*******

31 août, dernier jour de colo pour un groupe d'ados d'environ 17 ans.

La climatisation du car qui les emmenait en pique-nique tombe en panne.
Le chauffeur et directeur de la colo se gare. Pas très loin, Gus, le meneur, avise un espace spacieux pour se poser, avisant même une étendue d'eau pour se rafraîchir.

C'est Pauline, une jeune mono de 21 ans, qui encadre le groupe, assistant Benoît, le directeur.
Les jeunes s'amusent, qui au ballon, qui aux cartes... quand soudain l'un d'eux s'écrie : On va se baigner ?

Le roman est découpé en trois parties.
- le départ de la colo pour le pique-nique,
- Zoom arrière sur la vie des personnages avant les vacances,
- Suite du jour du pique-nique.

Le fleuve, personnifié, est fort bien décrit, pour un peu on serait dans sa "tête". Majestueux, implacable', il lui suffit d'exister.

Les gamins sont attachants, du frondeur à la tête de Turc. Amitiés et inimitiés parfaitement décrites.
Benoît et Pauline, comment dire... même pas en rêve on imaginerait leur confier nos gosses. Mais je vous laisse découvrir.

D'autres babelpotes ont lu ce livre avant moi et je les remercie de m'avoir incitée à en faire autant.
Très bon bouquin, poignant, émouvant, très bien écrit, que je recommande vivement.
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Quittant pour la première fois la littérature pour la jeunesse, Guillaume Nail ne s'éloigne pas pour autant des turbulences adolescentes avec ce roman coup de poing, déflagration de vie, de tension et de poésie, inspiré d'un fait divers dramatique qui, à l'été 1969, coûta la vie de dix-neuf enfants d'un centre aéré, aspirés par un cul-de-grève à Juigné-sur-Loire, près d'Angers.


« On le sait pourtant », insistent les premiers mots, doublant l'avertissement du titre : « On ne se baigne pas dans la Loire. Ni printemps, ni été, ni même un doigt de pied. » D'emblée placé sous la menace d'un drame annoncé, happé dès l'incipit par la somptueuse et inquiétante évocation d'un fleuve aux beautés torves, faussement assoupi entre « bras morts et plein lit », l'on sait que le piège est tendu et que sa sournoiserie aura bientôt raison de quelque victime étourdie.


Personnage parmi les autres, « le fleuve » se mêle dès lors aux prénoms qui servent de titres aux brefs chapitres, révélant les personnalités en une succession de scènes crépitant comme autant de flashes, et qui, en trois parties, vont d'abord nous tremper dans l'angoissant courant de l'histoire, suspendre ensuite son fil pour un retour en amont précisant les relations entre les protagonistes, enfin nous précipiter vers l'estuaire du dénouement, dans la désolation des ruines après le tsunami, quand est venu le temps de la stupeur et de la recherche d'explications.


Inconscients de l'imminence du drame, ils sont un groupe d'adolescents, tous des garçons d'au plus dix-sept ans, en colonie de vacances sous la responsabilité de deux encadrants. En ce 31 août, c'est le dernier jour d'insouciance avant le retour à la maison, chacun solitaire face à ses tracas, alors tous sont bien résolus à profiter jusqu'au bout, et le plus intensément possible, de la turbulente dynamique du groupe. le sentiment de fin et la chaleur accablante ont définitivement raison de l'autorité vacillante des deux adultes, Pauline et Benoît, l'un comme l'autre au bord du faux pas : elle, fragile et à peine plus âgée que tous ces garçons, troublée par les insolents assauts de leur jeune testostérone ; lui, hanté par l'interdit de son « fétichisme olfactif » qui lui fait chaparder leur linge sale en cachette. Alors, n'en déplaise à Pierre le souffre-douleur et à Totof le franc-tireur, lorsque Gus le meneur lance après le pique-nique et la partie de ballon en bord de Loire : « on va se baigner ? » et que Benoît soupire « place à l'impro », tout peut désormais arriver.


Magnifiée par une plume vivante et affûtée, aux séduisantes et inventives libertés poétiques, la narration crève les pages tant personnages et scènes, d'une précision toute cinématographique, acquièrent d'intensité et de vérité, le tout tendu par l'imminence d'une catastrophe dont on ignore par où elle va frapper. de la traîtrise du fleuve aux comportements transgressifs des protagonistes, en passant par l'aventure isolée d'un Totof courant ses propres risques, les menaces s'accumulent comme de moins en moins lointains coups de tonnerre préfigurant le désastre.


Un livre tragique, sombre et cruel, dont on dévore les originales beautés d'écriture dans un seul jet de tension angoissée.

Lien : https://leslecturesdecanneti..
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« On ne se baigne pas dans la Loire
Ni printemps, ni été, ni même un doigt de pied. »
Tous les riverains le savent, de sa source en passant par ses gorges jusqu'à son embouchure, on ne se baigne pas dans la Loire, si ce n'est dans quelques plans d'eau bien aménagés et surveillés. Pourtant, ce 31 août, dernier jour de cette colo de douze garçons, les ados vont aller se baigner dans un bras mort du fleuve : pas beaucoup d'eau, apparemment sans danger, irrésistible par cette chaleur. Benoît, le directeur, occupé par autre chose, ne s'y oppose pas. Totof (ou Tof), un mono, part récupérer un ballon perdu dans le parc d'un château. Pauline, monitrice et intendante, a bien essayé de s'interposer, mais il y a Gus. Gus, 17 ans, le beau gosse, le meneur, le mâle alpha, a décidé pour eux tous. Pierre, amputé de la moitié d'un bras, mal dans son corps, ne les suivra pas.
***
Nous découvrirons dès les premières pages le secret de Benoît, le directeur : il pique une pièce de vêtement à chacun pour se repaître de l'odeur de ses pensionnaires quand ils seront partis. Rien de plus. Juré. La sévérité du regard que Tof porte sur lui-même et sa lucidité sur les autres se dévoileront vite aussi, comme le mal-être de Pierre et son attirance pour un des garçons. Pauline et Gus seront plus difficiles à cerner, et l'un et l'autre cachent des secrets. Guillaume Nail est un écrivain confirmé, même si ce roman est son premier destiné à un public adulte. Les quatre chapitres intitulés « Le fleuve » se révèlent infiniment poétiques et excellent à rendre la crainte que la Loire inspire depuis toujours, ainsi que la beauté changeante et sans cesse renouvelée de ce fleuve magnifique. Comme en contrepied, les chapitres titrés par le nom d'un des cinq personnages en focalisation donnent à lire une langue vivante, moderne, créative, dont la brutalité momentanée et l'inventivité n'empêchent ni les nuances ni la beauté. J'ai beaucoup aimé ce roman très actuel, mais qui s'inspire d'un horrible fait divers survenu en 1969. Je vous le conseille : c'est une belle découverte. Un auteur à suivre.
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Premier roman mais que de qualité, de tensions , d'originalité.
Pour écrire son roman , Guillaume Nail s'est inspiré d'un drame arrivé en juillet 1969 à Juigné sur Loire : la mort de 19 jeunes adolescents par noyade dans la Loire.
Un groupe d'adolescents de 16 à à 17 ans en termine avec une colo de six semaines. C'est le dernier jour. On m'est en place un pique nique sur les bords de la Loire.
Benoit et Pauline encadrent ses ados : Pierre, Gus, Totof, Farid , Pavel, Youssou, Jonas, Kévin, Nathan, Adone.
Soudain la phrase résonne au coeur du silence : On va se baigner ?
Ce court roman de 150 pages est fiévreux, tendu, insouciant comme cette bande d'ados.
Guillaume Nail va poser son regard et son stylo sur certains d'entre eux , auxquels il donnera à chacun des chapitres.
Des moments de vie, de difficultés, d'émois. Benoit et un fetichisme malsain ,
Pierre et un pull rose qui en font Pupulle , les émois de Pauline , le mal être parental de Gus.
Le tout écrit dans une langue étonnante faite de phrases courtes, de formules innatendues. Cela peut surprendre, mais c'est l'écriture d'une jeunesse de son temps.. Numérique, rapide, desinhibée semble-t-il.
"Faut oser un peu.. On n'à qu'une vie "
"Ils cul-séchent leurs bières "
"Il a couiné juste assez fort pour que Farid se retourne, qui revient, merci, sens inverse.Tout lent d'abord "
" Lui préfère l'instinct, hop zim boum"
" les enfants pyjamas " " le grille-pain saute les tartines "
Et puis il y a une écriture poétique pour dire La Loire. Quatre moments dans le roman pour parler du fleuve, de l'amont, de l'aval et de l'estuaire.
Des moments de calme apparent, de beauté lente et majestueuse . Mais la Loire est en réalité comme ce roman : fiévreuse et sous tension.

Un magnifique premier roman rehaussé d'une playlist qui caractérise bien les ressentis et émotions :
A nouveau sauvages - Un peu de mélancolie heureuse - Une version améliorée de la tristesse - Les Hautes Lumières - On brûlera.

Une flamme dans la main nous éclaire le passage
Redevenus païens au milieu du feuillage
Une flamme dans la main nous éclaire le visage
Sur le rivage enfin
A nouveau sauvages
[ Ramo - Thomas Emeriaux










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1969, Juigné-sur-Loire, 19 enfants d'un centre aéré meurent noyés dans la Loire après avoir été entrainés par le courant capricieux du fleuve où pourtant l'on sait que l'on ne doit pas se baigner. Ce terrible drame inspire Guillaume Nail.

Gus, Totof, Pierre et Farid ont 16 ans. Il fait chaud et, en ce dernier jour d'une colo de 6 semaines, les corps se pensent immortels au bord de la Loire. On se trempe, on joue, on ose. Les malheurs de chacun s'oublient sur le sable souple et sur les troncs penchés à fleur d'eau. Les torses se bombent, on assure puisqu'on est jeune, le sang fouetté par les sens tant que l'on serre les yeux pour ne pas imaginer ce qui attend au retour de ce mois entre copains, à la maison où l'on ne veut pas rentrer, là où les moqueries pleuvent, où l'indifférence écrase, où les coups percent le quotidien. Insouciants, on avance jusqu'à la bascule, les silhouettes avalées par les flots.

Le texte est court comme les phrases qui le composent. Des mots vifs telle la vie qu'il faut vivre quand on a 16 ans, des mots qui castagnent ou qui friment dans l'urgence d'instants à croquer à pleines dents laissant en ombre l'incertitude de l'âge ingrat, les craintes du jugement, la peur d'échouer, les plaies et les failles parfois si larges et profondes qu'elles disloquent en silence.

Roman sur l'adolescence et la feinte insouciance, « On ne se baigne pas dans la Loire » raconte la vraie vie.
C'est une très belle lecture.
Lien : https://aufildeslivresbloget..
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La Loire, le fleuve majestueux, sauvage, si beau mais qui peut être traitre et si dangereux avec ses bancs de sable attirants et brutalement fuyants, ses courants violents et ses remous qui entraînent et engloutissent.

Nous sommes en Anjou, par une journée ensoleillée de fin août. Une poignée d'adolescents achèvent leur séjour en colonie par un pique-nique au bord du fleuve. Il fait très chaud et après une partie de foot, l'un d'eux, comme un défi, lance un « si on se baignait ? » qui va tout faire basculer. Les deux moniteurs, à peine plus âgés que les jeunes qu'ils encadrent et noyés dans leurs préoccupations personnelles, vont laisser lentement dériver cette journée vers le drame.

On devine d'avance la tragédie sans en connaître vraiment les ressorts et le lecteur passe alors imperceptiblement de la lecture plaisir à la lecture angoisse. Ce sentiment ne nous quittera plus jusqu'à la fin du livre.

La seconde partie du roman revient sur les portraits des garçons, leurs relations, leur histoire familiale, les espoirs, aspirations, les difficultés de vivre pour certains. Comme dans tout groupe, il y a des rapports de force, un chef, un souffre-douleur, des amitiés, des jalousies, des attirances, des amours balbutiantes et cachées… Au fur et à mesure de la découverte des personnages, le lecteur apprend à les connaître et s'y attache, inévitablement…

Alors quand l'ombre du danger ressurgit, lorsque l'histoire reprend son cours chronologique normal dans la dernière partie du livre, l'angoisse remonte d'un cran car on sent le dénouement terrible approcher.
Qui de Gus, Pierre, Farid, Totof, Lorenzo… vaincra la cruauté du fleuve qui, tel un monstre surgissant brutalement de l'eau calme, happe sans pitié des vies innocentes ?

La construction du livre est originale avec ses 3 parties, le courant, l'amont et l'estuaire, chacune encadrée par de courtes pages intitulées « le fleuve », comme pour nous rappeler que la Loire et le danger sont toujours là, tapis, attendant leur heure.

L'écriture est tantôt poétique et picturale lorsqu'elle dépeint la beauté du fleuve, tantôt vivante et crue quand elle décrit l'insouciance des jeunes garçons. C'est un livre sur l'adolescence, sa fièvre et son inconscience, un roman étrange où la douceur côtoie la cruauté et la vie flirte avec la mort.

Une lecture très ambivalente pour moi, qui m'a à la fois emmenée dans la douceur des paysages de bords de Loire que je côtoie quotidiennement et dans un malaise diffus lié à la conscience de la fragilité de la vie. Sans doute est-ce là justement le talent de l'auteur que de nous faire ressentir cette vulnérabilité et la rupture qui peut se produire à chaque instant.

« On ne se baigne pas dans la Loire.
Ni printemps, ni été, ni même un doigt de pied. »

Ce récit est inspiré du drame de Juigné-sur-Loire en 1969 ayant coûté la vie à 19 enfants ; l'auteur a souhaité leur rendre hommage.

Lien : https://www.caloukili.fr/
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Ce roman inspiré d'une histoire vraie ressemble à une allégorie de l'adolescence.
La Loire est comme une existence d'adulte que l'on choisit d'endosser ou pas.
Mais quand on a 15 ans on ne doute de rien car on ne se doute de rien. La vie ressemble à un jeu. Alors jouons ! Tirons la corde sans même se demander quand elle va casser. En fait on a même envie qu'elle casse.
Et puis la colo c'est ce moment honni ou magique, où l'on s'affranchit des parents, avec juste quelques adultes qui assurent le confort même minimal, qui permet aux ados et aux enfants de se concentrer sur le monde qu'ils se bâtissent.
Chacun prend alors son rôle comme sur une scène de théâtre : le clown charmeur, le gros mal dans sa peau qui se réfugie dans les jeux de cartes pour éviter les baignades, le directeur aux instincts pas tout à fait avouables, la monitrice molle et gentille qui joue les mamans mais retournerait bien dans le monde cocon des ados, presque prête à tomber sous le charme de la star de la colo. Mais elle a trop vite oublié les difficultés de cet âge de la vie. Ces petites défaites qui causent de grandes douleurs. Cette découverte du monde qui déclenche des élans infinis et des frustrations insupportables. Et puis les hormones qui chamboulent tout. Qui donnent des boutons, envie de se branler de baiser, de prouver qu'on est mâle dominant ou femelle charmeuse.
Pas facile. Alors pour faire retomber cette pression, on joue. Jusqu'à ce que la corde casse. Jusqu'à ce que la Loire se fâche.
C'est brutal, mais vraiment on a l'impression de faire partie de cette colonie. le carrelage mouillé de la salle de déjeuner qui sent l'eau de javel, le foutoir dans le car, le soleil et la chaleur qui abrutissent, et cette urgence à vivre la dernière journée de colo comme un baroud d'honneur inoubliable avant de retrouver la normalité fade. Ou pas.
Alors, faut-il le lire ? Oui. C'est un roman qui déborde de Loire et de vie.
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Je sors très émue de cette lecture. Je viens de faire la découverte d'une plume sensible qui sait raconter les bonheurs mais aussi les malheurs.
C'est un terrible drame qui sert de paysage à ce court (mais intense!) premier roman.
En 1969 , à Juigné-sur-Loire , 19 enfants ont perdu la vie en se baignant dans la Loire, un moment tragique.
L'auteur nous raconte une dernière journée de colo, une journée où la chaleur écrasante pèse , etouffe. Profiter des derniers moments avec les copains . Derniers moments tout court. En tant que lectrice j'ai apprécié ces moments passés ''entre jeunes'', ces moments qui me rappellent que la vie quand on est ado est pleine de remous , des failles, mais si magnifique.
Une tension permanente se dégage des les premiers pages et même si les personnages ne sont pas très aboutis , je m'étais attachée à eux.
Ce roman est un très bel hommage aux victimes et un rappel. La Loire est sublime, accueillante, mais elle peut aussi être impitoyable avec ses enfants.
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C'est la fin août et les derniers jours de colo pour ce groupe d'ados et leurs moniteurs, Pauline, Tof et Benoit le directeur. Il fait chaud et la prudence cède devant l'excitation de Gus, un adolescent impétueux mais charmeur qui entraîne le reste de la bande dans des jeux sans limites, même les plus réticents comme Farid ou le mal assuré Pierre, ancien harcelé. le drame est inéluctable, et l'auteur sait repousser l'échéance pour le rendre plus poisseux encore…
Un court mais fort roman, où les verbes cèdent parfois la place aux adjectifs, rappelant la langueur trompeuse de la Loire, personnage aussi principal que les autres.
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Très beau texte de Guillaume Nail dont c'est le premier roman pour le public adulte, même s'il met en scène des adolescents et de jeunes adultes. Il parvient avec tact et finesse à se couler dans les peaux des jeunes gens aux caractères si différents, entre Gus l'extraverti et Pierre le timide mal dans sa peau et son corps trop gros. C'est très bien fait parce que tout paraît joué dès le départ, mais à petites touches, doucement, l'auteur fait naître une autre réalité, la vraie si je puis me permettre ce pléonasme. La vie est souvent autre chose que ce que l'on veut bien montrer. La Loire elle-même, ce fleuve qui semble lui-même si lent, si indolent mais dont il faut se méfier. Elle rythme et sculpte les paysages, même dans les villes où elle ne se laisse pas domestiquer. Tous les Ligériens vous le diront.

Court chapitres ou les narrateurs alternent et se révèlent, gambergent. Certains veulent oublier ce qui les attend à leur retour, ces deux mois furent une pause, une bouffée d'air, alors il faut en profiter jusqu'au bout. Et la tension monte parce qu'on sent le proche drame, mais que l'auteur tarde à le narrer, il raconte le contexte, les petits incidents, les tracas... et nous-mêmes, lecteurs, de ne point aller trop vite pour ressentir encore plus vivement cette tension.

J'aime beaucoup l'écriture de Guillaume Nail, moderne, rapide, phrases courtes, nominales parfois, lorsqu'il dialogue ou décrit un jeune. de belles phrases plus longues pour des descriptions de lieux ou de situations, avec des mots rares, comme celles qui ouvrent le roman :

"On le sait pourtant.

Héritée de nos mères, de nos pères, c'est la rumeur qui coule dans nos gènes et infuse, sur les pentes des coteaux comme aux plaines du Maine, des berges de l'Authlon en corniche angevine, alluvions et roseaux, bras morts et plein lit, c'est cette rengaine avide, bruit lancinant qui attend, au crépuscule là-bas, vers l'estuaire, un monde." (p.9)
Lien : http://www.lyvres.fr/
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