Le chat qui voulait sauver les livres
Aussitôt acheté, aussitôt lu, c'est assez rare chez moi pour être noté ! Mais je ne sais pas, en terminant Après l'océan, j'avais vraiment envie de lire ce petit roman japonais.
Rintaro Natsuki est lycéen et vient de perdre son grand-père, avec qui il vivait. D'un naturel solitaire et réservé, Rintaro se renferme sur lui-même, sèche les cours et passe ses journées dans la petite librairie d'occasion que tenait le vieil homme, entouré de ses précieux livres. Quelle n'est pas sa surprise lorsqu'il découvre entre les rayons un chat tigré, le Tigre, qui lui demande de lui prêter sa force pour sauver les livres !
Je n'avais pas vu passer le livre à sa sortie l'an passé, et je suis tombée dessus complètement par hasard , mais il m'a tout de suite fait envie : un chat, des livres, un mystère...
Et puis en rentrant j'ai vu que les critiques étaient assez partagées, entre ceux qui crient au chef-d'oeuvre et ceux qui ont trouvé l'oeuvre superficielle et décevante.
J'ai donc entamé ma lecture sans aucun a priori et si ce ne fut pas un coup de coeur, j'ai tout de même passé un très bon moment de lecture !
Comme souvent dans les romans japonais que j'ai pu lire jusque là, on retrouve une construction en plusieurs parties, avec chacune sa propre histoire, et qui forment un ensemble au final. Ici, j'ai apprécié le processus qui m'a paru moins répétitif que sur d'autres romans.
Chaque partie correspond à un "voyage" de Rintaro et du Tigre, un dédale fantasmagorique dans lequel on découvre un homme qui aime "mal" les livres.
Il y a le lecteur qui veut lire tant et plus, qu'il ne prend plus le temps d'apprécier ses lectures, et ne parlons même pas de relecture !
Il y a le chercheur qui pense que pour pouvoir lire plus de livres, il n'y a qu'à lire des résumés, au lieu de lire l'intégralité des oeuvres.
Il y a l'éditeur qui pense que seuls comptent les livres qui vont se vendre, les nouveautés, les livres qui n'imposent aucune réflexion.
J'ai beaucoup aimé toutes ces réflexions sur la lecture, sur notre façon d'aborder les livres et de les traiter, sur notre amour des livres qui peut nous amener à des extrêmes qui vont en réalité nous en détourner.
A côté de ça, on suit Rintaro dans son quotidien. Il doit faire son deuil, quitter la librairie. Et on se demande pourquoi le Tigre l'a choisi pour cette mission, quelle force pourra lui prêter ce jeune homme qui semble si faible.
Mais Rintaro va évoluer. A chaque dédale , il sauve des livres, mais surtout il prend conscience de ses forces, apprend à mieux se connaître, à savoir ce qu'il souhaite.
Le tout bénéficie d'une plume simple mais belle, si typique des romans japonais. Comme si le style ne devait pas empiéter sur la réflexion que le lecteur doit engager.
J'ai eu grand plaisir à lire chaque matin l'un des voyages de Rintaro, à réfléchir aux enseignements que j'en tirais.
Voilà donc un roman que je recommande à tout ceux qui apprécient la littérature asiatique !