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EAN : 9782940700110
376 pages
Hélice Hélas (04/03/2022)
3.95/5   46 notes
Résumé :
Plongée dans les horreurs de la traite négrière transsaharienne. Des caravanes en partance pour la péninsule arabique, en passant par la colonisation française, l'enrôlement des tirailleurs africains jusqu'à l'essor du mouvement djihadiste Boko Haram, Nétonon Noël Ndjékéry explore 200 ans d'histoire de la privation de liberté et de l'exploitation humaine dans la région de l'actuel Tchad. En parallèle, à travers le récit de la fuite du jeune esclave Tomasta et de se... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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En Baobabia, à la fin du XIXème siècle , la vie est plus que dangereuse. Si la traite négrière des blancs semble se tarir , elle est remplacée par celles des arabes qui ne reculent devant aucun subterfuge pour asservir les riverains du lac Tchad, la grande Eau. Parmi eux Zeïtoun dont le chemin va croiser celui de la belle Yasmina et de l'eunuque Tomasta. A trois ils s'installent sur une ile de la Grande Eau et s'engagent à fonder un monde nouveau.

Quelle claque ! D'autant plus magistrale qu'elle vient d'un roman dont je n'attendais rien de particulier.

Tout d'abord , l'histoire .
Autour des trois héros suscités , l'auteur déroule l'histoire des riverains du lac Tchad , des empires négriers à Boko Haram, en passant par la 'Dipanda ' (indépendance) , la colonisation , le poids de la religion.
On plonge dans cette Afrique que l'on pourrait penser candide mais qui aurait tant à nous apprendre, ne serait ce que la sagesse. On plonge les yeux fermés dans ces histoires qui tissent le coeur et l'âme d'un pays, entre mythe et réalité. On traverse un siècle avec cette tribu qui ne demande rien, que la tranquillité , le respect de ses croyances et l'érudition via un système communautaire. Qui ne vise qu'à s'élever sans ombrager le voisin.

L'auteur nous offre un chef d'oeuvre qui marie admirablement l'histoire et L Histoire , sans aucune longueur. Il crie à travers ces lignes l'horreur continuelle subie par ces peuples rivés à d'ancestrales croyances et coupés du monde.
Mais ce qui magnifie encore plus l'ensemble , c'est cette langue sublime qu'utilise l'auteur . Admirables tournures où se mélangent la pensée des autochtones et son talent.

Un immense coup de coeur , qui je l'espère , rencontra son public et qui pourrait remplacer quelques ouvrages poussiéreux dans les programmes scolaires !

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Ça pourrait être un roman historique sur le passé du Tchad, depuis le temps de l'esclavage jusqu'à nos jours, en passant par la colonisation et l'indépendance.
Ça pourrait être un récit de voyage. Ça pourrait être une histoire d'amour, ou une saga familiale. Ça pourrait être une utopie. Ça pourrait être…
Et c'est tout cela à la fois.
Parce que le roman commence avec des esclaves évadés entamant le difficile voyage de retour vers la terre natale.
Parce que la cachette qu'ils vont trouver, c'est une extraordinaire île flottante sur le lac Tchad.
Parce que leur île va accueillir chaleureusement, au fil des décennies, tous ceux et celles qui ont besoin d'un refuge.
Parce que, de loin en loin, un voyageur apporte d'incroyables nouvelles du monde...
Parce que l'écriture de Nétonon Noël Ndjékéry est magique, poétique, qu'elle m'a embarquée, captivée et émue.
Une très, très belle découverte.

Challenge Globe-trotter (Tchad)
Challenge Plumes africaines
Club de lecture avril 2024 : "Un livre offert ou emprunté"
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Un monument !
Une urgence de lecture.
Incontournable, superbe, « Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis » est d'une force inouïe. Un livre qui surpasse le toit du monde. Une fierté éditoriale hors norme. Entre le chant du conte qui arrime une histoire riche de signaux et les faits vrais qui persistent encore de nos jours. Cet hymne mémoriel est une barque voguant sur le fleuve des rappels et des insistances. Ce kaléidoscope est l'expression même d'une littérature de pouvoir, essentielle et historique.
« Face au premier Européen à rafraîchir le bleu de ses yeux à l'onde de ce lac hors norme, un autochtone, un de tes lointains ancêtres, embrassant l'horizon de ses bras, s'est écrié « Tchad », ce qui signifie « grande étendue d'eau » en langue Kanouri. Quelques décennies plus tard, les descendants de ce Blanc ont trouvé que ce nom, véritable haïku, ne pouvait se suffire du seul bassin aquatique aussi vaste soit-il. Ils l'ont donc étendu à une partie considérable de la Baobabia (Terre du baobab) ou Afrique subsaharienne. Ainsi naquit ton pays le Tchad. »
Écoutez Nétonon Noël Ndjékéry, le périple retour de Tomasta Mansour.
Zeïtoun, jeune esclave, porte-drapeau d'une terre de sable et d'errance. L'exil forcé, chaîne autour du cou, l'enfant volé à des fins de profits par les négriers. Lui, d'amandes et de sucs, de malice et de débrouillardise, l'enfant désert et de communauté, fuir les vils, se cacher et être enfin sauvé.
L'auteur surdoué dévoile l'idiosyncrasie de l'esclavage de tous ces peuples meurtris dans leur chair. On est captivé par Zeïtoun, sa rencontre fortuite avec Tomasta Mansour qui a recueilli ce petit être enfoui sous les sables mauvais.
« Yasmina et Tomasta Mansour recueillent un adolescent à l'article d'inanition, pour ne pas dire plus. Au collier de sang coagulé qu'il portait au cou, ils reconnurent un petit esclave en fuite et en eurent le coeur serré. »
On ressent l'altruisme de cet homme, lui-même ancestral esclave en partance avec Yasmina, fugitifs emblématiques. le périple initiatique est le fil rouge entre Khartoum, la région du lac Tchad, ce qui se murmure ici, est l'exactitude, la réalité à peine floutée. Et pourtant , ce livre socle est une fable utopique. Une déambulation qui mène aux constructions d'ivoire, d'essences et de résilience.
« Bientôt, ils commencèrent à zigzaguer entre un nombre de plus en plus croissant de marais parsemés ou bordés de bouquets de papyrus. C'était un indice qui ne pouvait tromper. La Grande Eau ne se trouvait plus loin. »
Ce récit captivant, caravane littéraire dont on ne lâche pas les yeux un seul instant. Personnages indélébiles et entre les virgules, le point d'appui crucial , la fresque d'une communauté qui va éclore sur l'île nomade. « Une personne, toutes les personnes. Socle du savoir vivre à Keyba. »
Elle dérive cette île , tout comme l'histoire qui enfle, tsunami, les religions, les oppressions, les soumissions sur l'autre rive à portée de vue, de craintes irrévocables.
Pourtant « le fameux royaume affranchi de toutes les servitudes terrestres » oasis et antre fraternel, de coutumes et d'habitus loyal ne résistera pas aux faux-frères de Boko-Haram.
Fleuve de lycéennes jetées en pâture, l'île assiégée et décapitée, l'utopie égorgée vive.
On pourrait par la grâce de la plume de Nétanon Noël Ndjékéry croire à une légende. La contemporanéité survole les mythes et prend place dans cet écrin monde.
Ce grand livre lucide et engagé lève le voile sur les tragédies des empires négriers, aux mouvances djihadistes. Baobabia, le drapeau des utopies et d'une société modèle mais éphémère. Un siècle au travers de Tomasta Mansour, un homme qui n'a jamais mis le genou à terre.
Un livre phénoménal, précieux, rare. Publié par les majeures éditions Hélice Hélas.
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A la fin du 19ème siècle, la traite négrière subsaharienne est en plein essor. Les royaumes islamisés au coeur de l'Afrique pratiquent ce commerce lucratif au profit de leurs commanditaires arabes d'Egypte et du Moyen-Orient.
Trois esclaves en fuite, un eunuche, une jeune yéménite et un adolescent se réfugient sur une île au milieu du lac Tchad, bientôt rejoints par une poignée de jeunes arrachés à leurs ravisseurs. Sur cette île mobile, dérivant au gré des courants, ils fondent une communauté basée sur la tolérance et la fraternité, loin des atrocités qui règnent dans ce coin du globe. Cet éden à l'écart des bouleversements techniques et des deux guerres mondiales verra bientôt son unité fracassée par les folies nationalistes qui frappent les jeunes états africains auxquelles s'ajouteront les délires religieux de Boko Haram et ses prédations sur les populations.
Avec beaucoup d'humour et dans un style imagé et enlevé, l'auteur nous raconte plus de cent ans d'exploitation et de pillage en Baobabia, nom donné à une région comprenant le Tchad actuel. Il nous rappelle que les populations autochtones ont eu à souffrir de leurs propres rois plus enclins à s'enrichir qu'à gouverner, puis du colonialisme occidental accapareur des richesses locales et de main d'oeuvre bon marché et enfin de dictateurs assoiffés de puissance et de sang. Ces évènements sont vus par le prisme de ce microcosme qu'est cette société utopique créée par des esclaves en fuite. Leur éloignement de tout progrès technique donne lieu à des situations comiques quand celui-ci fait irruption dans leur monde. Ainsi l'apparition d'étranges oiseaux dans le ciel suscitent des questionnements et des hypothèses farfelues. La naïveté et le pacifisme des habitants de l'île contrastent avec la folie ambiante à laquelle ils finissent par être exposés dans des scènes de confrontation, parfois comiques par leur absurdité.
Hélas, s'il n'y pas d'arc-en-ciel au paradis, il n'y a pas non plus de paradis sur terre.
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N°1702 – Janvier 2023

Il n'y a pas d'arc en ciel au paradisNétonon Noël Ndjékéry. - Helice Helas Editeur.

A travers l'errance de Tomasta Mansour, un esclave eunuque en fuite qui se fait passer aux yeux des populations rencontrées pour un dignitaire religieux et belle et blanche Yasmina, fugitive elle aussi, échappée d'un harem, l'errance de ce couple hétéroclite croise la route de Zeïtoun, jeune esclave fuyant les trafiquants esclavagistes arabes. Des rives de la Mer Rouge au lac Tchad, le voyage de ce désormais trio à travers le désert comme à travers le temps où l'Histoire se mêle à la fiction, entre colonisation française et trafic d'êtres humains a quelque chose d'initiatique. Ce long voyage se transforme en une lutte pour la vie entre la mystification religieuse, la soif omniprésente et la constante volonté de ne pas revenir à l'état d'esclavage en tombant entre les mains des négriers arabes.
Dans l'évocation de son parcours se mêlent le merveilleux de la fable, le réalisme du témoignage, la magie et les légendes de l'Afrique, la tradition, l'occulte et les mythes. Cette île qui dérive au milieu du lac Tchad fait figure de terre d'où l'esclavage est absent et où règne la paix la liberté et la tolérance  , mais cette fable quelque peu utopique s'arrête cependant brutalement quand les querelles de territoires prennent le dessus et que l'instabilité politique s'installe. La traditionnelle tranquillité de ce lieu insulaire est même bousculée par l'émergence de la foi islamique et avec elle de l'instauration d'un califat terroriste et confessionnel qui entend asservir au nom du Coran et de ses promesses ce peuple qui ne demandait qu'à vivre en paix. C'est l'image de ces pays jadis colonisés qui aujourd'hui peinent a trouver une indépendance et un ordre public et sont la proie de toutes les manipulations politiques et religieuses qui les asservissent toujours autant.

Cette saga africaine qui est agréablement et poétiquement écrite fait voyager le lecteur dans le temps et dans l'espace. L'épilogue quant à lui m'évoque les malheureux massacres perpétrés au nom de l'enseignement tronqué d'une religion qui se veut celle de la paix autant que les promesses illusoires de son enseignement.
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critiques presse (2)
LeMonde
22 avril 2022
Plus d’un siècle d’histoire sahélienne défile au gré des courants sous les yeux des habitants d’une utopie flottante, dans un roman grave et drôle à la fois.
Lire la critique sur le site : LeMonde
RadioFranceInternationale
17 avril 2022
Mêlant le souffle des grands récits épiques et la sagesse des contes, l’ouvrage raconte les horreurs de la traite négrière arabo-musulmane, qui se perpétue jusqu’à nos jours.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Plus discrète qu'une épouse infidèle rejoignant son amant, la lune rasait les nuages, impatiente d'aller retrouver le soleil qui l'avait précédée depuis longtemps au couchant. Parvenue au-dessus de la ligne d'horizon, elle parut marquer le pas, ce qui laissa entrevoir les bras tentaculaires des arbres qui essayaient de la retenir. Plus elle plongea dans les entrailles de la terre, privant d'un coup la nature de sa douce clarté. Il ne subsistait plus que la Voie Lactée pour contester aux ténèbres l'autorité absolue.
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Le couteau en lui-même n'est ni bon ni mauvais .Mais selon qu'il se fait scalpel entre les doigts du guérisseur ou poignard entre les mains du tueur, il relève du bien ou du mal.
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D'où provenaient les taches que l'on voyait se multiplier sur la peau de la lune depuis quelques saisons sèches ?
Dans leur folle ambition d'assujettir I'univers dans sa totalité. les Blancs avaient mis au point un oiseau-sans-ailes-qui-crache-du- feu-par-l'anus, une fusée. A bord de cet engin, ils avaient réussi à aller se poser sur la lune dont ils razziaient à présent la lumière avec la même voracité qu'ils mettaient à piller forêts, fleuves, sols et sous-sols ici-bas. Voilà pourquoi plaies ouvertes et cicatrices ne cessaient de rogner la splendeur lunaire avec l'appétit d'une lèpre en état de grâce.
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Vidéo de Nétonon Noël Ndjékéry
Soirée animée par l'Académie Hors Concours Lecture par David Sidibé
Créé en 2016, le prix Hors Concours défend une littérature engagée, et récompense exclusivement des éditeurs indépendants. Il offre la possibilité à ses lecteurs de découvrir des textes inédits de la littérature adulte, contemporaine et francophone, et de voter pour leur auteur favori. L'un de ces cinq finalistes repartira avec le prix de cette édition 2022 : - Sauvage est celui qui se sauve de Veronika Mabardi (Editions Esperluète) - le bord du monde est vertical de Simon Parcot (Le mot et le Reste) - L'Arbre de colère de Guillaume Aubin (La Contre Allée) - Histoire navrante de la mission Mouc-Marc de Frédéric Sounac (Anarchasis) - Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis de Nétonon Noël Ndjékéry (Hélice Hélas)
Cérémonie organisée à la Maison de la Poésie, en présence des auteurices, des éditeurices en lice et des membres du jury : Stéphanie Khayat, journaliste à Télématin, Inès de la Motte Saint-Pierre, journaliste à La Grande Librairie, Ilana Moryoussef, responsable littérature à France Inter, David Medioni, rédacteur en cher d'Ernest ! et Isabelle Motrot, directrice de la rédaction du magazine Causette.
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