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EAN : 9782715253162
232 pages
Le Mercure de France (05/09/2019)
4.28/5   20 notes
Résumé :
En retraçant son enfance passée au Tchad, Michaël Ferrier nous offre un bouleversant autoportrait.
Le livre s'ouvre à N'Djamena (Fort Lamy pendant la colonisation), en février 1979, entre la savane et la steppe. Les enfants jouent au Scrabble sur la terrasse de leur maison. Ce jeu des lettres qui s'associent dans des agencements infinis restera pour Michaël Ferrier une manière de se protéger de la violence du monde et sera la source de son lien puissant à la... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique

Très grand coup de coeur ❤️ ❤️ ❤️ pour un livre étourdissant, renversant de beauté. Une plongée dans une sorte de conte et légende....
Ne gardons nous pas une part d'enfance en nous....malgré les années qui passent..... Vaste question existentielle.
Quel beau roman initiatique, un récit personnel, un autoportrait intense et bouleversant.
Tout pourrait commencer par O temps suspend ton vol....une tragédie est imminente et se prépare. Une langue poétique et musicale... Une écriture sensorielle....un livre construit à partir du plateau du Scrabble et de son étoile... Une main qui plonge dans un sac de toile vert et prend
des lettres une par une....
Le destin est en marche...

Michael Ferrier va nous faire vivre ses derniers jours d'enfance au Tchad à N'Djamena.
Un récit teinté de nostalgie.
Le scrabble est le fil rouge du roman.... Tout commence avec lui... Tout finit avec lui... de l'émerveillement à l'horreur... Les mots se superposent au souvenir, et l'écrivain à l'enfant.

Une histoire qui va grandir par onde spirale....
Un écrivain en construction qui évoque son enfance en faisant abstraction de l'espace temps et de l'oubli....
Une très belle scènique,
certaines scènes évoques des fresques du XIX ème siècle..., un contraste entre cette berceuse de l'enfance au goût sucré.... Et la violence qui fait son chemin, prémice de la guerre civile...

Un livre basé sur les cinq piliers des sens... Une enfance où l'odorat, l'ouïe, la vue, le goût et le toucher sont mis en éveil.
Les couleurs, les odeurs se font échos.
Ce livre n'est pas seulement celui de Toumai qui signifie "espoir de vie" , mais aussi celui de Saleh, le "boy", l'homme à tout faire, le confident... Celui qui veille sur la maison.... Des voix féminines alternent...
A l'innocence, l'insouciance, les armes, les cris vont répondre.. Une enfance foudroyée par les balles, le sang, les animaux blessés.
L'enfant sera témoin de tout, jusqu'à la découverte de son ami Youssouf blessé à terre perdant son sang. Une vision d'un monde idyllique qui passe soudainement à son antithèse. Un excellentissime livre que je vous conseille.
Finaliste prix fémina 2019
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Une magnifique écriture. Précision incroyable des descriptions. Et puis tout à coup l'horreur de la guerre.
C'est très fort.
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Roman, ou récit autobiographique ? On se pose souvent la question quant à l'appartenance d'une oeuvre littéraire à un genre ! A mon avis, il s'agit ici d'un récit romanesque autobiographique dans lequel l'auteur nous raconte son enfance, puis le début de son adolescence à N'Djamena au Tchad. L'enfant qu'il est en 1979 découvre les paysages d'Afrique, la nature, la faune, la flore, la lumière, le vent, les gens...Les descriptions de son environnement sont exhaustives, précises, pleines de charme et de poésie et nous font découvrir une Afrique attachante par sa crudité et sa beauté. le jeu de scrabble évoqué sert à camper par sa conformation progressive, la géographie du pays, l'imbrication des mots est celle des relations entre les gens et la fin délicate d'une partie, avec peu de cases disponibles évoque l'inéluctabilité de la guerre qui survient. Très belle écriture rendant ce récit vivant et attachant.
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Un homme se souvient des quelques années d'une enfance heureuse, au Tchad, au plus près de la nature qui le passionne : plantes, insectes, ...Une école de vie par excellence dans les années 70 .
Une mère blanche, un père noir, et les hommes de la propriété avec leurs croyances, leurs traditions.
Et les animaux de la ferme.
Le roman débute par une partie de scrabble entre les deux frères, dans la cour de la maison.
Alors, tout est largement ouvert et facile, les cases vides offrent toutes les possibilités.
A la fin du jeu, au contraire, la réduction du nombre de cases libres est une entrave.
Cette partie, qui accompagne le récit, qui se déroule tout du long, est le miroir de la vie, de l'enfance insouciante à la fin sans issue , détruite par la guerre.
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Encore une découverte inattendue. Scrabble, de Michael Ferrier. Je ne connaissais ni l'auteur ni son oeuvre. Je l'ai trouvé à la bibliothèque de l'Alliance Française de Johannesbourg, et, en lisant l'endos, le mot Tchad m'a sauté aux yeux. N'Djamena fin des années 70, juste avant la guerre. le jeune Michael, métisse française de père noir et mère blanche, commence l'école. Très curieux, il découvre, à pied, ses environs et termine son enfance abruptement quand la guerre éclate. Ce témoignage d'un moment clef dans 'histoire Tchadien est exceptionnelle. Je ne comprends pas comment ça m'a pris tant d'années de le découvrir. Mieux tard que jamais.
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critiques presse (4)
LeMonde
23 septembre 2019
Une tragédie semble imminente et le temps suspendu. Le mystère de la scène inaugurale, pleine de menaces, dont le narrateur s’absente un instant pour l’observer comme « un rébus indéchiffrable », trouve dans l’épilogue non pas sa résolution mais son dénouement : le lecteur comprend ce qui lui nouait la gorge.
Lire la critique sur le site : LeMonde
LaCroix
19 septembre 2019
Dans un beau récit sur son enfance, le romancier Michaël Ferrier livre ses souvenirs de ses premières années passées au Tchad.
Lire la critique sur le site : LaCroix
Liberation
18 septembre 2019
Ce rare récit est nourri d’une intense et fiévreuse densité vitale. Si dans Scrabble, l’écriture de Michaël Ferrier est porteuse de l’anéantissement à venir, elle sécrète aussi une forme de sensualité dans cette fusion avec la nature, dans cette exploration sensorielle de «territoires nomades», «d’eaux limoneuses», de «zones fantômes».
Lire la critique sur le site : Liberation
Liberation
18 septembre 2019
Scrabble est un récit personnel et essentiel pour mesurer l’unité d’un écrivain qui se livre en s’échappant et qui explore l’enfance en s’affranchissant du temps et de l’oubli.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Trouver de la nourriture. Se protéger des prédateurs. Élever les enfants. Survivre et s'entraider. Veiller sur son territoire. Résoudre les problèmes liés à leur environnement; Il m'apparaît clairement, dans ma cervelle d'enfant, que les animaux sont comme nous et que nous avons peut-être même été créés à leur image. Il me semble indiscutable que certains d'entre eux sont des êtres vivants comme les autres, ambigus, torturés et fascinants. Ils ont une vie intérieure ( il suffit d'entendre Sao grogner ou geindre dans son sommeil ou de voir Dick, le regard perdu dans ses pensées ) et une immense capacité à signifier.



Je vois bien qu'il y a plusieurs sortes de cabris : les intelligents, les flemmards, les batailleurs, les réfractaires. Je note que Babou la guenon montre les dents quand elle rit, comme nous, et aussi quand elle a peur, comme nous. J'observe les muscles de leurs visages, si semblables aux nôtres, ou la manière dont ils remuent leurs oreilles pour nous faire comprendre quelque chose que nous ne voulons pas entendre. Pour moi, il est évident que les animaux ont le sens de l'humour : la chevrette qui s'obstine à me déculotter quand nous luttons tous deux dans la poussière de la cour, sans jamais pourtant me blesser de la moindre égratignure, en est la preuve la plus éclatante. Mais ils ont aussi le sens du deuil : quand la chatte Minouche perd un de ses nouveaux nés, happé un matin par un épervier de l'Ovampo, tous les chats et les chiens de la cour se regroupent en cercle et la regardent d'un air apeuré, non pas parce qu'ils se disent, comme certains humains, qu'ils ne verront plus une personne aimée mais, beaucoup plus profondément à mon sens, parce qu'ils ont compris que quelque chose vient de s'interrompre dans la grande vibration du monde.
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Le passé est tout autour de moi désormais – et je ris quand je dis
« le passé », car rien de tout cela n’est passé.

Alors, l’enfance s’ouvre comme une mangue : je revois les matinées ensoleillées frissonner dans un scintillement de détails, la dentelle déchiquetée des feuilles et des branches, la terre luisante d’avoir été tant balayée, les pieds de piments rouges et jaunes et la paisible blancheur des murs. J’entends la voix de ma mère, au son profond comme de l’eau (« Allez, à toi de jouer… »), le long des après-midi ombreuses tapies sous la toiture de la véranda. Je cueille dans le soir frissonnant de l’éclat jaune des lampes et l’étirement des fumées noires qui montent des lanternes de zinc une poignée de souvenirs suspendus aux grandes palmes vertes des bananiers, je recueille les bruits et les parfums saisis à la volée du vent. À la tombée du jour, je me retrouve en compagnie des ombres démesurées qui préparent le poivron, le maïs et le poisson dans l’odeur du charbon brûlé, les rires qui se lèvent et le crépitement des bois. (...)
Et tout, absolument tout ce qui va être conté maintenant, le sera à partir de cette puissance de l’enfance, de ces quelques pièces de bois disposées sur la table et d’une case centrale étoilée sur laquelle sera posé le premier mot joué.
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Je me réveille dans mon lit, en nage, mais cette fois ce n'est pas le paludisme, ce n'est pas la sueur de la fièvre et ce n'est pas un cauchemar. Ou plutôt le cauchemar est entré dans ma vie même. J'ai bien entendu un hurlement sauvage, précédé de grandes rafales de pistolet-mitrailleur. Je me précipite à la fenêtre et je regarde dans la cour. ..
La case du gardien a explosé, percutée par une grenade... des morceaux de paille pendent du toit et ont commencé à brûler. Et devant elle une ombre, armée d'un fusil.

La cour est devenue un grand échiquier inutile, où, calmement, deux enfants-soldats nous tiennent en joue.

Les soldats sont entrés dans la cour, la cour par laquelle tout arrive, et toutes sortes d'ombres se faufilent maintenant, le long des palissades, fusils en bandoulière...

Le soldat est très jeune, quelques années de plus que moi; seize ans peut-être, dix-sept ans , à la limite. Il a d'abord tué Dick, qui menaçait de le mordre, une balle entre les deux yeux,  au dessus du museau, au milieu du front. Maintenant, il se tient à côté du gardien, qui a pourtant voulu retenir le chien. Après quelques palabres, il sort à nouveau le pistolet du holster fixé à sa ceinture et plaque le bout du canon à l'endroit où la gorge se transforme en menton. Je comprends l'expression " à bout portant", que j'ai lue tant de fois dans les livres. Il y a plusieurs sortes de guerre. Et là, c'est la guerre dans la guerre. Une exécution. C'est à la fois la plus rapide et la plus lente des morts. Il a l'index sur la détente et il va tirer...

Le coup part, et la tête chavire dans un cri. Je me souviens parfaitement du mouvement des muscles du visage quand on tire, comme si on extrayait de soi toute sa haine, un vieux fond de terreur ancienne...

Le jeune soldat recharge, attrape le fils du gardien par l'épaule - il doit avoir son âge - et le plaque à la même place où son père vient de mourir, et il tire une deuxième fois. Rien de plus répétitif que la guerre, de plus lancinant et de plus singulier à chaque fois. Dans la guerre, tout a toujours lieu au moins deux fois, comme si elle voulait s'assurer qu'on a bien compris, que c'est elle qui règne, qu'elle fera ce qu'elle voudra, que le plus absurde des actes pourra, sous sa tutelle, être commis autant de fois qu'elle voudra...
La croyance en la bonté de l'homme, en sa nature humaine, c'est cela que la guerre ruine quand elle émerge, très vite et presque sans effort.
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Il faudrait tout mettre sur la table et vider les tiroirs, vider aussi les placards encombrés de cadavres, Blancs, Noirs, innocents et coupables : l'argent n'a pas plus de couleur que d'odeur. Alors, un seul sentiment subsisterait peut-être : la honte. La honte devant l'ignorance ou la veulerie des opinions publiques, des guerres qu'on mène pourtant en leur nom, le commerce des armes et celui des votes, tous les petits arrangements entre les dictatures et les démocraties qui durent depuis si longtemps en Afrique, entre les ressources minières et les placements financiers, l'apologie des cultures authentiques et les falsifications continuelles, la défense des valeurs universelles et la promotion des intérêts particuliers.
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Saurons-nous un jour par où a commencé la déraison ou la faute ? Il faudrait calculer la part des mensonges, des faux pas, des méprises, établir les responsabilités, faire le décompte des lâchetés et la somme des complicités. À combien se chiffre la vie d’un soldat dans le désert du Tchad ? Le sort d’un otage oublié ou celui d’un négociateur abandonné dans les dunes lointaines ? Il faudrait tout mettre sur la table et vider les tiroirs, vider aussi les placards encombrés de cadavres, Blancs, Noirs, innocents ou coupables : l’argent n’a pas plus de couleur que d’odeur. Alors, un seul sentiment subsisterait peut-être : la honte. La honte devant l’ignorance ou la veulerie des opinions publiques, des guerres qu’on mène pourtant en leur nom, le commerce des armes et celui des votes, tous les petits arrangements entre les dictatures et les démocraties qui durent depuis si longtemps en Afrique, entre les ressources minières et les placements financiers, l’apologie des cultures authentiques et les falsifications continuelles, la défense des valeurs universelles et la promotion des intérêts particuliers.
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Vidéo de Michaël Ferrier
Michaël Ferrier vous présente son ouvrage "Scrabble" aux éditions Mercure de France.
Retrouvez le livre : https://www.mollat.com/livres/2344388/michael-ferrier-scrabble-une-enfance-tchadienne
Notes de musique : Youtube Audio Library
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