En ce moment, je renoue les bouts.
Je reprends mes pinceaux. Je retape sur quelques pierres. Je raccorde, sur Babelio, mes lectures passées et mes billets en retard. Je lis de nouveau en italien.
Je reprends le fil de ma vie. Je renoue les bouts.
Rien de tel qu'un alphabet des désirs quand justement les miens reviennent un à un mettre leur grain de poivre dans le plat parfois âpre de la solitude.
Rien de tel que le
Vocabolario dei desideri de mon cher Eshkol Nevo-pas encore traduit en francais- pour me remettre en appétit. En selle. Et en joie.
Drôle, tendre, parfois piquant, l'alphabet écrit à la (petite ?) semaine par Nevo, à la demande de Vanity Fair, déroule en 26 lettres qui sont autant de courtes nouvelles 26 façons de vivre le désir, 26 points de vue différents : homme, femme enfant, vieillard...
Tous expriment avec force que le désir fait partie de la vie. Qu'il est la vie.
C'est une petite fille têtue qui cache le passeport de son père pour l'empêcher de partir à l'étranger où l'appelle non seulement son travail mais aussi une femme qui n'est pas sa maman. Deux désirs se contrarient, le plus affirmé vaincra.
C'est un couple harrassé par la vie qui tente de retrouver un soir le rituel sexuel autrefois lié aux épisodes d'un feuilleton plein de suspense qui avait le pouvoir de terroriser l'une et de galvaniser la protection de l'autre, les jetant pantelants aux bras l'un de l'autre...Mais les choses ont changé et la fatigue aidant, le mari devenu père est contraint de rassurer son enfant tandis que sa femme s'est endormie dès les premières minutes du feuilleton inquiétant qui était leur aphrodisiaque !
Ce sont deux cousins qui regardent d'un oeil amusé et inquiet leur progéniture respective frôler à leur tour le tabou de l'inceste et se demandent s'il ne serait pas temps de leur montrer l'image de " l'enfant à deux têtes", fruit horrifique de la consanguinité, qui avait autrefois bridé leur désir.
Ce sont 26 petites histoires troussées avec l'humour, l'empathie et la profondeur d'
Eshkol Nevo, 26 nouvelles illustrées avec talent et à propos par l'illustratrice romaine Pax Paloscia.
Un régal de concision, de pertinence et parfois d'impertinence.
J'ai adoré ! Merci à super Booky qui m'a fait ce cadeau de pouvoir renouer en douceur avec la lecture en v.o!
"Chiunque abbia vissuto anche una sola notte d'amore , è fortunato" conclut joliment Nevo.
C'est joli et c'est vrai.