Un très bon ouvrage. Difficile à lâcher. On découvre beaucoup de personnages haut en couleurs, des sortes de freaks à l'Américaine. Une plaine sillonnée de canaux qui ont une importance plus grande que ce que l'on pense. Un paysage fantastique mais qui s'approche de celui de l'Amérique sauvage au tout début de l'industrialisation, avec ses autochtones, ses mines surexploitées et la Compagnie qui les dirige d'une manière plus ou moins légale. Deux jeunes enfants vont évoluer de manière stupéfiante dans ce récit au milieu des esprits qui hantent le Mitan. Un récit onirique, sauvage, effrayant parfois. le récit de la fin d'une époque aussi.
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Premier ouvrage que je lis de cet auteur, et l'adjectif qui convient le mieux à cette première expérience de lecture c'est « surprenant ». Surprenant comme inattendu, singulier mais aussi comme remarquable.
La quatrième de couverture n'en dit pas beaucoup, à part confirmer qu'on va plonger dans un monde particulier, assez inconnu de la fantasy, avec ses propres codes et lois. J'étais perplexe mais aussi intriguée.
L'ouvrage est divisé en 8 parties, + prologue et épilogue. le roman prend son temps pour s'installer. La première partie est la plus longue, centrée sur le personnage de Gabriel enfant, qui nous fait découvrir par ses yeux d'enfants le Mitan, et ses drôles de choses (l'héliographe, le bateau carnaval, la Montagne…). C'est parfois long, mais c'est à l'image de ces étendues à perte de vue du Mitan, de la vitesse du bateau sur le canal, de la vie monotone sur le bateau : il y a une parfaite cohérence entre l'écriture et ce qui est raconté. Ce que voit, pense et ressent Gabriel est écrit dans un vocabulaire et une structure narrative assez simple, encore une parfaite cohérence entre les deux niveaux. La partie suivante centrée sur Suzanne est plus courte mais il y a dans cette partie un excellent jeu lexical sur la chasse, le chasseur et le gibier. Tout à tour chasseuse ou gibier, Suzanne évolue dans une ville plus resserrée que le Mitan, et cela se ressent aussi à l'écriture, j'ai eu une sensation d'étouffement dans cette partie (accru encore dans la troisième partie, centrée dans le Temple et chez la logeuse) et j'ai pu ressentir comme Suzanne l'étau se desserrer lors de son départ vers la plaine. Les parties suivantes sont beaucoup plus courtes, alternent encore les points de vue mais aussi les formes narratives ; journal, mais aussi introduction d'une pièce de théâtre qui nous permet de comprendre des légendes ancestrales de cet univers. Ces parties se succèdent dans un rythme et une diversité de point de vue assez vertigineuse, ce qui met en lumière l'accélération de l'intrigue en parallèle.
Il y a en fait plusieurs niveaux d'histoires dans ce livre, qui sont enchâssées et qui s'entrecroisent et c'est un régal de s'y perdre, de s'y retrouver, comme dans un labyrinthe. L'histoire de Gabriel, Suzanne, les personnages du bateau carnaval, les personnages secondaires qui évoluent autour d'eux, centrés autour de cette cohabitation avec Ke Wak dans les capitaines (un peu comme Bob dans Twin Peaks). Une enquête sur des meurtres étranges, la figure d'un vieillard qui revient dans toute l'oeuvre comme un fil d'Ariane.
Puis une Histoire plus large, aux bornes temporelles beaucoup plus étendues, allant des légendes millénaires aux récits d'anciens, et s'ouvrant vers un avenir pas encore écrit et à imaginer. Cette Histoire plus large parle de la figure du Mal, de son origine, de sa cohabitation avec les Hommes.
Se greffe une autre histoire, celle de la colonisation, de territoires exploités et de clans différents sur un territoire marqué par ces différends. Tous ces niveaux sont enchâssés mais s'entrecroisent et s'alimentent les uns les autres ; ils sont aussi construits dans une structure circulaire : on commence au Mitan, on finit au Mitan ; le récit s'ouvre sur Gabriel, et se termine sur Gabriel, mais qui entre temps a évolué, grandi, un peu comme un personnage de roman d'apprentissage.
J'ai adoré parcourir les espaces décrits.
La métaphore du courant marque l'ensemble de l'oeuvre. Dans la première partie, Gabriel est terrorisé par le fleuve, dans lequel le courant est beaucoup trop fort. C'est un passage qui détone dans cette première partie assez monotone sur le canal tranquille. On retrouve cette métaphore du courant tout au long du roman : la mort du prêtre « entraîné par le courant », la traversée du ravin racontée par d'Ambert (considéré comme une « anomalie de terrain » d'ailleurs), le « poisson arraché à sa mare » (4ème partie), le retour de Gabriel sur le fleuve dans la 8eme partie… Rigolo de noter que Gabriel crève de trouille sur un fleuve mais semble plutôt bien accepter, fataliste, Ke Wak. Concernant la Terre, on passe d'étendues sauvages à perte de vue, des plaines, qui semblent monotones (première et quatrième partie), à des villes dont les petites rues donnent l'impression d'étouffer ; on imagine assez bien des cités coloniales et paysages américains dans un Far West peuplé d'Indiens, aux alentours du Mississipi le grand fleuve de légende américain. Pas de carte donnée pour s'y repérer, l'imagination de chacun fait son oeuvre. Intéressante aussi la carte gravée sur le corps des capitaines, qui corps et âme appartiennent à la Terre.
J'ai aussi beaucoup aimé cette réflexion sur la Fantasy, ses représentations et ses codes. D'un côté D'Ambert raconte ses souvenirs de lecture dans des feuilles de chou, ou entendus par les uns et les autres… et évoque une magie et des légendes ubuesques, fantastiques, grotesques même… Et de l'autre, Suzanne se moque de cette imagination débridée (« quant à la magie, voilà une notion faite de sable ») ; et pourtant, cet univers est empreint de légendes millénaires, de croyances, de rites et de figures pas plus irréalistes finalement que les histoires auxquelles croyait d'Ambert. C'est une Fantasy très particulière, à laquelle on n'est pas habitué et finalement assez réaliste, car chaque culture actuelle est construite sur des mythologies et des légendes auxquelles elle se réfère.
J'ai adoré cette richesse de la langue et des niveaux de langage, les différents points de vue et formes narratives, la superposition d'histoires entremêlées, l'écriture imagée tout au long du texte, la construction complexe de cette oeuvre… Je pense qu'il me faudra une seconde lecture pour apprécier encore plus cette oeuvre, très riche, très singulière. J'ai l'impression d'avoir lu un livre très dense, fourni, intense, riche, alors qu'il est assez court. J'y ai passé une semaine, pour prendre le temps de comprendre, d'assimiler, d'imaginer, ce qui était décrit, narré, induit. D'autres oeuvres sont basées sur plusieurs tomes pour créer une ambiance aussi fournie. Sacré tour de génie de créer une illusion pareille en un seul ouvrage, on retrouve bien là l'écrivain magicien. C'est ce que j'attends de la littérature, et pour moi, cet ouvrage en est un merveilleux exemple.
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C'est un livre dont j'ai eu le temps d'oublier le synopsis entre le moment de mon achat et ma lecture. Ce fut une magnifique découverte, j'ai adoré le principe de l'itinérance par les canaux fluviaux et le côté Freakshow, le tout enrobée d'une aura de mystère car si la magie semble avoir disparu de ce monde certaines puissances semblent encore le peupler.
L'histoire est très bien menée et j'ai adoré le découpage de l'histoire qui nous permet de découvrir deux univers, d'un côté la vie itinérante inspirée de la fin de l'ère des exhibitions de "monstres" dans l'Ouest Americain dans les années 30 et d'un autre côté l'atmosphère plus sombre des villes et d'une intrigue autour d'un sérial killer.
La manière dont les deux histoires s'entre-mêlent est simple mais fonctionne tellement bien!
J'ai aimé les personnages qui peuple ses pages, la manière dont le temps s'étire au fil de la vie sur l'eau et à bord du bateau Carnaval, tout comme l'évolution de Gabriel, un de nos personnages principaux et découvrir avec lui tous les mystère et la magie ancienne qui hante encore le pays alors que la science et les évolutions technologiques l'ont étouffée.
Gros coup de coeur pour le personnage de Suzanne que j'ai trouvé très bien écrit et dont j'ai adoré le caractère.
C'est un roman court mais très riche, avec un univers et une ambiance qui lui est propre et c'est un franc succès pour ma part!
J'ai été accrochée par l'écriture et la poésie du récit, tout en étant tenue en haleine par l'intrigue qui se met en place et la manière dont celle-ci est articulée.
En Bref: Ce titre fait partie de ces romans qui mérite d'être mis en lumière et d'être lu sans hésitation!
En moins de 300 pages l'auteur réussit le tour de force de créer un univers complet avec des protagonistes attachants et une intrigue prenante et bien ficelée.
Je vous le recommande vivement, c'est un petit bijou de fantasy, mêlant steampunk et western!
En plus de ça il existe en audiobook et pour en avoir écouté certaines parties, allez-y les yeux fermés, la narration est top!
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Au détour d'un rayon , je me retrouve face à face avec cette couverture très intriguante. Je le prend, lis le résumé qui est encore plus intriguant ! Je décide donc de le prendre.
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Je me retrouve plongé dans un univers particulier, avec des personnages particuliers, sur un bateau carnaval naviguant sur des canaux 🤨
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L'histoire se met en place petit à petit. On retrouve le point de vu de plusieurs personnages, mais principalement Gabriel, jeune au départ, puis des années plus tard, vivant sur le bateau carnaval.
Il y a également Suzanne , que j'ai beaucoup apprécié.
Les peronnages sont très bien travaillés, ils sont complexes et parfois difficiles à cerner pour ma part.
Dès le départ, on sent que quelque chose se trame avec le bateau, et ses occupants.
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L'univers est très intéressant, il mêle technologie et (re) découverte des terres ancestrales.Des technologies fonctionnant au gaz , un héliographe fonctionnant par signaux lumineux ? 🤪J'ai adoré tout l'univers, extrêmement bien travaillé et très intéressant.J'etais un peu dans un western, des chevaux , des armes à feu , des hommes sexistes ( sisi, encore..).
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La magie y est présente, sous forme de rites anciens, forts et puissants et de l'esprit de Ke-Wak.. Certains passages sont très angoissants.
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Le début est un peu lent, il y a quelques longueurs mais une fois passé... la deuxième partie est vraiment géniale !!
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Je n'en dis pas plus, car je pense qu'il faut le découvrir par soi-même :)
Pour moi, ce roman est un ovni 🤣 je n'ai rien lu de similaire, et je suis vraiment ravie de l'avoir découvert.
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