AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782361836672
Les Moutons Electriques (10/04/2020)
4.12/5   52 notes
Résumé :
Le Mitan, vaste plaine couturée de canaux, creusés en des temps immémoriaux, et que les colons parcourent désormais sur de lentes péniches tirée par des chevaux. C'est sur l'une d'entre elles qu'embarque le jeune Gabriel, attiré par son côté exotique : peuplée de phénomènes de foire, elle lui permet d'échapper à un quotidien morose. Mais quels sont les esprits qui hantent les anciens tertres, tout au bout de la plaine ? Pourquoi, depuis des siècles, condottières et ... >Voir plus
Que lire après Les canaux du MitanVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (31) Voir plus Ajouter une critique
4,12

sur 52 notes
5
20 avis
4
11 avis
3
0 avis
2
0 avis
1
0 avis
Un titre découvert au cours de mes veilles sur Babelio, classé en fantasy et écrit par un auteur français parfaitement inconnu pour ce qui me concerne, ajoutons un résumé intrigant et une bonne note, tous les ingrédients étaient là pour m'inciter à la lecture.
Au moment de parler de cette lecture, je me rends compte qu'il va m'être compliqué de trouver les mots adéquats car le scénario est étonnant, le mode narratif peu banal et l'univers étrange.
Commençons par le contexte, un vaste territoire traversé de canaux et d'écluses, peuplé de colons et d'anciens autochtones soumis à des lois qui rappellent un peu le far west du début des pionniers.
Dans cette société en constante évolution, il est question de religion et de rites anciens, mais aussi de superstition et de magie, d'esprits bénéfiques et surtout maléfiques. Il est question aussi de l'avènement d'une certaine modernité et du crépuscule d'un temps bientôt révolu qui rappelle les débuts du rail dans l'Amérique des pionniers.
Ce qui frappe dans ce roman, c'est cette perpétuelle sensation que, bien qu'assez original, le contexte nous évoque souvent les échos de choses apprises ici et là, comme l'histoire des incas, et d'autres choses aussi. Un mélange subtil de plusieurs cultures et civilisations brassées de façon anachronique ce qui rend le tout assez étrange, et si vous y ajoutez une barge carnaval, sorte de cirque itinérant qui se déplace au gré des canaux, alors vous obtenez quelque chose d'assez intrigant.
Côté narration, il s'agit d'un roman chorale composé de huit chapitres racontés par autant d'acteurs, vous me direz que ce n'est pas très original, sauf que là, chaque chapitre s'emboîte avec une chronologie aléatoire, se suivant parfois ou bien nous emmenant loin dans le temps passé, le tout au bout du compte pour nous amener au point d'orgue du dernier chapitre.
Un procédé habile qui maintient un suspense efficace on peut le dire, je vais juste regretter une fin que je trouve frustrante voire... (Ne pas divulgâcher).
J'ai aimé le style et l'écriture, pour ce qui est du rythme disons qu'il est plutôt lent avec quelques fulgurances, mais bien adapté au récit, et pour conclure, j'ai passé un très bon moment de lecture grâce à l'originalité de l'ensemble.
Commenter  J’apprécie          836
Livre audio – Lu par Simon Jeannin : 17h25

Excellent ! Je n'ai pas vu le temps passer à l'écoute de cette histoire ! Dès les premiers instants Simon Jeannin m'a embarquée dans ce monde parcouru de canaux sur lesquels se déplacent chalands et péniches au rythme lent des pas des chevaux de trait.

Avec l'envie de changer de vie, Gabriel s'embarque sur le bateau carnaval qui égaie la vie des habitants du Mitan avec ses bateleurs, phénomènes de foire et conteurs de légendes ! Malgré une certaine évolution de la société, une magie ancienne et dangereuse perdure et l'existence des canaux n'y est pas étrangère !

Le roman prend de l'ampleur avec le temps qui passe et l'apparition de personnages qui vont mener jusqu'au dénouement des mystères sous-tendus depuis le début !

Au fil des pages j'ai eu la sensation de côtoyer les civilisations aztèques et mayas après l'arrivée des conquistadors, avec les coutumes, les créatures de légende et les rites qui subsistent, saupoudrés de vaudou caribéen. le rejet et la discrimination dont ces peuples anciens sont victimes font aussi partie de l'histoire du Mitan.

Même si le pays est aride et inhospitalier j'ai quand même eu souvent la sensation de baigner dans une moiteur délétère et oppressante qui menait loin de la réalité d'une vie civilisée et civilisatrice.

Je ne sais pas si les sensations peuvent être identiques en lisant, mais en audio on se laisse porter et imaginer sans souci tout ce que l'auteur a créé de fabuleux !

#LesCanauxduMitan #NetGalleyFrance #rentreelitteraire2022

Challenge ABC 2022/2023
Challenge Mauvais Genre 2022
Commenter  J’apprécie          240
Je viens de terminer mon voyage à travers le Mitan à bord du bateau carnaval.
Il avait mal démarré, j'avais sélectionné ce livre à la masse critique d'octobre mais il n'était pas précisé qu'il s'agissait d'un livre audio. N'ayant pas l'habitude de ce type de format, j'ai mis un peu de temps à l'apprivoiser mais une fois lancé, ce fut une écoute très agréable.
L'histoire très originale d'Alex Nikolavitch nous entraîne aux confins du Mitan, à travers ses canaux dans un monde où les légendes d'antan ont été en parties oubliées. Peuplé de personnages atypiques, on embarque en compagnie de Gabriel qui ne se doute pas alors de la charge qui deviendra la sienne.
L'écriture ainsi que la voix du conteur Simon Jeannin m'a emmené loin dans un dépaysement bienvenu, récit poétique, monde d'esprits, un brin nostalgique tout du long pour les protagonistes.
Le gardien capitaine reviendra sur ses pas, la boucle sera bouclée et un nouveau monde se lèvera.
Merci à Babelio et aux éditions VOolume pour l'envoi de ce livre, une bonne pioche une fois de plus.
Commenter  J’apprécie          260
Un grand merci à l'équipe de la Masse Critique Babelio et aux éditions Voolume pour cette très belle expérience de lecture ! En effet, il s'agit ici de ma première véritable expérience avec un livre audio (si on oublie les vieilles cassettes audio de mon enfance sur les grands classiques de Walt Disney, qui tournaient en boucle sur mon magnétophone...), en plus de la découverte d'un auteur avec ce texte singulier à plus d'un titre.

Dans sa petite bourgade, bordant un des innombrables canaux irriguant le Mitan (à prononcer comme "Mi-temps"), le jeune Gabriel s'ennuie à mourir. Les jours passent et se ressemblent tous, rythmés par les leçons sans saveur de la vieille Mlle Denis, les imprécations sévères du prêtre et les corvées inhérentes à la vie au temple. Jusqu'au jour où une étrange embarcation bariolée, peuplée par un équipage non moins étrange d'acrobates, de danseurs ou de bouffons aux costumes grotesques fait halte en ville pour une de ses rares représentations. Pour le jeune orphelin, c'est une révélation : dès le lendemain, il abandonne presque sans regret cette vie morne et décide de se faire engager comme mousse sur le bien-nommé "bateau-carnaval", à la découverte du vaste monde et de ses innombrables mystères. 

Je ne peux pas vraiment vous en dire plus sur l'intrigue sans gâcher le plaisir de lecture lié à son dévoilement progressif tout au long du roman. Divisé en huit parties adoptant différents points de vue, le récit est un savoureux mélange de plusieurs genres littéraires : on passe du récit initiatique mâtiné de fantasy à l'ère préindustrielle à une enquête policière sur fond de fantastique, avec une touche de western… J'ai beaucoup aimé cette ambiance inhabituelle, qui se laisse doucement découvrir au fil des pages. 

On fait ainsi petit à petit connaissance avec les différents protagonistes, qu'ils soient membres de l'équipage du bateau-carnaval, prévôts ou enquêteurs mandatés par une compagnie minière en pleine expansion. À travers leurs yeux, on apprend les règles de ces terres rudes, où le temps semble s'être arrêté, et que la modernité finit inexorablement par rattraper. Cette nostalgie constitue, à mon sens, le coeur de ce roman : avec l'industrialisation progressive de la région pour ses ressources minérales, c'est tout un mode de vie basé sur l'utilisation quotidienne des canaux qui disparaît peu à peu, en même temps que des traditions séculaires héritées d'anciennes cultures. le bateau-carnaval entretient d'ailleurs des liens très forts avec une population indigène que le reste du monde préfère oublier, mais qui sont pourtant à l'origine même des canaux, et dont les croyances animistes ont posé les bases du Culte officiel qui a relégué les histoires des esprits de la nature à l'état de légendes que seuls les plus anciens racontent encore. Il y a ici une influence évidente de l'histoire de l'Amérique du Nord et du traitement des natifs par les colons, une autre des principales thématiques du roman. le contexte géopolitique de ce monde, et par extension la géographie même du Mitan, ont également une place très importante dans ce récit, et en constituent une des clés que je vous laisse le plaisir de découvrir par vous-mêmes… 

La version audio de ce roman, que j'ai eu la chance d'écouter, est éditée chez Voolume et lue par le comédien Simon Jeannin. Dès les premières secondes du prologue, le ton est posé par la voix sobre du narrateur dans une scène d'attaque nocturne haletante, au milieu de la brume des canaux. Puis vient la première partie, racontée par la voix peu assurée et plus candide du jeune Gabriel, qui débute son apprentissage de la vie de bateleur avec l'étrange et attachant équipage du bateau-carnaval. Il s'agit sans conteste de la partie la plus longue du roman, mais également de celle que j'ai préférée pour son côté initiatique. En l'écoutant, j'avais vraiment l'impression de découvrir ce nouveau monde par les yeux de Gabriel, avec l'innocence et l'émerveillement propres à l'enfance : une sensation que j'ai vraiment adorée ! J'ai également beaucoup apprécié le fait que chacun des différents personnages présentés durant cette partie soit immédiatement reconnaissable à l'oreille, de par le ton de sa voix, son accent ou encore le lexique utilisé. En effet, le soin apporté à l'auteur dans la description de ses personnages permet de se les représenter assez facilement, ce qui a dû aider le narrateur de cette version audio à leur donner avec succès une voix caractéristique. 

Même s'il y a quelques longueurs par moments, en raison du rythme assez lent auquel se déroulent les événements de l'intrigue, je ne me suis pas ennuyé une seconde et je me suis laissé porter par la voix de Simon Jeannin et par l'ambiance nostalgique que le comédien arrive très bien à retranscrire. Je pense que j'aurais apprécié de lire ce très bon roman en version papier, mais je dois reconnaître que la voix apporte ici une dimension supplémentaire pour se projeter plus facilement dans le récit et son univers. 
Cela a donc été pour moi une expérience vraiment très agréable, que je serais ravi de réitérer à l'avenir ! 
Commenter  J’apprécie          50
Premier ouvrage que je lis de cet auteur, et l'adjectif qui convient le mieux à cette première expérience de lecture c'est « surprenant ». Surprenant comme inattendu, singulier mais aussi comme remarquable.
La quatrième de couverture n'en dit pas beaucoup, à part confirmer qu'on va plonger dans un monde particulier, assez inconnu de la fantasy, avec ses propres codes et lois. J'étais perplexe mais aussi intriguée.

L'ouvrage est divisé en 8 parties, + prologue et épilogue. le roman prend son temps pour s'installer. La première partie est la plus longue, centrée sur le personnage de Gabriel enfant, qui nous fait découvrir par ses yeux d'enfants le Mitan, et ses drôles de choses (l'héliographe, le bateau carnaval, la Montagne…). C'est parfois long, mais c'est à l'image de ces étendues à perte de vue du Mitan, de la vitesse du bateau sur le canal, de la vie monotone sur le bateau : il y a une parfaite cohérence entre l'écriture et ce qui est raconté. Ce que voit, pense et ressent Gabriel est écrit dans un vocabulaire et une structure narrative assez simple, encore une parfaite cohérence entre les deux niveaux. La partie suivante centrée sur Suzanne est plus courte mais il y a dans cette partie un excellent jeu lexical sur la chasse, le chasseur et le gibier. Tout à tour chasseuse ou gibier, Suzanne évolue dans une ville plus resserrée que le Mitan, et cela se ressent aussi à l'écriture, j'ai eu une sensation d'étouffement dans cette partie (accru encore dans la troisième partie, centrée dans le Temple et chez la logeuse) et j'ai pu ressentir comme Suzanne l'étau se desserrer lors de son départ vers la plaine. Les parties suivantes sont beaucoup plus courtes, alternent encore les points de vue mais aussi les formes narratives ; journal, mais aussi introduction d'une pièce de théâtre qui nous permet de comprendre des légendes ancestrales de cet univers. Ces parties se succèdent dans un rythme et une diversité de point de vue assez vertigineuse, ce qui met en lumière l'accélération de l'intrigue en parallèle.


Il y a en fait plusieurs niveaux d'histoires dans ce livre, qui sont enchâssées et qui s'entrecroisent et c'est un régal de s'y perdre, de s'y retrouver, comme dans un labyrinthe. L'histoire de Gabriel, Suzanne, les personnages du bateau carnaval, les personnages secondaires qui évoluent autour d'eux, centrés autour de cette cohabitation avec Ke Wak dans les capitaines (un peu comme Bob dans Twin Peaks). Une enquête sur des meurtres étranges, la figure d'un vieillard qui revient dans toute l'oeuvre comme un fil d'Ariane.
Puis une Histoire plus large, aux bornes temporelles beaucoup plus étendues, allant des légendes millénaires aux récits d'anciens, et s'ouvrant vers un avenir pas encore écrit et à imaginer. Cette Histoire plus large parle de la figure du Mal, de son origine, de sa cohabitation avec les Hommes.
Se greffe une autre histoire, celle de la colonisation, de territoires exploités et de clans différents sur un territoire marqué par ces différends. Tous ces niveaux sont enchâssés mais s'entrecroisent et s'alimentent les uns les autres ; ils sont aussi construits dans une structure circulaire : on commence au Mitan, on finit au Mitan ; le récit s'ouvre sur Gabriel, et se termine sur Gabriel, mais qui entre temps a évolué, grandi, un peu comme un personnage de roman d'apprentissage.


J'ai adoré parcourir les espaces décrits.
La métaphore du courant marque l'ensemble de l'oeuvre. Dans la première partie, Gabriel est terrorisé par le fleuve, dans lequel le courant est beaucoup trop fort. C'est un passage qui détone dans cette première partie assez monotone sur le canal tranquille. On retrouve cette métaphore du courant tout au long du roman : la mort du prêtre « entraîné par le courant », la traversée du ravin racontée par d'Ambert (considéré comme une « anomalie de terrain » d'ailleurs), le « poisson arraché à sa mare » (4ème partie), le retour de Gabriel sur le fleuve dans la 8eme partie… Rigolo de noter que Gabriel crève de trouille sur un fleuve mais semble plutôt bien accepter, fataliste, Ke Wak. Concernant la Terre, on passe d'étendues sauvages à perte de vue, des plaines, qui semblent monotones (première et quatrième partie), à des villes dont les petites rues donnent l'impression d'étouffer ; on imagine assez bien des cités coloniales et paysages américains dans un Far West peuplé d'Indiens, aux alentours du Mississipi le grand fleuve de légende américain. Pas de carte donnée pour s'y repérer, l'imagination de chacun fait son oeuvre. Intéressante aussi la carte gravée sur le corps des capitaines, qui corps et âme appartiennent à la Terre.


J'ai aussi beaucoup aimé cette réflexion sur la Fantasy, ses représentations et ses codes. D'un côté D'Ambert raconte ses souvenirs de lecture dans des feuilles de chou, ou entendus par les uns et les autres… et évoque une magie et des légendes ubuesques, fantastiques, grotesques même… Et de l'autre, Suzanne se moque de cette imagination débridée (« quant à la magie, voilà une notion faite de sable ») ; et pourtant, cet univers est empreint de légendes millénaires, de croyances, de rites et de figures pas plus irréalistes finalement que les histoires auxquelles croyait d'Ambert. C'est une Fantasy très particulière, à laquelle on n'est pas habitué et finalement assez réaliste, car chaque culture actuelle est construite sur des mythologies et des légendes auxquelles elle se réfère.


J'ai adoré cette richesse de la langue et des niveaux de langage, les différents points de vue et formes narratives, la superposition d'histoires entremêlées, l'écriture imagée tout au long du texte, la construction complexe de cette oeuvre… Je pense qu'il me faudra une seconde lecture pour apprécier encore plus cette oeuvre, très riche, très singulière. J'ai l'impression d'avoir lu un livre très dense, fourni, intense, riche, alors qu'il est assez court. J'y ai passé une semaine, pour prendre le temps de comprendre, d'assimiler, d'imaginer, ce qui était décrit, narré, induit. D'autres oeuvres sont basées sur plusieurs tomes pour créer une ambiance aussi fournie. Sacré tour de génie de créer une illusion pareille en un seul ouvrage, on retrouve bien là l'écrivain magicien. C'est ce que j'attends de la littérature, et pour moi, cet ouvrage en est un merveilleux exemple.
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Il n’y a rien, ici, sur cette plaine vide au mitan des terres, entre les montagnes de l’est et celles de l’ouest. Il n’y a que l’étendue et la paix, sans tous ces temples et ces grands palais que vous autres aimez à bâtir et à habiter. Nos villes sont à la taille des gens qui les habitent. Ici, l’homme peut encore vivre sans chaînes, dans la pureté de l’esprit et sous la pureté du ciel, entre les hautes herbes et les grands troupeaux de buffles sauvages qui font trembler la terre sur leur passage.
Commenter  J’apprécie          20
Mais je sais ou crois savoir que les apparences et les rôles distribués par la vie n'épuisent la personnalité de quiconque.
Commenter  J’apprécie          10

Videos de Alex Nikolavitch (10) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Alex Nikolavitch
Les Notes d'écriture, en manière de making of et explications par l'auteur.
autres livres classés : fantasyVoir plus
Les plus populaires : Imaginaire Voir plus


Lecteurs (98) Voir plus



Quiz Voir plus

La fantasy pour les nuls

Tolkien, le seigneur des ....

anneaux
agneaux
mouches

9 questions
2490 lecteurs ont répondu
Thèmes : fantasy , sfff , heroic fantasyCréer un quiz sur ce livre

{* *}