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EAN : 9782916552361
328 pages
Editions Paulsen (15/05/2013)
4.36/5   11 notes
Résumé :
Le premier drame de l'Antarctique.
En 1901, le docteur Otto Nordenskjöld dirige une expédition scientifique chargée d'explorer les îles à l'est de la péninsule antarctique. Ils embarquent sur l'Antarctic, un baleinier qui finira broyé par les glaces. Savants et marins, dispersés en trois endroits du continent, luttent pour leur survie.
Comment se retrouveront-ils ? Par quel miracle les secours arriveront-ils ? Comment surmonter deux hivernages au milie... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Si l'expédition de l'Endurance et son dramatique naufrage en janvier 1915 en mer de Weddell sont demeurés aussi célèbres que son charismatique chef Sir Ernest Shackleton, nettement moins connue est l'épopée extraordinaire de l'Antarctic qui eut un destin similaire 11 ans plus tôt en 1903 en sombrant, broyé par les glaces dans la même mer !

Vingt-deux mois dans les glaces compile les récits de 4 des principaux protagonistes de cette incroyable aventure de l'âge héroïque de l'Antarctique. L'ouvrage est agrémenté de quelques cartes de l'Antarctique qui montre le tracé connu de la Péninsule Antarctique avant et après l'expédition ainsi que le détail des excursions menées en traineaux. On ne peut s'empêcher d'être impressionné par le nombre de kilomètres ainsi parcourus ! Il est aussi illustré de nombreuses photos ou peintures qui restituent avec force et émotion l'héroïsme de ces hommes engagés dans une lutte pour survivre dans un des lieux les plus hostiles de la planète.

Le premier récit est celui de Otto Nordenskjöld, un suédois de 31 ans, docteur en géologie, qui mena l'expédition de l'Antarctic en 1901-1903. Avec un équipage de 29 hommes, commandé par le capitaine norvégien Carl Anton Larsen mais battant pavillon suédois, l'ancien navire phoquier puis baleinier est reconverti en navire d'exploration polaire, rebaptisé l'Antarctic, et quitte Buenos Aires pour se diriger vers la Péninsule Antarctique.
Les objectifs scientifiques d'Otto Nordenskjöld sont très précis et ambitieux : il souhaite explorer durant l'été austral 1902 l'extrémité nord-est des terres de la Péninsule Antarctique afin de comprendre si elles sont reliées ou non et notamment statuer sur l'apparente insularité de la Terre Louis-Philippe, puis hiverner sur le continent Antarctique durant de nombreux mois jusqu'au printemps suivant, en novembre quand l'Antarctic reviendra les chercher.
Mais l'expédition ne va pas se passer comme prévue !

Le 12 février 1902, Otto Nordenskjöld débarque donc avec 5 hommes dont le lieutenant argentin Sobral, et des chiens de traineau sur le glacier de Snow Hill, avec plusieurs tonnes de vivres, du combustible, des instruments scientifiques, du matériel d'excursion et du bois pour construire la cabane d'hivernage et un observatoire magnétique, bref de quoi tenir sur le glacier pendant 20 mois ! Même si l'Antarctic doit revenir en novembre, soit seulement 10 mois plus tard, la prudence est de mise en matière de survie... L'hiver austral est rude. Les hommes affrontent des ouragans violents durant tout le mois de mai qui ébranlent leur cabane, puis des températures négatives qui ne cessent de descendre pour atteindre -41,3 le 6 août... Malgré ces conditions extrêmes, ils ne chôment pas, poursuivent leurs relevés météorologiques et leurs explorations des terres.
Les mois passent, le beau temps revient en septembre avec des températures en hausse et la débâcle de la banquise. Nordenskjöld explore le sud durant 6 semaines sur plusieurs centaines de kilomètres en traineaux avec 5 chiens et 2 hommes : ils cartographient les îles rencontrées, affinant ainsi les relevés exécutés par Larsen en 1893 et réalisent quantités de relevés astronomiques, d'observations géologiques et même botaniques avec la découverte de mousses et lichens. Leurs nuits comme leurs journées sont épuisantes et sans aucun confort : la nuit, ils dorment tout habillés dans leurs sacs en peau de renne, enveloppés d'une peau de guanaco, le matin quand ils se réveillent, la sueur et la vapeur d'eau accumulées pendant le sommeil gèlent sur leurs vêtements. Ils manquent de tomber dans des crevasses, l'un des hommes se blesse, leur tente est déchirée par la tempête, ils souffrent d'ophtalmie et, presque aveugles, prennent le chemin du retour quand les conditions deviennent trop dangereuses pour poursuivre. Ils reviennent épuisés, avec plusieurs kilos en moins mais néanmoins heureux de la richesse de leurs observations scientifiques et d'avoir établi que la Terre Louis-Philippe est reliée à la Terre du Roi Oscar. Novembre est là et l'attente du retour de l'Antarctic commence... Mais le 15 janvier 1903, toujours pas de navire ! Qu'est-il arrivé à l'Antarctic ?

Comprenant qu'ils sont piégés sur la glace, les hommes se préparent donc à un second hivernage et abattent à contrecoeur des centaines de manchots et de phoques pour reconstituer un stock de vivres. Ce deuxième hivernage sera plus difficile que le premier et se poursuivra jusqu'au 8 novembre 1903, date à laquelle ils seront enfin secourus par l'Uruguay, un navire envoyé par le gouvernement argentin.

Tout ceci est relaté consciencieusement et plutôt sobrement par Nordenskjöld, qui ne cache rien des difficultés et souffrances rencontrées mais sans s'y appesantir non plus. Sans doute un peu plus d'émotions n'aurait pas nuit à son récit...

Ce qui est arrivé à l'Antarctic et à son équipage fait l'objet de deux autres récits, plus détaillés et très riches en péripéties. En effet, l'Antarctic qui devait revenir chercher les 6 hommes à Snow Hill en novembre ou décembre 1902, soit pendant l'été austral, s'est retrouvé bloqué par une banquise exceptionnellement compacte. le capitaine Larsen débarque donc le 29 décembre 1902 à la Baie de l'Espérance un deuxième groupe de 3 hommes, Andersson, Duse et Gründen qui ont pour mission d'aller secourir et ramener le groupe de Snow Hill par voie terrestre. le navire devra revenir les chercher entre fin février et début mars. Mais une fois de plus, rien ne se passera comme prévu ! C'est le docteur Gunnar Andersson qui relate leur mission de secours ratée et leur hivernage forcé à partir de mars 1903, avec des provisions plus que limitées et dans l'inconfort total d'une petite hutte régulièrement envahie par la neige, puis par l'eau qui ruisselle lors des périodes de dégel. Son récit est plus agréable à lire que celui d'Otto Nordenskjöld car il est plus riche en émotions.

On comprend que l'Antarctic n'est jamais revenu les chercher. Et pour cause, le 14 février 1903, le navire est broyé par les glaces et coule dans la mer de Weddell ! Les 20 hommes de l'équipage sont sains et saufs et se réfugient sur l'île Paulet sur laquelle ils construisent une hutte de pierre dans laquelle ils vont hiverner jusqu'en octobre 1903, se nourrissant de la tonne de nourriture sauvée du navire et des 1100 manchots Adélie qu'ils vont tuer. Un seul homme mourra, probablement d'une maladie cardiaque. le naufrage et l'hivernage sont racontés par le capitaine Larsen et le botaniste Carl Skottsberg, dans un style plein de suspense, qui tient en haleine et qui serait digne d'un film catastrophe.

Donc pendant de nombreux mois, chacun de ces 3 groupes de l'équipage initial – Otto Nordenskjöld et ses 5 hommes sur Snow Hill, Gunnar Andersson et ses deux compagnons à la Baie de l'Espérance, Carl Larsen et le reste de de l'équipage de l'Antarctic se sont trouvés séparés sans rien savoir du devenir des uns et des autres, tous hivernant loin des autres et attendant d'être secourus ! Ils le seront par le navire l'Uruguay au terme d'une extraordinaire aventure de survie, aussi héroïque que le sera celle de l'Endurance 11 années plus tard.

L'épave de l'Endurance vient d'être retrouvée en mars 2022 par 3000 mètres de fond dans la mer de Weddell. Y retrouvera-t-on un jour celle de l'Antarctic ?

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J'ai dévoré ce livre. Inimaginable ce qu'ont pu vivre ces explorateurs dans l'Antarctique. Cette expédition suédoise est méconnue alors qu'elle a été particulièrement riche en événements et en résultats scientifiques.
Ces hommes ont frôlé la mort en permanence et ont vécu durant des mois dans des conditions que l'on a du mal à se représenter.

Malgré les innombrables difficultés qu'ils ont rencontrées, Malgré un naufrage et l'éclatement du groupe, ils ont réussi à vivre en harmonie et sont tous rentrés en bonne santé, à l'exception d'un matelot de 21 ans mort d'une maladie sans rapport avec l'expédition.

Les récits de trois auteurs différents qui ont vécu les événements sont clairs et précis. Une histoire vraie de vrais héros !
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Épopée scientifique qui ne manquera pas d'éveiller des rêves d'aventures au plus casanier des lecteurs. L'on est comme transporté dans ce continent que l'on ne connaît finalement que peu qu'est l'Antarctique. La seconde partie du livre, rédigée par J. Gunnar Andersson, est particulièrement prenante, en raison de la situation si délicate des trois compères (dont on peut admirer les peaux tannées par le soleil en couverture du livre) et de la plume soignée du docteur.

Des universitaires aventuriers menants le lecteur des froides mers du nord de l'Europe à l'extrême sud de notre monde, avec ses ouragans et ses déserts de glace à perte de vue, en passant par une escapade en Argentine pour l'exploration en pirogue d'un lac de la Terre de Feu guidée par d'authentiques indiens Onas.

En résumé, ce livre est une formidable démonstration de fougue et d'intelligence, additionnées à un instinct de survie à toute épreuves.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
2 février. - Le navire s'est redressé. Nouvelle tentative pour le dégager de son glaçon.
En vue de la catastrophe imminente, je prends mes précautions. Ma collection de clichés photographiques est trop lourde pour être sauvée ; en pareille circonstance, les documents scientifiques, quelle que soit leur importance, ne viennent qu'après les vivres. Pour ne pas perdre cette précieuse série, je tire des épreuves des vues les plus intéressantes.
3 février. - La plaque qui nous retenait prisonniers se brise et nous voici à flot ; mais aussitôt la voie d'eau augmente.
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Jusqu'en novembre, notre ordinaire sera ainsi réglé :

Dimanche
Déjeuner : Ragoût aux choux
Dîner : Soupe en conserve
Viande en conserve avec légumes
Dessert
Souper : Sardines et manchot froid

Lundi
Déjeuner : Gruau
Dîner : Manchot aux légumes
Crêpes aux confitures
Souper : Pâté de foie et manchot froid

Mardi
Déjeuner : Bifteck de phoque aux légumes secs
Dîner : Soupe en conserve
Pudding au sang de phoque
Souper : Bifteck de phoque
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Aujourd'hui, -13°C, rien de bien terrible. Quelle différence avec les conditions de vie pendant la saison froide ! En hiver, tout au long de la journée, les sorties s'effectuent sous la morsure d'un vent glacé qui nous coupe littéralement la figure. On rentre au bivouac, le soir, les vêtements complètement gelés, le bonnet soudé à la tête par une couche de glace et les pieds à moitié gelés. Il faut ensuite préparer le souper et manier des ustensiles en métal impossibles à toucher autrement qu'avec des gants sous peine de se geler les mains. Pendant cette épreuve, une pensée absorbe tout notre être : en finir le plus vite possible avec elle, avaler rapidement sa ration pour filer se blottir dans le sac de couchage. Il est glacé et on y claque des dents pendant de longues heures. Cette torture se renouvelle chaque jour et se poursuit durant des semaines.
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Le froid devient de plus en plus intense, les jours de plus en plus courts, et toujours la tempête fait rage. Il est presque impossible de sortir. La plus grande partie du temps nous demeurons couchés dans nos sacs, grelottants et affamés. Les journées sont interminables…
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Contraints, dès le début de l'hivernage, de renoncer aux ablutions, nous sommes bientôt couverts d'une épaisse couche de graisse et de crasse. Au moment du départ, nous sommes noirs comme des ramoneurs et tous nos vêtements sont imprégnés d'un dépôt de suie et d'huile indélébile. Lors ce que j'écris mon journal, ma main, en se promenant sur le papier, macule les pages ; aussi, pour rédiger ce récit ai-je éprouvé les pires difficultés à relire mes notes ! Si, pendant l'hivernage, nous ne nous sommes jamais lavé ni les mains ni la figure, nous avons pris à plusieurs reprises des bains de pieds chauds dans l'écuelle en bois servant à la cuisine.
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