- Vous avez une idée de datation ?
- Dans cet état ? Entre plusieurs années et pas mal d'années.
- Encore moins précis, c'est possible ? se désola Noémie.
- Je suis légiste, pas voyant.
Elle comprit alors que toute une partie du village était restée pendant des années en suspens. Les anciens, comme figés dans le temps par cette histoire macabre, avaient tenu à être là et accompagnés de leurs proches pour tourner la page d’un drame qui n’avait cessé de les tourmenter.
Une ville sans âme qui vive , aux maisons éventrées , comme croquées par un géant qui aurait voulu goûter chacune d'elles d'une bouchée.
– Métaphore amusante. Vous attendriez donc de vous trouver jolie
à nouveau pour vous montrer ? Vous pensez que la beauté fait
l’acceptation ? Vous connaissez le nombre de suicides dans le monde
du mannequinat ? Il est surprenant. Certaines personnes sont
sublimes, et pourtant malheureuses, quand d’autres sont tout à fait
communes et pleinement épanouies. Alors qu’on devrait tous se
trouver merveilleux. On devrait s’aimer sans attendre des autres qu’ils
nous aiment.
Nos expressions faciales ne nous sont personnellement d'aucune utilité, ce ne sont que des informations que nous affichons pour qui veut nous comprendre. Le visage est un des rares endroits de votre corps que vous ne pouvez pas voir sans un miroir, mais il est surtout la première chose que l'on regarde. Il est entièrement pour l'autre. C'est aussi le seul endroit qui utilise les cinq sens. Il est totalement ouvert au monde.
L'enfer reste toujours le regard que les autres portent sur nous, comme un jugement. Le regard qui nous examine, celui qui nous empêche d'oser, celui qui nous freine, celui qui nous peine, celui qui nous fait nous aimer ou nous détester.
Avec son regard curieux et la corpulence d'un homme qui a dit non au sport et oui plusieurs fois à tout le reste....
Je m'ennuie à mourir. C'est pas un village, ici, c'est un trou avec un code postal. Je ne crois pas avoir souri une seule fois depuis que je suis arrivée.
L'enfer reste toujours le regard que les autres portent sur nous. Comme un jugement. Le regard qui nous examine, celui qui nous empêche d’oser, celui qui nous freine, celui qui nous peine, celui qui nous fait aimer ou nous détester.
[L’enfer reste toujours le regard que les autres posent sur nous. Comme un jugement . Le regard qui nous examine. Celui qui nous empêche d’oser. Celui qui nous freine. Celui qui nous peine. Celui qui nous fait nous aimer ou nous détester...]