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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Dix-neuf décembre 1943, Rome occupée par les Allemands. Une Daimler noire roule à toute allure. Une femme élégante fume au volant. Sur la banquette arrière, un homme blessée en uniforme nazi, un en fait un prisonnier britannique évadé. Ils viennent de récupérer un homme en noir pour foncer à l'hôpital. Un infirmier refuse d'écouter la femme. L'homme en noir s'approche de lui, ouvre impassible son manteau et relève son col de soutane. le prêtre demande à l'infirmier s'il y a un dentiste à l'hôpital «  parce que tu vas en avoir besoin quand je t'aurai fait rentrer les dents au fond du crâne. Espèce de brute ignorante, te comporter comme ça devant une femme. Tu iras te confesser dès demain, en attendant, tu vas lui présenter illico tes excuses. »

Aboulez le pop-corn ! après une entrée aussi fracassante qu'explosive du personnage principal, chuis en mode toute excitée comme au ciné !

Le prêtre Hugh O'Flaherty a réellement existé. Durant la Seconde guerre mondiale, il a été à la tête d'une filière d'évasion implantée au Vatican, État considéré comme neutre par Hitler, et donc zone de sécurité idéale pour y exfiltrer des Juifs romains, des prisonniers alliés évadés ou d'autres résistants, au moins 4000 personnages ainsi sauvés.

Joseph O'Connor l'explique très clairement à la fin du livre lorsqu'il cite ses sources, son roman n'a pas vocation à constituer une source historique de plus. Il revendique l'oeuvre de fiction inspirée certes de faits réels mais prenant des libertés avec le réel. Et il le fait magistralement tant son généreux récit rend hommage à tous ces résistants qui ont sauvé des vies au péril de la leur et célèbre l'amitié, le courage, le collectif loin de la résignation passive qui nous fait parfois accepter des situations inacceptables.

Le récit retrace les préparatifs d'une mission d'évasion puis son compte à rebours la nuit de Noël 1943. L'avancée narrative est impeccablement rythmée, enchaînant les scènes d'action marquantes sur fond d'une Rome envahie par les Nazis décrite de façon très immersive.

La lecture est d'autant plus jubilatoire que le duel entre les deux principaux personnages est mémorable : d'un côté le charismatique prêtre irlandais qui assume le péché d'obéissance au pape ( incroyable scène d'engueulade avec Pie XII, plus vraie que nature ), et de l'autre l'épouvantable chef de la Gestapo Paul Hauptmann qui se délecte à torturer au chalumeau.

Si le récit se cristallise autour de cet antagoniste masterclass, il fait la part belle à toute la cellule de résistance dirigée par le prêtre, le Choeur. Huit choristes au total organisant leurs missions sous couvert d'une répétition musicale au Vatican : un casting improbable comptant une comtesse, un marchand de journaux, un ambassadeur, une journaliste entre autres, originaires d'Italie, Pays-Bas, Irlande ou Royaume-Uni.

Superbe idée que d'avoir adapter la construction romanesque à cette structure chorale. Car le récit de la mission à la troisième personne, centré sur le prêtre, est entrecoupée d'entretiens ( fictifs ) datés de 1963 : chacune des choristes se raconte, chacun avec une voix singulière bien caractérisée. Il faut un peu de temps pour comprendre les interactions, mais une fois en place, cette polyphonie apporte énormément au récit car on sent vibrer les souvenirs des anciens choristes, leur humour, leur personnalité, leur ressenti affleurent et touchent, jusqu'à la magnifique Coda conclusive, à la fois poignante et surprenante.

Je me suis régalée !
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« Nombreux parmi les représentants de la Race Supérieure qui finissent à Rome sont des plus stupides, dépourvus d'intelligence, assemblage imbécile de conscrits nostalgiques de leur bière et de leurs shorts tyroliens. Certains, hélas, sont pires ». le pire, c'est Hauptmann, SS de la pire espèce, qui régit la ville éternelle à sa manière immonde : les tortures qui durent des heures, où on se débarrasse du cadavre…par l'évier.
Le ton est donné : à la fois caustique et réaliste, recelant des atrocités et des sentiments très purs.

Quelle verve a Joseph O'Connor pour imaginer, d'après des documents réels, la vie et les actions hors du commun de ce prêtre irlandais attaché au Vatican, Hugh O'Flaherty !
Il fait intervenir comme narrateurs les amis de ce prêtre, ses associés dans la folle entreprise d'évasion des prisonniers alliés et des Juifs en dehors de Rome où se concentrent à ce moment les forces du Mal. Ceux-ci forment une bande de 8, très différents les uns les autres dans leur comportement, caractère et manière de parler, et ô combien attachants.

1943, ce n'est pas encore la libération… Mais les missions se succèdent : cacher ces pauvres gens, récolter de l'argent en vue de leur évasion, les maintenir en vie, tout simplement.
Nous assistons en direct à la mise en place d'une d'entre elles, très dangereuse, et par moments à l'entretien des membres de la bande 20 ans après.

C'est haletant, vivant, rapide, et en même temps plein de réflexions au détour des pages, qui donnent à penser, qui invitent à s'arrêter un peu sur sa propre vie.
Je termine par une de ces réflexions, très judicieuse : « Nous ne devrions jamais être surpris que l'assassin porte un masque. Pourtant, c'est le cas. Nous portons tous des masques, évidemment. Peut-être est-ce la définition même de l'être humain, un mammifère capable de changer de visage ».

Un tout grand merci à LoupVDH pour m'avoir fait découvrir ce roman magistral.
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Romanesque et plein de coeur, ce livre rend hommage à un prêtre irlandais méconnu qui oeuvra contre les nazis en 1943, à Rome. L'auteur signe un roman choral où chaque voix se distingue par une couleur et une chaleur spécifiques, toutes se mêlant avec harmonie, de même que fusionnent ici fiction et réalité historique. La présence de ce choeur métaphorique et littéral permet au rythme de gagner en intensité et confère une rare profondeur de champ à Dans la maison de mon père (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2024/01/10/dans-la-maison-de-mon-pere-joseph-oconnor/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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S'inspirant de la vie du prêtre irlandais Hugh O'Flaherty, ce roman de Joseph O'Connor réussit le parfait alliage entre récit historique, suspense et qualité littéraire.

Noël 1943, le Choeur, un groupe de résistants dans la Rome occupée, s'apprête à mener une opération capitale pour sauver des prisonniers évadés. le chef de Choeur se nomme Hugh O'Flaherty, prêtre détaché auprès du Vatican alors zone libre. "Monsignore" sait que les heures qui viennent seront extrêmement risquées, il est dans le collimateur de la Gestapo et en particulier de son chef à Rome, Paul Hauptmann.

« Ivre de thé, il rince sa tasse, regarde par la fenêtre aux volets cassés la lumière douloureuse de l'hiver. Au loin, les étendues grises des jardins du Vatican, pelouse bleu argent, allées de gravier. Onze prisonniers évadés se cachent dans ces jardins, dans des remises, des ateliers de potiers, dans la serre, la glacière vide. Il se demande combien de temps cela peut durer. »

Le récit démarre 119 heures et 11 minutes avant le début de la mission. le compte à rebours est lancé.

Dès le début, Joseph O'Connor arrive à capter l'attention du lecteur. le premier chapitre d'abord, qui nous propulse à vive allure dans les rues de Rome à bord d'une Daimler noire. Une course effrénée et presque désespérée pour secourir un blessé grave.
Et puis ensuite, ce décompte quasi inexorable des heures / minutes restantes en chaque début de chapitre qui maintient une tension durant tout le récit. Les membres du Choeur vont-ils pouvoir mener leur mission à bien ? Vont-ils réussir à passer entre les mailles de la Gestapo ? le rythme est parfaitement maitrisé avec cette impression que le temps s'accélère au fur et à mesure de l'avancée du récit rendant le suspense toujours plus prenant et haletant.

Dans « le bal des ombres », j'avais été particulièrement marquée par la capacité de Joseph O'Connor à nous immerger totalement dans le Londres du XIXe. Les descriptions des lieux, des personnages, les atmosphères gothiques du théâtre du Lyceum, tout cela m'avait séduite et fascinée.
Je retrouve ici cette attention à faire entrer complètement le lecteur dans le roman et dans cette atmosphère si particulière de la Rome occupée. L'écriture de Joseph O'Connor est toujours aussi élégante et sait s'adapter au rythme du récit en devenant plus convulsive dans les moments de tension extrême.

Et puis Joseph O'Connor est décidément un très bon portraitiste. Son Hugh O'Flaherty, un homme qui force l'admiration autour de lui, est déterminé, imposant, très charismatique. C'est dans ses pas et ses pensées que le lecteur passera la majeure partie du récit. Pour autant les autres membres du Choeur ne sont pas oubliés et prennent même une place importante dans le roman. Leurs témoignages dans les années 60 sur les faits de 1943 viennent ponctuer régulièrement l'histoire et éclairent d'un jour nouveau les évènements. Certains d'entre eux apportent aussi un peu de légèreté et d'humour au récit par leurs réparties et leur caractère bien trempé.

« May possède la qualité la plus agréable chez un valet, en ce sens qu'il fait toujours mieux que ce qu'on attend de lui. Perdu dans la jungle amazonienne après un accident d'avion, si vous lui demandiez d'aller vous chercher un guide, il reviendrait avec Rita Hayworth. »

Après « le bal des ombres », je suis de nouveau totalement séduite par ce roman de Joseph O'Connor. Sa bibliographie comporte à ce jour une vingtaine de romans traduits en français dans lesquels je ne vais pas tarder à aller piocher de nouveau.

Un grand merci à Marie-Laure (Kirzy) pour cette belle découverte !
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A partir d'une histoire vraie, Joseph O'Connor construit un roman haletant, sorte de thriller historique qui nous immerge dans la Rome occupée par les Allemands un peu avant Noël 1943. Son héros, Hugh O'Flaherty est un prêtre irlandais rattaché au Vatican et qui joua un rôle décisif dans la résistance ; pour nous, l'auteur reconstitue les heures cruciales d'une opération éminemment risquée alors que des rumeurs font craindre l'invasion du Vatican par les forces d'occupation. Depuis des mois, le prêtre et ses coéquipiers camouflés en membres d'une chorale oeuvrent pour cacher et faire évader des prisonniers, des juifs et des soldats alliés au nez et à la barbe de Paul Hauptmann, le redouté et redoutable Obergruppenführer. L'étau se resserre autour d'eux et la tension devient insoutenable tandis que la narration fait alterner les minutes de cette nuit de tous les dangers avec les témoignages de certains protagonistes interviewés une vingtaine d'années après les faits.

Ce qui est spectaculaire c'est la façon dont l'auteur nous immerge dans les rues de Rome, rendant le décor mais aussi l'obscurité et le risque palpables. Si la figure de Hugh O'Flaherty est des plus romanesques, elle suscite également l'admiration et l'homme prend corps sous la plume aussi respectueuse qu'amusée du romancier, esquissant son parcours et son engagement, composant son roman en toute liberté. La fine équipe qui entoure le prêtre est des plus improbables, de tous horizons, ça bricole, ça dissimule dans les coursives d'une ambassade, ça se joue des surveillances avec une fausse candeur et une vraie détermination. Mais l'idée d'alterner les temporalités donne à l'ensemble une réelle profondeur de champ avec d'un côté la course haletante de l'action immédiate, ses aléas, ses renversements de situation en quelques secondes, de l'autre les témoignages "à froid" de celles et ceux qui ont participé à l'élaboration de tout ou partie de l'opération et reviennent en parler avec un recul encore étonné face à ce qui a été accompli. Rien de mieux pour faire percevoir l'urgence de l'action, la réalité du moment. La part héroïque du simple citoyen. C'est vraiment très fort, instructif, orchestré avec brio et un grand sens du suspense. Chapeau l'artiste !
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Tiré de faits réels ce roman historique retrace le parcours courageux d'un prêtre irlandais Hugh O'Fflaherty. Rome est en pleine occupation allemande, à l'approche de Noël 1943. le Vatican le charge de visiter les camps de juifs et de prisonniers de guerre italiens. Devant les horreurs qu'il découvre, il ne peut s'empêcher d'intervenir pour améliorer les conditions de vie et tenter de leur apporter un peu d'espoir. Un plan est mis en place pour amener clandestinement les Juifs et les troupes alliées dans un lieu sûr.
L'auteur nous plonge dans les méandres d'une époque terrible avec un personnage qui ne l'est pas moins. le chef de la Gestapo l'impitoyable Obersturmbannführer Paul Hauptmann qui en maître absolu sous la houlette d'Himmler maintient la ville d'une main de fer. Les privations, le froid, la faim, les couvre-feux, la paranoïa et la peur sont partout palpables. La Cité du Vatican cherche a maintenir sa neutralité et prône la passivité, forçant Hugh O'Flaherty à « désobéir » à ses supérieurs. Par le biais d'un choeur de chambre amateur, il va tenter d'évacuer et de sauver le plus grand nombre possible mais Hauptmann est sur ses talons. La galerie de personnages représentant le choeur est magnifique, chaque membre a sa propre personnalité et celle de Hugh est exceptionnelle. le livre alterne entre cette période et vingt ans plus tard, alors que ceux qui ont contribué aux évasions sont interviewés. Un roman historique construit comme un thriller avec ses atrocités, ses rebondissements et des montées en tension anxiogènes. Face à cela le « choeur » des hommes célébrant le courage, l'audace , la résilience mais aussi les plus nobles des sentiments, l'amour, la compassion, la foi. Comme un miroir tendu face à la barbarie nazie, ce roman met en lumière toutes les qualités humaines de ceux qui au péril de leur vie n'ont pas hésité à entrer en résistance pour sauver de la persécution d'autres hommes.
Lien : http://latelierdelitote.cana..
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C'est un roman à la langue et à la traduction (Carine Chichereau) magnifiques, et c'est devenu si rare que ça mérite d'être souligné. Un livre dont un des personnages principaux est la ville de Rome, ses ruelles, ses cimetières, son fleuve.

Comment aurais-je pu résister à cette description d'ailleurs : « Pour moi, Rome est une palette de peintre, un clair-obscur de roses lustrés, de cuivre vieilli, de brou de noix, de miel, d'ivoire, de moka. »

Joseph O'Connor s'inspire du destin d'un homme qui a réellement existé, le Père irlandais Hugh O'Flaherty, en poste au Vatican, qui ne supportant pas l'invasion de Rome par les nazis, le sort des prisonniers anglais et américains, ni encore celui des Juifs, fera tout pour les sauver, se mettant lui-même en danger. Pour cela il fonde un choeur, fait de sympathisants à sa cause, d'hommes et de femmes à la conscience en alerte et au coeur immense.

C'est aussi un roman choral où les participants à ce choeur et notamment à une opération qui a lieu à Noël 1943, font entendre leur voix. Et c'est sous ce biais là que l'histoire, que l'on apprend par bribes, se recompose.

Enfin, c'est passionnant, Dans la maison de mon père repose sur une grande tension dramatique, mais plus que cela encore, ce livre, qui m'a beaucoup émue, a été un vrai coup de foudre, mon premier parmi la rentrée littéraire de 2024.

Joseph O'Connor, Dans la maison de mon père, Rivages @editionsrivages
Lien : https://www.instagram.com/bc..
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1943, Hugh O'Flaherty, prêtre irlandais rattaché au Vatican, lutte contre l'invasion nazie. À la tête d'un réseau de résistants hétéroclites, il organise des collectes de fonds secrètes destinées à assurer la survie et la fuite de condamnés à mort, Juifs, soldats alliés et opposants. Il leur trouve des logements, leur offre sa protection. le soir de Noël 1943, Hugh O'Flaherty et les siens s'apprêtent à mener une mission d'envergure – un Rendimento –, alors que Paul Hauptmann, commandant de la Gestapo à Rome, mis en difficulté par les évasions de prisonniers, fait régner la terreur dans la ville.

Dans son nouveau roman, Joseph O'Connor propose une fiction historique sur la ligne de crête où les personnages réels côtoient les inventions littéraires, où la chronologie est modifiée, mais où les événements contés correspondent bien aux véritables actes de résistance. le portrait qu'il dresse d'Hugh O'Flaherty est d'une justesse que seul un grand auteur peut atteindre, tandis que sa némésis, l'infâme Hauptmann est une création qui se substitue à Herbert Kappler, le SS-Obersturmbannführer, que le vrai Hugh O'Flaherty a combattu dans la réalité. L'effet provoqué est sidérant, faisant de « Dans la maison de mon père » un objet étrange, entre le documentaire fictionnel et la fiction ultra documentée. S'il faut bien considérer le livre comme une fiction – Joseph O'Connor s'en explique dans les avertissements à la fin du livre –, le roman ouvre énormément de pistes sur la manière de raconter l'histoire, en altérant celle-ci, sans jamais la trahir.

Le réel ne cesse de surgir. Rome et ses églises, les odeurs et les sons, le contexte politique : tout est décrit avec une minute d'orfèvre – seule l'horreur nazie est explicitée factuellement sans s'appesantir dessus, sans envelopper celle-ci de jolies phrases. Un réel qui se transforme en épopée quand Joseph O'Connor se focalise sur le choeur, nom de la coalition dirigée par Hugh O'Flaherty.

Ce « choeur » est le sujet du roman, mais aussi sa forme et son âme. Sa forme, parce qu'il s'agit toujours de valoriser le collectif, de mettre en avant, à travers toutes ses voix et toutes ses actions, les rouages de la résistance. Chaque voix est unique, retranscrite par différents moyens : incluse dans la narration principale, issue de lettres et courriers, ou en provenance d'entretiens (fictifs) donnés après la guerre. le style d'écriture et le niveau de langue évoluent en fonction des personnages, permettant à Sir D'Arcy Osborne, l'ambassadeur britannique au Vatican, au colonel Sam Derry, à la contessa Giovanna Landini ou encore au garde du corps John May d'être criant de vérité. « Dans la maison de mon père » raconte l'alliance entre la bourgeoisie et les rebelles des bas-fonds, entre les croyants et ceux qui se méfient des dogmes, assemblage iconoclaste de personnes qui font front commun contre le nazisme. Un alliage puissant d'unicités.

Le « choeur » est également son âme, parce que, traité au sens musical du terme, il innerve le récit de ses chansons. Face à l'horreur de l'invasion allemande, Joseph O'Connor oppose l'art et la croyance, la gastronomie et le sport, tout ce qui dégorge de vie et de beauté, et s'avère à même d'expulser la haine nazie, en dehors du roman et donc en dehors de la vie.

Entre la quantité de travail qui soutient le récit, la manière dont ce dernier saisit la lumière dans l'obscurité, et la langue belle, précise et mutante déployée par Joseph O'Connor, « Dans la maison de mon père » est une réussite époustouflante, aux vertus historiques et épiques, portée par une traduction exceptionnelle de Carine Chichereau.

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Je me suis laissée séduire avec un réel plaisir par la chorale de monseigneur Hugh O'Flaherty. Elle a pour mission de sauver juifs et prisonniers évadés des camps à Rome. Tout se fait « au secret » et sans l'aval du recteur et du pape. Une succession de témoignages et de transcriptions évoque la vie de ce groupe et plus particulièrement la mise en place d'une opération prévue la nuit précédant Noël 1943.
Les membres disparates de ce choeur s'expriment sous la forme d'entretiens. L'écrivain utilise un style narratif non « apprêté » qui permet de mieux appréhender leur caractère et la nature de leurs engagements. On se sent malgré nous proche de l'action et de son intensité dramatique.
J'ai apprécié cet autre regard passionné sur Rome et ses lieux de prières, celui de Monseigneur O'Flaherty. Il aime cette ville comme son pays natal et en dressera un plan particulièrement détaillé et utile pour cacher les fugitifs. Quant au récit de la légende du lac de Nemi où se trouve la résidence secondaire du chef de la Gestapo Paul Hauptmann, il nous fait oublier un court instant l'horreur de la situation. La tension va crescendo entre ce dernier et l'homme d'église irlandais en cette veille du 25 décembre 1943. le Choeur sera t-il prêt ?
Je m'attendais tant à une fatale issue que la lecture de cette fiction-réalité n'en a été que meilleure.
Si 4000 à 6000 juifs et prisonniers alliés ont été sauvés par la chorale de Monseigneur O'Flaherty de 1943 à 1944, cette lecture nous donne un autre regard sur les trames non révélées par l'Histoire. J'avais déjà repéré des livres de cet auteur et j'en lirai d'autres assurément.
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Je ne suis jamais allée à Rome, mais, ayant pris la main bénie de Joseph O'Connor, j'en reviens. Ou plutôt, je n'en reviens pas. Baignée, encore, dans le corps stupéfiant de la ville structuré de ruelles, de passages souterrains, de monuments célèbres ou confidentiels, dans l'atmosphère et les coulisses du Vatican pendant l'occupation allemande ; bouleversée par un choeur de personnages tous aussi courageux que leur "chef d'orchestre", Hugh O'Flaherty, prêtre résistant, sauveur de prisonniers et de juifs. L'union fait la force, dit-on. Voilà des hommes et des femmes, chacun avec leur personnalité, attachante, capables d'incarner la fraternité, de la chanter en action, au péril de leurs vies, de nous emporter dans un thriller magistralement écrit et si bien traduit, on le sait à la lecture. le suspens, haletant, les descriptions colorées, précises, la sensualité de la musique, de la cuisine italienne, les héros plus discrets (qui n'en ont pas moins de mérite), les odeurs, les visions plus tragiques, nous emportent dans un récit vivant et vibrant d'humanité. Bien que nous sachions déjà que les psychopathes peuvent être sensibles quand cela les arrange, le contraste entre les sentiments amoureux, pour sa femme, ses enfants, du bourreau nazi Hauptmann et sa cruauté, est saisissant. A remarquer l'hommage rendu au clergé irlandais qui a souffert et souffre encore de la réputation détestable de certains de ses membres. J'admire l'auteur pour ses recherches, son immersion dans l'histoire qu'il "invente", comme s'il en était lui-même le héros, nous donnant l'illusion bienheureuse de nous accepter dans son projet. Merci, Joseph O'Connor, grand écrivain qui fait honneur à l'Irlande et à l'Humanité douée pour se surpasser quand résonne en elle la note juste.
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