Un roman conséquent de plus de 900 pages mais c'est le dernier de
Joyce Carol Oates, alors a priori la lecture aurait dû en être fluide. le thème du livre tient en peu de mots : John Earle "Whitey" Mc Claren un solide sexagénaire de milieu aisé est victime de violences policières qui vont entraîner sa mort. On suit alors son épouse, Jessalyn, et ses cinq enfants : Thom, Beverly, Lorene, Sophia et Virgil, des adultes dont les vies vont être profondément bouleversées.
C'est un roman sur l'absence de l'être cher, en l'occurrence une sorte de patriarche, Whitey, une figure tutélaire crainte, admirée, consultée. le vide est là et si difficile à combler, chacun va s'efforcer de surmonter en changeant sa vie, en prenant des décisions capitales en s'avouant ses vrais désirs. Sans doute pourrait-on penser que cette disparition est presque salvatrice même si c'est difficile pour chacun de le reconnaître.
J'ai cependant trouvé malgré tout l'ensemble en peu long, car on s'attache à chaque enfant en décortiquant au scalpel ses moindre sentiments, et ils sont cinq !!! Par exemple, concernant Virgil, dont on détaille un peu trop tout le parcours, c'est d'ailleurs le cas des autres, à la fin l'isolement de Thom est rapporté très longuement. On ouvre des portes, des pistes qui ne sont pas suivies comme le harcèlement de Sophia ou les tentatives de Beverly pour divorcer ou encore la plainte en justice ou la violence de Thom à la fin. En fait, le roman n'échappe pas aussi à certains "clichés" : la brutalité policière à l'égard d'un homme de couleur, l'aveuglement des autorités, l'homosexualité, le mariage avec un hispanique.
Peut-être est-ce très réaliste sur la situation aux EU aujourd'hui, ce malaise des blancs riches est-il tout à fait conforme à ce qu'est la société américaine.
Le personnage de Jesslyn est cependant très attachant, son désespoir est si bien rendu, ses incohérences, son calme, sa résignation, sa renaissance.
A lire même si les longueurs égarent par moments le lecteur.