AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 178 notes
5
13 avis
4
14 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
1 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Vous souvenez vous de l'assassinat de George Floyd en 2020 par la police de Minneapolis?
C'est par ce drame analogue que commence le roman de Joyce Carol Oates « La nuit. le sommeil. La mort. Les étoiles. »
La victime John Earle McClaren ancien maire de Hammond est transporté aux urgences suite à un accident de la route causé probablement par un avc. C'est la version officielle. Mais avec son imagination fertile Joyce Carol Oates va nous emmener pendant 900 pages dans une famille « wasp « une famille modèle. La famille c'est comme une maison témoin, on gratte le vernis et quelques fois on a des surprises.
La romancière aurait pu dérouler ce drame mais cela aurait été trop simple, elle va prendre un autre chemin : celui du deuil, de ses conséquences et de ses souvenirs personnels.
Dans la famille McClaren il y a la mère Jessalyn une femme qui vivait dans l'ombre de son mari Whitey, aimée certes mais invisible. Et les cinq enfants, Thom, Beverly, Lorene, Sofia et Virgil.
Lire Joyce Carol Oates c'est comme partir en pays inconnu, je savais où je mettais les pieds. Après « la fille du fossoyeur « ou « Carthage » je savais que cette famille modèle allait souffrir.
« La nuit. le sommeil. La mort. Les étoiles « est un roman addictif, il fallait bien 900 pages pour décrire cette famille hors norme. Merci aux participants de cette lecture commune.

Minuit clair
Voici ton heure mon âme, ton envol libre dans le silence des mots,
Livres fermés, arts désertés, jour aboli, leçon apprise,
Ta force en plénitude émerge, tu te tais, tu admires,
Tu médites tes thèmes favoris,
La nuit, le sommeil, la mort, les étoiles.
Walt Whitman
Commenter  J’apprécie          9143
La nuit traverse ma vie. Elle illumine mes pages. Lorsque le sommeil n'a pas frappé à la porte de mon pub, je pense à la mort, je regarde les étoiles. Les pages de ma vie ne sont guère grandes et imagées, alors je me tourne vers d'autres pages, celles de Whitey, sexagénaire, blanc et respectable, deux mots qui vont bien ensemble. Père de 5 enfants, et surtout ancien maire de la petite bourgade de Hammond, État de New-York. Là-bas, il ne fait pas nuit, c'est bien au petit matin, au bord d'une petite route, que sa route s'arrête. Devant lui, deux policiers semblent admonester brutalement un jeune gars, noir ou basané, peu importe. Droit dans ses mocassins et son ancienne autorité, il décide de s'en mêler, impulsions électriques. Sa nuit commencera quelques jours plus tard. A l'hôpital. Au cimetière. Chez le notaire, un testament à lire.

Le sommeil fuit ma vie. Il s'échappe de la fenêtre de mon âme, et laisse ainsi divaguer de sombres pensées, la nuit, sur la mort, sur les étoiles. Alors, je plonge dans un roman de grande envergure. Comme un albatros déployant ces ailes, le roman déploient ses pages. Presque 1000 au compteur. Ça en fait une sacrée vie, celle de Whitey, de sa veuve et de sa succession. le roman de ma vie aurait du mal à contenir 10 pages. 923 pages, je mets un peu plus de précision dans mes dires, et peut-être qu'à compter les pages comme on compte les moutons, le sommeil va s'emparer un peu de ma vie. Plus de 900 pages donc passionnantes de bout en bout.

La mort obsède ma vie. Elle est là tapie dans la nuit, se faufile entre le sommeil et les étoiles, sous le bel oeil de la lune, bleue dans ma tête, brillante dans le ciel. La mort, et dire que je n'aurais pas lu toute la biographique de cette grande écrivaine qu'est Joyce Carol Oates. J'ai arrêté de compter, je fais genre mais je sais pertinemment qu'avec celui-là, j'en suis au dixième, comme autant de bières bues au cours de ce pavé littéraire. Mais quand on aime on ne compte pas. On pense simplement au silence de l'amour. Et un peu, beaucoup, passionnément, à la mort. JCO, je fais au plus court pour épeler son nom, avant que la mort ne l'emporte sur ma chronique, fait partie de mes grands auteurs de la littérature américaine. Rien ne sert à faire un classement de ces oeuvres majeures, mais ce dernier atteindrait certainement les cieux de ses écrits.

Les étoiles brillent de leurs milles éclats, de leurs milles vies. A illuminer ma nuit, mon sommeil, ma mort. Là-haut, je m'y vois déjà, tutoyer la lune bleue, la caresser au plus près de mon regard silencieux. Mais avant, redescendre, des cendres éparpillées, aux pieds d'un sequoia ou d'un rosier, racines emmêlées de la société nord-américaine. Joyce Carol Oates distille par ci par là, entre moments de grâce et de torpeurs, quelques bribes de racisme, de bourgeoisie et de néo-hippie. Au sein d'une famille presque ordinaire qu'un instant presque ordinaire a bousculé, bouleversé, c'est tout le traumatisme d'une Amérique qui se dévoile au cours de ces 1 kg 075 de littérature, lourde, riche et enivrante.
Commenter  J’apprécie          575
Waouh ! Quel coup de coeur ! Un régal, ce livre du début à la fin....
J'ai déjà lu plusieurs livres de cette auteure sans être une fan. J'ai adoré "Le livre des martyrs américains" alors que je n'ai pas apprécié "nous étions les Mulvaney". Avec cette auteure, pour moi, c'est très variable. Mais là, wah, quel roman !
J'ai savouré chacune des pages. J'ai aimé l'histoire (chronique de la destruction d'une famille qui implose suite à la mort du pater familias), j'ai aimé le style, j'ai aimé le découpage du roman en chapitre autour d'un membre de la famille.... et cette question autour de laquelle tourne le roman : a-t-on le droit au bonheur après un deuil ?.....
.
Un père de famille, riche. Une famille composée de 5 enfants désormais adultes (pour deux d'entre eux, eux-mêmes parents). Une mère un peu "desperate housewife", mais heureuse.
Un drame, la mort du père qui essaie d'empêcher des violences racistes.
Chaque membre de la famille se retrouve devant son histoire, son vécu au sein de cette famille.
.
Un livre sur le veuvage certes mais pas que ça. Pour le coup on ressent le vécu avec le personnage central de la mère, désormais veuve.
Sa description est passionnante. Elle est une merveille de personnage.
.
Ce livre est vraiment une réussite. Je vous le conseille vivement. N"hésitez pas à affronter ses 900 et quelques pages, il vaut le détour.
Commenter  J’apprécie          5118
Le mois prochain paraîtront chez Philippe Rey un recueil de nouvelles, Un (autre) toi, et un roman, Respire… de Joyce Carole Oates, une de mes autrices préférée, et c'est ce qui m'a décidé à enfin me lancer dans son précédent pavé : La nuit. le sommeil. La mort. Les étoiles. le titre de ce beau roman est tiré d'un poème de Walt Whitman dont un extrait est placé en exergue. le roman commence par un prologue violent : John Earle McClaren, surnommé Whitey, descend de sa voiture et intervient quand il constate que deux policiers blancs sont en train de tabasser violemment un jeune homme à la peau noire. Ils continuent à lui infliger des tirs de Taser alors que le pauvre ne proteste même plus. Les deux brutes se retournent contre Whitey et lui font subir un sort semblable. le jeune homme survivra, mais Whitey subit un AVC et sombre dans le coma. La première des cinq parties commence la veille de cette agression, en octobre 2010. L'histoire se terminera en janvier 2012. le séjour du père à l'hôpital est le prétexte pour présenter toute la famille.
***
Jessalyn, l'épouse de Whitey, fait courageusement face bien qu'elle soit dévastée par les événements. Thom, l'aîné des enfants, presque 40 ans, directeur de l'entreprise fondée par son père, tente de prendre les choses en main. Beverly, l'aînée des filles, fébrile et fréquemment malveillante, se pose en victime. Loren, proviseure dans un lycée, joue les femmes fortes. Virgil, l'artiste, le rebelle, culpabilise et continue à chercher sa place. Sophia, la plus jeune, 28 ans, en adoration devant son père, commence par subir la situation. Tous mettaient Whitey sur un piédestal. Aucun, pas même Virgil, ne contestait son autorité de patriarche dont les qualités étaient reconnues et admirées tant dans sa famille que dans la communauté. La mort de Whitey va bouleverser l'ordre familial, révéler rancoeurs et jalousies, mettre au jour des aspects moins glorieux de la vie du père, faire sombrer certains des enfants et en libérer d'autres, pas ceux auxquels on s'attendait. Quant à Jessalyn... Elle est le personnage le plus fouillé, le plus attachant aussi, à mon avis. Dans la troisième partie, « Sans titre : veuve », on la voit recueillir un matou agressif et borgne, le contraire d'un animal domestique, geste qui marque un tournant dans la perception que Jessalyn a de son veuvage et d'elle-même.
***
L'aspect autobiographique du roman est annoncé explicitement dans la dédicace : « À la mémoire de Charlie Gross, mon premier lecteur et mon mari bien-aimé. » le deuil, le chagrin et la dévastation qui l'accompagnent, la manière dont les proches sont affectés même par une mort prévisible constituent, je crois, le socle du roman. Cependant d'autres thèmes parcourent ce beau livre : le racisme de la société américaine, latent ou déclaré, les violences policières, les compromissions qui permettent d'étouffer le scandale, l'hypocrisie, la condescendance d'une classe sociale privilégiée, les relents d'homophobie, etc., autant de critiques plus ou moins ouvertement formulées. Même si le roman soufre de quelques longueurs, je l'ai lu avec passion et sans jamais m'ennuyer. Et je lirai le suivant, c'est sûr, je l'attends déjà !
Commenter  J’apprécie          432
Un pavé de plus de 900 pages! Une histoire de famille américaine.

Avant même de commencer la lecture, je suis impressionnée par l'audace et l'exceptionnelle production de cette romancière octogénaire qui année après année arrive à produire une telle quantité (et qualité) de pages (moi qui ai parfois du mal à écrire quelques paragraphes de critiques…)

Et qu'est-ce que c'est que ce titre ? Une énumération avec des points ? Pas très conventionnel! Il faudra attendre les trois-quarts du livre pour apprendre qu'il s'agit d'un extrait d'un poème de Whitman.

Le roman raconte une famille américaine aisée. le père sexagénaire sur l'autoroute voit des policiers qui malmènent un homme de couleur. Il s'arrête pour leur dire de se calmer, mais c'est à lui que les policiers s'en prennent. On appellera une ambulance en disant que l'homme a fait un AVC et que ses blessures sont dues au déploiement du coussin gonflable (airbag).

Qu'arrive-t-il à sa femme et ses cinq enfants sans cet homme aimant, mais inflexible qui était la référence ultime? « Qu'est-ce que Papa en penserait ? » est la base de leur conduite. le fils ainé est dans les affaires pour prendre la suite de son père. La première fille est devenue mère de famille, femme au foyer docile comme l'était sa mère. La seconde fille est au contraire devenue une dure, une célibataire qui règne sur le lycée local. le second fils est un artiste, le mouton noir qui pense que son père ne l'a jamais aimé. La plus jeune est la scientifique dont le père est si fier. Elle a cependant abandonné l'université pour travailler dans un laboratoire, sans l'avouer à son père, car « Qu'est-ce que Papa en penserait ? »

La table est mise pour fouiller les notions d'identité, de relations humaines et de deuil, pour explorer les thèmes de la société et des valeurs américaines avec ses débordements de brutalité policière et d'injustice raciale.

C'est un roman imposant, qui ne va pas sans quelques longueurs si le lecteur se sent moins interpelé par un thème ou l'autre, mais c'est surtout un ouvrage qui en vaut la peine, qui suscite des réflexions, une lecture dont on ne sort pas tout à fait indemne.
Commenter  J’apprécie          404
En ouverture du roman, un homme est à terre, victime de violences policières. Mais cet homme est un homme blanc, John Earle McClaren, un notable en retraite, citoyen exemplaire, qui s'est interposé entre la police et un jeune homme indien qui se faisait tabasser. Avec son assurance de Blanc respectable et ses manières courtoises. Sauf que la violence est aveugle, que les policiers sont déchaînés et hors de contrôle. Et, victime des brutalités, il va mourir.
C'est alors une histoire de famille qui va se mettre en place. Car Joyce Carol Oates excelle dans l'art de disséquer les dysfonctionnements de la cellule familiale, d'autant qu'elle se compose de 5 enfants adultes, très différents les uns des autres, emplis de ressentiments et de jalousie. Sans le patriarche, la famille se retrouve décapitée, désorientée .

L'épouse d'abord, celle qui incarnait l'épouse et la mère idéale, idolâtree comme une poupée fragile mais compétente. Elle va sombrer dans la dépression et la culpabilité, s'adressant à son mari comme s'il était encore présent, se négligeant et negligeant enfants et petits enfants. Désorientée, Jessalyn va finir par s'apercevoir qu'elle peut survivre à son mari et même connaître à nouveau l'amour, d'abord celui d'un vieux chat borgne et agressif, puis celui d'un homme d'un milieu social complètement opposé au sien.

Tour à tour, la narration se distribue, laissant la voix aux cinq enfants. Tous souffrent à leur manière de la disparition du père. Mais chacun a un rôle et une personnalité à assumer. Les aînés sont les plus mal lotis. Thom, heritier modèle de son père, veut tout gérer au point de prendre des décisions lamentables. Beverly essaie de reproduire le modèle maternel de l'épouse américaine mais échoue totalement. Lorene, qui voulait tant être admirée de son père, se comporte de manière abjecte dans son rôle de proviseur de lycée, n'hésitant pas à accomplir les pires abus de pouvoir.
Les deux derniers, Virgil et Sophia, sont plus proches de leur mère et acceptent davantage son changement de vie. Virgil est artiste, plutôt marginal, indigne de confiance selon ses aînés qui le détestent et plus occupé à découvrir son homosexualité Sophia, plus passive, s'éprend de son directeur de labo, bien plus âgé et envisage de reprendre ses études.

Comme dans tous ses romans, Joyce Carol Oates accorde beaucoup d'importance à la psychologie de ses personnages qui ont une véritable épaisseur et qui, malgré tous leurs terribles défauts, sont capables de susciter, si ce n'est de l'empathie au moins un peu d'indulgence tant elle décortique toutes les aspérités de leur personnalité.
Mais elle ne se cantonne pas au cercle familial et pose de véritables questions de société : le racisme, le sexisme, les violences policières, l'homophobie, l'hypocrisie sociale sont au coeur de ses romans qui prônent la tolérance sans la moindre démagogie ou opportunisme.
Un seul petit bémol à ce très bon roman : le dernier chapitre aux Galapagos ne m'a pas convaincue même si l'intention de l'auteure était de mettre en scène les sentiments ambigus de Jessalyn au cours de sa reconstruction, dans un eco- système qui révèle l'insignifiance des vies humaines. Un chapitre en trop à mon sens !
Commenter  J’apprécie          220
Que c'est bon de retrouver Joyce Carol Oates ! Et comme il y en a pour 924 pages, c'est bon et c'est long. Mais jamais on ne s'ennuie.

En décrivant les effets de la mort soudaine de Whitey père de cette famille blanche aisée du nord de l'Etat de New-York sur les membres de la famille, l'autrice non seulement creuse le sillon intime de notre relation à la mort d'un être cher, mais scrute avec une acuité lucide une société sclérosée dans ces certitudes protectrices.

On suit le parcours de Jessalyn, l'épouse et ses cinq enfants (adultes). La mort de Whitey va faire basculer tous les solides appuis qui maintenaient cette famille en place. Chacun à sa façon va connaître le boulversement. Chacun dans ce naufrage va se raccrocher à ce qu'il peut, chercher sa bouée.

Et Jessalyn qui passera de l'état d'épouse à celle de veuve en sera l'exemple. Magistral de description, d'analyse et de pertinence dans la transcription évocatrice. Ce n'est jamais superficiel, jamais évident.

Avec brio, l'autrice joue avec les préjugés et les contradictions de chacun. Et si la chute de cette pierre angulaire, n'était finalement qu'un acte de destruction libérateur ?

Une super lecture.

Lien : http://animallecteur.canalbl..
Commenter  J’apprécie          110
La famille McClaren a tout de la famille idéale. le père, ancien maire de la ville de Hammond, notable respecté et sa femme, appréciée pour sa gentillesse et sa générosité. Whitey et Jossalyn ont eu 5 enfants aujourd'hui adultes : Thomas l'aîné a repris l'entreprise familiale, Beverly la deuxième, est mariée à un banquier fortuné à qui elle a donné deux enfants, Lorene la troisième, est devenue une jeune proviseure de lycée, le quatrième Virgil est artiste dans une communauté hippie (toute famille qui se respecte se doit d'avoir un canard boiteux) et enfin Sophia la dernière est dans la recherche scientifique.
Jusqu'au jour où en rentrant chez lui, Whitey s'arrête sur le bord de la route, apercevant un homme de couleur tabassé par la police et reçoit en retour quelques coups de taser et de pieds. Emmené à l'hôpital (officiellement pour un AVC), Whitey McClaren est entre la vie et la mort. Un événement qui va complètement bouleverser la famille. La vie de chacun, épouse et enfants va être bousculée.
Et là, Joyce Carol Oates n'y va pas avec le dos de la cuillère, utilisant même une arme rare chez elle, l'humour ! Elle décortique passé et présent de chacun des membres de la famille “parfaite”, tous plus ou moins névrosés. Et que dire, quand quelques mois après le décès, débarque un homme prêt à séduire Jossalyn ! D'autant plus que celui-là est portoricain (donc plutôt bronzé), artiste et l'exact contraire de Whitey !
Par le portrait de cette famille, l'autrice décrit la société américaine actuelle, avec ses déboires, ses failles, ses tares. Un racisme systémique, un police violente et limite mafieuse, un dieu argent censé régler tous les problèmes, des communautés qui vivent les unes à côté des autres tout en s'ignorant, une judiciarisation de tous les épisodes de la vie, un égoïsme et un égotisme grandissants…
Dans cet ample roman, difficile parfois de suivre la famille McClaren dans ses aventures, tellement ceux-ci sont souvent insupportables. Mais Joyce Carol Oates manie avec sa plume avec tellement de talent que l'on ne s'ennuie pas une seule seconde, prenant du plaisir à les détester ! Délicieux.
Commenter  J’apprécie          102
Je suis une adepte des livres de Joyce Carol Oates et là encore j'ai dévoré ce livre. Fine observatrice, Joyce Carol Oates décrit minutieusement l'onde de choc, le chaos créé par le décés d'un membre de la famille, le père' qui avait une place primordiale pour sa femme et ses enfants. Tout est parfaitement décrit : les étapes du deuil, les différentes passages de la veuve (rêves, présence du défunt d'où le souhait de solitude pour vivre encore avec lui....), les réactions outrancières des enfants, les points de vue, les comportements. Une famille qui vole en éclats, les névroses et traumatismes des enfants apparaissent selon la place dans la famille et la grandeur de l'ombre du défunt. Les sujets suivants : statut de veuve, le racisme, le couple, la place de la femme, l'âge, le second mariage, le carriérisme ou le renoncement aux biens matériels, la position sociale, les abus policiers qui s'insèrent tout au long du récit décrivent une société minée par les apparences . Les toutes dernières pages sont magnifiques, bouleversantes.
Commenter  J’apprécie          90
Quand je lis un livre de JCO, c'est comme si je rentrais à la maison. Je ne sais comment expliquer cela : paix, chaleur ...
Ce dernier roman est encore une fois une splendeur : il a l'ampleur de "Eux" ou de "Nous étions les Mulvaneys". C'est l'histoire d'une famille ou plutôt sa désintégration et sa reconstruction à partir du moment où le patriarche, à la forte personnalité, décède. Soudainement, tous les rôles sont redistribués, plus rien n'est sûr.
La veuve, femme discrète, qui semble basculer au moment du décès, déploie ses ailes. Les aînés, voient leurs certitudes basculer, leurs univers respectifs s'effondrer. Les deux plus jeunes, ceux qui tenaient le second rôle, se révèlent : leur empathie n'est plus synonymes de faiblesse, leur capacité à se remettre en cause est un atout.
Que devenons-nous lorsque nous perdons notre "nord" familial, émotionnel, personnel ? Pouvons-nous dépasser le "marquage" de l'univers social dans lequel nous évoluons ? Comme bien souvent, JCO parle de nous, d'elle, des autres et c'est encore ciselé.
Commenter  J’apprécie          90




Lecteurs (440) Voir plus



Quiz Voir plus

Joyce Carol Oates (difficile si vous ne connaissez pas son oeuvre)

Un des nombreux romans de Joyce Carol Oates est consacré à Marilyn Monroe. Quel en est le titre ?

Corps
Sexy
La désaxée
Blonde

10 questions
382 lecteurs ont répondu
Thème : Joyce Carol OatesCréer un quiz sur ce livre

{* *}