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3,97

sur 276 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Voici un roman trés original, vraiment singulier, d'une délicatesse poignante sur la complicité de deux frères.
L'aîné ne communique que par le langage des oiseaux, il ne parle aucune autre langue, seul son cadet le comprend.
Est ce un dialecte inventé ou ancestral abandonné par les humains?
Le cadet apprend donc la langue " Pawpaw", afin de communiquer avec son aîné, cet enfant rêveur qui n'emploie que ces mots oubliés par les humains, depuis longtemps....
Les deux garçons restent inséparables et, à la mort de leurs parents, se partagent les tâches.
Le plus jeune travaille dans une résidence, l'aîné se consacre avec bonheur et éfficacité à l'entretien d'une voliére, près de l'école maternelle du village.
La vie pourrait continuer ainsi car ces deux hommes sont trés attachés à leurs traditions, à leur rythme,à leur quartier....
Mais le calme trop évident est toujours le prélude à un drame et Yoko Ogawa instille trés doucement le danger d'une existence immobile...
Ainsi, les deux garçons laissent le monde tourner sans eux, les habitants de leur ville, les enseignants,les commerçants changent au fil du temps, les frères ,eux, n'y prêtent aucune attention....
Une tristesse légère habite, imprégne ce roman sur le temps, sur la liberté,sur la différence, une poésie délicate, surannée, hors du temps, douce et tendre, sur la façon d'appréhender la vie,un univers trés particulier où les sons, les bruits , les habitudes, les chants mélodieux filent la trame étrange, insolite, lente, immobile de cet ouvrage..." Ils vivaient en protégeant leur nid à tous les deux"........
Ou comment vivre autrement?
Ou La différence n'influe pas sur le bonheur...

Ou la solitude peut conduire vers le bonheur et de quelle maniére?Une morale selon laquelle la liberté d'agir importe beaucoup dans l'existence,: liberté d'écouter les roucoulades d'un oiseau à lunettes, liberté d'ouvrir les cages, liberté de s'endormir pour rejoindre à jamais les voix qui se sont tues....
On referme cet ouvrage singulier, d'une grande force, sur la puissance de la nature,les chants mélodieux,les liens indicibles,la solitude,avec la sensation d'avoir côtoyé un peu de la douceur enchanteresse de cet univers là, très particulier!

Une lecture inclassable!
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La littérature japonaise se lit souvent comme une fable empreinte de tendresse, de légèreté, de délicatesse et a toujours sur moi un effet anesthésiant.
Celle-ci s'accompagne, en plus, de la douce mélodie des chants d'oiseaux qui imprègnent totalement l'univers de ce beau récit.
Une lecture qui oblige à la lenteur, au calme; qui se déguste du bout des lèvres.
L'histoire d'une solitude, d'un repli du temps sur soi, d'une sensibilité toute particulière aux trilles et aux staccati.
C'est aussi l'histoire d'amour de deux frères intimement liés par un langage mystérieux, à la fois joli, libre et inventif qui leur permet d'interprèter la ligne mélodique du très beau chant de l'oiseau à lunettes.
Il y a aussi des enfants, des livres, une bibliothécaire, des sucettes pawpaw, une pharmacienne, un grillon et un vieux monsieur...
Une vie immobile mais loin d'être vide puisque tout entière vouée à la gent ailée.
Vivre en marge de la société peut cependant s'avérer source de méfiance et mener à la méprise.
C'est un roman triste et pourtant empreint d'un bonheur simple parce qu'il se vit tout en perceptions.
Une histoire dont on reste spectateur, mais un spectateur ébloui par les multiples nuances d'une peinture fine et délicate qui mérite bien quelques heures de lecture contemplative.

Après Les tendres plaintes, Yôko Ogawa a su me séduire encore avec Petits oiseaux.
D'après les différents billets, il semble qu'habituellement son univers se porte d'avantage sur le fantastique.
Je pousserai donc la curiosité jusqu'au bout et continuerai à découvrir cette auteure qui sait me toucher.
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S'il y a une chose qu'on peut à coup sûr attendre de la part des livres de Yoko Ogawa, c'est bien d'être surpris par la palette des thèmes abordés, ainsi que par le ton utilisé.

Son dernier opus ne déroge pas à la règle, en levant un coin du voile sur le monde de deux êtres étrange(r)s vivant en marge de la société et en nous invitant à méditer sur des thèmes tels que la normalité, les exclus de la société et l'individualisme grandissant, le droit à la différence, l'universalité du langage, mais aussi le concept d'interdépendance entres tous les êtres vivants (ici le monde des oiseaux) et non vivants si chère aux bouddhistes.

A travers les (rares) événements qui parsèment le récit, le lecteur en vient à se demander si ce ne sont pas ces deux frères orphelins labellisés 'marginaux' qui - par leur réceptivité à être (vraiment) à l'écoute du monde qui les entoure et par leur capacité à pouvoir communiquer avec les oiseaux via un langage oublié de nous tous - vivent en fait le plus en osmome avec la nature, nous révélant par là notre vie en marge du monde qui nous entoure ?

Si l'on retrouve certes la patte de l'auteure quand à l'étrangeté des situations et des personnages évoqués, ce dernier opus se révèle toutefois être plus intime et moins mystérieux que ses oeuvres antérieures. Les silences prennent ici tout leur sens dans les détails distillés avec parcimonie, un peu à l'image d'une peinture impressioniste / pointilliste.

Vous l'aurez compris : de par son extrême lenteur, l'ouvrage ne laissera pas le lecteur indifférent, au risque de rebuter les fans les plus ardents de Yoko Ogawa.

Je citerais par exemple :
- "Tous les chants d'oiseaux sont des chants d'amour".
- "Les oiseaux, en bavardant, ne font que répéter les mots que nous avons oubliés".

Merci en tout cas à ce livre de nous rappeler que le bonheur se cache dans la plus insignifiante des cachettes, et à nous inviter à vivre pleinement notre vie sur base des perceptions ressenties par nos cing sens.
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ON NE JUGE PAS UN LIVRE SUR SA COUVERTURE (1/2)
Avec ce titre traduit littéralement de l'expression britannique équivalente à notre « l'habit ne fait pas le moine », est inauguré un cycle de critiques sur deux ouvrages ayant deux points communs : il s'agit de littérature japonaise contemporaine, et le jugement que j'ai porté sur ces deux romans s'est totalement inversé en cours de lecture.

« Petits oiseaux », avant-dernier ouvrage paru de Yoko Ogawa, raconte l'histoire de deux frères singuliers : l'aîné est un être à part, qui vit dans son monde, dominé par son amour infini pour les oiseaux et la langue pawpaw, une sorte de pépiement que personne ne comprend sauf son frère cadet. Très tôt, leur mère mourant assez rapidement, et le père ne témoignant guère d'intérêt pour ses enfants, le frère cadet s'occupe exclusivement de son frère aîné et en vient à s'enfermer avec lui dans ce monde totalement éloigné des vicissitudes de la vie quotidienne… Ce qui conviendra finalement au frère cadet (on ne saura jamais son nom, ni celui de l'aîné, ni d'ailleurs celui d'aucun des personnages apparaissant au cours du roman, peut-être pour indiquer que ce qui relève du monde concret n'offre que peu d'importance), personnage rêveur, hors norme, extrêmement solitaire, et qui porte une grande attention aux signes qu'il croit voir dans chaque hasard et coincidence (le monde se chargera quelques fois de le punir assez injustement pour cela).

Ce résumé des grands traits de l'ouvrage est à l'égal de celui-ci, trèèèès lent, quasiment sans action. J'ai vraiment dû m'accrocher au début pour continuer tellement ce roman est déroutant. Mais, la poésie qui sourd de chacune des phrases de Yoko Ogawa, sa description de l'amour d'une infinie tendresse d'un homme pour son frère, pour les oiseaux m'ont finalement charmée, et convaincue de continuer ma lecture, jusqu'à la fin. C'est donc un ouvrage qui, en définitive, m'a pas mal plu, alors que cela avait si mal commencé !

Le seul bémol que je porterai (et encore, ce n'en est pas un concernant directement l'ouvrage ?) est que ma lecture diffère de celle de l'éditeur d'Actes Sud qui a rédigé la quatrième de couverture. Chacun de nous deux en a tout à fait le droit, c'est juste que je me suis sentie surprise de lire ce passage : « "Petits oiseaux" est un roman d'une douceur salvatrice qui nous confie un monde où la différence n'influe pas sur le bonheur, où la solitude conduit à un bel univers, un repli du temps préservant l'individu de ses absurdes travers, un pays où s'éploient la voix du poème, celle des histoires et des chants d'oiseaux, celle des mots oubliés ». Où est le bel univers dans ce roman ?
Je comprends assez bien je pense la solitude, et je n'ai pas pu m'empêcher d'être un peu étouffée par celle du frère cadet, que j'ai trouvée d'une tristesse absolue : à force d'être fasciné par son frère aîné, le cadet est un peu devenu lui, enfermé dans une solitude dont il n'a pas réussi à se défaire et le regrettant sur le tard, interprétant mal les signes qu'il a cru entendre des rares personnes avec lesquelles il a échangé, pour finir par mourir presque seul (je ne révèle rien en l'écrivant), en compagnie d'un oiseau qu'il n'aura pas même réussi à libérer de sa cage (la métaphore de sa vie entière) ?

Pourtant, même en finissant sur ces mots un peu durs, ce roman un peu étrange est très séduisant par la poésie dont il est imprégné, par la douce pause que sa lecture offre dans ce monde un peu brutal et au rythme parfois trop rapide (ce livre a ainsi le mérite de rappeler que la vie peut aussi parfois se vivre de manière plus contemplative).
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Le monsieur aux petits oiseaux s'occupe tous les jours de la volière du jardin d'enfants. On ne sait pas vraiment son âge, seulement qu'il est vieux. Quand il était enfant, il était le seul à comprendre son grand frère qui pratiquait une langue imaginaire et complexe, légère et musicale comme le chant des oiseaux. C'est la langue pawpaw : elle ne s'écrit pas, elle ne s'apprend pas, elle se ressent. Les deux frères ont grandi et vécu ensemble. le cadet était régisseur d'un grand domaine tandis que l'aîné ne quittait la maison que pour acheter une sucette chaque mercredi. Ils prévoyaient parfois un voyage, mais s'arrêtaient toujours la volière du jardin d'enfants avant de faire demi-tour, comme si cette grande cage était à la fois un voyage et une destination. L'aîné est fasciné par les oiseaux et le cadet ne fait rien pour l'éloigner de ces précieux petits animaux. « Il savait lui aussi à quel point leur chant était joli quand son frère était présent. Comme pour prouver que leur chant était la pierre brute des mots, il se mêlait à la langue pawpaw pour ne faire qu'un, continuant à faire vibrer ses tympans. » (p. 103)

L'aîné était un homme craintif et simple que les habitudes réconfortaient. Pour accommoder et rassurer son frère, le cadet a toujours suivi la même routine, consolidant un foyer de plus en plus fermé. « Ils vivaient en protégeant leur nid à tous les deux. » (p. 93) Quand le cadet s'est retrouvé seul, il a continué la même vie simple, voire dépouillée. C'est finalement une histoire de perte et de solitude que celle de ce frère qui a toujours vécu pour son aîné, puis pour sa mémoire. « Faire de la volière le meilleur endroit pour les oiseaux le réconfortait dans la mesure où il en faisant une offrande à son frère. » (p. 106) Et même s'il a rencontré des personnes qui auraient pu le tirer de son isolement, le monsieur aux petits oiseaux n'a pas su s'ouvrir aux autres.

Quel crève-coeur que cette histoire ! le monsieur aux petits oiseaux ne commence jamais à vivre : entre les voyages avortés, sa vie dévouée à son frère et sa retenue en toute chose, il ne met jamais les deux pieds dans l'existence. Son aîné, que d'aucuns qualifieraient d'idiot, était certes un homme isolé, mais avec une vie intérieure riche même si elle était mystérieuse. le cadet reste prisonnier de sa solitude, ne parlant qu'aux oiseaux et à ses souvenirs. de Yôko Ogawa, j'avais vraiment apprécié La formule préférée du professeur où il était également question d'un homme enfermé en lui-même en raison d'une mémoire défaillante. Ce personnage parvenait toutefois à aller à la rencontre de l'autre et de la vie. Petits oiseaux me laisse une grande tristesse au coeur, en dépit de sa profonde poésie. Je finis sur une jolie phrase qui laisse penser que les oiseaux sont des interlocuteurs précieux. « Les oiseaux ne font que répéter les mots que nous avons oubliés. » (p. 19)
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Un roman bien étrange que nous livre Ogawa, car c'est les yeux fermés que je me suis précipité sur ce dernier roman. le thème est l'histoire de deux frères, semblant vivre dans leur 'bulle' hors du monde ou à côté de la réalité. L'aîné ne communique qu'en langage pawpaw ( le langage des oiseaux), son seul centre d'intérêt est de regarder, écouter les oiseaux. Son frère, le cadet est le seul qui arrive à la comprendre, tout en n'ayant pas la dextérité de son frère pour parler le pawpaw. Il va jouer le rôle de traducteur entre l'aîné et le monde qui l'entoure.



La vie des deux frères suit une route parallèle, jusqu'à l'envol de l'aîné ( son décès devant la volière). le cadet qui jusqu'à alors avait renoncé à vivre pour lui même, il est le seul à travailler, se sacrifie pour son frère (travail, temps, voyages) prend alors son envol dans la vie. En fait, il se créera d'autres rituels : la roseraie, la bibliothèque. Il rencontre du monde une bibliothécaire (qui va le comprendre en l'observant), un vieil homme dans le jardin. Les premiers pas sont maladroits, on espère une envolée. Il baisse la tête, ne regarde pas les personnes, acquiesce et détourne le regard. Un mimétisme et une vie au service d'un frère l'enferme dans son monde. Il se prendra d'amitié pour un oiseau à lunette blessé.

On retrouve l'univers d' Ogawa, tous les petits détails de la vie de tous les jours, le sandwich au pain de mie quotidien, le bocal à sucettes du mercredi, écouter la radio, la volière. Des petits détails qui à la longue vont laisser des traces tel la marque du grand frère sur le grillage de la volière.Ccette vie des deux frères s'installe dans un acte routinier, le cadet essayant de ne pas perturber son frère par des évènements perturbateurs. Ils vont transformer leur demeure en nid douillet et protecteur à l'abri du monde étrange qui les entoure.

Egalement un thème qui revient souvent les classements ici dans les livres d'ornithologie des oiseaux, et bien sûr la sensibilité à fleur de peau : une émotion qui nous saisit lors de la lecture : la mort, la dénonciation, la bibliothécaire....Une poésie délicate, un ilot de sérénité à l'écart du bruit du monde, une douceur jusque dans le chant des oiseaux qu'il faudra prendre le temps d'écouter. Un roman tout en douceur, sur la différence, la façon de l'appréhender, l'accepter sans la comprendre.

Les petits oiseaux nous ouvre à l'univers magique de Ogawa, un roman très particulier sur deux êtres qui se comprennent, dont le silence le regard suffit pour communiquer. Un roman dont la narration est très lente en comparaison des autres, peut-être un peu moins abordable, mais une magnifique digression.
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Petit à petit, Yôko Ogawa fait son nid. Les lecteurs assidus de la romancière japonaise ne seront pas étonnés par Petits oiseaux. Ce qui serait surprenant serait de la voir écrire un livre qui n'ait pas sa part d'étrangeté. Sans être son oeuvre la plus marquante, loin de là, Petits oiseaux procure un plaisir volatil, littérature éthérée, poésie roucoulant dans un monde à part. La vie du héros est minuscule, marquée par la relation fusionnelle à un frère ainé qui parlait couramment le langage des oiseaux et semblait étranger à la société. Son cadet poursuit sa route dans son ombre. Une fois le premier disparu, son existence sera discrète, à peine troublée par quelques rencontres. Celle d'un solitaire seulement heureux dans la compagnie de ses petits oiseaux. Cuicui ? Cuicui !
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'Tous les chants d'oiseaux sont des chants d'amour' disait l'orphelin autiste partageant sa passion des oiseaux avec son jeune frère, le seul qui le comprend et parle son 'langage paw paw'.

Après quarante ans de vie commune, il laisse à son frère les broches en forme d'oiseau qu'il fabriquait avec l'emballage des sucettes achetées chaque mercredi à la pharmacie et dans le treillis de la volière du jardin d'enfants, l'empreinte de son corps foudroyé par une crise cardiaque.

Je n'ai été que modérément captivé par la longue deuxième partie, le 'jeune' frère devenu 'le monsieur aux petits oiseaux' perdant sa fonction de responsable de la volière ainsi que la trace de la sympathique bibliothécaire puis recueillant et sauvant un oiseau à lunettes blessé mais chantant admirablement.
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Seconde incursion dans la littérature japonaise.
Après les délices de Tokyo, direction donc "Les petits oiseaux" de Yôko Ogawa.
Livre surprenant, qui s'ouvre sur la découverte du corps du monsieur aux petits oiseaux. Et toute la suite est l'histoire de ce monsieur qui s'est occupé des oiseaux de l'école maternelle, comme avant lui son frère. Avec une singularité : ce dernier ne parlait que le langage des oiseaux, et son cadet était le seul à pouvoir le comprendre.
Difficile de parler du style de l'écriture, d'autant plus lorsqu'il s'agit d'une traduction. Mais Yôko Ogawa parvient cependant à montrer comment ce duo quelque peu improbable parvient à se faire petit à petit une place dans le monde des hommes. du moins tant que se trouvent des personnes qui, sans porter de jugement, rentrent dans leur monde. D'abord dans le monde des deux frères puis dans celui du "monsieur aux petits oiseaux" qu'il va devenir à la mort de son aîné.
La quatrième de couverture parle d'une ode à la différence, d'un "repli du temps préservant l'individu de ses absurdes travers". C'est la vision optimiste du livre. Parce que quelques semaines après sa lecture, je garde le souvenir du rejet subi par les deux frères, rejet qui amènera le second à se couper du monde, à devoir endurer les regards suspicieux de ceux dont il croise le chemin ...
C'est sans doute ce qui fait que je suis ressorti un peu ébranlé de cette lecture. Mais avec au fond de moi cette interrogation : et moi, lorsque je croise à mon tour un "monsieur aux petits oiseaux", quel est mon regard ?
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D'habitude, la magie de Yôko Ogawa opère sur moi, avec force.
Ici, ça n'a pourtant pas été le cas, pas aussi fort que d'ordinaire, et je n'arrive pas à m'expliquer vraiment pourquoi.
"Petits oiseaux", c'est l'histoire de ce cadet qui est le seul à comprendre son aîné qui s'exprime dans la langue powpow, la langue des oiseaux, c'est leur histoire à tous les deux, un quotidien fait de gestes répétés inlassablement toujours aux mêmes heures, toujours aux mêmes endroits, leur passion pour les oiseaux en toute genre et leurs chants, un rituel ininterrompu qui va pourtant cesser le jour de la mort brutale du frère aîné, laissant un vide dans le coeur et la vie du cadet : "Avec la mort brutale de son frère avaient disparu toutes sortes d'habitudes qu'ils avaient établies ensemble : les sandwichs et la soupe du midi, la radio du soir et les bagages de leurs voyages imaginaires, de sorte que l'entretien de la volière vint combler ses lacunes.".
Mais c'est aussi l'histoire de la vie de ce cadet après la disparition de son frère, de son travail à la volière de l'école qu'il entretient avec passion et soin, mais là encore ce rituel va un beau jour s'interrompre après la disparition d'une petite fille; de sa soif de littérature sur les oiseaux et de l'étrange relation qui va se nouer entre lui et la bibliothécaire; de sa vie après la volière de l'école et de sa mise à la retraite, complètement désoeuvrée jusqu'au jour où il sauvera un petit oiseau et qu'il lui apprendra tous les rudiments du chant de son espèce, un oiseau qu'il gardera précieusement avec lui en cage, car contrairement à l'enfermer celle-ci lui procurera la liberté : "La cage n'enferme pas l'oiseau. Elle lui offre la part de liberté qui lui convient.".

C'est joli tout cela, il n'y a que des bons sentiments, beaucoup d'amour, une vie simple faite de petits riens qui finissent par former une grande chose, un amour profond qui lie les deux frères entre eux mais également avec les oiseaux, sauf que je suis toujours à chercher le sens métaphorique de tout cela comme il est de coutume dans les récits de Yôko Ogawa, et que je n'arrive pas à mettre le doigt dessus, me laissant l'impression que j'ai raté quelque chose au cours de ma lecture.
"Tous les chants d'oiseaux sont des chants d'amour.", peut-être que dans le fond il n'y a rien d'autre que beaucoup d'amour et de poésie, ce qui n'est pas rien, et que je suis à chercher désespérément à voir plus loin que le bonheur présent sous mes yeux, un bonheur que les deux personnages principaux de ce récit ont su saisir dès leur plus jeune âge.
La Béatitude : "Heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu", illustre finalement très bien ce roman mettant en scène deux hommes qui passeront leur vie repliés sur eux-mêmes, inconscients du monde extérieur qui les entoure et qui change, uniquement préoccupés par les oiseaux et leurs chants.
Dans ce roman, le temps n'existe pas, il n'a ni saveur, ni odeur, ni unité temporelle, il ne se mesure pas.
C'est sans doute cette inconscience qui préserve autant les deux frères, puis le cadet uniquement.
Il est seul mais ce n'est pas une solitude triste, c'est une solitude riche de voyages intérieurs et de moments partagés entre lui seul et la nature.
Bien sûr, j'ai espéré que sa solitude allait se rompre, j'ai espéré qu'il y aurait un petit déclic avec la bibliothécaire mais non, Yôko Ogawa a pris le parti de faire évoluer son personnage dans un monde où il est condamné à être seul, mais la peine est douce et ne semble pas avoir de prise sur lui.
J'ai fini par ressentir au cours de ma lecture une sensation de claustrophobie, ce personnage, et par ricochet cette histoire, sont bien trop autistes pour moi, à tel point que j'ai fini par avoir l'impression d'être enfermée avec lui dans sa vie, je n'étais plus lectrice mais l'oiseau en cage.
Et si je ne peux pas dire avoir été totalement transportée par cette histoire, la plume de Yôko Ogawa est tout de même assez poétique, bien que je l'ai connue plus inspirée dans d'autres de ses romans et dans un certain sens plus accessible que dans ce récit.

"Petits oiseaux" de Yôko Ogawa est un roman doux prônant la différence et les vertus de la solitude mais qui n'a pas la puissance et la portée d'autres oeuvres de cette auteur dont ma lecture la plus forte reste à ce jour "Cristallisation secrète".
Lien : http://lemondedemissg.blogsp..
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