Dans son troisième volume de la Brève encyclopédie du monde, intitulé
Sagesse,
Michel Onfray réhabilite la philosophie romaine, peu connue et mal considérée. Or les Romains, loin de l'image de Barbares véhiculée entre autres par les péplums, sont des gens pragmatiques et concrets. La philosophie est pour eux une
sagesse pratique qui exige la vie philosophique qui l'accompagne. Bien avant d'être dominés par le christianisme, les Romains, dont Celse fut le dernier païen, avaient une morale laïque sur laquelle il est intéressant de se pencher.
Du courage des gladiateurs
devant la mort à l'exigence de tenir sa parole, de l'importance de la notion d'honneur qui fait préférer le suicide à une vie déshonorée, de l'otium ou temps libre comme un art de vivre, beaucoup de leçons de
sagesse sont à apprendre de nos ancêtres les Romains. Et du bon sens. La relation du maitre et de celui qu'on élève, l'art de bien parler pour bien vivre, l'hygiène de vie pour éviter la maladie et bien vieillir, la question de mettre au monde ou pas des enfants, la fermeté dans la douleur grâce à la connaissance de ce qui dépend de nous et ce contre lequel on ne peut rien. La mort, par exemple, qu'il faut apprivoiser car elle n'est qu'un retour au néant dont nous sommes issus, ou bien un simple sommeil comme le pense
Catulle.
Cette philosophie concrète s'exprime dans la vie de tous les jours, pour répondre à nos questions et
Michel Onfray nous en donne de nombreux exemples : la vie frugale de Caton, le suicide de Lucrèce victime d'un viol, la double vie de
Sénèque, poète et homme de pouvoir perfide, la morale païenne de
Plutarque, la lettre de consolation à sa femme de
Cicéron suite à la mort de leur enfant, l'existence austère le l'empereur
Marc-Aurèle. Preuve qu'une morale sans Dieu et sans religions est possible, permettant d'éviter tout le sang répandu en leur nom. Vivre en Romain c'est rester droit, être égal à soi-même, ce qui donne une belle vie. Des leçons à méditer en notre époque troublée et menacée par le retour du religieux…