Or la mode est le pire qui puisse arriver à une philosophie puisqu'elle se délite, se dilue et se métamorphose en monstres construits avec des fantasmes et des projections.
Quitter le monde pour la vie solitaire ne saurait se concevoir que chez l'individu d'exception doué pour la méditation. Ce serait une folie d'agir ainsi pour une personne que n'intéressent ni la lecture, ni l'écriture, ni la méditation. […]
Thoreau écrit : " Celui qui dépend de lui seul pour ses plaisirs - qui trouve tout ce qu'il veut en lui - est réellement indépendant ; car faire appel aux maîtres pour atteindre le but recherché par tout le monde, c'est vivre dans un état de confiance et de dépendance perpétuelles."
Le plus grand des grands hommes est souvent celui qui, pour les autres, ne passe pas pour tel, mais ne fait de bruit et traverse son existence sur la pointe des pieds ontologiques. Ses combats sont contre lui-même, ses victoire aussi. Ses champs de bataille ? Lui-même encore. Ses embuscades ou ses assauts, ses rixes et ses offensives ? Encore et toujours lui-même.
Il trouve dans ces trésors bien plus de sagesse et d'intelligence accumulées que dans un livre de Descartes ou une poignée de phrases de Hegel. C'est que, dans la relique arrachée au sol, il y a l'énergie des hommes concentrée dans une forme, alors que dans un livre il n'y a jamais que du papier...
La pratique du journal permet d'affiner l'expression de ses sentiments, de ses sensations, de ses idées. Ceux qui se plaignent de ne pouvoir mettre des mots sur ce qu'ils ressentent gagneraient à écrire un journal. Revenir sur le temps écoulé, consigner ses pensées, noter ses gains existentiels quotidiens, connaître, donc, les pertes existentielles quotidiennes, "régler ses comptes avec son esprit", voilà qui permettrait d'accroître ses expériences au jour le jour et de mieux (se) connaître. Ecrire une page permet ainsi de passer à la suivante et d'écrire la suite.