« Pur sang » ressac et résistance. Un cri dans la nuit noire. La mémoire écorchée vive au fronton des rappels. Brisures et souffrances, les couleurs meurent en pleine ombre. Haïti, chant triste, persistant, passage d'une littérature foudroyante, belle et intense. La parole annoncée qui trace les contours d'un pays, des frères et soeurs, batailles rangées, les injustices, les drames. La poésie exutoire, époustouflante qui serre le coeur. Et l'on touche des yeux, cet homme veilleur, qui dévoile les formes mouvantes, les traits pavloviens d'une île tourmentée, berçant les siens, brisant les silences. « le père non-courageux/ le creux des humbles / Tandis que l'horreur bat son plein autour de lui/sans l'atteindre/ ainsi du moins se veut la légende/ hagard défiguré/ parmi les restes hommes…/ Tuer d'autres guerres dans l'oeuf/même les plus belles et théâtres intergalactiques/ les guerres de rêve à gros budget/ où tout finit par s'arranger. » Ce poème est à l‘instar du vent qui s'élève en plein désert, brûlures des yeux, mots chapelle assignant ce qui le peut encore. « Pur sang », « La peine capitale de mère/ celle de tous les fils morts/ des peuples du vide. » La profondeur intrinsèque d'un texte qui hurle à la mort. « Pur sang » veines labyrinthiques, île écorchure, l'espoir au bout des cils, les existences souffle d'advenir. « Cendres d'une brève illumination/ ou larmes de joie pour célébrer le trône vide/personne avant mère/ n'a osé percer un trou dans le ciel/ y appliquer les sangsues de l'âme/ et le désemplir de son infinitude. Rouge sang, alliance avec la force de tous les courages, de ce théologal littéraire, cerf-volant en plein ciel de la quête. « Les scintillements de la conscience/ dans tous les ports du sensible/ fenêtre je voudrais m'ouvrir sur ton visage/ large. »
Makenzy Orcel est digne d'un génie évident. « Crie que la poésie fait thèse. » L'exil, corne de brume, « Pur sang », non-retour. Ce poème sans point final, dans cet infini mémoriel est un électrochoc. Sa beauté émouvante et rebelle, fédère l'impalpable et les douleurs infinies, regards de
Makenzy Orcel, amour pour sa terre-mère et ce peuple aux abois. « Mère passerelle lumineuse ». Parabole. Je lis, j'étreins ce livre de vie, je pleure. Magistral. Publié par les majeures Éditions La Contre Allée.